Les enseignants appellent à fermer les écoles face à l’explosion de la contagion

Alors que les cas de coronavirus explosent en France, et que le système de santé risque d'être complètement débordé, un mouvement se développe parmi les enseignants pour la fermeture des écoles et l'adoption d'une politique de confinement strict pourtant rejetée par Macron.

Hier, plus de 30.000 cas de coronavirus ont été signalés en France. La moyenne sur sept jours, en augmentation rapide, s’établit à 33.500. Pendant trois jours, la semaine dernière, le nombre de cas signalés se situait entre 40.000 et 45.000. En moyenne, 300 personnes meurent chaque jour.

Tout indique cependant que le nombre de décès augmentera considérablement. Le système hospitalier est déjà à un point critique. Hier, le nombre total de patients en réanimation a dépassé 5.000, éclipsant pour la première fois le pic établi en novembre dernier.

En Île-de-France, 1.484 patients sont en réanimation. Mais hier, l'Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) a prévenu que, vu la montée du taux d'hospitalisation, même si un confinement strict était imposé le 1er avril, le nombre de patients en réanimation ferait plus que doubler, pour atteindre 3.470 en région parisienne d'ici trois semaines. Si le gouvernement attend une semaine de plus pour imposer un confinement strict, ce nombre atteindra 4.466 le 29 avril.

Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, Macron a défendu son refus d'imposer un confinement pour casser la transmission du virus. Derrière cette décision meurtrière de laisser le virus se propager dans la population se cachent les intérêts de l'élite financière française, qui rejette toute restriction de la production non-essentielle ou des écoles qui menacerait le flux de profits vers les banques. Face à une vague de critiques de la part des scientifiques et des médecins, Macron doit prononcer ce soir une allocution télévisée.

La clé de la politique d’«immunité collective» de Macron a été la politique des écoles ouvertes. Le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer se vante continuellement que la France a gardé les écoles ouvertes plus longtemps que tout autre pays d'Europe pendant la pandémie. L’élite dirigeante utilise les écoles en tant que gardes d'enfants afin de forcer les parents à rester au travail.

Cela a provoqué une catastrophe. Un nombre inconnu d'amis et de parents d'enseignants et d'élèves sont morts à cause de cette politique. Son impact est systématiquement occulté par l'absence de données officielles sur les décès imputables à des cas survenus dans les écoles.

Le cas du lycée Eugène Délacroix en Seine Saint-Denis dévoile le caractère meurtrier de la politique menée par Macron. Entre février et décembre dernier, 20 parents d'élèves sont morts de Covid-19. La propagation du virus dans l'école se poursuit. Au courant du mois de mars, près de 60 élèves et 20 enseignants ont contracté le virus.

Le personnel s'est mis en grève pour fermer l'établissement, en faisant valoir son droit de retrait. Vendredi, le personnel a adressé une lettre à Macron pour dénoncer une «situation sanitaire alarmante.» Ils déclarent: «Nous réclamons la fermeture urgente et temporaire de l'établissement, avec un basculement total en enseignement à distance pour assurer la continuité pédagogique.»

D'autres écoles sont également fermées, totalement ou partiellement, pour cause de grève. À l'école Blaise-Cendrars de Sevran, aussi en Seine-Saint Denis, 20 enseignants ont refusé de travailler.

L'opposition des enseignants s'intensifie, alors que le nombre d'infections dans les écoles explose dans toute la France.

Tout au long du mois de mars, on a vu bondir de semaine en semaine le nombre de classes fermées parce que plus de trois cas de COVID-19 y avaient été détectés. Le vendredi 26 mars, le ministère de l’Éducation a révélé que 3.256 classes étaient fermées, soit 1.238 de plus en l'espace d'une semaine, pour une augmentation de 60 pour cent.

La plus forte concentration de classes fermées se trouve dans l'académie de Créteil, qui englobe la Seine-Seint Denis, la Seine-et-Marne et le Val-de-Marne. Plus de 536 classes y ont été fermées. Dans l'académie de Lyon, 177 classes ont été fermées la semaine dernière, contre 24 la semaine précédente, soit une hausse de 640 pour cent.

Vendredi, Blanquer a annoncé un changement dans le protocole sanitaire, avec la fermeture d'une classe dès la détection d'un seul cas, et non plus de trois comme auparavant.

C’était un aveu que la politique du gouvernement a contribué à une propagation massive du virus parmi les jeunes. Pourtant, le gouvernement veut à tout prix maintenir les écoles ouvertes le plus longtemps possible. Blanquer a déclaré qu’il s’oppose à l'avancement du début des vacances en avril, affirmant de manière absurde qu’«il n'est pas démontré que les vacances aboutissent à moins de contamination que la période scolaire.»

Lundi, un groupe de 56 éducateurs «Stylos Rouges» a porté plainte contre Blanquer, l'accusant de «ne pas protéger les personnels en contact avec les enfants», qui «répandent le virus.»

Le gouvernement Macron est largement accusé de dissimuler l'ampleur des cas dans les écoles. Il existe en permanence une vaste disparité entre le nombre officiel d'infections chez les élèves et celui des enfants d'âge scolaire. Le 26 mars, par exemple, le système éducatif a compté 21.183 cas positifs en une semaine, de la maternelle au lycée. Cependant, Santé publique France a signalé 57.000 cas chez les moins de 20 ans, dont environ 80 pour cent (soit 45 600) parmi des mineurs de moins de 18 ans.

Cependant, pour faire appliquer sa politique meurtrière dans les écoles, le gouvernement Macron a dépendu de la complicité et du soutien actif des syndicats de l'éducation. Ces syndicats ont aidé à organiser la politique d'ouverture des écoles avec lui, en s'opposant aux appels à la fermeture des écoles et à une transition vers le distanciel. Même face à l'explosion des cas dans les écoles et aux demandes généralisées des enseignants pour leur fermeture, le Syndicat national des enseignants du secondaire (SNES-FSU) ne revendique toujours qu'une réduction de moitié du nombre d’élèves.

En novembre, des grèves spontanées ont éclaté au milieu de la «deuxième vague», dans les écoles à travers la France contre la réouverture des classes après les vacances. Les fédérations syndicales nationales, dont la Confédération générale du travail (CGT) stalinienne, sont intervenues pour mettre fin au mouvement et s'opposer aux appels à la prolongation de la grève et à la fermeture des écoles.

Contre cette politique, les enseignants devraient former leurs propres comités de sécurité de base, indépendants des syndicats, dans chaque école. Ces comités serviraient de base à l'organisation d'une grève nationale pour imposer la fermeture des écoles. Une action efficace pour casser la pandémie nécessite une action à l'échelle européenne afin d'imposer la fermeture des écoles sur tout le continent. Les familles doivent entre-temps recevoir un revenu confortable afin qu'un parent puisse rester à la maison avec les enfants, et que toute production non essentielle soit arrêtée.

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