Les principaux districts scolaires rouvrent leurs portes malgré la propagation de variants de la COVID-19 plus contagieux et plus mortels aux États-Unis

Partout aux États-Unis, de nombreux districts scolaires ont commencé à rouvrir lundi, dans un geste imprudent qui va exacerber la propagation de la COVID-19. Au cours du mois dernier et, en particulier, à la suite de la trahison du 10 février par le syndicat des enseignants de Chicago, le Chicago Teachers Union (CTU), les médias bourgeois, les partis des grandes entreprises et les syndicats d’enseignants ont conspiré pour envoyer des millions d’enfants dans les salles de classe au stade le plus dangereux de la pandémie. Le Parti démocrate est le fer de lance de cette campagne, les responsables locaux et étatiques mettant en œuvre l’objectif de Biden de rouvrir complètement la majorité des écoles de la maternelle à la huitième année d’ici la fin avril.

Sur cette photo remontant au 25 février 2021, la directrice adjointe Janette Van Gelderen, à gauche, accueille les élèves de l’école élémentaire Newhall à Santa Clarita, en Californie. (AP Photo/Marcio Jose Sanchez, fichier)

Parallèlement, les politiciens des deux partis assouplissent d’autres restrictions concernant les réunions en personne, la réouverture des bars, des restaurants et d’autres lieux intérieurs. Avec la propagation dans tout le pays de variants du CoV-2 du SRAS plus infectieux, plus mortels et potentiellement plus résistants aux vaccins, les conditions sont réunies pour que la pandémie se propage massivement au printemps et provoque d’autres souffrances et décès inutiles.

La récente diminution du nombre de cas quotidiens aux États-Unis a maintenant atteint un point mort avec environ 70.000 nouveaux cas par jour, un chiffre très élevé qui dépasse la poussée de l’été dernier. Il continue d’y avoir environ 2000 nouveaux décès par jour dans tout le pays, et l’épidémiologiste Michael Osterholm a averti qu’il y aura un «ouragan» d’infections et de décès d’ici la fin du mois de mars.

En faisant pression pour la réouverture des écoles, les politiciens ont invoqué les directives non scientifiques publiées par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) le 12 février, qui stipulent explicitement que les écoles peuvent ouvrir et rester ouvertes «à tout niveau de transmission communautaire». Lundi, la directrice du CDC, la Dre Rochelle Walensky, a déclaré hypocritement: «Ce n’est pas le moment d’assouplir les mesures de protection essentielles qui, nous le savons, peuvent arrêter la propagation de la COVID-19 dans nos communautés.» Il y a seulement deux semaines, Walensky faisait le tour de tous les talk-shows pour soutenir la réouverture des écoles.

Il est urgent de fermer immédiatement toutes les écoles et tous les lieux de travail non essentiels tant que la pandémie n’est pas maîtrisée et que la population n’est pas entièrement vaccinée, avec un financement complet de l’enseignement à distance et un revenu garanti pour tous les travailleurs touchés. Pourtant, les politiques exactement opposées sont menées partout au nom de Wall Street. Le seul but de l’ouverture des écoles est qu’elles servent de garderie pour les enfants pendant que leurs parents retournent sur des lieux de travail dangereux pour produire des profits.

Selon le «Burbio’s K-12 School Opening Tracker», la majorité des districts scolaires offrent désormais un enseignement entièrement en personne ou un enseignement hybride dans lequel les enfants assistent en personne une partie de la semaine. Seuls trois États – la Californie, l’Oregon et le Maryland – offrent un enseignement en personne dans moins de 20 % de leurs écoles.

Les districts scolaires du Maryland ont commencé à rouvrir lundi sous les ordres du gouverneur républicain Larry Hogan, qui menace de prendre des mesures contre les enseignants qui ne se conformeront pas à cette décision. Il s’agit notamment du comté d’Anne Arundel (80.000 élèves), du comté d’Howard (60.000), de la ville de Baltimore (84.000), du comté de Baltimore (111.000) et du comté de Harford (39.000).

Le troisième plus grand district des États-Unis, les écoles publiques de Chicago (CPS), a ouvert ses portes lundi à environ 37.000 élèves de la maternelle à la cinquième année qui ont repris leurs cours après le retour de leurs enseignants lundi dernier. Les enseignants des classes de la sixième à la huitième années sont également rentrés en classe lundi, et des dizaines de milliers d’élèves de ces classes devraient revenir le 8 mars.

Lundi, le surintendant du district scolaire de Philadelphie (SDP), William Hite, a annoncé qu’il avait conclu un accord avec la Fédération des enseignants de Philadelphie (PFT) pour commencer à faire revenir les élèves de la maternelle à la deuxième année dans les écoles à partir du 8 mars, avec le retour de leurs enseignants ce mercredi. Bien que la réouverture des classes plus âgées n’ait pas encore été annoncée, cette première réouverture servira de point d’ancrage pour faciliter la réouverture plus large du district, qui est le dix huitième plus grand du pays avec environ 120.000 élèves.

Au Tennessee, les écoles du comté de Shelby (SCS), qui accueillent environ 111.000 élèves dans la région métropolitaine de Memphis, ont commencé à rouvrir lundi. Mercredi, les écoles secondaires du Metro Nashville Public Schools (MNPS) reprendront l’enseignement en personne après le retour des élèves plus jeunes à la mi-février.

Jeudi dernier, environ 62.000 élèves du secondaire sont retournés dans 471 écoles de la ville de New York, le plus grand district des États-Unis avec plus de 1,1 million d’élèves. Cela fait suite à la réouverture initiale des écoles publiques de Detroit (DPS) mercredi dernier, de nombreux districts du Michigan ayant rouvert leurs portes au cours de la semaine dernière.

Sur toute la côte ouest, les gouverneurs et les maires démocrates font pression pour que les écoles rouvrent dans les semaines à venir. La lutte la plus importante se déroule à Los Angeles, le deuxième plus grand district scolaire du pays avec environ 665.000 élèves. Le syndicat United Teachers Los Angeles (UTLA) dominé par la pseudo-gauche suit la même ligne de conduite que le CTU à Chicago, en se disant intransigeant sur la vaccination des enseignants avant la réouverture des écoles, tout en permettant aux enseignants de se «porter volontaires» pour retourner en classe à partir de ce jeudi.

Lors d’un point de presse lundi, le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, a annoncé que sept nouveaux comtés de l’État passeront du «niveau violet», qui est le plus élevé des niveaux, au «niveau rouge» d’infections, légèrement inférieur, ce qui permettra aux districts scolaires de ces comtés de commencer à rouvrir. Il est prévu que San Francisco sera inclus dans la liste, ville où le maire démocrate London Breed fait pression pour la réouverture des écoles. Dans la ville voisine d’Oakland, le maire démocrate Libby Schaaf a participé à un rassemblement de droite pour la réouverture des écoles, et déclaré qu’«Il est temps que nos enfants retournent à l’école.»

À Washington, les écoles publiques de Tacoma – où les enseignants ont pris des congés de maladie pour protester la semaine dernière – ont commencé à rouvrir lundi. Le plus grand district scolaire de l’État, le Seattle Public Schools (SPS), doit renvoyer à l’école lundi prochain les élèves de maternelle et d’éducation spécialisée. Les écoles de l’Oregon devraient reprendre l’enseignement en personne fin mars, et le plus grand district de Portland rouvrira le 8 avril.

Malgré la campagne pour le retour en classes, de nombreux parents boycottent l’enseignement en personne pour protéger la santé de leurs enfants et de leurs familles. Les responsables du district scolaire de Council Rock, juste à l’extérieur de Philadelphie, se sont plaints que jusqu’à 30 % des élèves du secondaire qui s’étaient inscrits à l’enseignement en personne ne s’étaient pas présentés.

La réouverture de chacun de ces grands districts créera un précédent pour la reprise complète de l’enseignement en personne dans toutes les régions environnantes. Dans chaque cas, le rôle le plus crucial est joué par les syndicats d’enseignants, qui conspirent avec les responsables démocrates aux niveaux local, étatique et national pour rouvrir les écoles.

La présidente de la Fédération américaine des enseignants (American Federation of Teachers – AFT), Randi Weingarten, dont le salaire annuel est d’environ 500.000 dollars et qui siège au Comité national démocrate, a récemment déclaré au New York Times qu’elle passait 15 heures par jour au téléphone avec la Maison-Blanche, les CDC, les maires locaux et les dirigeants syndicaux pour obtenir la réouverture des écoles.

Lundi, Weingarten a publié un tweet étrange de l’article du WSWS, «Thousands of students return for in-person schooling in Chicago» (Des milliers d’étudiants reviennent pour l’enseignement en personne à Chicago). S’adressant au président du CTU, Jesse Sharkey, elle reprend ses paroles faisant référence à son désir de négociations rapides pour la réouverture des écoles secondaires. Il est évident que Weingarten essayait de faire pression sur Sharkey pour qu’il respecte cet engagement.

Tweet de Randi Weingarten

Weingarten est largement reconnue comme un larbin réactionnaire des démocrates, et nombre de ses déclarations sur les médias sociaux sont dénoncées par des enseignants de la base. Un tweet de l’auteur Kristina Betinis du WSWS répondant à Weingarten sur la nécessité de s’opposer à la réouverture des écoles a reçu un accueil enthousiaste.

Commentaire de Kristina Betinis

La réouverture massive des écoles en cours dans tout le pays ne fera qu’ajouter de l’huile sur le feu et accélérer la propagation de la COVID-19 dans les semaines à venir. La mobilisation des enseignants et de l’ensemble de la classe ouvrière pour s’opposer à cette politique et mettre en œuvre les mesures nécessaires pour contenir la pandémie est une question de vie ou de mort, pour laquelle il faut se battre de toute urgence.

Il y a près d’un an, les mesures de confinement initiales au début de la pandémie n’ont été mises en œuvre qu’en raison de l’éruption de grèves sauvages des travailleurs de l’automobile échappant au contrôle du Syndicat des travailleurs de l’automobile (United Auto Workers – UAW), un syndicat corrompu, ainsi que de la menace de grèves sauvages des enseignants échappant au contrôle de l’AFT et des autres syndicats d’enseignants. La simple fermeture des écoles aurait permis de sauver environ 40.600 vies entre le 9 mars et le 7 mai 2020, selon une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association.

L’an dernier, la désaffection massive à l’égard des syndicats a favorisé la croissance de réseaux de comités de sécurité de la base parmi les enseignants et les travailleurs de l’automobile aux États-Unis, ainsi que parmi les travailleurs d’Amazon à Baltimore et d’autres sections de la classe ouvrière au Royaume-Uni, en Allemagne, en Australie, au Sri Lanka, en Turquie et dans d’autres pays. Ces comités sont le centre de l’opposition aux politiques homicides de l’élite au pouvoir et se battent pour la préparation d’une grève générale dans chaque pays.

La lutte pour contenir la pandémie est avant tout une lutte politique contre le système capitaliste, qui ne pourra être résolue que par une révolution socialiste internationale. La tâche essentielle à laquelle est confrontée la classe ouvrière est de développer une direction révolutionnaire imprégnée de l’histoire de la lutte des classes et du mouvement socialiste, que seul le Parti de l’égalité socialiste (PES) se bat pour développer au niveau international. Nous encourageons tous les enseignants et travailleurs déterminés à mettre fin au système capitaliste qui a produit la catastrophe de la pandémie à joindre les rangs du PES dès aujourd’hui.

(Article paru en anglais le 1er mars 2021)

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