Les cas de COVID-19 augmentent en Grande-Bretagne alors que le gouvernement envisage de lever les restrictions plusieurs semaines plus tôt que prévu

Les cas de COVID-19 augmentent en Grande-Bretagne. Le nombre de cas quotidiens a plus que quintuplé au cours du mois dernier. Selon les données de la Santé publique d’Angleterre (Public Health England, PHE) publiées cette semaine, les taux de cas pour 100.000 personnes continuent d’augmenter dans toutes les régions et tous les groupes d’âge.

Le 17 mai, jour de la réouverture de la majeure partie de l’économie, 1.979 cas de coronavirus ont été signalés. Un mois plus tard, le 17 juin, le nombre quotidien de cas était de 11.007: le plus élevé depuis près de quatre mois. Dans la semaine s’étant terminée vendredi, 61.181 personnes ont été déclarées positives, soit 15.286 de plus que la semaine précédente.

Le premier ministre Boris Johnson donne une conférence de presse concernant la pandémie de Covid avec le médecin en chef, le professeur Chris Whitty, et le conseiller scientifique en chef, Sir Patrick Vallance, au 9 Downing Street, le 14 juin 2021 (Photo: Andrew Parsons /No 10 Downing Street)

Les décès dus à la maladie augmentent après avoir finalement atteint zéro en Grande-Bretagne le 1er juin, grâce au déploiement du programme de vaccination et aux mesures de confinement limitées. Au cours de la semaine dernière, 72 décès ont été signalés, soit une augmentation de 18% par rapport à la semaine précédente.

Le taux R (reproduction) du virus a bondi au cours de la dernière semaine en Angleterre, passant d’entre 1 et 1,2 à entre 1,2 et 1,4. Le nord-ouest a enregistré le taux le plus élevé, entre 1,3 et 1,5, tandis que celui de Londres est passé de 1,1 à 1,4.

Selon les données compilées au cours des sept derniers jours par Worldometers, et basées sur les chiffres officiels du gouvernement, l’augmentation de 34% des cas au Royaume-Uni n’est dépassée que par la Russie (40%) en Europe.

Cette augmentation est due au variant Delta du COVID-19, qui, quelques mois seulement après avoir été détectée en Grande-Bretagne, est devenue la souche dominante. Delta a été détecté pour la première fois le 1er avril, mais le gouvernement n’a rendu publique son existence que le 15 avril. Un rapport de la PHE publié dimanche a révélé que les cas de Delta avaient augmenté de 80% au cours de la dernière semaine, représentant 99% de tous les cas de COVID dans le pays.

Ces chiffres viennent torpiller les affirmations faites dans les médias la semaine dernière selon lesquelles les infections virales se stabilisaient. Ces affirmations étaient basées sur les données de l’application ZOE Covid. Cependant, le scientifique responsable de l’application, le professeur Tim Spector, a toujours minimisé le danger du variant Delta. Le 20 mai, Spector a déclaré que le variant Delta «n’a pas modifié les chiffres de manière significative», ajoutant: «Alors que les éclosions restent localisées, que les chiffres au Royaume-Uni sont stables et que la plupart des cas semblent bénins, il est très peu probable que le NHS soit débordé ou que cela empêche la sortie du confinement [prévue pour le 21 juin].»

En réalité, la poussée des cas de COVID était telle que même le gouvernement de Boris Johnson, qui a supervisé au moins 152.000 décès en raison de son programme d’immunité collective, ne s’est pas senti capable de mettre fin à toutes les restrictions le 21 juin, le parlement ayant voté mercredi pour repousser l’échéance d’un mois.

La semaine dernière, Spector a déclaré: «La bonne nouvelle, c’est que la hausse n’est plus aussi rapide qu’avant... La semaine a été bien meilleure que la semaine dernière. Je pense que nous pouvons commencer à voir la fin de cette petite minivague chez les jeunes et le temps supplémentaire [après que le gouvernement ait été forcé de revenir sur la réouverture du 21 juin] dont nous disposons devrait nous permettre d’éviter que cela ne devienne incontrôlable.»

Il a conclu: «Si nous regardons la façon dont les vagues précédentes sont venues et reparties, je prédis que celle-ci devrait atteindre son pic d’ici 10 à 14 jours, puis commencer à diminuer, de sorte qu’après quatre semaines, nous serons à un niveau bien inférieur à celui d’aujourd’hui, et beaucoup plus facile à gérer.»

En fait, le gouvernement se prépare à de nouvelles vagues importantes d’infections et de décès. En annonçant le report de la fin définitive des restrictions, Johnson a déclaré: «À un certain stade, nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus.»

Johnson a déclaré que le 19 juillet serait la «date butoir» pour une réouverture totale, justifiée par le fait que cela permettrait de vacciner davantage de personnes et d’établir un «mur d’immunité très considérable autour de l’ensemble de la population.»

C’est ignorer le fait que des millions de personnes, en particulier les plus jeunes, resteront non vaccinées ou partiellement vaccinées, permettant au virus de circuler chez un grand nombre de personnes. La Dre Susan Hopkins, directrice de la réponse stratégique pour COVID-19 à la Santé publique d’Angleterre, a déclaré mercredi à la commission parlementaire des sciences et des technologies que le variant Delta se propagerait avec un R de 5 à 7 s’il n’y avait aucune restriction.

En plus d’infecter les personnes non vaccinées, avec des conséquences potentielles à long terme sur la santé, le virus trouvera rapidement les personnes vulnérables dont les vaccins n’ont pas produit une forte réponse immunitaire. Il aura toutes les chances de muter à nouveau en un variant encore plus dangereux. Hopkins a déclaré à la commission que la PHE surveille actuellement 25 nouveaux variants, dont huit font l’objet d’une enquête.

Ce que signifie réellement «apprendre à vivre avec le virus» a été partiellement admis par le professeur Graham Medley, membre du SAGE, et par le responsable scientifique du gouvernement, Chris Whitty. Interrogé à l’émission Today de la BBC Radio 4 pour savoir si le pays pourrait à nouveau connaître des centaines de décès par jour, le professeur Medley a répondu: «Oh facilement. Je pense que cela pourrait se produire de nouveau à un moment donné.»

Whitty a déclaré lors de la conférence de la Confédération NHS: «Je m’attends à ce que nous ayons une nouvelle poussée hivernale, fin de l’automne/hiver... Je pense que nous devons être conscients et nous préparer au fait que l’hiver prochain pourrait bien être assez difficile.»

Ces conséquences retomberont en grande partie sur la classe ouvrière, en particulier ses sections les plus pauvres, comme elles l’ont fait tout au long de la pandémie. M. Whitty a ajouté lors de son discours: «Les zones géographiques où la COVID a frappé ont été extrêmement définies, où les plus gros problèmes se sont répétés.

«Ainsi, on voit des situations à Bradford, à Leicester, dans des parties de Londres par exemple, dans des parties du Nord-Ouest, on voit des zones répétées où des endroits ont été touchés encore et encore dans des zones de privation.»

Dans une déclaration qui fait froid dans le dos, étant donné la responsabilité du gouvernement dans une réponse à la pandémie qui équivaut à un meurtre social, Whitty a noté: «En effet, dans beaucoup d’entre eux, si on comparait une carte des plus grands effets de la COVID maintenant et une carte des décès d’enfants en 1850, elles se ressembleraient remarquablement. Ce sont des zones où la privation a été prolongée et profondément ancrée.»

Cinquante et un députés conservateurs ont voté contre tout report de la date du 21 juin, dont l’ancien chef du parti, sir Iain Duncan Smith, le président de la commission 1922, sir Graham Brady, et le président du Covid Recovery Group des députés conservateurs et ancien whip en chef, Mark Harper. Le député rebelle sir Desmond Swayne a déclaré à propos du report de la fin à toutes les mesures anti-COVID: «Je pourrais le comprendre si nous étions un parti communiste, mais c’est le parti qui a hérité de la vraie sagesse de la tradition whig.»

Sous le titre «Pourrions-nous être libres le 5 juillet?», le Daily Mail a rapporté vendredi: «Downing Street a ouvert la porte à la fin des restrictions le 5 juillet, tandis qu’il y a de plus en plus de preuves que les hypothèses utilisées par les scientifiques du gouvernement pour justifier le report de la Journée de la liberté étaient trop pessimistes.»

Le journal cite une source gouvernementale qui a déclaré: «La décision de retarder la réouverture était si finement équilibrée – probablement la décision la plus difficile de toute la pandémie – que le premier ministre voulait que la possibilité d’une réévaluation officielle soit intégrée afin que si les choses changent, nous puissions agir plus tôt.»

Le journal a déclaré dans son éditorial que «sur la base de l’alarmisme des scientifiques, des vies sont détruites. L’économie est entravée, des pubs et des restaurants font faillite et des emplois sont perdus.»

(Article paru en anglais le 18 juin 2021)

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