Le Royaume-Uni compte plus de 21.000 décès et un million de cas COVID dans les trois premières semaines de 2021

Les décès, les infections et les hospitalisations dus au COVID-19 montent en flèche en Grande-Bretagne. Cette semaine, le record quotidien du taux de mortalité a été dépassé à deux reprises au cours de journées successives, avec 1.610 décès mardi et 1.820 mercredi. Un autre total de 1.290 décès a été annoncé jeudi, avec un enfant de huit ans parmi les dernières victimes.

Un nombre sidérant de 21.024 personnes sont décédées au cours des trois premières semaines de 2021, le Royaume-Uni affichant le taux de mortalité le plus élevé de la planète. Cette semaine, 283.388 nouvelles infections ont été enregistrées, portant le total cette année à plus de 1 million (1.054.866).

Les hospitalisations ont atteint 39.068 lundi cette semaine, soit près du double du pic de la première vague de l'année dernière. Le nombre de patients qui dépendent d’un appareil respiratoire s'élevait à 3.947.

Les données du National Health Service England publiées jeudi ont révélé qu'un groupe d’hôpitaux sur 10 n'avait plus de lits de soins intensifs disponibles pour adultes la semaine dernière.

Le décompte quotidien des infections par le gouvernement ne donne pas une mesure précise du nombre de personnes infectées. L'enquête sur les infections REACT-1 de l'Imperial College est plus précise. Dans ses dernières conclusions provisoires basées sur des tests de 142.900 personnes entre le 6 et le 15 janvier, l'Imperial College estime que 1,58 pour cent de la population avait le virus au début de janvier, contre 0,91 pour cent en décembre. Cela équivaut à une personne sur 63 ou environ 900.000 personnes infectées au niveau national.

Le taux d'infection le plus élevé a été enregistré à Londres, 2,8 pour cent de la population étant atteinte de la maladie, contre 1,21 pour cent au début de décembre. D'autres estimations suggèrent que jusqu'à 5 pour cent des quelque 10 millions d'habitants de la capitale pourraient être porteurs du virus. Cette semaine, le Service ambulancier de Londres répondait à 8.500 appels par jour au lieu des 5.000 à 6.000 par jour avant la pandémie. Jeudi, le Guardian a révélé que «le personnel du Service national de santé (NHS) se prépare à transporter des patients à l'aide de deux autobus londoniens qui ont été transformés en ambulances de fortune, un signe de plus de la pression exercée par Covid sur les services de santé de la capitale.»

Les infections continuent d'augmenter malgré le confinement imposé par le gouvernement conservateur le 5 janvier. Le confinement est nettement moins restrictif que le premier en mars, malgré la propagation de la nouvelle souche plus contagieuse du virus et des taux d'hospitalisation encore pires. L'enquête REACT-1 a révélé que les cas de COVID-19 avaient augmenté de 50 pour cent entre début décembre et le 15 janvier.

«Au cours des 10 premiers jours du troisième confinement de COVID-19 en Angleterre en janvier 2021», conclut l'étude, «la prévalence du SRAS-CoV-2 était très élevée sans indication de baisse. Jusqu'à ce que la prévalence dans la communauté soit considérablement réduite, les services de santé resteront sous une pression extrême et le nombre cumulé de vies perdues au cours de cette pandémie continuera d'augmenter rapidement.»

Au cours de la première vague de la pandémie, la politique brutale d'immunité collective du gouvernement a entraîné la mort de près de 20.000 personnes parmi les plus vulnérables vivant dans des maisons de retraite. Les décès dus au COVID-19 dans les foyers d’accueil sont à nouveau en hausse, doublant en quinze jours en Angleterre. Le Bureau des statistiques nationales a enregistré 1.260 décès de COVID-19 dans les foyers d’accueil au cours des deux semaines précédant le 15 janvier, soit près du double des 661 décès d'il y a deux semaines. Le virus fauche les vies dans les foyers d’accueil à un rythme effarant, représentant 40 pour cent de tous les décès dans tous ces établissements en Angleterre, contre un peu plus d'un quart à la fin de décembre. Seulement environ 50 pour cent des 400.000 résidents de ces établissements au Royaume-Uni ont jusqu'à présent été vaccinés contre le virus.

Le taux d'infection est si grave que quelques heures seulement après avoir évoqué la mise en place de la réouverture progressive des écoles en mars, les écoles devant recevoir un préavis de deux semaines seulement, le gouvernement est maintenant contraint de faire marche arrière. Le Financial Times de jeudi a cité un haut responsable proche du premier ministre Boris Johnson qui a déclaré: «Boris veut que ce soit le dernier confinement, même si cela doit durer plus longtemps. Il doit y avoir un sentiment de finalité dans ces mesures donc il donne l’impression de se rallier à l’opinion des scientifiques. Il est prudent. »

Johnson est conscient qu'une augmentation du nombre de décès pourrait déclencher une explosion sociale. Plus tard jeudi, un porte-parole du premier ministre a déclaré qu'il ne pouvait être exclu qu'un confinement puisse durer jusqu'à l'été: «Nous restons d'avis que nous voulons assouplir les restrictions dès que les conditions sûres sont réunies, mais pour ce faire, nous devons voir les taux de transmission du virus baisser et nous devons voir la pression sur le NHS diminuer. »

Le gouvernement de Boris Johnson doit s’adapter au fort sentiment public d’opposition à la levée du confinement, et aux demandes pour un renforcement des restrictions. Un sondage d'opinion pour le journal Observer a révélé que 61 pour cent étaient favorables à la fermeture des crèches et 51 pour cent soutenaient la fermeture des cafés et les détaillants de boissons chaudes à emporter. 75 pour cent des personnes interrogées ont déclaré que les ministres du gouvernement avaient réagi trop lentement à la pandémie.

Tout cela était entièrement prévisible. Le 17 décembre, le Socialist Equality Party UK (Parti de l’égalité socialiste du Royaume-Uni) a publié une déclaration: Arrêtez l’hiver de la mort du Royaume-Uni! Pour une action d’urgence afin de sauver des vies!

L'article lançait cet avertissement: «On laisse la pandémie de coronavirus au Royaume-Uni échapper à tout contrôle. Le gouvernement conservateur du premier ministre Boris Johnson mène une politique meurtrière qui met en danger des dizaines de milliers de vies.»

Bien que le gouvernement ait dû réduire ses projets de permettre à la population de voyager et de se fréquenter sans entrave pendant cinq jours à Noël, il a encouragé une frénésie d’achats 24 heures sur 24 pour «sauver Noël», c'est-à-dire sauver les profits des grandes entreprises.

À ce stade, 66.000 personnes étaient décédées selon les chiffres officiels du gouvernement, alors qu’un décompte plus précis basé sur les certificats de décès où figurait la mention COVID-19 mettait le chiffre à près de 80.000. Dans un peu plus des quatre semaines écoulées depuis la déclaration du SEP (Socialist Equality Party), des dizaines de milliers d'autres personnes sont mortes. 94.580 décès ont été enregistrés selon le décompte du gouvernement, tandis que le chiffre réel enregistré par les agences de statistique du Royaume-Uni – y compris ceux où le COVID était mentionné sur le certificat de décès, ainsi que des données supplémentaires sur les décès survenant ces derniers jours – montre que le nombre de décès dus au virus a dépassé 111.000.

La déclaration du SEP a cité la Dr Claudia Paoloni, présidente de l'Association des consultants et spécialistes hospitaliers, qui a averti que les mesures de Noël verront «la mort évitable de patients et des milliers de cas critiques ne seront pas traités». Le professeur Gabriel Scally, éminent spécialiste de la santé publique, a également averti: «Il ne sert à rien d'avoir un très joyeux Noël et d'enterrer ensuite des amis et membres de la famille en janvier et février.»

Le SEP a expliqué que la lutte contre la pandémie n'est pas seulement, voire principalement, un problème médical. C'est avant tout une question de lutte sociale et politique.

Le criminel scélérat et sa cabale de passionnés d'immunité collective au pouvoir sont responsables de meurtres sociaux à grande échelle. Mais ce gouvernement largement détesté ne pouvait sacrifier la vie de plus de 111.000 personnes sur l'autel du profit et au nom de l'oligarchie qui dirige la Grande-Bretagne qu’avec la collusion du Parti travailliste et de ses partenaires dans les syndicats.

Sous le drapeau de «l'unité nationale», le chef travailliste Sir Keir Starmer a martelé le refrain de son prédécesseur Jeremy Corbyn en offrant son «opposition constructive» en temps de crise. La réponse des syndicats à la pandémie a été d'entamer des pourparlers avec le gouvernement pendant le confinement du printemps pour aider à ce que le Congrès des syndicats a décrit comme un «retour massif au travail». Avec la collusion syndicale, les écoles, les lycées et les universités ont été rouverts à partir de septembre, devenant ainsi les principaux vecteurs du virus. Cela allait de pair avec la suppression par les syndicats de toute action des travailleurs contre le danger du COVID-19.

Le SEP a averti dans sa déclaration de décembre: «Les semaines et les mois à venir sont critiques. Les mesures prises aujourd'hui par les travailleurs peuvent sauver des dizaines de milliers de vies. Nous appelons les travailleurs et les jeunes à rejoindre notre parti et à construire une nouvelle direction internationale et socialiste dont la classe ouvrière a besoin ».

Cet appel doit être repris de toute urgence par la classe ouvrière, à commencer par la formation d'un réseau interconnecté de comités des lieux de travail et de quartiers, indépendants des syndicats, pour organiser cette lutte politique. Et surtout, les travailleurs et les jeunes doivent y répondre en prenant la décision de rejoindre le SEP.

(Article paru en anglais le 22 janvier 2021)

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