La CGT veut canaliser la colère ouvrière contre la politique de Macron sur la pandémie

Face à la montée internationale de la colère sociale contre la politique criminelle d’austérité et «d’immunité collective» de l’aristocratie financière, le secrétaire de la CGT, Philippe Martinez tente de canaliser l’opposition ouvrière et à mettre en garde le gouvernement Macron.

Dans une entrevue avec le Journal Du Dimanche, Philippe Martinez se plaint que «l’on distribue beaucoup d’argent aux entreprises, mais rien aux salariés». Martinez avertit le gouvernement qu’«il y a beaucoup de colère sociale et d’inquiétude pour la santé. C’est pourquoi nous avons d’ores et déjà prévu des mobilisations d’ici la fin janvier: le 26 dans l’éducation, le 28 dans l’énergie, mais aussi contre les fermetures de sites et pour de meilleurs salaires.» Martinez poursuit: «localement des salariés se mobilisent déjà chez EDF, Général Electric, dans les abattoirs, à la RATP...»

Ces déclarations sont particulièrement cyniques: Martinez veut faire oublier le fait que la CGT a approuvé le plan de relance du duo Merkel-Macron lorsque l’Union européenne l’a adopté. Dans la déclaration commune du 20 mai, la DGB allemande et les principales confédérations syndicales en France, dont la CGT, ont salué le plan de relance de 750 milliards d’euros accordés par l’UE aux grandes entreprises. Cela faisait partie d’une série de plans de relance qui ont distribué plus de 2.000 milliards d’euros aux banques et aux grandes entreprises européennes.

Ce plan de relance exige en contrepartie la reprise du travail et la réouverture des écoles pour la réalisation des profits des banques, ce qui a entraîné une vaste contagion et des centaines de milliers de morts à l’échelle européenne. Il y avait environ 200.000 morts à l’échelle européenne quand la CGT a signé un document pour déclarer son soutien à la politique européenne sur le coronavirus. A présent, il y a plus de 600.000 morts en Europe de COVID-19.

Non seulement la CGT a poussé les travailleurs à retourner au travail où ils risquent pour leur santé et leur vie mais en plus elle négocie dans le cadre du dialogue sociale des licenciements massifs dans les secteurs stratégiques du capitalisme européen.

Martinez relève que rien n’est donné aux salariés, mais dans ce plan de relance que la CGT a applaudi, rien n’était prévu pour permettre aux travailleurs des secteurs non essentiels de se mettre à l’abri, ou pour aider sérieusement les petits patrons. C’était dès le départ un plan en faveur des grandes entreprises et des banques, que la CGT continue à défendre aujourd’hui.

Le chaos sanitaire en Europe et en France expose la complicité de la CGT et de Martinez avec la politique criminelle de l’UE. D’après l’Institut nationale de la statistique et des études économiques, l’année 2020 et la plus mortelle depuis 1946. La COVID-19 a tué en l’espace d’un an un Français sur 1000. La politique d’ «immunité collective» a fait environ 70.000 morts en France, alors que pendant chaque année de 1939 à 1945, la Deuxième Guerre mondiale voyait en moyenne 55.000 morts.

Contrairement aux pays voisins de la France, il n’y a pas eu de mobilisations importantes comme en Grèce, en Pologne ou au Portugal. En Italie, une grève nationale a paralysé une grande partie du secteur public pour s’opposer à la réduction des financements publics pendant des décennies, en particulier dans le secteur de la santé. Plusieurs secteurs ont lancé des préavis de grève pour le mois de janvier comme dans l’éducation, la poste ou l’énergie mais les grèves en France sont locales.

Les syndicats n’ont pas déclenché de grève plus large jusqu’ici parce qu’ils soutiennent la politique d’«immunité collective» de Macron et de l’UE qui menace de faire des millions de morts en Europe. La CGT a jusqu’ici cherché à isoler les travailleurs et les jeunes dans des grèves locales pour des revendications qui visaient non pas à mettre les travailleurs à l’abri du virus mais à maintenir les travailleurs au boulot dans des conditions sanitaires mortifères.

Face à montée internationale de la colère des jeunes et des travailleurs, Martinez craint que la bureaucratie syndicale soit débordée par un mouvement indépendant des jeunes et des travailleurs. L’appel à des journées de mobilisations le 26 janvier dans l’éducation nationale et le 28 janvier dans l’énergie servent de soupapes pour contenir la colère ouvrière en continuant de les isoler grâce à une fausse perspective de «faire pression» sur Macron pour un meilleur dialogue social. Martinez se plaint notamment que les syndicats ne soient pas assez écoutés par le premier ministre Jean Castex.

Les travailleurs et les jeunes ne peuvent rien attendre du dialogue social défendu par la CGT, car ni Macron ni ses prédécesseurs n’a de «réformes» progressistes à offrir. Macron détruit les acquis sociaux établis à la suite des luttes révolutionnaires de la classe ouvrière contre l’Occupation nazie et la collaboration, utilisant le cadre du «dialogue social» pour imposer l’austérité et les licenciements. La pandémie mondiale accélère la contre-révolution sociale de l’aristocratie financière et à présent l’effondrement des normes démocratiques des États capitalistes.

Par le biais d’une politique fascisante, l’aristocratie financière cherche préventivement à écraser le mécontentement social en construisant un mouvement réactionnaire dirigé contre la classe ouvrière.

Aux Etats-Unis, Trump mobilise des forces d’extrême-droite pour instaurer une dictature après sa défaite lors de la présidentielle. Ses supporters néonazis ont déjà tenté un coup d’État fasciste le 6 janvier en organisant la prise du Capitole. Avec la loi de sécurité globale et la loi anti-séparatiste, Macron qui salua le «grand soldat Pétain», crée les bases pour la mise en place d’un État autoritaire s’appuyant sur des forces fascisantes. Sa cible est l’opposition à la classe ouvrière à la politique d’austérité et d’ «immunité collective» menée par l’aristocratie financière.

Il n’y a rien à négocier avec un gouvernement qui mène sa politique d’austérité au mépris de la vie humaine, s’appuyant sur les mêmes forces sociales que Trump aux États-Unis.

Le développement d'un mouvement politique de masse de la classe ouvrière pour le socialisme est la seule voie possible pour lutter contre le gouvernement Macron et l’UE. Les travailleurs doivent rompre avec les appareils syndicaux qui servent d’agents de l’aristocratie financière dans les entreprises pour s’assurer que les profits soient réalisés de l’exploitation des travailleurs, malgré le danger mortel qu’ils subissent.

Les travailleurs doivent créer leurs propres organisations indépendantes. Il faut développer un réseau de comités de base dans les usines et les lieux de travail, et dans chaque quartier et ville, afin de mobiliser et d’unifier toutes les sections de la classe ouvrière en France et à l’international dans un mouvement pour le socialisme et contre le capitalisme et sa politique de mort.

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