Les médias prétendent à tort que les écoles sont sûres: ce que la science dit réellement

Deuxième partie

Voici la deuxième partie d’un article en deux parties réfutant un commentaire publié dans le ‘Point de vue’ du Journal de l’Association médicale américaine (JAMA), qui affirme que la réouverture des écoles est sans danger. La première partie peut être lue ici.

Les auteurs de l’article du JAMA auraient pu également faire référence à des informations récentes en provenance d’Austin, au Texas, qui dévoilent que les taux de positivité dans les écoles ont augmenté de plus de 20 pour cent. Une étude menée par des chercheurs du Michigan et de l’État de Washington a révélé que lorsque les infections communautaires étaient faibles, la réouverture des écoles ne semblait pas aggraver les épidémies. Cependant, lorsque les taux d’infection augmentaient, les écoles contribuaient à la propagation de la maladie au sein de la communauté.

Un médecin et professeur de santé publique de l’université George Washington, la Dr Leana Wen, a donné une évaluation franche: «deux problèmes existent donc: le premier est que nous n’avons pas assez de traceurs de contact dans tout le pays. Le second problème est que la prévalence dans les communautés est tellement élevée que cela sera très difficile de déterminer d’où proviennent les infections».

Étude sur des recrues de la marine pendant la quarantaine

Le CDC a reconnu que la plupart des cas de COVID-19 sont causés par des personnes soit présymptomatiques soit asymptomatiques, mais a délibérément omis de relier ces résultats aux dangers posés par ces transmissions dans les écoles.

Une partie de la réponse à cette importante question a été trouvée dans une étude financée par l’armée américaine et publiée dans le «New England Journal of Medicine» en décembre, concernant des recrues de la Marine pendant la quarantaine.

Au total, 1.848 recrues se sont portées volontaires pour participer à l’étude. L’âge moyen de ces recrues était entre 18 et 21 ans, soit un peu plus que les lycéens, ce qui rend les résultats pertinents pour la question du déroulement de la pandémie dans les écoles.

Avant d’entrer dans le camp d’entraînement, les recrues ont été mises en quarantaine pendant deux semaines à la maison, puis deux semaines supplémentaires sur un campus universitaire fermé. Cela impliquait le port de masques, une distanciation sociale et une surveillance quotidienne des symptômes, avec vérification de la température.

Les volontaires ont subi un test PCR SRAS-Cov-2 dans les deux jours suivant leur arrivée, puis le 7e et le 14e jour, leur dernier jour de quarantaine supervisée. Au cours des deux premiers jours, 16 recrues ont testé positif, mais une seule avait développé des symptômes. À la fin de la deuxième semaine, 35 autres participants se trouvaient infectés. Sur les 51 volontaires qui ont testé positif, seuls, cinq ont présenté des symptômes la semaine précédant leur test. Cela signifie que moins de 10 pour cent des jeunes adultes de cette étude bien contrôlée présentaient des symptômes.

En outre, aucune infection du CoV-2 du SRAS n’a pu être identifiée suite à la surveillance quotidienne des symptômes. Ces résultats ont une pertinence significative pour les ouvertures d’écoles et soulignent que même dans les meilleures circonstances, l’identification des cas chez les jeunes sera difficile.

Les études d'atténuation revisitées

Un facteur essentiel sur lequel les démocrates, le CDC et la presse bourgeoise gardent le silence est que les fermetures d’écoles sont une mesure d’atténuation cruciale pour aider à réduire la transmission communautaire. Les enseignants et les élèves doivent disposer d’un environnement sûr pour pouvoir suivre des cours sans craindre d’être infectés. Mais la principale raison des fermetures d’écoles est de supprimer la transmission du virus. Cela, afin de protéger les systèmes de santé et éviter de nouvelles pertes de vies humaines et la propagation de la maladie dans l’ensemble de la population.

Un enfant va à l’école à Murray, dans l’Utah, en août dernier. (AP Photo/Emilio Morenatti)

Le président Biden et son candidat au poste de secrétaire à l’éducation, Miguel Cardona, ont déclaré publiquement que les fermetures d’écoles ne contribueraient pas à atténuer la pandémie. Mais c’est précisément dans ce domaine que le CDC et les partisans de la réouverture des écoles évitent de faire référence aux études suivantes montrant l’avantage pour la santé publique de la fermeture des établissements d’enseignement:

● Dans une étude de la JAMA publiée le 29 juillet dernier, les auteurs avaient constaté que les fermetures d’écoles à l’échelle de l’État lors de la première vague de la pandémie avaient entraîné une baisse de l’incidence de la COVID-19 de 62 pour cent par semaine. De même, la mortalité a diminué de 58 pour cent par semaine. Les États qui ont fermé plus tôt ont connu le changement relatif le plus important par semaine.

● Une étude publiée dans Science a examiné les diverses interventions gouvernementales utilisées contre le COVID-19. Selon les résultats, la combinaison de la fermeture d’écoles et d’universités avec la limitation des rassemblements à 10 personnes ou moins et la fermeture de la plupart des entreprises non essentielles a réduit le taux de reproduction, R0, à moins d’un. En d’autres termes, cela a conduit à une réduction globale du nombre d’infections dans la communauté. Parmi les interventions énumérées, les fermetures d’écoles et la limitation des rassemblements à 10 personnes ont eu le plus grand impact sur l’atténuation de la pandémie.

● Dans une étude de Nature publiée en novembre qui a classé l’efficacité des interventions mondiales contre le COVID-19, l’annulation de petits rassemblements; la fermeture d’établissements d’enseignement; les restrictions aux frontières; la disponibilité accrue des ÉPIS; et les restrictions individuelles ont été statistiquement significatives dans la réduction du taux de reproduction R0.

● Un document de travail allemand publié en juillet dernier évalue l’efficacité des fermetures d’écoles et d’autres mesures d’atténuation de la propagation de COVID-19 dans trois pays: l’Argentine, l’Italie et la Corée du Sud. Ce document révèle que les interventions précoces qui comprennent des fermetures d’écoles réduisaient le nombre total de décès dus à COVID-19 et contribuaient à aplatir la courbe épidémique.

Les auteurs écrivent: «Nos estimations préférées — celles qu’on obtient, dans l’analyse principale, avec la plus petite erreur de prédiction de la moyenne quadratique — indiquent que les interventions ont permis d’éviter 84 pour cent, 29 pour cent et 91 pour cent des décès dus à COVID-19 en Argentine, en Italie et en Corée du Sud, respectivement, par rapport à une projection contre-factuelle. Ces résultats sont robustes à travers multiples spécifications et montrent que l’efficacité augmente lorsque les interventions sont mises en œuvre plus tôt… Plus tard on a fermé les écoles dans tout le pays au cours de la pandémie, plus l’efficacité de cette mesure est limitée».

L’argument avancé par le gouvernement Biden et les démocrates est délibérément trompeur. Ils affirment que les fermetures d’écoles ne font pas grand-chose pour arrêter la pandémie. Plus précisément, ils veulent dire que si l’on ferme les écoles en tant que seule mesure contre le COV-2 du SRAS, sans tous les autres aspects des interventions non pharmaceutiques en place, cette mesure ne fera pas grand-chose pour contrôler la propagation du virus dans la communauté. L’étude publiée dans Science corrobore le fait que les écoles ne suffisent pas à elles seules à ramener le taux de reproduction en dessous de 1.

Ce n’est pas un argument en faveur de la réouverture des écoles, mais pour que la fermeture des écoles fasse partie d’un effort de toute la société pour contrôler la propagation du coronavirus. On doit mener la lutte pour empêcher la réouverture des écoles conjointement avec la lutte pour mettre en œuvre un confinement des entreprises non essentielles, mais aussi avec soutien total du revenu pour tous les travailleurs et propriétaires de petites entreprises touchés.

Préoccupations concernant les variants du COV-2 du SRAS

Le développement rapide de nouveaux variants du coronavirus, telles que B.1.1.7 (également connu sous le nom de variant britannique), qui circulent largement aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, soulève de nouveaux problèmes importants pour la lutte contre la pandémie. La mutation N501Y dans la protéine «spike» (la protéine qui effectue l’infection) des variants ont non seulement rendu celles-ci plus contagieuses, mais également, semble-t-il, plus mortelles. Certains éléments indiquent qu’ils pourraient également toucher plus sévèrement les jeunes.

Le Dr David Strain, médecin britannique qui traite des patients atteints de COVID-19 et enseigne à la faculté de médecine de l’université d’Exeter, a constaté une augmentation des admissions dans les hôpitaux chez les jeunes et les femmes. Il a constaté que l’âge moyen d’admission dans les unités de soins intensifs a baissé de décembre à janvier.

Après de nombreux mois de stabilité génomique du virus, trois versions distinctes du virus SRAS-CoV-2 sur trois continents différents ont soudainement acquis indépendamment des mutations similaires qui impliquent leur protéine «spike». Selon un nouveau rapport publié dans Wired, «ce schéma est ce que les scientifiques appellent une “évolution convergente”, et c’est un signe des difficultés à venir». Cela signifie que des virus distincts du SRAS-COV-2 ont acquis des mutations similaires qui les aident à échapper à la réponse immunitaire humaine. Les exemples d’évolution convergente dans la nature comprennent des phénomènes concurrents et indépendants tels que l’évolution du vol des chauves-souris, des oiseaux et des insectes.

Le Dr Stephen Goldstein, virologue évolutionniste, a expliqué que le fait que les variants deviennent plus infectieux est un réel avantage pour eux, du point de vue de leur capacité de survie. Ils sont parvenus à la même solution à leur dilemme au même moment. Si le hasard créait ces mutations, cela améliorerait leurs chances d’acquérir la capacité d’envahir le plus grand nombre de personnes possible. Cependant, il semble que ces mutations subissent des pressions sélectives qui aident le virus à échapper au système immunitaire d’une personne. Les vaccins pourraient également créer ces pressions sélectives, mais ils ont été introduits trop récemment au cours de la pandémie pour être le facteur dominant actuellement. (Voir le lien vers l’étude: ARNm des anticorps contre le CoV-2 du SRAS et les variantes en circulation).

Selon le Dr Goldstein, «l’évolution convergente de versions plus retorses du virus pourrait n’être que la conséquence de tant de réponses gouvernementales mal gérées à la pandémie. Ces réponses n’ont ni mobilisé suffisamment de ressources ni inspiré le type d’action collective nécessaire pour non seulement écraser la courbe initiale, mais la maintenir écrasée».

Cependant, le virus se répand et les gouvernements tentent de vacciner rapidement la population en violant les protocoles — sans contenir l’épidémie. En même temps, ils cherchent à forcer les écoles à ouvrir. Les conséquences pourraient bien être des «évolutions convergentes» supplémentaires qui produisent une souche extrêmement virulente du coronavirus.

Ce danger a été exposé de manière très succincte la semaine dernière par la Dr Katherine O’Brien, directrice des vaccinations, des vaccins et des produits biologiques à l’Organisation mondiale de la santé:

«Le risque de variants par rapport aux vaccins est d’autant plus grand que la transmission est très élevée dans les communautés. Non seulement à cause des variants qui se sont produits, mais aussi à cause de la possibilité que d’autres variants apparaissent sous la pression des vaccins… Nous disposons de ces outils étonnants, et l’urgence est de les déployer. Mais nous risquons quelque chose avec ces outils si nous ne supprimons pas non plus la transmission au maximum là où ces outils peuvent être efficaces, c’est-à-dire lorsque la transmission est limitée… Nous devons insister sur l’importance de vraiment écraser la transmission maintenant, pendant que nous déployons ces nouveaux vaccins».

Les classes dirigeantes considèrent que les ouvertures d’écoles sont nécessaires pour maximiser l’extraction de la plus-value de la population. Comme l’a déclaré Brian Deese, le principal assistant économique de Biden, lors d’une conférence de Reuters le mois dernier, «Nous devons ouvrir les écoles pour que les parents… puissent retourner au travail.» Le gouvernement Biden et le Parti démocrate, soutenus par les syndicats et les Républicains, jouent avec le feu.

Le bien-être de la communauté ne peut être laissé entre les mains d’un gouvernement qui fait passer l’enrichissement des oligarques financiers avant le bien-être de sa population. Les préoccupations soulevées par les enseignants et les travailleurs du monde entier sont validées par la science qui doit guider la lutte de l’humanité pour se débarrasser d’un système économique qui est non seulement un poids mort pour le progrès social, mais menace d’une extermination massive à une échelle sans précédent. La pandémie est un tel fléau et les contradictions du capitalisme bloquent une réponse sérieuse, basée sur la science, qui donne la priorité au sauvetage des vies et non au profit des entreprises.

(Article paru d’abord en anglais le 2 février 2021)

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