Alors que les décès dus à Omicron se multiplient au Canada, l’opposition à l’enseignement en personne s’intensifie

Des étudiants quittent l’école secondaire Kelvin de Winnipeg le lundi 17 janvier pour protester contre l’absence de mesures de sécurité face à la COVID-19. (Striking Students/Reddit) [Photo: Striking Students/Reddit]

L’opposition des enseignants, du personnel de soutien scolaire et des étudiants à la campagne irresponsable de l’élite dirigeante pour la reprise de l’enseignement en personne continue de croître après le débrayage de lundi de centaines d’élèves du secondaire à Winnipeg et dans tout le Manitoba. Des écoles de la Colombie-Britannique et de l’Ontario ont été touchées par des manifestations ces derniers jours, les enseignants invoquant leur droit de refuser de travailler dans des conditions dangereuses.

Cinq enseignants du Bloor Collegiate Institute de Toronto ont entamé un refus de travailler mercredi, déclarant qu’ils protestaient contre «la mauvaise ventilation et les couloirs bondés d’élèves ne portant pas de masque à l’heure du diner».

Les enseignants protestataires ont clairement indiqué qu’ils considéraient que leur action avait un impact sur l’ensemble du personnel éducatif et des élèves. «C’est la situation dans les écoles secondaires de toute la province», a déclaré un enseignant protestataire au Toronto Star. «Nous ne sommes pas différents. Il y a beaucoup d’écoles secondaires avec bien plus de 1.000 élèves qui mangent dans les cafétérias, les couloirs et les cages d’escalier tous les jours. C’est exacerbé par le fait que nous avons des écoles combinées (dans un seul bâtiment), donc il n’y a vraiment absolument aucune cohabitation.»

Dans la région de Peel, un professeur d’art dramatique a exercé son droit de refuser de travailler mercredi, invoquant des règles relatives au port du masque inadéquates et un manque de tests antigènes rapides. «J’aimerais voir une véritable évaluation de la sécurité des élèves», a déclaré Mary Fraser-Hamilton à Global News, «... et cela signifie rétablir la recherche et le suivi des cas, rétablir l’accès aux tests PCR, un accès plus libre aux tests rapides.»

Les enseignants d’une école primaire d’Armstrong, dans l’intérieur de la Colombie-Britannique, ont également entrepris un refus de travailler, refusant de se rendre au travail en raison du faible niveau de port du masque dans le bâtiment. Depuis que l’école a dû fermer le 14 janvier, au moins trois membres du personnel ont été testés positifs à la COVID-19.

Le processus du refus de travailler consiste à charger un inspecteur du ministère provincial du Travail ou de la Commission de sécurité au travail et un représentant syndical d’examiner la problématique. Le processus est biaisé en faveur du gouvernement et des employeurs, comme le montre le fait, relevé par le Star, que depuis le début de la pandémie, pas un seul refus de travailler d’enseignant en Ontario n’a été retenu. Les syndicats d’enseignants – qui ont appliqué la politique de retour à l’école tout au long des vagues successives de la pandémie – ont vanté le processus de refus de travailler afin d’isoler les enseignants opposés à la réouverture des écoles, en les encourageant à déposer des griefs individuels, tout en bloquant tous les efforts des éducateurs pour prendre des mesures collectives par le biais de débrayages et de grèves.

La montée de la colère et de l’opposition est alimentée par l’indifférence totale de l’élite dirigeante face à l’accélération spectaculaire des hospitalisations et des décès. L’Agence de santé publique du Canada a rapporté vendredi matin qu’il y avait eu 212 décès dus à la COVID à l’échelle nationale au cours des 24 heures précédentes, soit le quatrième total quotidien le plus élevé depuis le début de la pandémie. Au Québec, au cours de la dernière semaine, le taux de mortalité quotidien a été de 7,3 par million d’habitants, soit plus que les 5,9 par million actuellement enregistrés aux États-Unis, où plus de 2.000 personnes meurent quotidiennement du virus.

Le nombre d’hospitalisations et de décès est si élevé que les chiffres officiels, qui ont toujours été sous-estimés, sont de moins en moins en phase avec la réalité. L’Ontario, par exemple, a déclaré 75 décès jeudi, mais a précisé que ce chiffre incluait les notifications tardives des 19 jours précédents. On peut donc se demander combien de décès dus à la COVID-19 ne sont pas signalés.

En raison de la pénurie de tests et de personnel et de la pression exercée par les gouvernements pour promouvoir la politique «d’apprendre à vivre avec le virus», les autorités de santé publique ont abandonné toute tentative de mesurer le nombre de nouvelles infections par la COVID, seuls les personnes très malades et les travailleurs de la santé de première ligne qui ont été en contact avec des patients touchés par la COVID étant encouragés à passer des tests PCR.

Aujourd’hui, les gouvernements et leurs bailleurs de fonds de l’élite financière cherchent de la même manière à dissimuler l’ampleur des décès engendrés par leur politique du «profit avant la vie». En Ontario, les responsables de la santé publique seraient en train d’étudier une proposition visant à distinguer à l’avenir les décès liés à la COVID-19 dits «causal» et «secondaire».

L’un des principaux objectifs de telles astuces comptables est de dissimuler les effets dévastateurs du variant Omicron sur les enfants. Au cours de la seule semaine dernière, trois décès d’enfants ont été signalés: une fillette de 4 ans à Montréal, un enfant de 5 ans en Ontario et un enfant âgé de 5 à 9 ans à Calgary. Ces décès tragiques démentent l’affirmation, sans cesse véhiculée par les grands médias et les politiciens, selon laquelle les enfants ne sont pas sérieusement menacés par le virus.

L’exigence de maintenir les écoles ouvertes dans ces conditions est tout simplement criminelle. La principale préoccupation de l’élite dirigeante, de ses partis politiques et de leurs laquais de la bureaucratie syndicale est de confiner les enfants dans des écoles ressemblant à des entrepôts afin que leurs parents soient libérés de leurs obligations en matière de garde d’enfants et puissent aller travailler pour générer des profits pour la grande entreprise.

Les étudiants, les enseignants et les professionnels de la santé se sont emparés des médias sociaux pour s’opposer à l’affirmation mensongère de l’élite dirigeante selon laquelle les écoles sont «l’endroit le plus sûr pour les étudiants» et que l’enseignement en personne est nécessaire pour protéger la santé mentale des étudiants. Le Dr Tyler Black, expert en psychiatrie d’urgence pour enfants et adolescents, a écrit sur Twitter: «Il est question de sécurité... sauver des vies est la chose la plus importante que nous puissions faire en terme de traumatisme pour les enfants... [C]’est le moment historique de PROTÉGER et d’ALIMENTER leur bien-être. Il n’y a AUCUNE raison d’exiger un enseignement à l’école pour accomplir ces choses.»

Kaden, un étudiant du secondaire, a également commenté sur Twitter: «Arrêtez de dire que les étudiants doivent retourner à l’école pour notre “santé mentale”. Aucun d’entre vous ne défendait notre santé mentale jusqu’à ce que cela vous permette de faire avancer votre programme anti-confinement et anti-vaccin.»

Dans une entrevue ultérieure avec le World Socialist Web Site, Kaden a documenté les conditions dangereuses de son école, ce qui l’a poussé à critiquer les plans de réouverture. «Mon école a une capacité de plus de 1.000 élèves», a-t-il déclaré. «Il n’y a pas assez d’espace dans les couloirs pour assurer une distanciation physique entre les classes. Les cas sont à un niveau record et nous n’avons pas atteint le pic, nous le savons grâce aux projections des experts. Les écoles sont un lieu à haut risque.»

Interrogé sur la question de la santé mentale des élèves, Kaden a répondu: «Le meilleur soutien en matière de santé mentale que nous puissions obtenir est de savoir que notre environnement est sécuritaire. L’aide qui nous est essentielle n’est pas celle que nous obtenons. La santé mentale des étudiants n’est pas sûre dans un environnement non sécuritaire.»

Quant à la façon dont il pense que la pandémie devrait être combattue, Kaden a commenté: «Je crois que la politique de Zéro COVID est la meilleure réponse. C’est la seule réponse. Sinon, il y aura une pénurie d’enseignants et ils devront fermer de toute façon, et nous ne recevrons pas une éducation de qualité. Cela créera un système complètement insoutenable.»

Le Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base (CSPPB) cherche à construire un mouvement de masse d’éducateurs, de personnel de soutien, d’étudiants et de parents pour lutter en faveur d’une stratégie mondiale d’élimination de la COVID-19. Le CSPPB demande la fermeture immédiate des écoles pour l’enseignement en personne, l’arrêt de toute production non essentielle, et le paiement de leur plein salaire à tous les travailleurs par les profiteurs de la pandémie jusqu’à ce que les infections soient réduites à zéro. La société doit être réorganisée pour donner la priorité à la protection de la vie humaine, et non à l’accumulation dégoûtante de richesses et de profits.

Le CSPPB a tenu sa plus récente réunion publique le dimanche 23 janvier. Nous encourageons toutes les personnes intéressées à s’inscrire dès aujourd’hui pour assister aux prochaines réunions en envoyant un courriel au CSPPB à cersc.csppb@gmail.com ou en consultant nos comptes Twitter ou Facebook.

(Article paru en anglais le 22 janvier 2022)

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