Un enseignant de l’Ontario lance un appel à tous les travailleurs de l’éducation du Canada: «Rejoignez la lutte pour rendre nos écoles sûres!»

Le World Socialist Web Site a reçu la lettre suivante d’un enseignant de l’Ontario expliquant pourquoi il participera à la réunion inaugurale du Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base (CSPPB) ce dimanche (11 avril), et pourquoi tout le personnel éducatif et les travailleurs devraient y assister. La réunion en ligne débutera à 13h HAE (UTC-4). Vous pouvez vous inscrire ici pour y participer.

Protestation des enseignants d’une école secondaire de Montréal contre la décision dangereuse du gouvernement du Québec d’ouvrir les écoles pour l’enseignement en personne (Source: Robert Green)

Chers enseignants, assistants d’éducation, concierges, personnel de soutien à l’éducation et travailleurs de tout le Canada,

Que vous travailliez dans une école secondaire, une université, une école primaire ou un collège, cette lettre est un appel à admettre ce que vous savez être vrai, et à vous implorer d’agir et de vous joindre à vos collègues de l’éducation à travers le Canada dans une lutte pour rendre nos écoles sûres pour le travail et l’apprentissage. Les événements survenus au cours de l’année écoulée ont mis en lumière de nombreux aspects de la situation des travailleurs de l’éducation. À différents moments, nous avons été épuisés, inquiets, anxieux, pleins d’espoir, en colère, et nous nous sommes sentis mal à l’aise. Nous nous inquiétons pour nos enfants, nos proches et nos parents.

Les nouveaux variants de COVID-19 ont un impact déterminant non seulement sur les Canadiens, mais aussi sur les travailleurs du monde entier. Malgré ce que nous disent les gouvernements dirigés par les conservateurs, les libéraux ou les néo-démocrates, au fond de notre cœur et dans notre esprit, nous avons découvert des vérités qui nous obligent à reconsidérer notre façon de voir le monde. Les écoles ne sont pas sûres, nos dirigeants ont échoué lamentablement, et nous n’avons guère d’autre choix que de nous organiser.

Nous travaillons dans des bâtiments qui ne sont pas des endroits sûrs pour que nos enfants apprennent, ou pour que nous, en tant qu’enseignants, fassions le travail que nous prenons tant de plaisir à faire. Nous en avons tous eu la démonstration choquante en Ontario, alors qu’un enseignant de 47 ans en bonne santé lutte actuellement pour sa vie à l’hôpital, intubé, après avoir contracté la maladie d’un élève. Au cours des quatre derniers jours se terminant le 7 avril, plus de 25.000 personnes ont été infectées par le virus. Nos salles d’urgence sont en crise. Un nombre croissant de professionnels de la santé, comme le courageux Dr Michael Warner, directeur des soins intensifs à l’hôpital Michael Garron de Toronto, supplient pratiquement la province d’adopter des mesures sérieuses pour protéger notre système de santé et prévenir les décès inutiles.

La réponse du gouvernement provincial a été un mélange d’indifférence criminelle ou d’absence totale de raison ou de rationalité dans l’élaboration d’un plan qui place les gens avant les profits. L’ordre inefficace de «rester à la maison» annoncé par Ford cette semaine est totalement inadéquat, car il permet aux écoles et aux lieux de travail, les deux principales sources de transmission, de rester ouverts.

Une autre vérité douloureuse que nous avons apprise est que nos syndicats n’étaient pratiquement nulle part au cours de la dernière année. Les mégasyndicats comme le SCFP (Syndicat canadien de la fonction publique), l’OECTA (Association des enseignantes et enseignants catholiques anglophones de l’Ontario), la FEEO (Fédération des enseignantes et enseignants de l’élémentaire de l’Ontario) et la FEESO (Fédération des enseignantes et enseignants des écoles secondaires de l’Ontario), dont certains dirigeants gagnent plus de 220.000$ par an, ont tout simplement disparu. Les éducateurs ont commencé à poser la question suivante: «À quel moment mon syndicat interviendra-t-il pour dire 'non'? À quel moment les syndicats vont-ils ordonner aux travailleurs de ne pas se rendre sur des lieux de travail dangereux? À quel moment les syndicats vont-ils avoir une colonne vertébrale et s’opposer aux attaques incessantes de Doug Ford contre la santé et la sécurité des travailleurs de l’éducation? À quel moment tous les syndicats uniront-ils leurs forces et libéreront-ils le pouvoir de millions de personnes dans l’industrie des services éducatifs à travers le Canada?»

La réponse est «jamais». La vérité est que le pouvoir repose uniquement entre les mains des travailleurs. Nos syndicats de l’éducation ont été démasqués et ont perdu beaucoup de légitimité aux yeux de leurs membres. Leur silence et leur invisibilité en disent long à tous ceux d’entre nous qui gagnent leur vie en travaillant dans une école.

Au moment où vous lirez cette lettre, les têtes pensantes du gouvernement, de la commission scolaire, des médias et des syndicats auront maquillé les événements d’un million de façons différentes. Ils vous diront qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour assurer votre sécurité. Ils vous diront qu’ils surveillent la situation de près. La pression pour agir pourrait même pousser certaines commissions scolaires à fermer. Certains services de santé locaux atteignant leur point de rupture, ils n’auront peut-être d’autre choix que de prendre des mesures d’urgence et de fermer unilatéralement les écoles pendant quelques jours. Tout cela n’a pas d’importance pour nous. Nous avons tiré de nombreux enseignements précieux au cours de l’année écoulée. Le secteur de l’éducation, par exemple, est devenu la ligne de front d’une lutte bien plus importante. Nous avons commencé à comprendre qu’il s’agit avant tout d’une lutte politique. Dans les foyers du pays et autour des tables de cuisine d’un bout à l’autre du pays, les gens ont des conversations. Lorsque nous parlons franchement à nos amis et à notre famille de ce qui se passe, nous nous rendons compte qu’il s’agit en grande partie d’argent. Nous devons travailler car rien ne doit interférer avec les profits des élites. Contre vents et marées, les enfants doivent être envoyés dans des écoles dangereuses et surpeuplées, non pas parce que quelqu’un au gouvernement se soucie de leur santé mentale, mais parce que leurs parents doivent travailler. L’économie et les profits passent avant tout.

La pandémie a révélé quelques vérités crues sur l’éducation au Canada. Les écoles dans lesquelles nous travaillons ne sont pas sûres, nos dirigeants nous ont effectivement laissé tomber, et nous n’avons d’autre choix que de nous tourner les uns vers les autres et de nous organiser pour assurer la sécurité de nos familles, de nos proches et des communautés dans lesquelles nous vivons. Rejoignez vos collègues de l’éducation et luttez pour rendre nos écoles sûres! L’émergence de la troisième vague et les nouveaux dangers posés par des variants plus mortels ont révélé qu’une action urgente est nécessaire. Cela peut sembler une tâche ardue, mais nous ne sommes pas seuls. Il ne s’agit pas d’une lutte locale. Elle a une portée à la fois nationale et internationale.

Nos courageux collègues en Europe, en Australie et aux États-Unis ont déjà formé des comités de sécurité indépendants pour défendre leur droit de travailler dans des espaces sûrs. Soyez encouragés par leur exemple et rejoignez la lutte pour la fin de tout enseignement en classe jusqu’à ce que la troisième vague soit maîtrisée. À cette fin, le Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base tiendra sa première réunion publique le dimanche 11 avril à 13h HAE (UTC-4). Veuillez vous joindre à nous en ligne.

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