Des responsables de haut niveau de la campagne Trump ont joué un rôle clé dans l’organisation de l’assaut fasciste sur le Capitole américain

Une analyse récente menée par l’Associated Press (AP) confirme que des responsables de haut niveau au sein du Parti républicain et de la campagne de réélection du président Donald Trump en 2020 ont organisé l’insurrection fasciste devant la Maison-Blanche, le «Save America Rally», qui allait ensuite prendre d’assaut le Capitole pour tenter de renverser l’élection et installer une dictature présidentielle.

Préparatifs avant la répétition générale de la 59e cérémonie d’investiture du président élu Joe Biden et de la vice-présidente élue Kamala Harris, le lundi 18 janvier 2021 au Capitole américain à Washington. (AP Photo/Patrick Semansky)

L’AP a écrit: «Un groupe pro-Trump à but non lucratif appelé Women for America First a organisé le 6 janvier le “Save America Rally” à l’Ellipse, un terrain ovale appartenant au gouvernement fédéral près de la Maison-Blanche. Mais une pièce jointe au permis de rassemblement public du National Park Service accordé au groupe énumère plus d’une demi-douzaine de personnes en poste pour l’événement qui, quelques semaines plus tôt, avaient été payées des milliers de dollars par la campagne de réélection de Trump pour 2020. D’autres membres du personnel qui devaient être “sur place” pendant la manifestation ont des liens étroits avec la Maison-Blanche».

Dans son reportage, l’AP a noté qu’elle «a examiné les messages des médias sociaux, les inscriptions des électeurs, les dossiers des tribunaux et d’autres documents publics concernant plus de 120 personnes qui font l’objet d’accusations criminelles liées aux troubles du 6 janvier ou qui, s’étant opposées au port du masque durant la pandémie, ont été identifiées par la suite grâce à des photographies et des vidéos prises pendant l’émeute».

«L’examen a révélé que la foule était en grande majorité composée de partisans de longue date de Trump, y compris des représentants du Parti républicain, des donateurs politiques du parti, des militants d’extrême droite, des tenants de la suprématie blanche, des policiers en civil, des militaires et des adeptes du mythe QAnon, selon lequel le gouvernement serait dirigé secrètement par une cabale de cannibales pédophiles qui vénèrent Satan».

Malgré le fait que le reportage public confirme que plusieurs personnes ayant des liens directs avec Trump lui-même ou avec la campagne de Trump sont responsables de l’incitation et de l’organisation du coup d’État, aucun démocrate n’a attiré l’attention sur ce reportage, sans parler d’exiger des enquêtes publiques immédiates et l’arrestation des dirigeants. À l’instar des démocrates et du président élu Joe Biden, les médias bourgeois ont également enterré l’histoire, les grandes chaînes de télévision d’information du lundi soir ayant ignoré ce reportage surprenant.

Ce que l’AP a révélé est une confirmation de l’analyse présentée dans la perspective «Trump et son opération Dictature» du «World Socialist Web Site» du 2 octobre» dans laquelle les auteurs Joe Kishore et David North écrivent que le débat a révélé un «… fait indéniable que la Maison-Blanche est le centre politique névralgique d’une conspiration très avancée qui vise à établir une dictature présidentielle et à réprimer les droits démocratiques garantis par la Constitution».

Ci-dessous, quelques personnes notables qui étaient à la solde de la campagne de Trump et qui ont organisé la tentative de coup d’État:

  • Megan Powers: Le permis mentionnait Powers comme l’une des deux responsables des opérations pour l’événement, et selon son profil LinkedIn, en janvier 2021, elle était la directrice des opérations pour la campagne de réélection de Trump, où on la payait des milliers de dollars par mois.
  • Caroline Wren: Décrite comme une «collectrice de fonds expérimentée du Parti républicain» par l’AP, Wren était inscrite comme «conseillère VIP» sur une pièce jointe au permis. Les dossiers de la Commission électorale fédérale indiquent que Wren a été payée 20.000 dollars par mois entre la mi-mars et la mi-novembre par Donald J. Trump pour le compte de President Inc. Wren a également servi de consultante financière nationale pour «La victoire de Trump», un comité mixte de collecte de fonds entre la campagne de réélection de Trump et le Comité national républicain. Wren a retweeté plusieurs messages de promotion de l’événement et des conspirateurs du groupe «Stop the Steal», qui s’était également organisé pour la tentative de coup d’État. Dans un tweet supprimé depuis, Wren a partagé un message remerciant les sénateurs républicains Josh Hawley (Missouri) et Ted Cruz (Texas) pour avoir voté en faveur de l’annulation des résultats de l’élection.
  • Maggie Mulvaney: Mulvaney est la nièce de l’ancien chef de cabinet par intérim de la Maison-Blanche, Mick Mulvaney. Maggie était inscrite comme «chargée principale des VIP» dans le permis du Park Service accordé pour l’événement et on la payait 5.000 dollars toutes les deux semaines alors qu’elle était employée pour la campagne. Le dernier paiement a été effectué le 13 novembre. Selon son compte LinkedIn, elle a travaillé comme directrice des opérations et responsable des affaires extérieures pour la campagne 2020 de Trump. Comme Wren, Mulvaney a supprimé les messages de son compte de médias sociaux qui faisaient la promotion de l’événement après le 6 janvier.
  • Tim Unes: Fondateur et président d’Event Strategies, était le régisseur du rassemblement, selon les documents du permis. La campagne présidentielle de Trump a versé à Event Strategies 1,3 million de dollars en 2020 pour des «services audiovisuels», selon les dossiers de financement de la campagne.

Ces noms ne représentent qu’une fraction des agents républicains de haut niveau qui ont organisé le coup d’État. L’AP a rapporté la semaine dernière qu’une division de l’Association républicaine des procureurs généraux, le Rule of Law Defense Fund (Fonds de défense de l’État de droit), avait payé et autorisé des milliers d’«appels automatisés» dans tout le pays, exhortant «des patriotes comme vous… à vous battre pour protéger l’intégrité de nos élections» la nuit qui précédait le 6 janvier.

Le procureur général de l’Alabama, Steve Marshall, qui dirige le fonds, a déclaré à l’AP qu’il «ignorait les décisions non autorisées prises par le personnel [du Rule of Law Defense Fund] concernant le rassemblement de cette semaine» et a demandé une «enquête».

Jusqu’à la semaine dernière, la procureure générale de Floride, Ashley Moody, se vantait sur le site officiel de l’État qu’elle avait le soutien de ses pairs en notant sa nomination au conseil d’administration du Rule of Law Defense Fund. Après que la connexion a été révélée, Moody a effacé du site web la nomination au conseil d’administration.

Alors que Moody tente de se laver les mains de son rôle dans l'insurrection fasciste, la scientifique de Floride et dénonciatrice du COVID-19, Rebekah Jones, fait face à des accusations calomnieuses de la part de l'État pour avoir publié des données factuelles révélant le mensonge selon lequel les écoles peuvent être rouvertes en toute sécurité pendant la pandémie.

Presque chaque jour, de nouvelles révélations viennent confirmer la coordination, la complicité et le soutien aux insurgés de la part de la Maison-Blanche et de responsables républicains dans tout le pays. Au cours d’une interview sur CNN lundi, le représentant démocrate du Tennessee Steve Cohen a confirmé que lui et le représentant du Kentucky, John Yarmuth, ont vu la représentante républicaine du Colorado, Lauren Boebert, faire une visite à «un grand groupe de personnes… quelque temps après le 3 et avant le 6».

Cohen a ajouté qu’il était «assez clair… qu’elle n’était pas dans l’équipe locale. Elle était avec les visiteurs.» Le fait que cela fasse presque deux semaines depuis le coup d’État et que Cohen ait été le premier démocrate à nommer publiquement l’un des présumés conspirateurs témoigne de la mesure dans laquelle le Parti démocrate s’efforce de dissimuler la véritable étendue du complot fasciste. Joe Biden et le reste du parti savent que démasquer tous les complices révélerait non seulement que des sections importantes, voire une majorité, des républicains au Congrès étaient complices de la tentative de coup d’État, mais aussi des sections importantes de la police du Capitole, des agences de renseignement et du ministère de la Défense.

La crise extrême au sein de la classe dirigeante américaine et par extension ce qui reste de la démocratie bourgeoise s’exprime dans l’occupation militaire de Washington DC. Un petit incendie dans un campement de sans-abri lundi matin, à environ un kilomètre de la Maison-Blanche, a provoqué le confinement immédiat de plusieurs bâtiments du complexe du Capitole et mis fin aux répétitions d’entraînement pour l’investiture. Au moment où nous écrivons ces lignes, quelque 25.000 soldats de la Garde nationale ont été déployés dans le complexe du Capitole, soit environ cinq fois plus que le nombre de soldats actuellement déployés en Irak, en Afghanistan et en Syrie réunis.

La présence de tant de soldats n’a cependant pas apaisé les craintes de violence terroriste fasciste avant, pendant ou après l’investiture de Biden le 20 janvier. Dimanche, le FBI a annoncé qu’en raison de la menace d’une «attaque venant de l’intérieur», le FBI tenterait de s’assurer de la loyauté des 25.000 soldats à Washington. Le Washington Post a rapporté lundi soir que le FBI a averti les agences de police que des adhérents à QAnon avaient discuté de la possibilité de se faire passer pour des troupes de la Garde nationale afin d’infiltrer des zones sécurisées pendant l’investiture.

Ce n’est un secret pour personne que beaucoup de ceux qui cherchaient à prendre des otages – ou pire – le 6 janvier, étaient d’anciens ou d’actuels militaires, ainsi que des policiers. Déjà un membre en service de la Garde nationale de Virginie, Jacob Fracker, a été arrêté après avoir affiché un selfie en compagnie d’un autre policier à l’intérieur du Capitole le 6 janvier.

Le dimanche, Sky News a identifié l’une des personnes en tenue militaire et en gilet pare-balles qui a pris d’assaut le Capitole comme étant Jessica Watkins, 38 ans, ancien soldat de l’armée et vétéran de l’Afghanistan. Watkins a été photographiée marchant dans ce qui est connu comme un «défilé Ranger» dans le Capitole avec des membres de la milice d’extrême droite des Oath Keepers.

Jessica Watkins, qui affirme avoir formé l'Ohio Regular Militia en 2019 en tant qu'affiliée des Oath Keepers, a été arrêtée dimanche.

Au cours des deux semaines qui se sont écoulées depuis la prise d’assaut du Capitole, à peine un peu plus de 100 personnes ont été inculpées parmi les milliers qui ont participé à l’assaut. Ce faible nombre témoigne du soutien accordé par la police et certaines sections de l’appareil d’État aux insurgés. À titre de comparaison, lors de l’attaque le 1er juin contre des manifestants multiraciaux pacifiques qui réclamaient la fin des violences policières, le département de la police métropolitaine de Washington avait procédé à 326 arrestations.

(Article paru en anglais le 19 janvier 2021)

Loading