Québec: un haut dirigeant syndical s’oppose au retour du masque dans les écoles

Comme partout au Canada et ailleurs dans le monde, le système de santé du Québec est dans une crise aigüe. Les urgences débordent et les hôpitaux pédiatriques peinent à soigner le nombre record d’enfants qui s’y présentent. Les pharmacies sont également frappées par une pénurie persistante de médicaments, dont le Tylenol pour enfants.

Cette situation est principalement due à une saison d’influenza particulièrement sévère, à un nombre accru de cas du virus respiratoire syncytial (VRS) chez les enfants et à la persistance de la pandémie de COVID-19 dont le coronavirus continue de se propager dans la population, y compris dans les écoles où le port du masque n’est plus obligatoire depuis mai dernier.

Le 13 novembre dernier, confronté à un «système saturé», le Collège des médecins a recommandé le port du masque dans les endroits publics. Cette mesure élémentaire de santé publique, qui aiderait à réduire les infections et à désengorger les hôpitaux, a été rejetée par des syndicats de l’éducation.

Des enseignants de l’école secondaire Westmount de Montréal protestent contre la réouverture des écoles par le gouvernement du Québec en janvier 2021, au plus fort de la deuxième vague de la pandémie. (Photo: Robert Green)

Éric Gingras, le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) à laquelle est affiliéela Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), a affirmé que «les enseignants et le personnel scolaire […] n’ont pas envie d’un retour en arrière au sujet du port du masque». Il a dit que ce serait «inacceptable» que le masque soit imposé dans les écoles «si c’est pour remplacer la ventilation inadéquate». En fait, ce serait une raison de plus pour rétablir le port obligatoire du masque. Et les syndicats n’ont mené aucune campagne pour mobiliser leurs membres et la population afin d’exiger le remplacement immédiat des systèmes vétustes de ventilation dans les écoles.

Continuant de s’appuyer sur la complicité des syndicats pour implanter sa politique criminelle du «laisser-faire» face à la pandémie, le gouvernement de droite de la Coalition avenir Québec (CAQ) a annoncé le 16 novembre qu’il n’allait pas réintroduire l’obligation de porter le masque. Il s’est contenté de recommander le port du masque dans tous les «lieux publics achalandés», à l’exception des écoles et des garderies.

Ce nouveau refus d’implanter des mesures scientifiques pour combattre la COVID-19 et les autres maladies respiratoires n’est que la plus récente itération de la politique «des profits avant les vies» que la CAQ met en œuvre depuis l’arrivée du coronavirus au début de 2020.

Sous les prétextes de «l’immunité collective» puis de «vivre avec le virus», le gouvernement du premier ministre François Legault, un multimillionnaire et ancien PDG, a levé prématurément les mesures minimales mises en place en mars 2020 pour lutter contre la COVID. Comme ses homologues des autres provinces et avec le soutien du gouvernement libéral fédéral, Legault a rouvert les commerces non essentiels et les écoles pour que les profits extraits des travailleurs puissent recommencer de couler à flots dans les coffres des banques et les poches des riches actionnaires.

Cette politique a mené à ce jour à sept vagues de COVID, à une hécatombe dans les centres pour personnes âgées au début de la pandémie, à plus de 17.150 décès et à l’infection du trois quarts des adultes québécois. Au Québec et dans tout le Canada, l’année 2022 est déjà, à un mois et demi de sa fin, la plus meurtrière des trois années de la pandémie.

Au nom de «l’unité nationale», les partis d’opposition se sont abstenus de critiquer la CAQ et ont, au contraire, soutenu la réouverture des commerces et des écoles, pressant parfois Legault d’agir encore plus hâtivement.

Les syndicats, qui dans les dernières décennies sont devenus des partenaires de l’État et de la grande entreprise et ont accumulé des privilèges en étouffant la lutte des classes, ont eux aussi appuyé les politiques pandémiques de la CAQ.

Ainsi, les syndicats de l’éducation, dont la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) et la FSE-CSQ qui représentent la plupart des enseignants au Québec, sont demeurés silencieux quant aux conséquences désastreuses de la réouverture des écoles.

Ils ont entretenu l’illusion que les quelques mesures de mitigation mises en place, qui ont aujourd’hui complètement disparu, seraient suffisantes pour protéger le personnel et les élèves. Ils ont étouffé l’opposition des travailleurs scolaires à la réouverture des écoles, au point de prohiber toute discussion à ce sujet parmi leurs membres.

Gingras lui-même, alors qu’il était président du Syndicat de Champlain, une importante section locale de la CSQ, a usé de manœuvres bureaucratiques pour empêcher que ne soit débattue la motion d’un travailleur de la base pour la tenue d’une réunion d’urgence au sujet de la pandémie.

La complicité des syndicats a permis au gouvernement Legault de présenter sa politique d’infection de masse comme la seule option viable et de diffuser sa propagande antiscientifique sans être contredit. La confusion qui règne parmi la population en général et chez les enseignants en particulier quant à la science de la COVID-19 est une conséquence directe du rôle des syndicats.

Dans ce contexte, seul le Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base (CSPPB) milite pour une politique scientifique «zéro COVID» visant à sauver des milliers de vies. Tous les enseignants, le personnel scolaire, les élèves et les parents sont encouragés à se joindre à cette lutte en visitant la page Facebook du CSPPB ou en le contactant à l’adresse courriel suivante: cersc.csppb@gmail.com.

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