Israël continue ses provocation tandis que l’ampleur des dégâts se précise à Gaza

Un cessez-le-feu fragile entre Israël et les groupes palestiniens du Hamas et du Jihad islamique s’est maintenu pour un troisième jour dimanche malgré les menaces incendiaires du gouvernement israélien et les attaques fascistes des colons israéliens contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée, soutenues par la police.

Les provocations israéliennes se sont intensifiées alors que de plus en plus d’habitants de Gaza sortaient de chez eux ce week-end pour constater les dégâts massifs causés par les 11 jours de bombardements israéliens. L’étendue des destructions est devenue plus claire, alors même que les drones israéliens passaient sans cesse au-dessus de leurs têtes.

Les Nations unies ont déclaré que près de 450 bâtiments avaient été endommagés, dont six hôpitaux, 53 écoles et 11 centres de soins de santé primaires. Plus de 1.000 unités d’habitation réparties dans 258 bâtiments ont été détruites, et 14.500 autres maisons ont été endommagées.

Un cratère rempli d’eau et d’eaux usées subsiste là où se trouvait la maison de Ramez al-Masri avant d’être détruite par une frappe aérienne avant le cessez-le-feu, le dimanche 23 mai 2021, à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. (AP Photo/John Minchillo)

Plus de 100.000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, et environ dix fois plus, soit la moitié de la population de la minuscule bande de Gaza, n’ont qu’un accès limité à l’eau courante en raison de la destruction de trois grandes usines de dessalement, ainsi que de lignes électriques et de stations d’épuration.

Selon le ministère palestinien de la Santé, au moins 248 Palestiniens ont été tués, dont 66 enfants et 39 femmes, et 1.948 autres blessés dans les attaques israéliennes contre Gaza. Les autorités sanitaires de Cisjordanie ont confirmé séparément 31 morts dans cette région, soit un total de 279 dans l’ensemble des territoires palestiniens, contre 12 morts en Israël.

Dans ces conditions, des dizaines de colons juifs, encadrés par des forces spéciales israéliennes lourdement armées, ont pénétré dimanche dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem-Est occupée, faisant encore monter la tension quelques heures après que des fidèles palestiniens ont été battus et agressés par la police israélienne.

Plus tôt dans la journée de dimanche, citant des témoins, l’agence de presse palestinienne WAFA a déclaré que la police israélienne avait agressé des Palestiniens qui effectuaient la prière de l’aube à la mosquée. Les policiers les avaient «battus à l’extrême» afin de permettre aux colons juifs israéliens de prendre d’assaut le complexe, troisième site le plus sacré de l’Islam.

C’est l’assaut de la mosquée par la police il y a deux semaines, associé à des mesures qui visent à expulser davantage de Palestiniens de leurs maisons dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem, qui a déclenché le conflit de 11 jours.

La police israélienne a de nouveau attaqué et dispersé une manifestation palestinienne contre les expulsions potentielles samedi soir à Sheikh Jarrah.

Dimanche, le gouvernement du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a intensifié son incitation à ces milieux racistes, dont le régime de la coalition intérimaire dépend pour sa survie politique.

Le ministre des Finances, Yisrael Katz, a menacé d’assassiner les dirigeants du Hamas, qui gouverne Gaza, pour tout tir de roquette depuis la bande de Gaza. S’adressant à la station de radio locale Reshet Bet, Katz a déclaré qu’en réplique à tout tir de roquette sur le sud d’Israël, l’assassinat des dirigeants du Hamas serait perpétré. Il a souligné que cette politique avait été approuvée par le cabinet de sécurité israélien avant l’approbation du cessez-le-feu vendredi.

Netanyahou a déclaré: «Si le Hamas pense que nous allons tolérer quelques roquettes, il se trompe». Jurant de répliquer avec «une force considérable», il s’est vanté qu’Israël avait fait «des choses audacieuses et nouvelles» pendant le conflit «sans être entraîné dans des aventures inutiles».

Netanyahou a également affirmé avoir cherché à minimiser les pertes civiles à Gaza, mais ce mensonge a été démasqué rue Al-Wahda, où les bombardements israéliens ont provoqué l’effondrement de trois immeubles au milieu de la nuit du 16 mai, tuant plus de 40 Palestiniens. Parmi les morts figure le docteur Ayman Abu Al-Aouf, chef du service de médecine interne de l’hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza. Il était responsable du service COVID-19 de l’hôpital.

Israël a déclaré que l’objectif de son attaque sur al-Wehda était de détruire un réseau de tunnels qu’il a appelé le «métro». L’armée a nié avoir eu l’intention de détruire les bâtiments.

Avant même le dernier grand assaut israélien, les deux millions d’habitants de la bande de Gaza vivaient déjà à l’intérieur de ce qu’ils appellent «la plus grande prison du monde», une région où le taux de chômage est de plus de 50 pour cent, où le système de santé est débordé, où l’eau est parfois toxique et où les coupures de courant sont incessantes.

Depuis quatorze ans, le régime sioniste israélien et la dictature militaire égyptienne imposent un blocus à Gaza, prétendument pour limiter le flux d’armes et de munitions vers le Hamas. Les deux pays limitent qui et quoi peut entrer dans l’enclave et contrôlent une grande partie de son approvisionnement en énergie, tandis qu’Israël contrôle son espace aérien, ses droits de pêche maritime, son registre des naissances et ses données cellulaires.

Samedi, les Nations unies et les agences humanitaires ont commencé à distribuer des tentes et des matelas pour les milliers de sans-abri. Des camions apportant des médicaments, de la nourriture et du carburant, dont le besoin est urgent, sont entrés dans la bande de Gaza vendredi par des passages frontaliers précédemment bloqués par Israël.

Selon l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, basé à Genève, plus de 525 entreprises ont été endommagées ou détruites au cours des combats. Ce bilan comprend au moins 50 usines et des centaines de petites entreprises, ce qui représente la ruine des moyens de subsistance de milliers de travailleurs et de propriétaires.

L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, a lancé un appel éclair de 30 jours pour obtenir 38 millions de dollars US afin de couvrir les besoins les plus urgents des habitants de Gaza, ainsi que de ceux qui vivent en Cisjordanie, qui ont subi de violentes attaques. Le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré que les fonds seraient utilisés pour loger jusqu’à 50.000 personnes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, qui résident actuellement dans une cinquantaine d’abris d’urgence désignés.

Les manifestations en Israël ont montré le dégoût et l’opposition du pays à l’offensive militaire et à l’éruption de la violence d’extrême droite contre les Palestiniens israéliens. Samedi, un rassemblement et une marche en faveur de la paix dans le centre de Tel-Aviv ont attiré plusieurs milliers de participants. Ces événements appelaient à un partenariat entre Juifs et Arabes et à la fin de l’occupation de la Cisjordanie, dont Israël s’est emparé en 1967. Des manifestations similaires avaient eu lieu dans diverses parties d’Israël au cours de la semaine précédente.

Samedi, des centaines de personnes s’étaient rassemblées devant la résidence du premier ministre à Jérusalem, demandant à Netanyahou qu’il démissionne et l’accusant de prolonger délibérément le conflit pour des raisons personnelles et politiques. Environ 200 personnes ont également défilé dans la ville mixte de Jaffa, exprimant leur soutien à la coexistence entre Arabes et Juifs.

Netanyahou a profité de l’opération militaire pour s’accrocher à son poste, malgré les nombreuses accusations de corruption dont il fait l’objet. Le mandat donné au président de Yesh Atid, Yair Lapid, pour former un nouveau gouvernement après quatre élections non concluantes en deux ans, expire la semaine prochaine et semble avoir peu de chances d’aboutir après que Naftali Bennett, du parti Yamina (Nouvelle Droite), a déclaré qu’une telle initiative était désormais «hors de question».

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a réitéré le soutien du gouvernement Biden à Israël sur les infos de la chaine américaine, ABC, dimanche. Il a insisté sur le fait que toute aide à Gaza ne passerait pas par le gouvernement du Hamas et il a défendu le dernier don de 735 millions de dollars d’armes du gouvernement Biden à Israël, qui continuera à fournir à l’État sioniste les missiles qu’il utilise contre les Palestiniens.

Comme l’expliquait la déclaration du «World Socialist Web Site» de la semaine dernière, l’assaut militaire sur Gaza et la révolte croissante au sein même d’Israël posent avec la plus grande urgence la lutte pour unir la classe ouvrière, arabe et juive, au-delà de tout clivage national et sectaire, dans une lutte commune pour une Fédération socialiste du Moyen-Orient, dans le cadre de la lutte pour mettre fin au capitalisme dans le monde entier.

(Article paru en anglais le 24 mai 2021)

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