Le gouvernement Biden a confirmé lundi qu’il mettrait en «pause» son programme d’envoi par courrier de trousses gratuites de tests d’antigène rapide à des millions d’Américains à la fin de cette semaine. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (HHS) a fait cette brève annonce sur son site Web, accusant le Congrès de ne pas fournir les fonds nécessaires.
Outre la fin de la distribution postale des trousses gratuites, le gouvernement mettra fin aux tests gratuits dans les écoles, les refuges pour sans-abri, les refuges pour victimes de violence domestique et les prisons. Les enfants et les sections les plus pauvres et les plus opprimées de la classe ouvrière se retrouveront «à l’aveuglette» dans les conditions d’une pandémie qui se propage avec de nouveaux variants du SRAS-CoV-2, probablement plus infectieux et mortels.
Le HHS va conserver le nombre relativement faible de trousses de test qui restent, prévoyant de les distribuer à l’automne, où une nouvelle recrudescence des infections de COVID-19 est attendue, ont déclaré les responsables de l’agence. En d’autres termes, alors que le nombre de trousses de test gratuits tombe à zéro, le nombre de cas d’infection va augmenter de manière significative.
Dans le cadre du programme établi en janvier dernier, chaque Américain pouvait demander un total de 16 kits de test gratuits via un portail du gouvernement fédéral. Les tests gratuits seront désormais limités aux sites de test temporaires des États et du gouvernement fédéral, ainsi qu’aux personnes bénéficiant d’une assurance privée couvrant ce service.
L’action du HHS n’est qu’une des nombreuses mesures prises par la Maison-Blanche pour mettre fin à tous les efforts qui visent à atténuer l’impact de la COVID-19 et laisser le champ libre au virus pour qu’il puisse continuer sa propagation mortelle. Sous des slogans comme «apprendre à vivre avec le virus», le gouvernement Biden a pleinement adopté la politique d’infection massive du gouvernement Trump qui l’a précédée.
Jonathan Blum, le chef des opérations des Centres pour les Centers for Medicare & Medicaid Services (CMS) a récemment déclaré que le ministère de la Santé et des Services sociaux se préparait à mettre fin à l’urgence de santé publique (PHE) déclarée pour la première fois en 2020 lors des premiers stades de la pandémie, même si maintenant les infections, les hospitalisations et les décès atteignent des niveaux bien plus élevés. Il a écrit: «Dans l’intervalle, le CMS encourage les prestataires de soins de santé à se préparer à la fin de ces flexibilités dès que possible et à commencer à avancer vers le rétablissement des normes de santé et de sécurité et des pratiques de facturation antérieures».
Le port du masque n’existe plus. La distanciation sociale n’existe plus. La recherche des contacts n’existe plus. Le confinement et la scolarisation à distance n’existent plus. Les tests rapides n’existent plus. Les écoles rouvrent ce mois-ci à l’enseignement en personne à grande échelle, les salles de classe surpeuplées servant de boîtes de Petri pour l’infection massive et le développement de nouveaux variants plus dangereux.
Les terribles conséquences de cette politique sont déjà visibles. Sous Trump, 400.000 Américains sont morts de la COVID-19. Sous Biden, 670.000 personnes de plus sont décédées, et le nombre cumulé de décès devrait dépasser 1,2 million à l’automne. Tous ces chiffres sont susceptibles d’être des sous-comptes importants. À l’échelle mondiale, alors que l’Organisation mondiale de la santé estime officiellement à 6,5 millions le nombre de morts, des estimations publiées par des sources aussi conservatrices que le magazine The Economist font état de plus de 20 millions de morts.
La déclaration du HHS et d’innombrables déclarations de la Maison-Blanche tentent de rejeter la responsabilité de la fin des tests gratuits sur le Congrès, et en particulier sur l’opposition intransigeante des 50 républicains du Sénat américain à tout financement supplémentaire pour la COVID-19. Ils ont bloqué l’adoption d’un financement supplémentaire COVID-19 pour payer l’achat de trousses de tests, de traitements prophylactiques comme le Paxlovid de Pfizer, et de nouveaux vaccins, modifiés pour faire face aux nouvelles mutations du variant Omicron du SRAS-CoV-2.
Il s’agit d’un effort transparent pour dissimuler la décision des deux partis capitalistes de laisser expirer tout le financement destiné à la pandémie. Biden et les dirigeants démocrates du Sénat ont réduit à plusieurs reprises le montant du financement pour la COVID-19, l’ayant combiné dans une même législation à une aide militaire supplémentaire à l’Ukraine afin de garantir son adoption. Finalement, au cours d’une longue querelle au Sénat, les démocrates ont abandonné dans sa totalité la partie COVID-19 du projet de loi, adoptant l’aide militaire à l’Ukraine, pour un montant énorme de 40 milliards de dollars, puis ont déclaré qu’ils n’avaient pas pu surmonter les objections des républicains.
Ensuite, un autre véhicule législatif, la loi sur la réduction de l’inflation, est devenu disponible, fournissant plus de 400 milliards de dollars de financement pour Medicare et l’atténuation des changements climatiques. Cette loi était à l’abri de l’obstruction républicaine, car elle a été adoptée par «réconciliation» budgétaire, un processus annuel qui ne requiert que 50 voix. Mais les dirigeants démocrates du Sénat et la Maison-Blanche ont refusé d’intégrer le financement de la COVID-19 dans le projet de loi.
Le Dr Ashish Jha, coordinateur de la réponse au virus COVID-19 à la Maison-Blanche, a clairement indiqué que le gouvernement Biden abandonnait toute prétention à combattre la pandémie au moment où une autre vague s’apprête à déferler à l’automne. S’exprimant lors d’une réunion de la Chambre de commerce américaine ce mois-ci, il a déclaré que: «L’une des choses auxquelles nous avons beaucoup réfléchi au cours des derniers mois – nous allons poursuivre ce travail, et le gouvernement va en parler davantage – est de nous faire sortir de cette phase d’urgence aiguë où le gouvernement américain achète les vaccins, les traitements, les tests de diagnostic».
Il a ajouté: «Mon espoir est qu’en 2023, vous verrez la commercialisation de presque tous ces produits. Une partie de cette commercialisation va commencer cet automne, dans les jours et les semaines à venir».
Il ne fait aucun doute que son public d’hommes d’affaires a apprécié la décision de confier les tests de pandémie, la vaccination et le traitement prophylactique au secteur privé, donnant ainsi aux entreprises pharmaceutiques et aux prestataires de soins de santé un marché garanti de dizaines de millions de personnes. Ceux qui peuvent se permettre de payer, que ce soit de leur poche ou par le biais d’une assurance, constitueront une source lucrative de profits. Ceux qui ne peuvent pas se permettre de payer – les personnes âgées, les pauvres et les malades qui sont les plus vulnérables à la COVID-19 – s’en passeront, et paieront peut-être de leur santé ou même de leur vie.
Même ceux qui peuvent se permettre de payer peuvent trouver les vaccins et les tests nécessaires indisponibles. Si le gouvernement fédéral n’avait pas fourni un acheteur garanti pour des milliards de doses de vaccins et débloqué les fonds pour financer les coûts massifs de développement et de conduite des essais et de mise sur le marché des produits, Pfizer, BioNTech, Moderna et d’autres sociétés pharmaceutiques n’auraient pas pu développer les premiers vaccins aussi rapidement.
La diminution du soutien fédéral aux nouveaux vaccins et aux nouveaux tests se fait déjà sentir, entravant les efforts de développement de vaccins modifiés pour faire face aux nouveaux variants et sous-variants générés par la propagation incontrôlée d’un virus aux fortes capacités d’adaptation. Les fonds actuellement alloués ne permettraient de payer de nouvelles doses de rappel que pour la moitié de la population américaine, et la tendance est à la baisse, pas à la hausse.
En fin de compte, l’industrie pharmaceutique, sur la base de considérations de marché, et non de l’impératif de sauver chaque vie, ne développera que les médicaments et les traitements qui sont rentables, peu importe combien de millions de personnes seront exclus – non seulement aux États-Unis, mais dans le monde entier.
Seule l’intervention de la classe ouvrière peut empêcher une issue aussi horrible à une crise de santé publique d’ampleur mondiale. Comme le déclare la résolution adoptée au début de ce mois par le septième congrès national du Parti de l’égalité socialiste:
Les deux alternatives qui se présentent à l’humanité sont: soit l’infection massive, la débilitation et la mort sans fin, soit le renversement révolutionnaire du capitalisme et la mise en œuvre d’une politique d’élimination globale, pour mettre fin à toute transmission interhumaine du SRAS-CoV-2. La stratégie d’élimination exige le déploiement universel de toutes les armes de l’arsenal des mesures de lutte contre le virus: la vaccination de masse, les tests, l’isolement et la recherche des contacts ainsi que la fermeture temporaire des écoles et de la production non essentielle, avec un revenu complet pour les travailleurs et un soutien aux petites entreprises. L’expérience de la Chine, où le soutien populaire à la stratégie d’élimination Zéro-COVID a permis aux autorités d’endiguer les épidémies à plusieurs reprises démontre en pratique à la fois que l’élimination est possible et qu’elle doit être étendue au niveau mondial.
(Article paru en anglais le 30 août 2022)
