Perspectives

Un an après le début de la pandémie, 65 000 morts en un mois aux États-Unis

One year after the first cases of COVID-19 were identified in China, December was the deadliest month of the pandemic both in the United States and throughout the world.

Un an après l’identification des premiers cas de COVID-19 en Chine, décembre a été le mois le plus meurtrier de la pandémie, tant aux États-Unis que dans le reste du monde.

Plus de 65.000 Américains ont perdu la vie du au virus ces 28 derniers jours. Au rythme actuel, les décès de décembre seront le double de ceux de novembre où près de 37.000 personnes sont mortes. Les États-Unis représentent environ un tiers du bilan mondial de 175.000 morts au cours du mois écoulé.

Le personnel médical au service de soins intensifs pour patients Covid-19 à l’hôpital MontLegia CHC de Liège, Belgique, vendredi 6 novembre 2020 [Crédit: AP Photo/Francisco Seco]

D’ici la fin de la semaine, le nombre total de décès dépassera 350.000 aux États-Unis et le nombre de personnes testés positifs au COVID-19 atteindra 20 millions. 193.000 autres personnes pourraient mourir dans le pays ces deux prochains mois, selon les prévisions de l’Institut de mesure et d’évaluation de la santé de l’Université de Washington.

Les experts ont averti que même ce scénario pouvait être optimiste. «Nous pourrions très bien assister à une poussée post-saisonnière – au sens de Noël et du Nouvel An», a déclaré dimanche le Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieuses. «Les projections sont tout simplement cauchemardesques», a déclaré à CNN Peter Hotez, spécialiste des maladies infectieuses au «Baylor College of Medicine».

Comme avertissement au reste du monde, le nombre de nouveaux cas quotidiens a atteint le record historique de 42.000 au Royaume-Uni lundi, du à l’émergence d’une nouvelle souche de la maladie 56 pour cent plus transmissible, selon les experts médicaux, que la souche originale.

Le secrétaire d’État américain à la Santé et aux Services sociaux, Brett Giroir, a déclaré lundi que la nouvelle souche du virus, plus dangereuse, était «probablement» déjà présente aux États-Unis. Il était réduit à faire des conjectures, car, contrairement au Royaume-Uni, les États-Unis ne disposent pas d’un système de surveillance génétique pour vérifier la présence de différentes souches de la maladie.

Pendant ce temps, la pandémie de COVID-19 continue de s’étendre dans tout le pays. «La Californie est maintenant le seul endroit (état ou pays) au monde» ayant plus de 1.000 nouveaux cas de COVID-19 par million de personnes, a noté le médecin Eric Topol.

La Californie du Sud, la région la plus peuplée de l’État, ainsi que la vallée de San Joaquin, au centre de l’État, n’ont aucune capacité d’accueil en USI. Dimanche, le médecin en chef du Centre médical du comté de Los Angeles, le Dr Brad Spellberg, a déclaré que cet hôpital était confronté à une «crise massive». Un autre hôpital de la région a commencé à publier des directives pour les patients et les familles quant à la prise de décisions par l’hôpital sur qui vivra ou mourra si les soins doivent être rationnés.

Au milieu de cette catastrophe, aucune partie de l’establishment politique américain ne réclame de mesures d’urgence pour contenir la pandémie. La semaine dernière, le président élu Joe Biden a averti que «les jours les plus sombres sont devant nous, et non derrière nous». Et pourtant, il a rejeté la demande du Dr Michael Osterholm et d’autres scientifiques qu’on arrête d’urgence la production non essentielle, déclarant: «Je ne vais pas arrêter l’économie, point final».

Malgré qu’il ait fait une campagne contre la gestion de la pandémie par Trump, Biden a adopté les exigences clés de la politique de Trump: «ouvrir les écoles» et «ouvrir les entreprises».

Et ce, malgré l’afflux de données scientifiques prouvant l’importance de la fermeture des écoles et des entreprises pour contenir le COVID-19. Une étude publiée ce mois-ci dans Science a révélé que la fermeture d’écoles et d’universités réduit la propagation de COVID-19 de 38 pour cent. En outre, la fermeture d’entreprises non essentielles en face à face réduit la transmission de 18 pour cent.

Les médias parlent de moins en moins de l’ampleur de la catastrophe qui se déroule aux États-Unis. On a pris la décision délibérée d’attirer l’attention non pas sur la mort en masse et le fait que le système de santé américain est submergé, mais sur la production et la distribution initiale de vaccins.

Mais si le gouvernement fédéral commence à distribuer des vaccins aux États, on n’a vacciné aux États-Unis qu’un dixième du nombre de personnes prévu. Selon les autorités sanitaires 20 millions de personnes auraient du être vaccinées d’ici la fin de l’année mais seulement 2 millions le seront dans les temps. Des images sont apparues lundi de centaines de patients âgés faisant la queue pour des doses limitées du vaccin.

Un article de Kaiser Health News a qualifié le déploiement du vaccin américain de «gâchis» ; il note que de nombreux États n’ont pas reçu un nombre de doses approchant celui qu’on leur avait promis. «Tout au long de la pandémie COVID-19, le système de santé américain a montré qu’il n’est pas conçu pour une réponse coordonnée à la pandémie (entre autres choses)… Pourquoi la distribution des vaccins devrait-elle être différente?» écrit ce service d’information.

Même dans les meilleures circonstances, le vaccin ne sera pas largement disponible avant le printemps ou l’été prochain. En outre, les scientifiques ont averti que l’apparition de la nouvelle souche plus infectieuse du virus signifie qu’un pourcentage plus élevé de la population devra être vacciné pour arrêter la propagation communautaire du coronavirus.

Le refus de l’ensemble de l’establishment politique de prendre les mesures nécessaires pour sauver des vies est une continuation de sa politique tout au long de la pandémie. Aucune mesure ne sera prise qui contrevienne aux intérêts de l’oligarchie financière. À cette fin, les gouvernements du monde entier ont adopté la doctrine de l’«immunité collective» – appelant à une infection massive de la population ; selon les mots d’un responsable de la Maison-Blanche: «Nous voulons qu’ils s’infectent».

Cela a conduit à la propagation incontrôlée de la pandémie, à des centaines de milliers de morts et à la plus forte montée de la faim et du chômage depuis la Grande Dépression. D’autre part, cette même politique a produit l’enrichissement massif d’une oligarchie financière dont la richesse a grimpé en flèche lorsque la Banque centrale américaine a injecté des billions de dollars dans les marchés financiers.

Et les marchés continuent leur implacable ascension. L’indice «Dow Jones Industrial Average» a augmenté de 200 points pour atteindre un nouveau record lundi, entraînant une nouvelle augmentation de la richesse des milliardaires américains. Au cours de l’année écoulée, Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, a vu sa fortune augmenter de 77 milliards de dollars, atteignant 192 milliards de dollars lundi. La fortune d’Elon Musk, désormais deuxième homme le plus riche du monde, est passée elle de 28,5 milliards de dollars à 160 milliards de dollars.

Il faut prendre des mesures d’urgence pour éviter les morts en masse! Mais pour cela la classe ouvrière doit intervenir de manière indépendante, en opposition aux profiteurs de la pandémie et à leurs représentants politiques.

Le Parti de l’égalité socialiste exige la fermeture immédiate de toutes les entreprises et écoles non essentielles. Cette mesure doit s’accompagner d’une indemnisation complète des pertes de salaire, et de revenus pour les petites entreprises, financée par l’expropriation des vastes sommes accumulées par les riches. Des milliers de milliards de dollars doivent être investis dans l’infrastructure des soins de santé pour traiter, contenir et éradiquer le COVID-19, et garantir que la société puisse se protéger contre le danger des maladies infectieuses à l’avenir.

Le Parti de l’égalité socialiste et ses partis frères du Comité international de la Quatrième Internationale ont avancé ces revendications pendant près d’un an. Si l’on avait mis ces mesures en œuvre au début de la pandémie, on aurait pu sauver des centaines de milliers de vies aux États-Unis, en Europe et dans le monde entier.

Le PES appelle tous les travailleurs à organiser des comités d’action d’urgence pour faire appliquer des mesures d’urgence dont l’arrêt de la production non essentielle et l’enseignement exclusivement en ligne dans les écoles, collèges et universités. Cette lutte soulève la question de savoir qui contrôle la société, la classe capitaliste sur la base du profit ou la classe ouvrière sur la base de la nécessité sociale.

La pandémie est en train de démontrer cette réalité fondamentale : le capitalisme est en guerre avec la société. La classe ouvrière doit se mobiliser dans une lutte unie contre ce système meurtrier et en faillite.

(Article paru d’abord en anglais le 29 decembre 2020)

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