Trois études internationales sur les origines du coronavirus réfutent l’allégation de la «fuite du laboratoire» de Wuhan

«Quand vous regardez l’ensemble des preuves, c’est une image extraordinairement claire que la pandémie a commencée au marché de Huanan!» Commentaire de Dr Michael Worobey, biologiste évolutionniste à l’Université d’Arizona.

Au cours du week-end, trois études ont été publiées sous forme de préimpression. Elles apportent d’autres preuves irréfutables que le virus SRAS-CoV-2, responsable de la Covid-19, est passé de l’animal à l’homme, non pas une, mais au moins deux fois, sur le marché des fruits de mer de Huanan à Wuhan, en Chine, et dans ses environs, en l’espace de peu de temps, en novembre et décembre 2019.

Parmi les trois études, la première est celle des Centres chinois de contrôle et de prévention des maladies. Les deux autres se trouvent jumelées; il s’agit des rapports menés par un panel international de scientifiques distingués, des virologues et des experts dans leur domaine. Ces derniers offrent d’autres preuves irréfutables contre la construction en faillite, politiquement réactionnaire et fabriquée de toute pièce, selon laquelle le coronavirus a été conçu par des scientifiques chinois à l’Institut de virologie de Wuhan (WIV) puis libéré intentionnellement ou accidentellement dans la population.

Les études couplées ont eu une publication accélérée par Michael Worobey, Kristian Andersen et leurs collègues, peu après que les CDC chinois aient mis leur propre rapport en ligne. Cela montre que des experts chinois et étrangers sont parvenus aux mêmes conclusions de manière indépendante, chacun apportant une importante confirmation à l’autre.

Et pour l'autorité chinoise de santé et la collaboration internationale de ces scientifiques de principe qui se sont levés pour s'opposer à la crasse politique qui s'est déchaînée, c'est l'adhésion aux principes scientifiques et la congruence de leurs données qui leurs donnent raison. Il convient de noter que le Dr Worobey avait été l’un des nombreux scientifiques à demander, en mai 2021, que l’on approfondisse les recherches sur les origines du Covid. Cela comprenait la possibilité que le SRAS-CoV-2 se soit échappé de l’Institut de virologie de Wuhan.

L’étude chinoise est le premier rapport public officiel sur les centaines d’échantillons collectés dans et autour du marché de Huanan après sa fermeture le 1er janvier 2020. Bien qu’aucun des écouvillons d’animaux de 18 espèces n’ait été infecté par le coronavirus, 73 échantillons environnementaux ont été testés positifs par PCR avec trois virus vivants isolés, qui partageaient une identité nucléotidique avec les premiers isolats humains dans une fourchette de 99,98 à 99,993 pour cent.

Le nombre d’échantillons se répartit comme suit: 923 échantillons environnementaux collectés, dont 73 se sont révélés positifs, soit un taux de 7,9 pour cent. Sur les 828 échantillons prélevés à l’intérieur du marché de Huanan, 64 échantillons étaient positifs. Cinq des 14 échantillons prélevés dans des entrepôts adjacents qui appartiennent au marché étaient positifs. Parmi les 51 puits d’eaux usées des environs, trois étaient positifs. Enfin, un seul des 30 échantillons environnementaux qui provenaient d’autres marchés de Wuhan était positif.

Figure 1: Distribution des échantillons environnementaux positifs dans le Huanan Seafood Market. Rapport du CDC chinois

Sur les 64 échantillons positifs trouvés sur le marché, 87,5 pour cent (56 sur 64) ont été collectés dans la zone ouest du marché. L’étude a permis de réduire le plus grand groupe à une seule zone du marché, comme le montre la figure 1. De plus, les quatre puits d’eaux usées du marché ont été testés positifs, ce qui indique que les habitants du marché ont contaminé les eaux usées et non que les eaux usées contaminées sont à l’origine du groupe de cas.

Le CDC chinois a également rapporté les résultats des tests effectués sur environ 20 pour cent des vendeurs (134/678). Sur les 21 vendeurs du marché de Huanan qui ont testé positifs, 19 d’entre eux se trouvaient dans la zone ouest, et seulement deux dans la zone est. Ces données fournissent des preuves épidémiologiques considérables que le marché de Huanan est un catalyseur de l’épidémie d’infections.

En ce qui concerne les études jumelées, la journaliste scientifique Amy Maxmen de Naturea discuté avec le Dr Kristian G. Andersen, le directeur de la génomique des maladies infectieuses au Scripps Research Translational Institute de La Jolla, en Californie. Ce dernier est l’un des principaux auteurs avec le Dr Michael Worobey de l’analyse spatio-temporelle des infections autour du marché de Huanan. Maxmen a écrit ce qui suit a propos de cette discussion:

Leurs analyses ajoutent du poids aux soupçons initiaux selon lesquels la pandémie a commencé au marché de gros des fruits de mer de Huanan, où un bon nombre des personnes s’était rendu qui s’est trouvée infectée le plus tôt par le SRAS-CoV-2. Les prépublications contiennent des analyses génétiques d’échantillons de coronavirus prélevés sur le marché auprès de personnes infectées en décembre 2019 et janvier 2020, ainsi que des analyses de géolocalisation qui relient ces échantillons à une section du marché où des animaux vivants étaient vendus.

À l’aide de cartes fournies par le rapport de mission de l’OMS sur les origines du SRAS-CoV-2, ils ont entrepris d’épingler le lieu et la date exacte des cas connus de COVID-19 de Wuhan dont les symptômes sont apparus en décembre 2019. Grâce à cette approche simple, ils ont pu créer une carte de densité d’infection qui a placé Huanan à son épicentre. Même lorsque les cas sans lien avec le marché sont tracés, le marché de Huanan restait le site le plus plausible pour le début de la transmission dans la population.

Figure 2: Marché de Huanan, Wuhan, carte de densité d’infection - panneau A et B décembre 2019 et panneau C et D janvier et février 2020. Source : fil Twitter du Dr Michael Worobey.

Le Dr Worobey écrit: «Il y a un contraste frappant avec les cas survenus plus tard dans l’épidémie, lorsque le virus était plus répandu à Wuhan. Au début de 2020 [panneaux C et D, figure 2] on voit des cas dans tout le centre de Wuhan, des deux côtés du Yangtze. Nous avons constaté que les cas de décembre étaient à la fois plus proches et plus centré sur le marché de Huanan. Plus qu’à ce qu’on pouvait s’attendre compte tenu de la distribution de la densité de population de Wuhan ou de la distribution spatiale des cas de Covid plus tard dans l’épidémie. Son épicentre se trouvait au marché». [Notez également la distance entre le WIV (cercle rouge) et le marché de Huanan].

Comme le notent les auteurs de l’étude, «De multiples sources de preuves établissent le marché Huanan de Wuhan comme le site où la pandémie de COVID-19 a pris naissance à la fin de 2019»:

i. On a vendu des animaux sensibles au SRAS-CoV, dont des chiens viverrins, sur le marché en novembre et décembre 2019.

ii. Les vendeurs connus pour avoir vendu des chiens viverrins les années précédentes — et connus pour avoir vendu des mammifères vivants illégaux à la fin de 2019 — ont produit un grand nombre d’échantillons environnementaux positifs pour le SRAS-CoV2, dont plusieurs objets clairement associés à des animaux.

iii. Les échantillons environnementaux positifs sur le marché étaient concentrés dans le coin sud-ouest de la section ouest du marché, la même zone où la plupart des mammifères vivants étaient commercialisés.

iv. La plupart des cas parmi les vendeurs du marché se sont produits dans la section ouest où les mammifères vivants étaient vendus.

v. Une grande partie des premiers cas connus ont pu être identifiés comme des personnes qui ont travaillé sur le marché, l’ayant visité ou étant liées à une personne qui l’a visité.

vi. Ce lien épidémiologique avec le marché de Huanan est authentique et n’est pas dû à un biais de vérification causé par l’attention particulière portée au marché comme site possible des cas.

vii. Les virus de la lignée A — et pas seulement ceux de la lignée B (nous y reviendrons plus tard) — circulaient à proximité du marché de Huanan. Ils étaient centrés sur celui-ci au début de l’épidémie, ce qui suggère que de multiples contaminations ont pu se produire sur le marché.

viii. La configuration spatiale des cas en décembre, si proche et centrée sur le marché de Huanan, ne peut être expliquée comme étant le fruit du hasard, étant donné les schémas de densité de population à Wuhan.

ix. Ce schéma se maintient si l’on ne considère que les cas qui n’avaient pas d’antécédents d’exposition au marché Huanan, ce qui démontre que la transmission communautaire a commencé dans le voisinage direct du marché.

x. Ce n’est qu’en janvier et février 2020 que le schéma spatial des cas reflète celui de la densité de population de Wuhan, excluant une période antérieure de transmission générale.

xi. [Enfin], dans une ville de 11 millions d’habitants, il y a des milliers de sites qui seraient au moins aussi susceptibles d’être le lieu de diffusion initial d’une maladie respiratoire que la section ouest du marché Huanan, qui mesure environ 150 mètres sur 70 mètres, si la pandémie n’avait pas impliqué le commerce de mammifères vivants.

Comme le note l’étude, sur la base de leurs analyses épidémiologiques, on n’a identifié aucun autre site à Wuhan comme étant même «plausiblement» lié aux cas de COVID de décembre 2019. Ni un grand centre de transport en commun à proximité, la gare de Hankou, ni le Wuhan CDC qui est proche du marché. Selon l’Organisation mondiale de la santé, «aucune activité de stockage ou de laboratoire sur les coronavirus ou d’autres virus de chauve-souris qui précédait l’épidémie» n’avait lieu sur le site en décembre 2019 ou les mois précédents. Il convient d’ajouter qu’on n’a pas mis en cause l’Institut de virologie de Wuhan non plus dans ces analyses rigoureuses comme une possibilité. Andersen a noté: «Il s’agit de preuves extrêmement solides».

La forme discrète sous laquelle les conclusions se trouvent rapportées par les scientifiques américains est frappante. En aucun cas, les auteurs ne claironnent qu’il s’agit de résultats à toute épreuve contre la théorie de la fuite en laboratoire. La présentation prend la forme d’un procès où la défense fournit des preuves circonstancielles extrêmement solides que son client n’était pas sur la scène du crime et n’a pas pu commettre le meurtre. Les auteurs des études actuelles savent parfaitement à quel point cette question est devenue politiquement dangereuse. Ils présentent les éléments de preuve de manière succincte, directe et détachée, de manière courageuse et fondée sur des principes, en apportant des preuves rigoureuses.

La deuxième étude, plus complexe, est également cosignée par le Dr Michael Worobey, chef du département d’écologie et de biologie évolutive de l’université de l’Arizona. L’étude montre que le SRAS-CoV-2 est apparu à la suite d’au moins deux événements zoonotiques distincts, survenus en novembre ou en décembre et très proches dans le temps.

Lors de l’épidémie initiale à Wuhan, on a détecté deux grandes lignées désignées par les lettres A et B, avec des différences mineures, mais détectables. La lignée B était plus courante, représentant deux tiers des 700 séquences génomiques complètes dans la phase initiale de la pandémie, de décembre à février.

Worobey écrit que les «simulations du Dr Jonathan Pekar et l’estimation de la datation par horloge moléculaire situent la première des (au moins) deux introductions réussies chez l’homme à la fin novembre». Le rapport conclut, sur la base d’une évaluation génétique, que les deux lignées sont trop différentes l’une de l’autre pour avoir évolué l’une par rapport à l’autre chez l’homme pendant une période aussi courte. Étant donné que la lignée B est devenue dominante, ils ont supposé qu’elle s’est répandue en premier et a supplanté la lignée A. Étant donné les deux «sauts» distincts de l’animal à l’homme, il est fort probable que cela s’est produit sur le marché «humide», où de nombreux animaux similaires se trouvaient à proximité de nombreuses personnes, et non dans le laboratoire de Wuhan.

Dans l’article publié dans Nature, Maxmen écrit que: «En prenant en compte toutes les nouvelles données et en ajoutant un degré de spéculation, Andersen [l’auteur de l’origine proximale du SRAS-Cov-2] suggère que les chiens viverrins ont pu se faire infecter dans une ferme. Ensuite, ils ont été vendus parmi d'autres animaux sur les marchés de Wuhan en novembre ou décembre 2019, et que le virus a pu passer aux personnes qui les manipulaient ou aux acheteurs. Au moins deux fois, ces infections auraient pu se propager d’un cas index à d’autres personnes, dit-il».

Le 28 mai 2021, le comité éditorial international du «World Socialist Web Site» a écrit au sujet de la campagne de propagande en faillite lancée par le gouvernement Biden et les communautés du renseignement américain. Leur but était de ressusciter le mensonge fabriqué de toutes pièces selon lequel le COVID-19 proviendrait d’un laboratoire chinois.

Le WSWS a écrit: «Ce mensonge défie des preuves scientifiques accablantes et les conclusions d’une enquête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publiée fin mars. Il restera dans les annales comme l’un des plus grands mensonges de l’histoire de l’humanité, une contre-vérité colossale qui éclipse même les affirmations mensongères du gouvernement Bush sur les “armes de destruction massive” de l’Irak… La promotion de la théorie des laboratoires comme origine [de l'épidémie] est motivée par des conditions politiques et des intérêts sociaux».

Premièrement, la campagne du «mensonge des laboratoires» a été utilisée comme une diversion pour les échecs des États-Unis et d’autres gouvernements dans la mise en œuvre de politiques qui ont conduit à une mort de masse. Deuxièmement, elle a été utilisée pour inciter à la haine nationaliste contre la Chine afin de soutenir l’objectif des États-Unis qui se préparent à un conflit économique et potentiellement militaire avec la Chine.

Les trois dernières études fonctionnent comme un antidote contre le poison idéologique injecté dans la politique américaine. En conséquence, des tentatives sont déjà en cours pour rejeter ces études et attaquer leurs auteurs pour avoir prétendu trouver des efforts de bonne foi de la part de leurs homologues chinois. Mais la science ne connaît ni nationalité ni frontières. Les travailleurs doivent défendre les scientifiques qui défendent des positions de principe et font avancer la vérité, en tant qu’alliés cruciaux pour faire avancer la lutte des classes.

(Article paru d’abord en anglais le 28 février 2022)

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