Les CDC demandent aux Américains de retirer leurs masques alors que le nombre de décès dus à la COVID-19 approche le million

Vendredi, à l’heure où les médias bourgeois et l’establishment politique détournaient toute l’attention sur la guerre en Ukraine, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont publié des directives actualisées qui découragent les gens de porter des masques dans la grande majorité du pays. Ces directives sont les dernières d’une série de directives non scientifiques qui ne feront qu’aggraver la catastrophe qui s’est abattue sur les États-Unis au cours des deux dernières années.

Le changement de politique irréfléchi des CDC a été publié quelques semaines seulement avant que le nombre officiel de décès aux États-Unis ne dépasse le million. Le site Worldometers a enregistré 973.119 décès dus à la COVID-19 aux États-Unis. Près de 2.000 personnes meurent chaque jour.

En substance, les CDC recommandent désormais aux gens de porter des masques en fonction de la capacité des hôpitaux de leur comté, plutôt que du niveau de transmission communautaire de la COVID-19. Du jour au lendemain, près de 70 pour cent des Américains sont passés, comme par magie, d’une région où la menace du coronavirus était «élevée» à une région où elle était «faible» ou «moyenne», en raison du changement de paramètres.

Cartes qui montrent le changement radical entre les directives de port du masque des CDC basées sur les infections (à gauche) et les hospitalisations (à droite). Du jour au lendemain, 70 pour cent de la population américaine est soudainement passée d’un niveau de risque «élevé» à un niveau «faible» ou «moyen».

Tous les aspects de ces directives ne sont pas scientifiques. La COVID-19 est principalement transmise par des aérosols microscopiques qui peuvent rester dans l’air pendant des heures après avoir été expirés par une personne infectieuse. L’utilisation de masques N95 ou mieux bien ajustés ou de respirateurs en élastomère fait partie des outils les plus importants pour lutter contre la pandémie.

Étant donné que les personnes infectieuses peuvent transmettre la COVID-19 alors qu’elles sont présymptomatiques ou asymptomatiques, le seul moyen de prévenir la transmission du virus est l’utilisation universelle de masques de haute qualité, qui doivent être obligatoires dans tous les lieux publics intérieurs. Si l’on ajoute la fermeture temporaire des lieux de travail et des écoles non essentiels (avec une indemnisation complète des travailleurs et des propriétaires de petites entreprises), des tests de masse, la recherche des contacts, l’amélioration de la ventilation et toute autre mesure de santé publique, on pourrait éliminer la COVID-19 dans le monde entier d’ici la fin du mois de mai.

En rejetant ces vérités scientifiques de base, les CDC et la Maison-Blanche montrent clairement qu’ils ne cherchent plus à arrêter ou même à ralentir la transmission de la COVID-19. Dans les diapositives qui accompagnent les nouvelles directives, pour la première fois, les CDC déclarent explicitement qu’ils ne cherchent pas à éliminer le virus. Ils écrivent que leur objectif est de «passer de l’élimination de la transmission du SRAS-CoV-2 à des mesures plus pertinentes compte tenu des niveaux actuels d’immunité de la population et des outils disponibles».

Décourager l’utilisation de masques n’a aucun fondement scientifique ou de santé publique. Il s’agit plutôt d’une décision politiquement motivée, liée à la stratégie de la classe dirigeante qui consiste à forcer les travailleurs à «vivre avec le virus». Elle a été planifiée pour avoir lieu quelques jours seulement avant le discours de Biden sur l’état de l’Union qui sera prononcé à un public sans masque pour promouvoir l’illusion que la pandémie est terminée.

En réaction à la propagation rapide du variant Omicron, l’ensemble de l’establishment politique a adopté la stratégie de l’«immunité collective», c’est-à-dire des infections de masse dont le gouvernement Trump a été le pionnier, maintenant sous le couvert de fausses affirmations selon lesquelles la COVID-19 est «endémique». Leur objectif est de rendre la COVID-19 permanente, quel que soit le nombre d’infections et de décès que cela entraînera.

Depuis qu’on a publié les dernières directives des CDC vendredi dernier, de nombreux scientifiques, travailleurs et militants anti-COVID ont dénoncé les CDC et sa directrice, la Dre Rochelle Walensky, leur reprochant d’avoir modifié les directives et de faire courir à tous les Américains un risque accru de contracter et de transmettre la COVID-19.

Dans l’un des tweets les plus partagés, le professeur de chirurgie et d’épidémiologie de l’Université Johns Hopkins, Dorry Segev, a résumé le caractère totalement non scientifique des directives des CDC:

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«Si vous pensez que les nouvelles directives des CDC sur le port du masque sont prématurées, ignorent la prévention, ignorent la COVID longue, ignorent les dizaines de millions de personnes immunodéprimées ou qui ne peuvent être vaccinées et ignorent le risque de nouveaux variants… Eh bien, vous avez malheureusement raison. »

On a multiplié par 20 le seuil de transmission «faible» dans les nouvelles directives par rapport à la métrique précédente. Ce dernier passe de 10 cas pour 100.000 habitants à 200 cas pour 100.000 habitants. Un collecteur anonyme de données anti-COVID a attiré l’attention sur ce changement brutal des seuils de transmission à l’aide d’un graphique:

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«Les anciens et les nouveaux seuils de transmission de la COVID selon les CDC, en nombre de cas sur 100.000, par semaine. »

La Dre Eleanor Murray, épidémiologiste de l’université de Boston, a fait remarquer que les nouvelles directives ignorent les «bases des maladies infectieuses»:

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«Les CDC semblent avoir oublié les bases des maladies infectieuses avec ces nouvelles catégories de risque. Les gens infectés par le SRAS-Cov-2 peuvent transmettre la maladie pendant des jours avant de montrer des symptômes, et pendant une semaine ou plus avant de développer une “maladie grave”. La conséquence ne peut être qu’une catastrophe.»

Gregg Gonsalves, professeur à Yale et épidémiologiste spécialisé dans les maladies infectieuses, a écrit un fil de discussion largement partagé qui met en évidence plusieurs des principes non scientifiques des nouvelles directives des CDC. Dans l’un d’eux, il établit un parallèle entre les lignes directrices et la déclaration de Great Barrington, que le WSWS a qualifiée de «manifeste de la mort»:

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«Oui, nous devrions minimiser les hospitalisations et les décès, mais “protéger les vulnérables” ressemble un peu trop à la déclaration de Great Barrington. En fait, il faut FAIRE QUELQUE CHOSE pour protéger les millions de vulnérables, le DIRE ne suffit pas.»

John Bracey, professeur de latin dans le Massachusetts, a tweeté sur un ton sarcastique:

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«Je suis peut-être vieux jeu, mais il me semble que les Centres de contrôle de la maladie devraient essayer de contrôler la maladie.»

Dana Parish, auteur et militante qui lutte contre la COVID longue durée, a souligné les dangers accrus auxquels toute la société est confrontée et a encouragé chacun à porter des masques de haute qualité:

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«Soyons tout à fait clairs, PERSONNE N’EST À FAIBLE RISQUE POUR LA COVID LONGUE (#LongCovid). J’apprécie le sentiment que nous devons protéger ceux qui sont immunodéprimés, mais c’est erroné. Des personnes en santé qui contractent la COVID deviennent l’ombre d’elles-mêmes. Chaque jour. Portez un N95 pour vous protéger. Tout le monde.»

Contrairement à ces déclarations d’opposition fondées sur des principes, un groupe de scientifiques carriéristes qui ont approuvé la suppression de toutes les mesures d’atténuation a immédiatement couvert les CDC. Le plus effronté est le Dr Ashish Jha, le doyen de l’école de santé publique de l’université Brown et l’un des invités les plus fréquents des chaînes d’information pour minimiser la pandémie et justifier chaque changement de politique non scientifique du gouvernement Biden.

Vendredi, avant la publication des lignes directrices des CDC, le New York Times a publié un article d’opinion du Dr Jha, qui a manifestement été rédigé bien avant la publication des lignes directrices des CDC et coordonné avec la Maison-Blanche. Dans cette colonne, il décrit les directives comme «un changement bienvenu» qui est «raisonnable, opportun et conforme à la science». Dr Jha a faussement affirmé: «Aujourd’hui, en raison du haut degré d’immunité de la population, la capacité du virus à provoquer une maladie grave et la mort est beaucoup plus variable».

Ben Wakana, directeur adjoint des communications stratégiques et de l’engagement pour l’équipe COVID-19 de la Maison-Blanche, a tweeté l’article du Dr Jha et a commenté: «Commentaire réfléchi de @ashishkjha à un moment important».

Un éditorial similaire a été publié dans le Washington Post par Leana Wen, médecin et «analyste médicale» de CNN, qui a été l’une des plus ardentes défenseures de la levée de toutes les mesures d’atténuation pendant la vague Omicron.

Les déclarations de Jha, Wen et autres universitaires grassement payés ne tiennent pas la route.

Bien qu’une grande partie de la population soit vaccinée aux États-Unis, les hospitalisations et les décès sont montés en flèche pendant la vague Omicron. Il y a seulement un mois, le 20 janvier 2022, les hospitalisations liées à la COVID-19 ont atteint leur record historique de 159.545, avec 26.471 patients en soins intensifs. Omicron a causé le deuxième plus grand nombre de décès de toutes les vagues aux États-Unis, où plus de 2.000 personnes meurent presque chaque jour au cours du mois dernier.

La vague Omicron a été dévastatrice pour les enfants, avec des hospitalisations et des décès pédiatriques qui ont éclipsé les précédents records établis lors de la vague Delta de l’automne dernier. Depuis dimanche, les CDC ont recensé 1.430 décès d’enfants dus à la COVID-19. Il s’agit d’une augmentation de 84 décès en seulement huit jours. Cela fait plus de 10 enfants décédés de la COVID-19 chaque jour au cours de la semaine écoulée, de loin la plus forte augmentation depuis le début de la pandémie.

Le gouvernement Biden est farouchement opposé à la mise en place de mesures de confinement avec plein salaire et d’autres mesures de santé publique pour stopper la pandémie. Il s’est plutôt engagé dans une campagne de propagande massive pour dissimuler l’horrible réalité qui existe actuellement.

La suppression actuelle du port du masque obligatoire est comparable à la recommandation non scientifique des CDC du 13 mai 2021, lorsque la Dre Walensky a dit aux personnes vaccinées qu’elles pouvaient arrêter de porter le masque. Cela a précipité la levée en masse du port de masque obligatoire à travers les États-Unis et a provoqué le tristement célèbre discours de Biden du 4 juillet, dans lequel il a proclamé l’«indépendance» vis-à-vis la COVID-19. En quelques semaines, l’horrible vague du variant Delta a commencé et ne s’est jamais complètement calmée avant la vague actuelle du variant Omicron. Plus de 330.000 Américains sont morts de la COVID-19 depuis le discours de Biden en juillet dernier.

La volonté actuelle d’arrêter prématurément le port du masque s’avérera encore plus désastreuse que ce qui s’est passé l’année dernière. Comme il y a un an, pour les quelque 7 millions de personnes immunodéprimées qui vivent aux États-Unis et pour lesquelles les vaccins n’offrent qu’une faible protection, chaque espace public sera à nouveau dangereux. Mais cette fois, les dangers seront permanents, car tout est fait pour faire croire que la pandémie est terminée.

Il est nécessaire de tirer les conclusions politiques de cette expérience. L’ensemble de l’establishment politique, les CDC, les médias bourgeois et une couche d’universitaires corrompus sont entièrement soumis à la classe dirigeante et on ne peut pas les faire changer de position.

Au lieu de suivre le conseil des CDC d’enlever leur masque, les travailleurs doivent enlever le bandeau de la propagande imposé de force par les politiciens et les médias bourgeois qui exigent qu’ils «vivent avec le virus» et acceptent la maladie, la mort et la débilitation sans fin.

Les mêmes contradictions du capitalisme sous-tendent à la fois leur réaction criminelle à la pandémie et l’escalade de leur campagne vers la guerre mondiale. La tâche essentielle est de construire un mouvement international de la classe ouvrière pour arrêter la course à la guerre et lutter plutôt pour éliminer la COVID-19 dans chaque pays.

(Article paru en anglais le 28 février 2022)

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