Alors que les troupes de la Garde nationale se retirent du Capitole, les rapports de police font état de menaces continues de violence fasciste

Dimanche, plus de 2.100 soldats de la Garde nationale ont mis fin à leur déploiement à Washington DC Après avoir campé autour du Capitole pendant plus de quatre mois à la suite de la tentative de coup d’État de Trump le 6 janvier.

Jusqu’à 25.000 soldats de la Garde nationale ont été déployés au Capitole après l’attaque du 6 janvier qui avait été menée par des milices fascistes telles que les Proud Boys, les Oath Keepers et les III Percenters, soutenus par des milliers de partisans de Trump.

La foule d’extrême droite avait été autorisée à pénétrer dans le Capitole pour tenter de renverser l’élection du démocrate Joe Biden à la suite de la mise en veilleuse délibérée de la sécurité facilitée par des loyalistes de haut rang de Trump au sein du ministère de la Défense, de la police et des agences de renseignement.

Des partisans de Trump tentent de franchir une barrière policière, mercredi 6 janvier 2021, au Capitole à Washington. (AP Photo/John Minchillo)

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Des partisans de Trump tentent de franchir une barrière de police, mercredi 6 janvier 2021, au Capitole à Washington. (AP Photo/John Minchillo)

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Témoignant de la crainte permanente au sein de certaines sections de la classe dirigeante d’une nouvelle tentative de coup d’État, une clôture de sécurité «non extensible» de deux mètres de haut a été installée autour du périmètre du complexe du Capitole et le Capitole américain a été transformé en un camp militaire entouré de milliers de soldats de la Garde nationale.

Démontrant une fois de plus le risque élevé de violence, même après l’investiture de Biden, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin, qui avait précédemment annoncé une série de discussions internes au sein de l’armée pour faire face au problème croissant de «l’extrémisme dans les rangs», a également annoncé en mars qu’il avait approuvé une prolongation de 60 jours du déploiement de la Garde nationale, jusqu’au 23 mai.

La décision de maintenir les soldats autour du Capitole avait été prise en raison des menaces continues de violence fasciste et des avertissements d’une attaque «interne» contre le président Joe Biden, qui ont conduit au report du discours sur l’état de l’Union au mois d’avril.

Ce mois-ci, on a rendu publiques certaines de ces alertes recueillies par la police et les services de renseignement avec la publication de données piratées du département de la police métropolitaine de Washington DC. Les fichiers de la police, qui comprenaient des documents de renseignement et de planification, ont été obtenus par le groupe de pirates informatiques Babuk à la fin du mois d’avril et transmis au collectif de journalistes Distributed Denial of Secrets, qui a commencé à rendre les fichiers accessibles en ligne.

Les données montrent qu’après le siège du 6 janvier, la police métropolitaine de Washington DC a continué à recevoir des menaces spécifiques, détaillées et violentes contre Biden et d’autres cibles à Washington, jusqu’à l’investiture. Les menaces les plus sérieuses concernaient la milice libertaire d’extrême droite, les Boogaloo Bois. Comme les autres groupes de miliciens qui ont participé à l’assaut du Capitole, les Boogaloo Bois revendiquent une forte proportion d’anciens et d’actuels militaires.

Tout au long de l’année dernière, les Boogaloo Bois ont participé à des manifestations contre la violence policière et à des protestations contre le confinement/pour le déconfinement, équipés d’armes semi-automatiques, de gilets pare-balles, de chemises hawaïennes et parfois de bombes artisanales. Au cours de l’année écoulée, des membres de ce groupe nationaliste fanatique ont été inculpés pour le projet d’enlèvement de la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, les meurtres de policiers (dont certains étaient considérés comme un danger pour l’extrême droite) ainsi que pour des actes de terrorisme et des incendies criminels.

L’un des documents de renseignement compilés par la police métropolitaine de Washington DC avec l’aide du FBI et rapporté pour la première fois par Business Insider concernait un plan appelé «Operation Stormbreaker» qui impliquait de «s’en prendre à des lieux publics, des bâtiments gouvernementaux, des centrales électriques et d’autres institutions civiles à Washington DC le 19 janvier».

Selon Insider, le mémo de la police indique que le 19 janvier avait été surnommée «Journée nationale du pop-corn» par le mouvement Boogaloo et les adhérents de Qanon qui diffusaient leurs plans dans les médias sociaux et leurs cercles de communication chiffrée. Les rapports de renseignement de la police ont montré une prétendue carte que les membres de Boogaloo avaient créée avec une liste de cibles à Washington DC, y compris la Maison-Blanche, le Trésor américain, la Banque mondiale, le Capitole américain et les mémoriaux Lincoln et Jefferson.

Le Guardian a fait état d’un mémo des services de renseignement daté du 13 janvier concernant un groupe se faisant appeler Patriot Action for America. Le mémo affirmait que le groupe avait «appelé d’autres personnes à se joindre à eux pour “prendre d’assaut” les palais de justice et les bâtiments administratifs des gouvernements d’État, locaux et fédéraux au cas où le président [Trump] serait destitué de son poste avant le jour de l’investiture».

Le mémo mentionne également la possibilité d’un autre suspect dans le complot d’attentat à la bombe devant les centres nationaux républicain et démocrate à Washington. Le «second suspect possible» a été «observé sur une vidéo de repérage en prenant des photos avant l’attentat» et il «a pris le métro jusqu’à l’arrêt East Falls Church et a pris un Lyft à partir de là.»

Un document daté du 22 janvier concerne un homme de Pennsylvanie qui a été arrêté après avoir «transmis des menaces interétatiques à plusieurs sénateurs américains du Parti démocrate», affirmant notamment qu’il «irait à Washington DC pour tuer des gens et qu’il voulait se faire tuer par la police.» Le Guardian a noté que lorsque l’homme a été appréhendé par la police, «il était en possession d’un fusil, de deux armes de poing et d’une grande quantité de munitions».

Dans une autre note de service du 17 janvier qui a fait l’objet d’une fuite, la police décrit en détail les activités de Boogaloo sur un site Web appelé Tree of Liberty, qui a été supprimé depuis. Le mémo notait le langage réactionnaire dégoûtant commun aux agences de police et militaires dans tout le pays. Les messages comprenaient des images antisémites, exhortant les Boogaloo Bois à attaquer les Juifs, décrits comme des «lézards», alors que les forces de l’ordre se préoccupaient de la sécurité autour du Capitole. Le mémo note également que de nombreux messages sur le site ont confirmé que l’adhérente de QAnon Ashli Babbitt, une ancienne soldate de la Garde nationale, qui a été tuée lors de l’attaque du Capitole, était «le martyre de leur mouvement moderne».

Témoignant du fait que des éléments fascistes sont encouragés et développés par la classe dirigeante dans le but d’émousser le mouvement socialiste croissant des travailleurs et des jeunes en opposition à l’ordre social actuel, le représentant républicain de l’Arizona, Paul Gosar, un organisateur de premier plan de «Stop the Steal», a affirmé lors d’une audience de la Chambre des représentants du 12 mai sur l’attaque du 6 janvier que Babbit était simplement une «jeune femme, un vétéran, drapée de l’étendard américain» qui a été injustement «exécutée» alors qu’elle tentait de prendre d’assaut le Capitole.

Même après l’investiture de Biden, la police de Washington DC a continué à rassembler des menaces de violence fasciste au Capitole. Le Guardian a fait état d’un bulletin de février qui indiquait qu’«un membre identifié d’un groupe de miliciens» au Texas affirmait que si leur «opération échouait au Capitole», un «plan de secours» existait qui impliquait que le groupe «fasse exploser des bombes au Capitole pendant le discours sur l’état de l’Union».

Le groupe anonyme a été décrit comme «une grande organisation qui compterait des membres de tous les États, dont d’anciens militaires et des membres des forces de l’ordre».

(Article paru en anglais le 24 mai 2021)

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