Le secrétaire d'État nommé par Biden approuve les mensonges de «génocide» des Ouïghours par la Chine

Un des derniers actes de Mike Pompeo comme secrétaire d'État la semaine dernière a été de qualifier le traitement de la minorité musulmane ouïghoure par le régime chinois de «génocide» – une déclaration fausse et hypocrite faisant partie de la propagande de l'impérialisme américain dans ses préparatifs d’une guerre contre la Chine.

La nouvelle administration Biden a ainsi approuvé quasi officiellement ce langage hautement provocateur. Dans sa campagne électorale Biden, qui voulait démontrer qu'il serait plus dur que Trump envers la Chine, avait déjà qualifié de «génocide» l’action du Parti communiste chinois (PCC) contre les Ouïghours.

De même, à son audition de nomination au Sénat, celui que Biden a choisi comme secrétaire d'État, Anthony Blinken, a exprimé son soutien au conflit agressif de Trump avec la Chine. Quand on lui a posé la question, il a spécifiquement été d’accord avec la déclaration de Pompeo s'en prenant à la Chine sur le supposé génocide des Ouïghours.

Ces déclarations sont un signe incontestable que l'administration Biden intensifiera la campagne de guerre avec la Chine, qui a commencé avec le «pivot vers l'Asie» de l'administration Obama et s'est accélérée sous l'administration Trump. L'establishment politique américain dans son ensemble, même s'il est embourbé dans la profonde crise économique, politique et sociale déclenchée par la pandémie du COVID-19, est déterminé à empêcher, par tous les moyens disponibles, que la Chine remette en cause l'hégémonie mondiale américaine.

Sans fournir la moindre preuve, Pompeo avait déclaré que le «parti-État chinois» était actuellement engagé dans un génocide, une « tentative systématique de détruire les Ouïghours». Il a accusé Pékin de crimes contre l'humanité, notamment la détention arbitraire de plus d'un million de civils, les stérilisations forcées, la torture et de lourdes restrictions à d'autres droits démocratiques.

Aucune de ces affirmations n'a jamais été prouvée. Les chiffres américains sur le nombre de détentions forcées au Xinjiang ont augmenté continuellement sans aucune preuve ou explication. Le rapport annuel sur la Chine publié la semaine dernière par la Commission exécutive du Congrès, dirigée par des faucons anti-chinois tels que le sénateur Marco Rubio, fixe ce chiffre à 1,8 million – un nombre arbitraire sans indication de comment le total est passé au-dessus du million.

Les déclarations de Pompeo et d'autres propagandistes anti-chinois, recyclées à l'infini et sans critique par les médias américains et internationaux, sont basées sur les recherches douteuses d'universitaires anticommunistes de droite et les affirmations non fondées d'exilés ouïghours éminents, et souvent riches. Ceux-ci dirigent l'Association américaine ouïghoure et le Congrès mondial ouïghour, tous deux bénéficiaires d’un financement provenant de la CIA, par le biais de son organisation écran, le National Endowment for Democracy.

L'un de ces «experts», l'universitaire allemand Adrian Zenz, constamment cité, est habitué d'un réseau de groupe d’experts de droite, en Europe et aux États-Unis, comme l'École européenne de culture et de théologie en Allemagne ou la Fondation commémorative des victimes du communisme à Washington, spécialisée dans la concoction de propagande anticommuniste. Les papiers tendancieux de Zenz forment une grande partie des soi-disant preuves mentionnées dans le dernier rapport du Congrès.

Le régime de Pékin est connu pour ses méthodes d'état policier et il est sans aucun doute responsable de violations des droits démocratiques au Xinjiang, où il cherche à réprimer le sentiment séparatiste chez les Ouïghours musulmans et d'autres minorités ethniques. Son vaste appareil d'État vise avant tout à écraser toute opposition de la classe ouvrière alors que la pandémie continue de faire des ravages, y compris en Chine, et augmente les tensions sociales.

Blinken et Biden cependant, comme Trump et Pompeo, n'ont pas la moindre préoccupation pour les droits démocratiques des Ouïghours du Xinjiang et certainement pas pour les travailleurs chinois, dont l'exploitation est source de profits énormes pour les entreprises américaines. Cette campagne américaine «droits de l'homme», comme les nombreuses autres des États-Unis, vise bien plutôt à promouvoir les intérêts économiques et stratégiques de l'impérialisme américain.

Les administrations américaines ont régulièrement concocté des allégations de violations des droits humains pour justifier des opérations de changement de régime ou des guerres néocoloniales, tout en fermant les yeux sur les atrocités de leurs alliés et partenaires stratégiques, comme la monarchie autocratique d’Arabie saoudite. De plus, personne n'a été tenu responsable à Washington de crimes monstrueux tels que le massacre d'un million de citoyens irakiens lors de l’invasion et de l’occupation illégales de l'Irak en 2003.

L'accusation de «génocide» est particulièrement grotesque. Quels que soient les abus commis par le PCC au Xinjiang, il n'est pas engagé dans des meurtres de masse ou la destruction de la population ouïghoure. Décrire les violations présumées des droits de l'homme comme un génocide, c'est banaliser le terme et minimiser les crimes monstrueux du XXe siècle, comme l'holocauste nazi, auquel il peut s'appliquer.

L'accusation de «génocide» équivaut à une déclaration de guerre. En effet, en 1999, les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN ont utilisé de fausses accusations de «génocide» de la part de la Serbie contre les Kosovars comme prétexte pour lancer un bombardement de plusieurs mois qui a mis la Serbie et son peuple à feu et à sang. Son objectif était d'assurer l'hégémonie américaine dans la région stratégique clé des Balkans.

De même, la décision des États-Unis de porter l'attention sur la population ouïghoure du Xinjiang, plutôt que, comme par le passé, sur les Tibétains, est liée à des considérations stratégiques. La province la plus occidentale de la Chine est adjacente aux réserves de pétrole et de gaz d'Asie centrale et possède ses propres ressources énergétiques. Le Xinjiang permet également l’accès à de nombreuses voies de transport et de communication associées à la ‘Nouvelle route de la soie’ du président Xi Jinping, visant à contrer les tentatives américaines d'encercler la Chine.

Plus généralement, les États-Unis lancent leurs campagnes bidon de défense des droits humains non seulement par rapport au Xinjiang mais aussi à Hong Kong, au Tibet et à la Mongolie, dans le but de saper et finalement de fracturer la Chine.

La confrontation qui a commencé sous l'administration Obama a été intensifiée à tous les niveaux par le gouvernement Trump – avec l'imposition de mesures de guerre commerciale radicales contre la Chine, des provocations navales croissantes dans les mers de Chine méridionale et orientale, des liens plus étroits et des ventes d’armes accrues à Taïwan et des projets d’alliance militaire quadrilatérale de «démocraties» entre les États-Unis, le Japon, l'Australie et l'Inde. Le déploiement de 60 pour cent des moyens navals et aériens américains dans la région Inde-Pacifique, initialement envisagé sous Obama, est achevé.

Loin d’abandonner aucune de ces mesures, Biden a clairement indiqué qu'il avait l'intention de consolider davantage ces alliances et partenariats pour affronter directement la Chine. La politique étrangère irresponsable qui a caractérisé les gouvernements Obama et Trump se poursuivront sous Biden et intensifieront le danger de guerre totale entre puissances nucléaires et de catastrophe mondiale.

(Article paru en anglais le 22 janvier 2021)

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