La directrice du CDC tient un discours anti-masque alors que des milliers d’Américains meurent chaque jour

La Dre Rochelle Walensky, directrice des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), a déclaré mercredi: «Nous voulons donner aux gens une pause dans des choses comme le port de masques».

Les commentaires de Walensky sont intervenus alors que 2.200 personnes mouraient en moyenne chaque jour aux États-Unis du COVID-19.

Un sondage réalisé par «CBS News-YouGov» a révélé que 56 pour cent des Américains sont favorables à l’obligation de porter un masque dans les salles de spectacle.

La Dre Rochelle Walensky, directrice des Centres de contrôle et de prévention des maladies, s'exprime lors d'un événement le 8 décembre 2020 à Wilmington, Delaware. (AP Photo/Susan Walsh)

Une personne sur 300 aux États-Unis (soit plus de 955.000 au total) est décédée des suites du COVID-19, ce qui est certainement une sous-estimation. Déjà plus de 80 millions d’Américains ont été infectés en deux ans, depuis que la pandémie a commencé à prendre pied dans le pays. Jeudi, 2.184 personnes sont mortes des complications du COVID-19. Plus de 97 pour cent des comtés du pays continuent de rapporter des taux élevés de transmission communautaire.

Le «Centre de modélisation de scénarios COVID-19» (COVID-19 Scenario Modeling Hub), basé à l’université de Penn State et utilisant de nombreux ensembles de données pour établir ses prévisions, qui sont partagées avec la Maison-Blanche, avait prévu qu’entre la mi-décembre et la mi-mars, les États-Unis pouvaient s’attendre à 191.000 décès. Jusqu’à présent, 130.000 personnes sont mortes et, au rythme actuel, on peut considérer que cette estimation est très fiable.

En effet, lorsque l’Organisation mondiale de la santé a déclaré qu’Omicron était un variant préoccupant, les nouvelles ont abondé en disant à quel point Omicron était bénin et qu’on devrait se réjouir de l’infection massive qui offrirait à la population une immunité collective. Les médias ont professé ces sentiments alors que le souvenir de Delta était encore frais dans l’esprit de la population.

En particulier, la vague d’Omicron a produit un pic de mortalité qui a éclipsé l’attaque de Delta. Les proportions catastrophiques de l’hiver dernier se sont trouvées dépassées de 25 pour cent. Et ce, bien que 75 pour cent de la population adulte a reçu l’ensemble des doses de vaccin.

Lors d’un récent podcast «In the Bubble» animé par Andy Slavitt, ancien conseiller principal par intérim du coordinateur de la réaction au COVID-19 dans le gouvernement Biden, un des invités était le Dr Kristian Andersen de la Scripps Clinic de La Jolla, en Californie. Ensemble, ils ont soulevé une question importante. À quoi ressemblerait une situation endémique?

Le Dr Andersen a fait remarquer qu’un retour à la normale en 2019 signifierait qu’on devait s’attendre à ce que chaque membre de la population soit infecté au moins deux fois par an. Il a ajouté: «Si on envisage le nombre de décès qui résulterait de cette situation, on doit également être réaliste: ce ne sera pas un simple rhume ou une grippe». Slavitt a rétorqué: «Écoutez, je ne pense pas qu’ils veuillent dire cela, mais je pense qu’il est implicite dans ce projet d’accepter qu’il y aura, au moins aux États-Unis, 200 à 250 mille décès par an au départ».

Comme le soulignent les estimations données par Slavitt, un état «endémique» peut être mortel année après année sans que l’on puisse en voir la fin.

Au Danemark, où les autorités sanitaires appliquent le «modèle danois», qui consiste à laisser le virus se propager quelles qu’en soient les conséquences, les cas quotidiens continuent d’atteindre des sommets pandémiques de plus de 50.000 par jour. Le nombre de décès a rattrapé le pic de l’hiver dernier et continue d’augmenter. Cette vague a fait plus de victimes que toutes les autres vagues de la pandémie.

La souche dominante au Danemark est la BA.2, dont les résultats d’une étude récente menée au Japon sont très inquiétants. Non seulement est-elle plus contagieuse que son cousin éloigné BA.1, elle semble également causer des maladies plus graves et pourrait avoir la capacité de détourner certains des traitements importants utilisés contre les infections par le SRAS-CoV-2.

Kei Sato, le chercheur qui a mené l’étude à l’Université de Tokyo, a expliqué que BA.2 a fortement muté et a fait valoir que ses résultats établissent que BA.2 doit être considéré comme une nouvelle souche. La Dre Déborah Fuller, virologue à la faculté de médecine de l’université de Washington, qui a examiné l’étude, a déclaré à CNN: «Il semble que nous soyons en présence d’une nouvelle lettre grecque».

Le sous-variant Omicron commence à se répandre sur les côtes est et ouest des États-Unis. Bien qu’il représente moins de cinq pour cent de tous les cas séquencés, certains experts préviennent qu’il deviendra dominant aux États-Unis et dans le monde entier. Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, dans la région 3, qui comprend la Pennsylvanie, la Virginie occidentale, la Virginie, le Delaware et le Maryland, le variant BA.2 représentait 6,2 pour cent des cas.

Ces développements coïncident avec les efforts du gouvernement Biden pour déclarer politiquement que la pandémie est terminée. Les politiques qu’il mettra en œuvre dans les prochaines semaines, de concert avec la croissance du variant BA.2, conduiront probablement à une autre vague massive d’infections.

(Article paru en anglais le 18 février 2022)

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