Berlin: 20.000 manifestants contre les loyers inabordables

Vingt mille participants ont pris part à une manifestation à Berlin samedi après-midi sous le slogan: «Un logement pour tous! Ensemble contre les loyers élevés et les déplacements». Elle a commencé par un rassemblement d’ouverture sur l’Alexanderplatz, puis s’est dirigée de la porte de Brandebourg jusqu’à la colonne de la Victoire, où le rassemblement de clôture a eu lieu.

La manifestation était organisée par l’Alliance d’action contre le déplacement et la folie des loyers. En plus d’un grand nombre de groupes de locataires, des représentants d’organisations sociales et de syndicats y ont également participé. Des délégations sont également venues d’autres villes, dont Hambourg au nord et Ludwigshafen au sud du pays. Le groupe Expropriate Deutsche Wohnen & Co., qui a lancé un référendum à Berlin pour l’expropriation des grandes sociétés immobilières, était largement représenté. Le référendum aura lieu le 26 septembre en même temps que les élections au Bundestag (parlement fédéral) et à la législature de l’État de Berlin.

Des participants de la manifestation contre l’augmentation des loyers à Berlin, en Allemagne, en 2019. (AP Photo/Michael Sohn)

L’Alliance d’action appelle à un changement de cap dans la politique des loyers et du logement qui rendra les loyers à nouveau abordables. Cet objectif doit être atteint par des mesures telles que l’expropriation des grandes entreprises immobilières, un plafond de loyer à l’échelle nationale, l’arrêt de la conversion des logements publics ou communautaires en propriété privée et l’interdiction aux propriétaires de signifier des avis d’expulsion au motif qu’ils ont eux-mêmes besoin d’occuper une propriété, etc.

Samedi après-midi également, une «manif de danse» a eu lieu à Berlin intitulée «À qui appartient la ville? Ensemble contre la division sociale», qui s’est déplacée de Friedrichshain via la rue Leipziger et la Potsdamer Platz à Tempelhof.

La question des loyers est l’un des enjeux sociaux les plus pressants dans la capitale, mais aussi dans d’autres grandes villes. Les loyers augmentent considérablement depuis des années. Tandis que c’est la manne financière pour les spéculateurs immobiliers, il est presque impossible pour les familles de trouver un logement abordable. Il n’est pas rare que les locataires doivent consacrer plus de la moitié du revenu de leur ménage au paiement du loyer.

Pour cette raison, les manifestations et les protestations contre les loyers élevés et les sociétés qui en profitent se sont multipliées au cours des dernières années. Lorsque la Cour suprême a annulé le plafond des loyers de Berlin en avril, 10.000 personnes ont protesté [article en allemand] contre cette mesure. Quelques jours plus tôt, 10.000 personnes étaient descendues dans la rue lors d’une manifestation [article en allemand] contre les loyers.

Maintenant, les manifestants ont de nouveau exprimé leur colère face aux conditions intenables. Le WSWS s’est entretenu avec Volker, qui vit à Berlin depuis plus de 25 ans. Lorsqu’il avait déménagé dans la capitale depuis l’ouest de l’Allemagne, il avait pu emménager dans un «joli petit appartement proche du travail» malgré un revenu relativement faible. Il y a cinq ans, il a dû déménager et dépense maintenant plus du double en loyer mensuel. «Si les loyers continuent d’augmenter comme ça, je finirai à un moment donné à la rue», craint-il.

«Je voterai certainement oui au référendum», a déclaré Volker. Cependant, il est très critique sur le fait que les requins de l’immobilier seront indemnisés pour toute expropriation. «Chaque centime qu’ils reçoivent est un de trop.»

Les militants du Sozialistische Gleichheitspartei (Parti de l’égalité socialiste, SGP), qui présente ses propres listes nationales aux élections législatives de Berlin et du Bundestag, ont diffusé la déclaration: «L’expropriation des requins de l’immobilier nécessite une perspective socialiste». Elle a été accueillie avec un grand intérêt.

Le SGP appelle à voter Oui au référendum sur la base de la socialisation du parc immobilier des grandes sociétés immobilières. Il prévient, cependant, qu’une véritable expropriation ne peut être réalisée qu’en combattant le Sénat (exécutif de l’État de Berlin) dirigé par le Parti social-démocrate, le Parti de gauche et les Verts sur la base d’un programme socialiste.

Le Sénat a déjà déclaré qu’il considère le résultat du référendum comme «juridiquement non contraignant» et qu’il ignorera un résultat positif. Le SPD et le Parti de gauche, qui dirigent le Sénat avec les Verts, ont joué un rôle de premier plan au cours des vingt dernières années en vendant des centaines de milliers de logements sociaux à des sociétés immobilières à des prix défiant toute concurrence et en coupant les infrastructures de la capitale, les cliniques et les services publics jusqu’à l’os.

Cela n’a cependant pas empêché le Parti de gauche et les Verts de s’attirer hypocritement les bonnes grâces des manifestants. Klaus Lederer, le candidat tête de liste du Parti de gauche pour les élections à la Chambre des représentants de Berlin, a défilé, tout comme le candidat des Verts au Bundestag, Canan Bayram.

La tête de liste des candidats du SPD, Franziska Giffey, a en revanche réagi de manière presque hystérique contre les revendications des manifestants. Mais c’est pourtant avec elle en tant que mairesse au pouvoir que le Parti de gauche et les Verts veulent composer le prochain Sénat.

La Confédération allemande des syndicats (DGB), dont le chef Reiner Hoffmann a encouragé les attaques [article en allemand] les plus brutales contre les chefs de train qui se battent pour de meilleurs salaires et conditions de travail, était également représentée à la manifestation par son membre du conseil d’administration Stefan Körzell.

La déclaration du SGP affirme que: «Le SGP poursuit une stratégie complètement différente de celle des initiateurs du référendum. Nous ne comptons pas sur les partis de l’établissementet les syndicats, mais sur le mouvement indépendant de la classe ouvrière, qui se développe énergiquement dans le monde entier...»

«Le but du SGP est de donner une orientation socialiste à l’opposition et aux luttes de la classe ouvrière, de les unir au niveau international et, avec ses partis frères de la Quatrième Internationale, de construire un parti socialiste de masse.»

(Article paru en anglais le 14 septembre 2021)

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