Rejetons le chantage d’Olymel et Legault contre les grévistes de Vallée-Jonction!

Il faut riposter par une mobilisation de toute la classe ouvrière au Québec et ailleurs

Avec le plein appui du gouvernement provincial de droite de la CAQ (Coalition Avenir Québec), le géant agro-alimentaire Olymel a lancé un ultimatum aux 1.100 travailleurs en grève de son usine d’abattage de porcs de Vallée-Jonction, dans le sud-est du Québec.

La direction d’Olymel a donné aux grévistes – qui sont sur les lignes de piquetage depuis le 28 avril pour obtenir de meilleurs salaires et conditions de travail – jusqu’à dimanche soir pour mettre fin à leur grève et entériner une convention collective dictée par la compagnie, qui n’ajoutera pas «un sou de plus» à son offre. Autrement, Olymel menace de fermer le quart du soir et d’éliminer 500 emplois.

Cet ultimatum survient après le rejet à 57% d’une entente de principe conclue par le syndicat des employés de l’usine Olymel de Vallée-Jonction (STOVJ), affilié à la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

L’entente ne respectait pas les principales demandes de ces travailleurs sous-payés et sur-exploités, à savoir: protection contre le coronavirus; droit de choisir ses vacances; rétablissement du fonds de pension; et rattrapage salarial après la baisse de 40% subie dans les ententes négociées par le STOVJ en 2007 et 2015.

Des travailleurs en grève d’Olymel rejoignent ceux d’Exceldor sur leurs lignes de piquetage le 2 juin (source: page Facebook du STOVJ).

Olymel est une division du géant agro-alimentaire Sollio (anciennement la Coop fédérée) qui a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 8 milliards de dollars en 2020. Olymel emploie 15.000 travailleurs à ses usines de transformation de la viande et autres installations au Canada et dans le monde. Elle a réalisé, à elle seule, des profits de plus de 234 millions de dollars en 2020.

Dans son chantage contre les travailleurs de Vallée-Jonction, Olymel est pleinement soutenu par le gouvernement pro-patronal de François Legault, qui travaille dans les coulisses depuis des semaines pour mettre fin à la grève sous les conditions exigées par la compagnie.

Aussitôt qu’Olymel a lancé sa menace de supprimer 500 emplois, le ministre du Travail, Jean Boulet, a convoqué des représentants des deux parties pour mettre en place un arbitrage conçu pour mettre fin à la grève et imposer les demandes d’Olymel. «Les [deux] parties doivent s’entendre», a déclaré Boulet, «il faut que ça cesse». Sans surprise, Olymel a immédiatement accepté l’arbitrage. Mais lorsque le syndicat a refusé ce processus clairement biaisé à l’avantage de la compagnie, Boulet l’a publiquement dénoncé dans un geste visant à blâmer les travailleurs eux-mêmes pour la prolongation du conflit.

Rappelons que le 18 mai dernier, en pleine grève, le gouvernement Legault a octroyé à Olymel 150 millions de dollars tirés des fonds publics, sous la forme déguisée d’un «investissement». Ce même Legault a déjà dénoncé les salaires «trop élevés» de l’industrie manufacturière du Québec. Et son gouvernement a menacé de recourir à des lois spéciales contre les travailleurs du secteur public et contre les travailleurs de la construction.

Même si le STOVJ a refusé l’arbitrage, il est prêt à se soumettre à l’ultimatum patronal. «Nous privilégions la négociation parce que nous sommes toujours convaincus qu'une entente de principe négociée est encore à notre portée», a fait savoir son président Martin Maurice. Alors que la compagnie est déterminée à empirer les conditions de travail pour gonfler ses profits, le chef syndical a indiqué sur un ton défensif que «les parties ne sont pas si loin l’une de l’autre».

Autrement dit, le syndicat se prépare à soumettre à ses membres, pour un nouveau vote, essentiellement la même entente qui a déjà été rejetée à 57%. Depuis le début, le STOVJ et la CSN n’ont rien fait pour étendre la grève, notamment par un appel aux travailleurs des autres usines d’Olymel à travers le Canada. Lors des négociations précédentes de 2007 et 2015, les chefs syndicaux avaient fait entériner une baisse salariale de 40%, la destruction du régime de pension et d’autres concessions.

Face à l’ultimatum patronal, et aux efforts de leur propre syndicat pour les garder isolés, les grévistes d’Olymel à Vallée-Jonction doivent prendre les choses en main. Ils doivent former un comité de la base, entièrement indépendant de l’appareil bureaucratique syndical, et basé sur une perspective de lutte.

Certes, l’ennemi est partout. Il y a la compagnie, avec ses menaces de congédiements de masse; le gouvernement, avec ses menaces d'arbitrage et de loi spéciale; les grands médias, avec leurs reportages indécents sur les pauvres porcs qui ne peuvent pas être abattus; et même le syndicat, avec ses efforts constants pour diviser et démobiliser les membres de la base.

Mais un comité de la base des grévistes de Vallée-Jonction pourra compter sur des alliés encore plus puissants – les 15.000 travailleurs d'Olymel au Canada et dans le monde; les autres travailleurs de l’industrie de la viande, qui font face aux mêmes conditions pénibles de travail; et l’ensemble de la classe ouvrière, au Québec, au Canada et à l’international, qui subit les mêmes attaques patronales.

C’est vers cette puissante force sociale – la classe ouvrière qui produit tous les biens dans la société – que doivent se tourner les grévistes d’Olymel. Cela nécessite la formation d’un comité de la base, dédié à mobiliser leurs frères et sœurs de classe dans une contre-offensive pan-canadienne pour défendre les salaires, les emplois et les conditions de travail de tous, et pour s’opposer à la criminalisation des luttes des travailleurs.

Le World Socialist Web Site fera tout son possible pour faciliter la mise en place et le développement d’un tel comité de lutte à Vallée-Jonction et aux autres usines d’Olymel au Québec, en Ontario et en Alberta.

Au même moment, nous lançons cet appel urgent à tous les travailleurs: Mobilisons toutes nos forces contre le chantage d’Olymel et de Legault! Préparons dès maintenant des grèves de solidarité avec nos frères et sœurs de classe en grève à Vallée-Jonction!

Nous invitons tous ceux qui veulent lutter pour cette perspective à nous contacter.

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