Perspective

La dynamique de classe de la spéculation massive de Wall Street

As 2020 draws to a close, the essential class dynamic and objective logic of the global capitalist system have never been more starkly revealed.

Alors que l’année 2020 touche à sa fin, la dynamique de classe fondamentale et la logique objective du système capitaliste mondial ne sont jamais apparues de façon aussi frappante.

Des milliards de personnes dans le monde sont confrontées à l’impact croissant de la pandémie de COVID-19, à la destruction de millions d'emplois, à l'appauvrissement et pour certains la menace de famine, et à la destruction d'un avenir viable pour toute une génération de jeunes. Pourtant, l'oligarchie financière au pouvoir en profite à hauteur de centaines de milliards de dollars.

Un trader sur le parquet de la Bourse de New York (AP Photo/Richard Drew)

L’année se termine sur la plus grande contraction économique depuis la Grande Dépression des années 1930. Mais Wall Street, à la tête des marchés boursiers du monde entier, termine l’année à un niveau record.

Lorsque les effets économiques et financiers de la pandémie ont commencé à se faire sentir en mars, Wall Street et les autres marchés boursiers ont plongé. Mais la Réserve fédérale américaine et le gouvernement, comme les banques centrales et les gouvernements du monde entier, sont intervenus. Ils ont organisé le plus grand renflouement de l’oligarchie financière de l’histoire, injectant plus de dix mille milliards de dollars dans le système financier.

Aux États-Unis, la Réserve fédérale a donné un chèque en blanc virtuel à Wall Street. Elle s’est engagée à acheter toutes les catégories d’actifs financiers afin que le siphonnage de la richesse de la société vers les échelons supérieurs puisse se poursuivre sans relâche.

Depuis sa chute à la mi-mars, l’indice S&P 500 a augmenté de 66 pour cent. Mais ce n’est là qu’une manifestation partielle de ce qui s’est passé, car les actions de dizaines d’entreprises ont augmenté à un rythme beaucoup plus rapide. Celles de Tesla ont augmenté de 691 pour cent jusqu’à présent cette année; celle de Power Plug, une société spécialisée dans les piles à combustible, ont augmenté de plus de 1.000 pour cent. Zoom Communications est en hausse de 451 pour cent.

Les vaccinations contre le COVID-19 sont en cours aux États-Unis et en Grande-Bretagne, ce qui pourrait constituer une avancée importante dans la lutte médicale contre le virus, mais déjà on décrit leur déploiement aux États-Unis comme un «gâchis».

Dans le même temps, une nouvelle classe de milliardaires est en train d’émerger, dont la fortune est propulsée par l’augmentation des stocks d’entreprises associées au développement des vaccins et à leur utilisation. Les actions de Moderna, l’une des sociétés impliquées dans le développement d’un vaccin, ont augmenté de 532 pour cent.

Lorsque les gouvernements et les banques centrales ont lancé leurs opérations de renflouement de milliers de milliards de dollars, ils ont affirmé que des mesures extraordinaires étaient nécessaires pour sauver l’économie. Cette fraude a été révélée au grand jour. La seule préoccupation de l’oligarchie au pouvoir n’était pas la santé ni le bien-être économique de la masse de la population, mais bien ceux des marchés financiers.

Par conséquent, on n’a pris aucune mesure efficace pour faire face à la pandémie. Cela aurait impliqué la fermeture des entreprises non essentielles et le versement de revenus aux travailleurs et à leurs familles, accompagnés de mesures sanitaires strictes dans les entreprises essentielles restées ouvertes.

Le lancement de l’opération de renflouement fut au contraire accompagné d’une campagne meurtrière de retour au travail alors qu’on promouvait ouvertement la politique dite d’«immunité collective», garantissant ainsi la propagation du virus. Le but était de garantir que l’offre de plus-value issue du travail de la classe ouvrière ne soit pas interrompue. Cela a entraîné la normalisation de la mort de masse sous le slogan inventé par Thomas Friedman du New York Times, selon lequel «le remède » ne pouvait « pas être pire que la maladie».

L’apport d’argent aux marchés financiers est sans aucune limite mais l’assistance famélique aux travailleurs et à leurs familles fait aux États-Unis l’objet de débats et de retards. Ailleurs, même les mesures d’urgence limitées sont à présent retirées.

La fourniture d’argent par la Réserve fédérale et d’autres banques centrales pour soutenir la dette des entreprises a été une véritable manne pour les grandes banques. Les plus grandes banques du monde ont récolté près de 125 milliards de dollars de frais pour la garantie de dettes d’entreprises et la levée de nouveaux fonds, les entreprises cherchant à trouver des fonds pour surmonter les effets de la pandémie.

Ce qu’on a décrit comme une «année très robuste pour la garantie de dettes et de capitaux propres» n’a été possible que parce que la Réserve fédérale et d’autres banques centrales étaient prêtes à intervenir avec une aide supplémentaire si cela s’avérait nécessaire. Cela a déjà été pris en compte – l’équipe stratégique de JPMorgan prévoit la mise à disposition de cinq mille milliards de dollars supplémentaires en 2021.

La garantie par la Réserve fédérale qu’elle fera tout en son pouvoir pour assurer la poursuite de la montée de Wall Street a conduit à une orgie de spéculation par le biais de la « dette sur marge» au moyen de laquelle les investisseurs riches empruntent de l’argent sur leurs avoirs existants pour acheter plus d’actions.

Le mois dernier, les investisseurs ont emprunté un montant record de 722,1 milliards de dollars sur leurs portefeuilles d’investissement, battant ainsi le précédent record de 668,9 milliards de dollars enregistré en mai 2018. On considère l’endettement sur marge comme risqué, car si le cours des actions chute, l’investisseur doit répondre à un appel de marge de la société de courtage auprès de laquelle il a emprunté. Soit il doit fournir des liquidités, soit il doit vendre les actions sous-jacentes aux prêts, ce qui peut déclencher une liquidation plus large.

Rapportant cette étape, le Wall Street Journal a averti qu’elle était «sinistre», car les records de dettes sur marge ont été suivis par les krachs boursiers de 2000 et 2008. Mais en dépit des signes avant-coureurs, la spéculation se poursuit, car on croit, à juste titre, que la Réserve fédérale est prête à intervenir.

Récemment, le Financial Times a interviewé le directeur des investissements mondiaux de Guggenheim Partners, Scott Minerd. Celui-ci a déclaré que la pandémie avait «complètement remanié» le système économique dit «de libre marché», le remplaçant par des cycles d’«intervention monétaire de plus en plus radicale» et de «socialisation du risque de crédit».

Autrement dit, l’État capitaliste est devenu le garant et le facilitateur du pillage de la société par l’oligarchie financière, dont il défend les intérêts.

L’ordre social actuel ressemble on ne peut plus à l’ancien régime en France à la veille de la Révolution de 1789. Confrontée à une crise profonde, enracinée dans les contradictions insolubles de l’économie à laquelle elle présidait, l’élite dirigeante organiquement incapable de se réformer a dû être balayée pour que la société puisse progresser.

De même, la situation actuelle a créé les conditions objectives d’une confrontation de classe massive. Dans la conflagration qui vient, la classe ouvrière a pour tâche d’abolir l’ordre capitaliste réactionnaire et dépassé, et celle d’établir un système socialiste où le besoin humain, et non le profit et la cupidité, constitue le fondement de l’ordre économique.

Mais ce résultat, nécessaire au progrès humain, dépend de la décision des travailleurs et des jeunes de relever le défi qui se présente à eux en rejoignant et en construisant le parti révolutionnaire, afin de mener les luttes qui sont sur le point d’exploser.

(Article paru d’abord en anglais le 30 decembre 2020)

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