La pandémie de COVID continue de faire rage malgré l’administration de plus de 10 milliards de doses de vaccins

La publication en ligne «Our World in Data», qui est une source majeure et souvent référencée de statistiques cruciales concernant la pandémie de COVID, a indiqué que le vendredi 28 janvier 2022, on avait administré plus de 10 milliards de doses de vaccins COVID dans le monde entier au cours des 13 mois qui ont suivi leur déploiement auprès du public.

Dans cette même période, la pandémie n’a fait qu’accélérer les décès massifs causés par l’infection au coronavirus. Alors que 5,67 millions de décès dus à la COVID ont été signalés au cours de la pandémie, près de quatre millions de personnes sont décédées depuis que Margaret Keenan, une grand-mère britannique de 91 ans, est devenue la première personne au monde à recevoir le vaccin Pfizer COVID-19, le 8 décembre 2020.

Des médecins portant des combinaisons spéciales pour se protéger du virus traitent un patient atteint du coronavirus, à gauche, tandis que d’autres préparent un patient pour qu’il soit déplacé dans une unité de soins intensifs à Moscou, le 19 octobre 2021 (AP Photo/Alexander Zemlianichenko)

Comme l’indique la déclaration du Nouvel An publiée par le WSWS, «la pandémie mondiale est une catastrophe aux dimensions historiques. C’est aussi un crime parce que l’impact désastreux de la pandémie est le résultat des décisions prises par les gouvernements capitalistes –  surtout les États-Unis et l’Europe occidentale – qui ont donné délibérément la priorité aux profits plutôt qu’aux vies et rejeté la mise en œuvre des mesures de santé publique nécessaires pour éliminer le SRAS-CoV-2 pour, au lieu de cela, adopter des politiques qui permettent au virus de se propager largement dans la population mondiale».

En effet, la politique derrière la mise en œuvre de la campagne de vaccination COVID avait comme objectif de désarmer toute résistance publique contre les politiques malveillantes d’«immunité collective» qui ont été exigées dès le début par diverses institutions gouvernementales, reflétant les intérêts des marchés financiers. L’objectif actuel est de démanteler complètement l’ensemble de l’appareil de santé publique, y compris les métriques nécessaires de la COVID qui donnent une idée de l’ampleur de la calamité.

Proportion des personnes vaccinées contre la COVID-19 au 28 janvier 2022 (en foncé: la proportion des personnes entièrement vaccinées; en pâle: la proportion des personnes partiellement vaccinées)

Bref, la promesse de compter uniquement sur les vaccins comme stratégie de sortie a été désastreuse. Les scientifiques de l’Organisation mondiale de la santé avaient lancé des avertissements à cet effet, déclarant que le fait de dépendre des vaccins sans contrôles stricts de l’infection risquait d’engendrer de nouveaux variants plus virulents du virus SRAS-CoV-2. Ces affirmations se sont avérées exactes.

Le fait qu’on a administré 10 milliards de doses de vaccins en un peu plus d’un an est un exploit stupéfiant en matière de santé publique qui dément l’affirmation constamment répétée selon laquelle le virus est inarrêtable. Il apporte la preuve objective que l’intérêt malveillant des élites dirigeantes pour les vaccins n’est pas un baume social mais un instrument politique.

Une telle quantité est plus que suffisante pour offrir à chaque personne sur la planète au moins une dose de vaccin COVID. Sans compter les 680 millions d’enfants de moins de cinq ans, pour lesquels aucun vaccin n’a encore été approuvé, il y a environ 7,3 milliards de personnes. Mais seuls 4,8 milliards, soit moins des deux tiers des personnes éligibles, ont reçu ne serait ce qu’une seule dose. Un peu plus de la moitié de la population est jugée entièrement vaccinée. Alors que les pays à revenu élevé ont entièrement vacciné 72 pour cent de leur population, les pays à faible revenu, principalement sur le continent africain, ont réussi à donner une seule dose à moins de 10 pour cent de leur population.

Doses de vaccins pour 100 personnes par catégorie économique (en rouge: faible revenu; en rose: revenu moyen-faible; en turquoise: revenu moyen-élevé; en bleu: revenu élevé) [Source: Our World In Data]

Ces disparités marquées sont un sous-produit du nationalisme vaccinal qui a conduit les pays riches à accaparer ces traitements vitaux, exacerbé par l’émergence de souches plus virulentes, contagieuses et immunodépressives qui ont rendu nécessaire l’administration d’une troisième dose et, pour certains, d’une quatrième, en particulier aux personnes âgées ou à celles qui présentent des problèmes de santé importants. Compte tenu des limites de l’offre, ces doses supplémentaires, principalement dans les pays riches et pour l’élite privilégiée des pays pauvres, se sont faites au détriment de la masse de la population en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

Les pays à revenu élevé et moyen-élevé ont administré suffisamment de vaccins COVID pour offrir 180 doses pour 100 personnes. En théorie, cela signifie que 90 pour cent de la population pourrait être entièrement vaccinés avec deux doses. Sur le continent africain, on a administré 25 doses pour 100 personnes, soit un peu plus de 300 millions de doses. À titre de comparaison, les États-Unis ont administré 537 millions de doses alors que leur population est le quart de celle de l’Afrique.

Objectivement, le taux de vaccination dans ces régions à revenu élevé est lié à des facteurs socio-économiques et à des initiatives nationales. Alors que les États-Unis n’ont entièrement vacciné que 63 pour cent de leur population, des pays comme le Canada (79 pour cent), la Chine (85 pour cent), Singapour (87 pour cent), l’Australie (78 pour cent) et de nombreux pays de l’UE à revenu élevé ont entièrement vacciné bien plus que l’objectif de 70 pour cent fixé par l’Organisation mondiale de la santé pour 2022.

Sur les dix milliards de doses administrés, près d’un milliard l’ont été sous forme de doses de rappel. Les pays à revenu élevé et à revenu moyen-élevé ont reçu la part du lion avec plus de 898 millions de troisièmes doses (et quatrièmes doses). Toutefois, dans le contexte du variant Omicron, qui échappe à l’immunité, et de la nécessité d’une troisième dose pour être considéré comme pleinement vacciné, il en résulte qu’un peu plus de 11 pour cent de la population mondiale peut désormais être considérée comme pleinement vaccinée. Les États-Unis n’ont administré une injection de rappel qu’à un quart de leur population, tandis que les pays de l’UE approchent de la moitié.

Doses de rappels du vaccin COVID pour 100 personnes par groupe de revenu (description des courbes, du bas vers le haut: faible revenu, revenu moyen-faible, population mondiale, revenu moyen-élevé, États-Unis, revenu élevé) [Source: Our World In Data]

Actuellement, entre 25 et 30 millions de doses de vaccins COVID sont administrées chaque jour dans le monde. Même si des initiatives coordonnées qui visent à distribuer équitablement les vaccins étaient mises en place, à ce rythme, il faudrait encore quatre mois pour que 75 pour cent de la population mondiale reçoive la première dose, un autre objectif fixé par l’OMS.

Les pays à revenu moyen-faible n’ont réussi à donner à leur population que 96 doses pour 100 personnes, et les pays à faible revenu moins de 14 doses pour 100 personnes. Comme l’écrivait récemment Bloomberg, «les 107 pays les plus riches du monde – dont la Chine, les États-Unis et l’Europe – représentent 54 pour cent de la population mondiale, mais ont utilisé 71 pour cent des vaccins. Les pays moins riches, comme l’Inde, une grande partie de l’Afrique et certaines régions d’Asie, représentent près de la moitié des habitants de la planète, mais moins de 30 pour cent des vaccins administrés.»

Malgré ces inégalités flagrantes, l’exploit remarquable d’inoculer des milliards de personnes n’a pas conduit à la fin de la pandémie, comme tant de dirigeants des puissances impérialistes l’avaient promis. Au contraire, l’initiative limitée au seul vaccin a engendré les vagues Delta et Omicron, démontrant l’échec de cette politique.

Selon le tableau de bord COVID-19 de l’OMS, il y a eu 360,6 millions d’infections confirmées, dont 290 millions ont été contractées depuis l’introduction des vaccins COVID à la mi-décembre 2020. Sur les 5,62 millions de décès cumulés dus à la COVID pendant la pandémie, près de quatre millions ont eu lieu après la mise à disposition des vaccins.

En moins de deux ans, les États-Unis, qui ont été l’épicentre constant de la pandémie de COVID, ont vu plus de 900.000 Américains périr de leur infection, le chiffre le plus élevé de tous les pays du monde. Lorsque l’infirmière Sandra Lindsay a reçu la première dose de vaccin COVID dans le Queens, à New York, le 14 décembre 2020, inaugurant ainsi la campagne de vaccination aux États-Unis, le nombre total de décès dus à la COVID avait atteint le chiffre stupéfiant de 320.000. Les vaccins ont été présentés en grande pompe par les médias comme le début de la fin de la pandémie. Depuis lors, cependant, 580.000 autres personnes ont péri aux États-Unis.

Actuellement, le nombre d’infections quotidiennes aux États-Unis reste bien supérieur aux sommets atteints avant Omicron, avec plus d’un demi-million de cas par jour. La moyenne quotidienne des décès dus à la COVID a augmenté régulièrement depuis décembre, lorsque les chiffres étaient passés sous la barre des 1.000 décès par jour. Ils sont maintenant à 2.500 par jour, ce qui dépasse le pic de décès de la vague Delta et se rapproche rapidement des sommets meurtriers de la pire période de l’hiver dernier, lorsque la moyenne sur sept jours a atteint 3.323. Il est à noter que tous les décès actuels dus à la COVID sont attribuables au variant Omicron, ce qui réfute totalement les affirmations maintes fois répétées selon lesquelles il ne s’agit que d’une infection bénigne.

Les chiffres officiels des décès dus à la COVID sont connus pour sous-estimer l’ampleur réelle du malheur et de la dévastation. Un grand nombre des personnes infectées et décédées n’ont jamais été testées et sont ainsi perdues dans les rapports statistiques officiels. Il y a aussi les personnes touchées indirectement par la pandémie, qui sont mortes de causes non liées à la COVID, mais évitables. En raison du débordement des systèmes de santé par les patients ou de la peur d’être infecté, leur état s’est suffisamment détérioré pour que toute intervention médicale devienne futile.

En ce sens, les décès excédentaires fournissent une mesure plus fiable de la mortalité totale due à la COVID-19. Selon la définition de l’Economist, «ce chiffre est l’écart entre le nombre de personnes décédées dans une région donnée au cours d’une période donnée, quelle qu’en soit la cause, et le nombre de décès auxquels on aurait pu s’attendre si une circonstance particulière [en l’occurrence, la pandémie de COVID] ne s’était pas produite».

L’estimation actuelle de la surmortalité dans le monde est 3,6 fois plus élevée que le nombre officiel de décès dus à la COVID-19. Avec 20,4 millions, ce chiffre dépasse tous les décès civils et de combat survenus au cours des quatre années de la Première Guerre mondiale. La Bulgarie, un pays de 6,9 millions d’habitants, où 22 pour cent de la population vit sous le seuil de pauvreté de 185 euros par mois, revendique la malheureuse distinction de posséder le plus grand nombre de décès excédentaires par habitant.

Estimation du nombre de décès excédentaires dans le monde et nombre de décès officiels liés à la COVID-19 (les décès officiels sont en gris; la surmortalité est en rouge) [Source: The Economist]

Parmi les pays où la surmortalité pour 100.000 habitants est la plus élevée figurent de petits pays d’Europe de l’Est comme la Bulgarie, ainsi que la Russie, l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Pérou, le Mexique et les États-Unis. Selon les estimations actuelles, la surmortalité mondiale quotidienne a atteint un pic pandémique de 78.100 par jour (28 janvier 2022), bien supérieur aux pics de la mi-mai 2021, lorsque Delta ravageait l’Inde.

À la mi-décembre 2020, le nombre de décès excédentaires avait atteint 5,2 millions. Au cours des 13 mois qui ont suivi l’introduction publique des vaccins COVID, 15 millions de personnes supplémentaires sont mortes alors qu’elles auraient pu être sauvées si un effort international coordonné avait été déployé pour éliminer la COVID dans le monde entier.

Pour les personnes complètement inoculées avec deux doses, les vaccins actuels, formulés pour combattre l’ancestral SRAS-CoV-2 rencontré pour la première fois à Wuhan, n’offrent qu’une efficacité de 44 pour cent contre l’hospitalisation due à une infection Omicron si la dernière dose a été administrée plus de 25 semaines auparavant. L’efficacité des vaccins pour prévenir la maladie symptomatique due à Omicron est de zéro à 10 pour cent, ce qui n’a pratiquement aucune valeur. Une étude britannique récente a révélé que plus des deux tiers des personnes infectées par Omicron avaient déjà été infectées auparavant.

Les variants actuels du coronavirus Omicron, BA.1 et BA.2, sont très contagieux et font des ravages dans tous les pays où ils se sont implantés. Leur capacité à échapper à l’immunité rend l’immunité collective scientifiquement impossible. Et l’idée de permettre au virus de devenir endémique est un stratagème politique. Un Omicron endémique signifiera des épisodes d’infection répétés, une pandémie permanente.

Seule la classe ouvrière internationale, armée de la science de la santé publique, peut vaincre cette pandémie. La nature globale d’un tel effort exige que les travailleurs de toutes les industries et de toutes les régions apprennent à mettre de côté leurs différences basées sur le nationalisme ou le compartimentage et reconnaissent qu’ils partagent un objectif global commun. La révolution socialiste est le mécanisme qui permettra de mettre fin à la pandémie et de contrer les affirmations catastrophistes selon lesquelles le virus du SRAS-CoV-2 vivra à perpétuité.

(Article paru en anglais le 2 février 2022)

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