Le CDC américain abandonne la quarantaine pour les personnes exposées au COVID-19

Le Centre américain de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) a annoncé jeudi qu’il ne recommandait plus aux personnes exposées au COVID-19 de rester en quarantaine afin d’éviter la propagation de la maladie mortelle. Il appelle plutôt les personnes exposées à «porter un masque de haute qualité pendant 10 jours et à se faire tester au cinquième jour».

Le communiqué de presse du CDC réitère également sa décision antérieure de réduire l’isolement pour les personnes testées positives au COVID-19, indiquant qu’une personne infectée ne doit être isolée que pendant cinq jours. Il indique aussi explicitement que si «les symptômes s’améliorent» après le cinquième jour, «vous pouvez mettre fin à votre isolement». Il ne recommande l’isolement pendant 10 jours que pour les maladies «modérées» ou «graves», tout en ignorant le fait que les personnes atteintes d’un cas «léger» de l’agent pathogène peuvent le transmettre à d’autres personnes et que même ces cas peuvent être extrêmement débilitants et entraîner le COVID de longue durée.

Des panneaux sur le mur rappellent aux élèves de rester à 6 pieds de distance lors d’une visite médiatique de la Norris Middle School à Omaha, Neb, le mercredi 29 juillet 2020. Le CDC a de nouveau révisé ses directives sur le COVID, assouplissant davantage les recommandations de quarantaine. (AP Photo/Nati Harnik, File)

Le CDC n’a pas non plus modifié sa définition de «pleinement vacciné», à savoir deux injections des vaccins à ARNm, malgré la masse de données qui montrent que le variant Omicron et ses nombreux sous-variants ont gravement érodé la capacité de deux doses à prévenir les hospitalisations. L’agence a également réaffirmé qu’elle continuerait à utiliser les taux d’hospitalisation, un indicateur tardif de la propagation du virus, comme principale mesure du niveau de danger de la pandémie dans chaque comté.

Lors d’une conférence de presse tenue jeudi, Greta Massetti, porte-parole du CDC, a tenté de justifier ces changements en affirmant que «nous sommes plus forts aujourd’hui… avec plus d’outils, comme la vaccination, les rappels et les traitements». Elle a ajouté que la pandémie était arrivée à un point où elle «ne perturbe plus gravement notre vie quotidienne» et a ajouté, sinistrement: «Nous savons que le COVID-19 est là pour rester».

En d’autres termes, selon le CDC, des dizaines ou centaines de milliers d’infections, et des centaines ou milliers de décès, par jour à cause du COVID-19 seront la base de référence pour l’avenir. Ainsi, les mesures de santé publique deviennent de plus en plus inexistantes et les décès massifs une réalité quotidienne. De nouveaux variants et de toutes nouvelles pandémies, qu’elles soient dues à la variole du singe, à la polio ou à une autre maladie, doivent être acceptés par la population.

L’agence a également indiqué explicitement que les nouvelles réglementations signifient que la politique du «test pour rester», qui consistait à vérifier l’infection des enfants par le COVID-19 après une exposition dans les écoles, est abandonnée. Il n’y aura aucune tentative d’endiguer la propagation de la maladie mortelle dans les écoles, malgré le fait que le COVID-19 a tué au moins 1.736 enfants rien qu’aux États-Unis, ce qui est probablement une grosse sous-estimation, et a infligé le COVID de longue durée à un nombre incalculable de jeunes.

Ignorer la menace mortelle qui pèse sur les enfants est, cependant, plus ou moins une politique d’État. Le jour même de la publication des directives du CDC, le sénateur démocrate Bernie Sanders a interviewé le Dr Ashish Jha, coordinateur de la réponse au COVID-19 du gouvernement Biden. L’un des sujets abordés était l’impact du virus sur les enfants. Au cours de l’entretien, Bernie Sanders a fait l’extraordinaire affirmation que «les enfants… ne meurent pas» du COVID-19.

Fait encore plus remarquable, le Dr Jha n’a fait aucun effort pour corriger Sanders! Il s’est plutôt appuyé sur la fausse affirmation de Sanders et a justifié les nouvelles directives du CDC pour les écoles, en déclarant que «nous devrions espérer une année scolaire au cours de laquelle chaque enfant sera à l’école, en personne, à plein temps, pendant toute l’année. Je pense que nous avons tous la capacité de le faire, et cela devrait être la seule norme acceptable». Les exécutants du Dr Jha seront les «syndicats d’enseignants», dont il a reçu des «critiques positives» sur les nouvelles directives du CDC.

Il y a un alignement clair des forces au sein de l’État capitaliste – responsables de la santé publique, politiciens de premier plan et syndicats pro-patronaux – pour forcer les enfants à retourner à l’école afin que leurs parents soient plus facilement forcés de se rendre aux usines et aux bureaux pour enrichir l’élite capitaliste et ses lèche-bottes médiatiques et syndicaux.

Les nouvelles directives du CDC ont provoqué un flot d’opposition parmi les scientifiques de principe et les militants anti-COVID sur les médias sociaux jeudi, avec de nombreux commentaires directement adressés au World Socialist Web Site.

La Dr Ellie Murray, professeur adjoint d’épidémiologie à l’école de santé publique de l’université de Boston, a déclaré au WSWS: «Je suis déçue qu’ils conseillent moins de protections, malgré les taux de cas et de décès toujours élevés. Je suis encore plus déçue de les voir recommander moins de tests en même temps qu’ils reviennent sur d’autres précautions. Avec moins de tests, nous ne serons pas en mesure d’évaluer correctement l’impact de ces conseils».

Dana Parish, l’une des principales militantes anti-COVID, a vivement réagi à l’annonce du CDC. Elle a déclaré au WSWS: «La nouvelle orientation du CDC est le clou dans son cercueil au sens figuré, et sera le vrai clou dans le cercueil d’innombrables enfants et adultes qui comptaient sur le CDC pour les protéger. Le fait qu’ils encouragent carrément la propagation d’un virus mortel transmis par l’air, qui a tendance à se disséminer et à persister dans tous les organes du corps, à provoquer des accidents vasculaires cérébraux, des crises cardiaques, des lésions organiques multiples, la démence et un risque accru de mort subite, va à l’encontre du principe le plus fondamental de la santé publique: ne pas faire de mal».

«Ils trompent à nouveau le public en insinuant que les vaccins ou une maladie moins grave le protégeront. Mais ni l’un ni l’autre ne prévient les dommages à long terme, et c’est un message crucial que le public mérite de connaître. Pour être clair, une infection asymptomatique ou légèrement symptomatique vous expose toujours à un risque élevé inacceptable de contracter le COVID de longue durée. L’infection initiale n’est PAS le problème pour la plupart des gens maintenant; le vrai problème, c’est les dommages à long terme».

Plusieurs autres épidémiologistes et experts en transmission par voie aérienne se sont exprimés sur le caractère imprudent et antisocial des nouvelles orientations. Nicolas Smit, expert en masques et respirateurs, a partagé ce commentaire avec le WSWS: «Le COVID-19 continue de se propager en même temps que la variole du singe. Toutefois, la décision de lever les directives est un autre signe que l’objectif du gouvernement n’est plus d’arrêter les dommages que les deux virus causent à la santé des Américains ou à l’économie déjà fragile – mais de récolter à tout prix plus de votes aux élections de mi-mandat».

«Pendant l’élection de 2020, le président Biden a déclaré que quiconque était responsable de laisser mourir 220.000 personnes ne devrait pas être président des États-Unis. Il a dit aussi que c’était important de donner l’exemple du port du masque. Malheureusement, le président Biden est maintenant responsable de bien plus de 600.000 décès, et pourtant il décourage toujours le port du masque. Le refus persistant de protéger les travailleurs ou le public de deux virus mortels et débilitants évitables signifie que le nombre de décès continuera d’augmenter».

Yaneer Bar-Yam, cofondateur du Réseau mondial de la santé, a lancé cette mise en garde: «Le CDC continue d’abandonner les protections qui permettent de prévenir les maladies, les décès et les handicaps causés par le COVID de longue durée. Tout le monde devrait reconnaître que nous devons partager la responsabilité de prendre soin et de nous protéger dans ces conditions. La prévention reste la meilleure réponse aux pandémies de COVID-19 et de la variole du singe».

Le militant anti-COVID, Lazarus Long, a écrit: «C’est ironique que cela arrive juste au moment de la rentrée scolaire. Davantage d’enseignants seront malades, et les enfants perdront encore plus d’éducation de qualité. Même si l’on fait appel à des remplaçants, c’est probable qu’ils ne seront pas qualifiés, comme des étudiants ou des militaires. Ces changements ne sont pas pour la santé des Américains, mais pour la santé politique de Biden».

Le CDC n’a pas seulement abdiqué son rôle de principale agence de santé publique du pays. Il poursuit activement une politique destinée à générer des profits pour une infime minorité de la population américaine et mondiale, tandis que le reste de la population est contraint de vivre et de travailler sur une planète de plus en plus infestée de dangereux virus. Le militant anti-COVID Theo Allen l’a clairement exprimé lorsqu’il a noté que le communiqué de presse du CDC «rend explicite le fait que le CDC a mis en œuvre la Déclaration de Great Barrington sur l’immunité collective».

(Article paru d’abord en anglais le 12 août 2022)

Loading