Plus de 200 000 enfants aux États-Unis ont perdu un parent ou un aidant principal à cause de la COVID-19

Selon le Dr Charles Nelson, professeur de pédiatrie et de psychiatrie à l’université Harvard, plus de 200.000 enfants aux États-Unis ont maintenant perdu un parent ou un aidant principal à cause de la COVID-19. Nelson est coauteur d’une étude, publiée dans la revue Pediatrics en octobre 2021, sur l’impact des décès de parents et d’aidants principaux dus à la COVID-19. Au moment de la publication initiale de l’étude, 140.000 décès d’aidants principaux avaient été signalés aux États-Unis en date du 30 juin 2021 – un chiffre qui a augmenté d’environ 50 % depuis avec les poussées des variants Delta et Omicron.

Richard Gomez tient dans ses bras son fils d’un an, Jacob, né en 2020 alors que sa mère était hospitalisée pour la COVID-19, à l’hôpital Providence Mission de Mission Viejo, en Californie, le jeudi 9 décembre 2021 (AP Photo/Jae C. Hong)

Le chiffre stupéfiant de 200.000 enfants privés de leur aidant principal représente une perte sociale et personnelle incalculable qui aura un impact à vie sur tous ceux affectés. Selon une étude de 2018 publiée dans The American Journal of Psychiatry, la perte d’un parent prédispose les enfants à «la dépression, au syndrome de stress post-traumatique et à la déficience fonctionnelle». Selon les auteurs de l’étude, «la perte d’un parent est l’un des événements les plus stressants qu’un enfant puisse vivre.»

Ces pertes sont dévastatrices et déstabilisantes. Les enfants sont parfois contraints d’emménager chez des parents qu’ils ne connaissent pas bien, tandis que d’autres sont confrontés à des placements en famille d’accueil ou à des foyers de groupe.

«En aucun cas, ces enfants ne devraient être placés dans des institutions, a déclaré Nelson à Newsweek la semaine dernière. Il y a un risque, en particulier pour les enfants plus âgés, qu’ils soient placés dans des foyers collectifs ou en soins résidentiels, plutôt que d’être placés dans une famille.»

Tami Logsdon, directrice de programme au Children’s Bereavement Center of South Texas, a déclaré à Newsweek: «Nous connaissons des circonstances où des personnes d’à peine 20 ans tentent de s’occuper de trois frères et sœurs plus jeunes.»

Selon Lodgson, les perturbations causées par le deuil peuvent entraîner un retard scolaire chez les enfants, et que beaucoup d’entre eux auront du mal à rattraper. Le deuil peut également entraîner des changements de comportement, comme le repli sur soi ou un comportement excessif. Les experts mettent en garde qu’un deuil prolongé expose les enfants à un risque accru de toxicomanie et de suicide, sans compter à des problèmes relationnels à l’âge adulte.

Le 30 décembre 2020, David, le mari de Margaret Garza, l’a appelée pour lui dire qu’il avait le souffle court. Margaret a appelé une ambulance pour lui, puis l’a rappelé. «... la dernière chose que je l’ai entendu dire, c’est «aidez-moi je vous en supplie», a-t-elle déclaré à Newsweek. David est mort de la COVID-19 peu de temps après.

Cinq ans auparavant, les Garza avaient adopté deux jeunes garçons issus du système de placement familial du Texas. Julius, aujourd’hui âgé de 14 ans, et Aidan, 12 ans, ont été placés en famille d’accueil à l’âge de deux et quatre ans. «Quand nous les avons adoptés, ils avaient la stabilité d’une mère et d’un père... et puis leur père est mort. Cela leur a été enlevé», déclare Margaret Garza. Je pense qu’ils vivent un peu dans la peur parce qu’ils savent que leur père est mort de la COVID. Ils portent leurs masques, ils se lavent les mains, ils font toutes ces choses... ils sont très prudents», dit Margaret Garza à propos de ses fils.

La douleur des Garza est vécue par des centaines de milliers d’autres familles dans tout le pays. Le 23 septembre 2021, Misti Mitchem, 46 ans, du comté de Stafford, en Virginie, est décédée dans un hôpital de Fredericksburg quelques jours seulement après avoir reçu un diagnostic de COVID-19. Deux semaines plus tard, son mari, Kevin, 48 ans, a lui aussi succombé au virus. Les Mitchell avaient cinq enfants; les quatre plus jeunes, âgés de 11 à 17 ans, ont été recueillis par une tante et un oncle en Caroline du Sud. Les survivants de la famille ont été contraints, comme pour tant d’autres familles, de faire appel à des sites de financement participatif pour répondre aux besoins des enfants.

Bien que personne ne puisse attribuer de façon responsable les 200.000 décès connus d’aidants principaux à la réouverture des écoles, il ne fait aucun doute que cette politique a grandement contribué à cet horrible phénomène. Le mois dernier, un psychologue clinicien du New Jersey déclarait au World Socialist Web Site qu’au cours de la première semaine de cette année, deux de leurs élèves avaient attrapé la COVID-19 à l’école et infecté et tué par inadvertance leur mère et leur grand-mère, respectivement.

En août 2021, Marshall Hammond, 12 ans, de Géorgie, a perdu son père Sean, enseignant et entraîneur de football. La mère de Marshall, Heidi, également enseignante, est décédée après son mari seulement un mois plus tard, laissant Marshall orphelin. Les Hammond font partie des plus de 2000 éducateurs qui sont morts de la COVID-19 aux États-Unis.

Le variant Omicron, hautement transmissible, a impacté la population infantile à un taux plus élevé que les variants précédents, rendant les salles de classe plus dangereuses que jamais. Selon l’American Academy of Pediatrics (AAP), près de 4,2 millions de cas pédiatriques de COVID-19 ont été signalés en janvier 2022, les enfants représentant désormais près de 25 % de tous les cas aux États-Unis.

Le rapport de l’AAP de cette semaine a révélé que plus de 630.000 cas pédiatriques de COVID-19 ont été officiellement déclarés au cours de la semaine se terminant le 3 février. Bien que ce nombre soit en baisse par rapport aux 1.150.000 cas signalés au pic de la vague du variant Omicron en janvier, les cas pédiatriques ont doublé par rapport à ceux signalés au pic de la vague du variant Delta qui a coûté la vie aux Hammond.

Selon le rapport de l’AAP, près de 2000 enfants ont été hospitalisés pour la COVID-19 la semaine dernière, et 21 autres ont tragiquement succombé au virus. Une base de données distincte des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) a enregistré 104 décès pédiatriques dus à la COVID-19 au cours des deux dernières semaines seulement, soit une moyenne de plus de 7 décès d’enfants par jour.

Le variant Omicron était une menace connue à la fin du mois de novembre 2021, lorsque des reportages en provenance du Botswana et d’Afrique du Sud ont clairement montré que les nouvelles mutations du virus le rendaient à la fois plus contagieux et plus dangereux pour les enfants.

Forte de ces connaissances, l’administration Biden aurait pu fermer les écoles et les lieux de travail pour arrêter la propagation de la COVID-19. Au lieu de cela, Biden, avec l’aide de charlatans en blouse blanche tels que Monica Gandhi, a prétendu à tort que le variant Omicron était moins virulent que les variants précédents et que ses profondes mutations annonçaient la transition vers un virus endémique bénin, semblable au rhume. Les enseignants et les élèves ont ensuite été entassés dans les salles de classe alors que ce variant hautement contagieux se répandait.

L’extraordinaire pic de cas pédiatriques de COVID-19 signifie que ces enfants ont ramené le virus, avec tout son potentiel mortel, chez eux, auprès de leurs aidants principaux vulnérables. Essentiellement on enjoint aux enseignants – dont beaucoup sont eux-mêmes parents – de courir le risque de rendre leurs enfants orphelins pour que les écoles restent ouvertes.

La réouverture des écoles est une expérience meurtrière pour la vie des enfants et des enseignants. Les syndicats d’enseignants sont complices de cette entreprise criminelle en étouffant les débrayages à Chicago, Oakland et dans d’autres villes. En janvier, des responsables syndicaux à Bâton Rouge, en Louisiane, ont humilié et dénoncé les enseignants prenant des congés de maladie pour protester, les accusant d’abandonner leurs élèves les plus vulnérables.

Randi Weingarten, présidente de la Fédération américaine des enseignants (American Federation of Teachers – AFT), travaille en étroite collaboration avec l’administration Biden et facilite sa politique d’enseignement entièrement en personne. À l’automne 2021, elle a organisé une réunion publique avec d’éminents négationnistes de la COVID-19 et des militants anti-vaccins, signalant, sous couvert de discours civil, sa complicité avec leurs attaques contre la science et l’éducation publique. Comme Biden, elle porte une énorme responsabilité dans le nombre massif de décès dus à la COVID-19.

Samedi, Weingarten a tweeté un lien vers un article du New York Times sur le nombre de morts de la COVID-19, en commentant: «Le nombre de morts de la COVID-19 aux États-Unis a dépassé les 900.000. Que leur souvenir soit béni». Bien consciente du mécontentement des enseignants qu’elle représente, Weingarten a désactivé les commentaires sur son tweet grotesque et insensible.

Alors que le nombre de victimes de la COVID-19 augmente, l’attaque bipartisane contre les travailleurs et leurs familles se poursuit. Plusieurs États dirigés par le Parti démocrate ont annoncé lundi leur intention d’assouplir les obligations en matière de port du masque, notamment le New Jersey, la Californie, le Connecticut, le Delaware et l’Oregon.

Cette attaque bipartisane, non seulement contre les travailleurs mais aussi contre la science, souligne l’importance de l’Enquêteouvrière mondiale sur la pandémie de COVID-19 lancée par le WSWS pour démasquer les crimes commis au cours des deux dernières années et qui se poursuivent aujourd’hui. Grâce à l’Enquête, les travailleurs et les scientifiques de principe jouissent d’une plate-forme pour partager leurs expériences pendant la pandémie et pour contrer les mensonges sur lesquels Biden et autres politiciens construisent leurs politiques criminelles d’immunité collective.

Défiant les administrateurs scolaires et leurs propres syndicats, plein d’enseignants décident de quitter leurs classes pour exiger l’adoption de mesures de sécurité raisonnables. Des comités de sécurité indépendants, composés de travailleurs de la base, obtiennent le soutien d’un nombre croissant de travailleurs. L’Enquête ouvrière mondiale sur la pandémie de COVID-19 est un outil crucial pour éduquer les travailleurs, amplifier leurs voix et les préparer à une lutte mondiale contre la bourgeoisie.

(Article paru en anglais le 8 février 2022)

Loading