La guerre de Netanyahou contre Gaza se poursuit alors que les puissances impérialistes et les États arabes feignent des efforts de cessez-le-feu

Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont poursuivi leur assaut meurtrier sur Gaza dans la nuit de mercredi à jeudi. Elles ont pilonné le centre de Gaza et le quartier d’al-Rimal dans le but de détruire le réseau de tunnels du Hamas, détruisant des maisons et tuant au moins neuf personnes.

Les FDI ont également bombardé «un certain nombre de cibles» dans le sud du Liban après qu’on a tiré quatre roquettes depuis Seddiqine, un village situé près de la ville côtière de Tyr, vers le nord d’Israël. C’est la troisième fois que des tirs de ce type ont lieu depuis le début de la guerre contre Gaza, le 11 mai.

Au moins 20 chefs militaires du Hamas ont été assassinés. Le porte-parole des FDI, le brigadier général, Hidai Zilberman, a admis que «tout au long de l’opération, nous avons essayé d’assassiner Mohammed Deif. Nous avons essayé de le tuer à plusieurs reprises». Deif est le chef de la branche militaire du Hamas, les Brigades Izzedine al-Qassam, et a échappé à de nombreuses tentatives d’assassinat.

Des Palestiniens inspectent les dégâts d’une maison détruite par une frappe aérienne israélienne dans la ville de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le mercredi 19 mai 2021. (AP Photo/Yousef Masoud)

Les armes sophistiquées d’Israël ont tué au moins 227 Palestiniens, dont 63 enfants et 36 femmes, et en ont blessé 1.530 autres depuis le 10 mai, selon le ministère de la Santé de Gaza. Ce bilan contraste avec celui des projectiles de fabrication essentiellement artisanale des Palestiniens, qui ont tué 10 Israéliens, dont deux enfants et un soldat, ainsi que deux travailleurs migrants thaïlandais.

S’adressant à des diplomates étrangers mercredi après-midi, le premier ministre Benjamin Netanyahou a clairement indiqué qu’il n’avait aucun intérêt à parvenir à un cessez-le-feu avec le Hamas tant qu’il n’aurait pas atteint son objectif d’anéantir le Hamas et de poursuivre la dégradation de Gaza.

Une nouvelle escalade militaire sur Gaza est possible, a-t-il dit, car Israël cherche à «dégrader les capacités du Hamas.» Il a ajouté: «Vous pouvez soit les conquérir, et c’est toujours une possibilité, soit les dissuader, et nous sommes actuellement engagés dans une dissuasion énergique. Mais je dois dire que nous n’excluons rien». Ces paroles ont été interprétées comme l’indication que l’éradication du Hamas en tant que force politique et la réoccupation de Gaza étaient aussi envisagées.

Netanyahou peut maintenir sa position belliqueuse devant l’opposition populaire massive dans le monde entier; il peut continuer sa guerre criminelle contre Gaza; développer ses plans pour chasser les Palestiniens de Jérusalem-Est occupée; et envoyer d’hommes de main fascistes pour terroriser les citoyens palestiniens d’Israël, car il sait qu’il a le soutien de Washington. Il a souligné qu’il «appréciait le soutien de notre ami, le président américain Joe Biden, au droit de l’État d’Israël à l’autodéfense».

Joe Biden a empêché à trois reprises le Conseil de sécurité des Nations unies de publier une déclaration non contraignante qui critique Israël et appelle à l’arrêt de la guerre; il a soutenu un programme d’armement de 735 millions de dollars pour Israël; et il a appelé à un cessez-le-feu uniquement à une date non précisée. Mercredi, Biden a lancé un appel tout aussi vide de sens en faveur d’une «désescalade».

Netanyahou a également le soutien des puissances européennes qui, malgré leurs récriminations et leurs appels à un cessez-le-feu, refusent de dénoncer Washington ou de s’opposer à son soutien à l’État sioniste et à sa guerre criminelle.

L’allié clé de Netanyahou dans la région est depuis longtemps l’Égypte, dont le dictateur brutal, le général Abdel Fattah al-Sissi, a renversé le gouvernement du président Mohammed Morsi, dirigé par les Frères musulmans, lors d’un coup d’État sanglant en 2013. Al-Sissi a aidé et encouragé le blocus israélien de Gaza en fermant la frontière sud de l’enclave à Rafah avec l’Égypte. Il a réprimé toute manifestation de solidarité avec les Palestiniens, notamment en arrêtant un médecin qui s’était porté volontaire pour soigner les blessés à Gaza et d’autres personnes qui ont brandi le drapeau palestinien.

Les régimes arabes qui ont jeté les Palestiniens aux loups dans la poursuite d’une alliance anti-iranienne et de leurs propres accords commerciaux avec Israël ne font que réconforter et rassurer davantage Netanyahou. Les États qui ont signé les accords d’Abraham avec l’Israël – les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn, le Soudan, le Maroc et l’Arabie saoudite, qui a poursuivi ses propres relations avec Israël et récemment accueilli une réunion secrète avec Netanyahou – ont formulé des critiques symboliques sur l’assaut israélien du complexe de la mosquée al-Aqsa pendant le ramadan. Mais ils ont été pratiquement silencieux sur les tirs impitoyables de missiles, de bombes et d’obus sur la population sans défense de Gaza. Les médias arabes ne publient pratiquement pas d’articles sur les destructions causées par la guerre.

Le dirigeant des Émirats arabes unis, Khalifa bin Zayed Al Nahyan, a docilement demandé à Israël de «prévenir les pratiques qui violent le caractère sacré» de la mosquée al-Aqsa. Le roi du Maroc, Mohammed VI, a organisé une manoeuvre de diversion en ouvrant la frontière du Maroc avec l’enclave espagnole de Ceuta, permettant à 8.000 personnes d’entrer sur le territoire espagnol, ce qui a mis en colère le gouvernement espagnol, qui a brutalement expulsé nombre d’entre elles vers le Maroc. Cette mesure visait en grande partie à détourner la colère qui a conduit à des rassemblements de masse en faveur des Palestiniens et en opposition à l’appui que donne, dans les faits, le roi aux atrocités commises par Israël, dans des conditions où sa mauvaise gestion de la pandémie a appauvri des millions de personnes.

Les travailleurs et les jeunes du monde entier, notamment en Jordanie, au Liban, en Turquie et au Yémen, ont également afflué dans les rues pour exprimer leur soutien aux Palestiniens.

Mardi, les Palestiniens des territoires occupés et d’Israël ont participé à leur toute première grève générale commune, fermant les lieux de travail, les entreprises et les magasins, ainsi que les écoles, bien que certains travailleurs employés par des Israéliens juifs aient été menacés de licenciement.

En Israël, des rassemblements conjoints juifs et palestiniens ont eu lieu pendant longtemps à Sheikh Jarrah et Silwan, à Jérusalem-Est, pour protester contre les expulsions prévues de familles palestiniennes. Ces dernières semaines, plusieurs manifestations, bien que de faible ampleur, ont eu lieu pour s’opposer à la guerre, à l’assaut de la mosquée al-Aqsa et à la violence communautaire des radicaux d’extrême droite.

Samedi, plusieurs manifestations conjointes organisées par «Standing Together», «Windows – Channels for Communication», «Rabbis for Human Rights» et d’autres groupes ont eu lieu dans tout le pays, portant des pancartes disant: «À Gaza et à Sderot [ville du sud d’Israël, limitrophe de Gaza], les enfants veulent vivre», et scandant «Juifs et Arabes refusent d’être ennemis».

À Jérusalem, la police a essayé de disperser un petit rassemblement avant qu’il ne commence, apparemment pour éviter des heurts avec une manifestation de droite, et a ensuite arrêté au moins six personnes. À Tel-Aviv, un rassemblement plus important a vu s’exprimer le législateur Ayman Odeh qui dirige la Liste arabe commune, Ibtisam Mara’ana-Menuhin du Parti travailliste et Mossi Raz de Meretz.

Des rassemblements plus importants ont eu lieu à l’hôpital Rambam de Haïfa et au centre médical Emek d’Afula, dans le nord d’Israël, où le personnel médical palestinien et juif s’est uni pour appeler à la fin des récentes violences et chanter «la paix viendra» en arabe et en hébreu.

Cela montre la voie à suivre. C’est la classe ouvrière, juive et palestinienne, qui doit maintenant jouer le rôle décisif dans la lutte pour les droits sociaux, économiques et politiques de tous, la lutte contre l’élite financière d’Israël, la bourgeoisie arabe et les puissances impérialistes. Cette lutte ne peut réussir si elle est confinée au sol national.

La guerre contre Gaza et le début timide d’une opposition organisée de la classe ouvrière en Israël ont lieu au milieu d’une vague croissante de lutte militante dans le sillage de la pandémie qui a appauvri des millions de travailleurs dans toute la région. Ainsi en témoignent les grèves et les manifestations des travailleurs en Jordanie, au Liban, en Irak, en Algérie, en Tunisie et au Maroc. Les travailleurs en Israël/Palestine doivent chercher consciemment à unifier leur lutte avec leurs frères et sœurs dans toute la région et avec les travailleurs des centres impérialistes, dans la lutte pour le socialisme.

(Article paru en anglais le 20 mai 2021)

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