Les autorités américaines refusent toute autre mesure de confinement malgré les 100.000 nouvelles infections quotidiennes

Dimanche, le principal conseiller médical du gouvernement Biden, Anthony Fauci, a rejeté les «confinements» comme mesure d’endiguement du virus, le jour même où les cas signalés aux États-Unis ont dépassé les 100.000 pour la première fois depuis février, et où le nombre de cas dans le monde a approché les 200 millions.

En d’autres termes, 1 personne sur 39 sur la planète a contracté la maladie, 1 sur 10 qui a contracté le COVID-19 aux États-Unis. De plus, l’augmentation massive du nombre de cas a entraîné de nouveaux records d’hospitalisations dans des endroits comme Austin, au Texas, où il ne reste plus que sept lits de soins intensifs ouverts dans une région métropolitaine de 2,3 millions d’habitants. En Floride, un nombre record de 10.207 personnes sont hospitalisées pour des cas confirmés de coronavirus.

Un membre du personnel médical mesure la température d’un automobiliste près de Gries am Brenner, dans la province autrichienne du Tyrol, au poste frontière avec l’Italie, le mardi 10 mars 2020. (AP Photo/Kerstin Joensson)

Il est tout à fait possible que Chicago suive après que son gouvernement municipal, dirigé par le Parti démocrate, ait permis au super festival de musique Lollapalooza, avec ses 400.000 participants, d’aller de l’avant. En d’autres termes, à travers les États-Unis, les gouvernements locaux, étatiques et fédéraux font exactement le contraire de ce qui est nécessaire pour contenir la contagion mortelle. Ils encouragent des politiques et des événements qui garantissent pratiquement la poursuite de la propagation et l’évolution vers des formes plus mortelles de la pandémie en cours.

Et si le nombre de décès, qui s’élève à 320 par jour, n’a pas augmenté aussi fortement aux États-Unis que le nombre de cas, l’augmentation du nombre d’hospitalisations soulève le danger que les patients recommencent à mourir faute de pouvoir recevoir un traitement adéquat, dangers qui ont été clairement mis en évidence au cours des premières semaines et des premiers mois de la pandémie en 2020.

Dans le monde, les décès causés par la pandémie s’élèvent à plus de 4,2 millions, un chiffre qui grimpe actuellement à plus de 9.000 par jour. Ces chiffres sont d’ailleurs des sous-estimations connues. En mai, The Economist a noté que le nombre réel de vies perdues à cause de la contagion mortelle, en utilisant le décompte des décès excédentaires, est probablement deux à quatre fois plus élevé que les chiffres officiels. Cela suggère un décompte mondial réel de 8 à 16 millions de morts.

Des chiffres aussi stupéfiants sont d’autant plus horribles que la pandémie s’accélère. Lors d’une conférence de presse vendredi, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a prévenu: «En moyenne, dans cinq des six régions de l’OMS, les infections ont augmenté de 80 pour cent ou presque doublé au cours des quatre dernières semaines. En Afrique, les décès ont augmenté de 80 pour cent au cours de la même période. Une grande partie de cette augmentation est due au variant Delta, hautement transmissible, qui est maintenant détecté dans au moins 132 pays».

En chiffres absolus, le plancher le plus récent de cas quotidiens a été atteint le 21 juin, avec une moyenne de 360.000 cas par jour. Depuis lors, alors que le variant Delta s’est répandu dans le monde, le nombre de cas quotidiens a grimpé à plus de 581.000. Et si le nombre de décès quotidiens n’a pas connu une augmentation aussi spectaculaire, on doit comprendre qu’à l’échelle mondiale, le nombre de décès causés par la pandémie n’a jamais été inférieur à 7.600 par jour depuis novembre dernier.

Ce n’est pas par hasard qu’en novembre dernier, 10 mois après le début de la pandémie, le nombre de cas avait atteint «seulement» 50 millions et le nombre de décès officiellement recensés était de 1,2 million. Aujourd’hui, seulement neuf mois plus tard, le nombre de cas et de décès a été multiplié par quatre.

Cependant, contrairement à novembre dernier, lorsque les gouvernements capitalistes du monde entier ont envisagé des fermetures limitées et d’autres mesures de distanciation sociale, ces politiques essentielles et vitales sont rejetées d’emblée. À l’instar des États-Unis, le premier ministre britannique Boris Johnson a mis fin au confinement du pays en juillet. Le gouvernement de Narendra Modi en Inde a refusé de mettre en place un confinement national, tandis que le variant Delta émergeait et se développait, tout en attaquant les responsables locaux et étatiques pour avoir mis en place des mesures modestes.

Le fait qu’aucun confinement ne soit prévu est au mieux criminellement irresponsable. Fauci lui-même a noté que «les choses vont empirer». En effet, c’est le cas. La propagation du variant Delta aux États-Unis, qui est devenu le variant dominant du virus dans toutes les régions du monde à l’exception de l’Amérique du Sud, où le variant Gamma reste le plus prolifique, a entraîné une multiplication par plus de six du nombre de cas aux États-Unis en moins de deux mois. Quelque 13.000 personnes sont mortes du virus au cours de cette même période. Le pays dans son ensemble a enregistré 35,7 millions de cas et un peu moins de 630.000 décès.

Les mesures mises en place pour contenir la propagation de la maladie sont, au mieux, insuffisantes. Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) s’efforcent actuellement de noter dans quels comtés la propagation de la pandémie est «substantielle» et de recommander le port du masque à l’intérieur. Dans le même temps, des documents internes ayant fait l’objet de fuites montrent clairement que l’agence est parfaitement consciente des dangers du variant Delta et de la nécessité de prendre des mesures plus strictes pour contenir le virus, mais que le gouvernement Biden l’empêche d’intervenir.

En même temps, des personnalités telles que Fauci ont commencé à accuser les personnes qui ne se font pas vacciner d’être la cause fondamentale de la propagation continue de la maladie, déclarant: «Nous avons 100 millions de personnes dans ce pays qui peuvent se faire vacciner et qui ne le sont pas».

Fauci ne mentionne nulle part le fait que des centaines de millions de personnes aux États-Unis et des milliards dans le monde n’auraient pas eu à se faire vacciner si les gouvernements du monde entier avaient réagi de manière rationnelle et scientifique à la pandémie de coronavirus dès son apparition. S’il est vrai que beaucoup hésitent à se faire vacciner, la faute de la pandémie elle-même incombe aux gouvernements capitalistes des États-Unis, d’Europe, d’Australie et d’ailleurs, qui placent les profits des sociétés au-dessus des vies humaines.

Il convient également de noter que le gouvernement pour lequel Fauci travaille est l’un des principaux pourvoyeurs de désinformation sur la pandémie. Il affirme que les écoles ou les lieux de travail sont sécuritaires, que l’obligation de porter un masque peut être abandonnée et que les tests, la recherche des contacts et les confinements sont inutiles pour contenir la pandémie. Ces conceptions antiscientifiques sont promues depuis des mois à la fois par Biden et son prédécesseur Trump et jouent un rôle important dans l’attitude antiscientifique de millions de personnes envers les vaccins.

Personne dans les médias ou l’establishment politique américains ne soulève non plus la nécessité de vacciner la planète pour éradiquer réellement la pandémie: les vaccins sont traités comme une question uniquement nationale. L’évolution du variant Delta montre cependant clairement qu’il est impossible d’arrêter la pandémie dans un seul pays si on laisse le coronavirus se propager ailleurs de manière essentiellement incontrôlée. Des variants «plus aptes» et «plus rapides», selon les termes du Dr Mike Ryan de l’OMS, émergent inévitablement et ils peuvent échapper totalement à l’immunité accordée par la vaccination.

Les dangers d’une vaccination inégale dans le monde sont mis en évidence par la propagation des cas à la fois aux États-Unis, où la flambée des cas est la plus forte parmi les personnes non vaccinées, et dans le reste du monde, dont la majeure partie n’a pas encore facilement accès aux vaccins. En Inde, où l’on estime à environ quatre millions le nombre de décès, plus de 40.000 personnes contractent le COVID-19 chaque jour, selon les chiffres officiels. Le taux de vaccination complète n’est que de 7,4 pour cent. Au Brésil, où plus de 550.000 personnes sont mortes, moins d’une personne sur cinq est complètement vaccinée.

D’autres pays sont dans une situation tout aussi catastrophique, voire pire. En Iran, où le variant Delta a plus que triplé le nombre de cas quotidiens et plus que doublé le nombre de décès au cours des six dernières semaines, le taux de vaccination complète est inférieur à 3 pour cent. En Thaïlande, qui a été relativement épargnée par la pandémie jusqu’à ce que le variant Delta la frappe en avril, seuls 5 pour cent environ de la population sont vaccinés, alors que le nombre de cas quotidiens, qui était inférieur à 100 au début avril, est monté en flèche pour atteindre plus de 16.000 aujourd’hui.

Même les pays où les taux de vaccination sont plus élevés, comme le Mexique et la Turquie, dont les taux de vaccination complète sont respectivement de 20 pour cent et 33 pour cent, ont connu une forte augmentation du nombre de cas en raison du variant Delta. Ces pays sont à la fois des exemples de la virulence de ce nouveau variant et des dangers qu’il – et d’autres mutations plus évoluées – pose. Ils montrent également, comme pratiquement tous les autres pays, la nécessité d’une réponse coordonnée au niveau mondial et scientifiquement planifiée pour mettre fin à la pandémie.

(Article paru en anglais le 2 août 2021)

Loading