La nouvelle politique COVID du gouvernement chinois suscite l'inquiétude du public alors que les infections augmentent

Depuis que le gouvernement chinois a promulgué sa nouvelle politique des « Vingt mesures » d'assouplissement des restrictions liées au COVID-19 le 11 novembre, son abandon de la politique de zéro-COVID a semé la confusion et le malaise dans la population.

Bien que le gouvernement prétende toujours adhérer à une politique de zéro-COVID, l'assouplissement de mesures telles que les tests de masse, la recherche des contacts et les protocoles de quarantaine dans les « Vingt mesures » signale clairement le début d'un changement de politique.

Un homme et un enfant font la queue sur un site de dépistage du coronavirus à Pékin, le 22 novembre 2022. [AP Photo/Andy Wong] [AP Photo/Andy Wong]

Dans le même temps, une augmentation rapide du nombre des infections, après près de trois ans au cours desquels la politique de zéro COVID a supprimé à plusieurs reprises la transmission dans le pays le plus peuplé du monde, a provoqué l'incertitude et le débat public.

Les « Vingt mesures » comprennent des restrictions à la capacité des collectivités locales à imposer des confinements, ainsi qu'une réduction des durées de quarantaine pour les proches contacts des personnes infectées, un assouplissement des restrictions de voyage vers la Chine et à l'intérieur du pays, et la fin de la recherche de contacts secondaires.

Bien qu'elles servent de politique directrice nationale, les « Vingt mesures » ont d'abord été entièrement appliquées dans la ville de Shijiazhuang, la capitale de la province du Hebei. Cette ville de 11 millions d'habitants située près de Pékin est devenue le premier terrain d'essai de la politique de réouverture.

La classe dirigeante chinoise et de nombreux médias ont été les premiers à faire retentir ce signal, certaines déclarations comparant même le changement de politique à « la libération de Shijiazhuang en 1947» pendant la guerre civile contre le Kuomintang de Chiang Kai-shek.

Même selon les données officielles, le nombre de cas a considérablement augmenté après l'assouplissement des restrictions. Le 9 novembre, Shijiazhuang ne signalait que 59 cas asymptomatiques, mais le 13 novembre, ce chiffre était passé à 3 nouveaux cas confirmés et 541 cas asymptomatiques, avant de baisser pendant trois jours consécutifs.

De nombreux médias se sont concentrés sur cette «réussite» peu commune. Cela a cependant été contesté et ridiculisé sur les réseaux sociaux.

Un commentaire y faisait cette mise en garde: « Ne vous y trompez pas. Maintenant que les tests sont annulés, ces données vont naturellement chuter. Mais ces fausses données n'ont aucun sens ». Un autre déclarait: « 80 % des membres de ma famille sont infectés, mais vous dites que les données ont chuté de 80 %. Pour la première fois, je sens que la pandémie est si proche de moi. »

Dans le même temps, le gouvernement municipal de Shijiazhuang publiait une « lettre à tous les habitants » déclarant que « chacun » était d'abord « responsable de sa propre santé ». Si la lettre affirmait que cela « ne relâchait pas la prévention de l'épidémie », la réponse du public elle, indiquait le manque de confiance dans cette affirmation.

Contrairement aux affirmations des médias, Shijiazhuang ne semble pas être devenue la scène d’une « relance de la consommation entraînant la reprise économique ». Un restaurateur a déclaré sur les réseaux sociaux: « Depuis l'ouverture, le chiffre d'affaires du restaurant a chuté. Nos gens ne sont pas dupes, ils ne prendront pas de risques d'infection en sortant pour manger. »

Un parent d'élève du primaire a déclaré: « Le premier jour de la rentrée scolaire, seuls deux des 52 élèves de la classe sont venus à l'école ».

Selon les médias, les masques faciaux et les gélules de Lianhua Qingwen dans de nombreuses pharmacies sont en rupture de stock. Les gélules de Lianhua Qingwen sont un médicament breveté chinois censé soulager les symptômes de la fièvre.

Une augmentation rapide du nombre d'infections a ensuite mis un bémol à l'excitation médiatique précédente. Tandis que le 16 novembre, seuls 182 nouveaux cas d'infections asymptomatiques étaient ajoutés, le 20 novembre, selon la Commission provinciale de la santé du Hebei, deux nouveaux cas furent confirmés à Shijiazhuang, et 639 infections asymptomatiques. Bien qu'ils soient encore relativement bas, ces chiffres indiquent le danger d'une explosion du nombre d'infections.

Lorsque les autorités de Shijiazhuang ont annoncé l'annulation des tests PCR normaux, les habitants ont exprimé leur malaise et craignaient que cela n'accélère les infections. « Même si un site d’essai est nécessaire, ce ne devrait pas être Shijiazhuang », a écrit l'un d'eux. « Il est absurde et irresponsable d'assouplir soudainement toutes les mesures alors que le nombre d'infections augmente rapidement. Ce n'est en aucun cas scientifique. »

En raison de l'augmentation rapide des cas, le siège de la Prévention et du contrôle des épidémies de la ville de Shijiazhuang a publié un avis le soir du 20 novembre indiquant que des tests d'acide nucléique seraient effectués dans plusieurs zones urbaines de la ville pendant cinq jours consécutifs.

L'avis indiquait qu'il était nécessaire de « concentrer les efforts pour maîtriser la pandémie dans les secteurs clés et freiner la propagation de l'épidémie dès que possible ». Cela était nécessaire pour parvenir à un « zéro COVID dynamique » au niveau social, « pour protéger au maximum la vie et la santé des personnes et minimiser l'impact de l'épidémie sur le développement économique et social ».

L'avis déclarait que les habitants des zones à haut risque devaient strictement rester chez eux et que les résidents des autres zones devraient rester chez eux en principe. Les habitants ne devraient sortir ou se rassembler que si nécessaire et minimiser les flux de personnes, à l'exception du personnel impliqué dans les opérations urbaines, les garanties d'approvisionnement du marché, les services publics et la prévention et le contrôle des épidémies.

L'avis indiquait également qu'afin de répondre aux besoins quotidiens des habitants, chaque famille pouvait s’arranger pour qu'une personne sorte deux heures par jour, avec un certificat de test PCR de 24 heures, pour acheter des produits de première nécessité.

Le manque de clarté sur la position du gouvernement a semé la confusion. Selon les informations sur Internet, il y a lieu de croire que de nombreuses villes ont relancé les politiques de confinement dans les zones à haut risque. Le district de Baiyun de la ville de Guangzhou a également annoncé lundi un confinement de cinq jours. Guangzhou, avec une population de plus de 18 millions d'habitants, est l'une des villes chinoises les plus touchées par la pandémie actuelle.

Mais la mise en œuvre des mesures pertinentes est largement communiquée verbalement et dans un langage vague. Un blogueur décrit ainsi la situation : « J'ai demandé à des amis qui travaillent dans le secteur public à Pékin et à Shijiazhuang, et aucun d'entre eux ne savait quoi faire, et il n'y avait pas de politique claire, donc ils ne pouvaient que deviner. » Ce message a connu une large approbation.

Malgré la perception largement répandue dans le public que la nouvelle politique a échoué, l'explication officielle actuelle est que les collectivités locales procèdent à des ajustements politiques sur la base des « Vingt mesures ».

La bureaucratie du Parti communiste chinois (PCC) est clairement devant un dilemme. Elle est confrontée à une énorme pression économique de la part des grands trusts mondiaux et nationaux en faveur d’abandonner la politique de zéro-COVID d'une part, mais à une inquiétude croissante du public d'autre part, face aux signes que la pandémie se propage rapidement.

Selon les données officielles, le 21 novembre, la Chine comptait 2 225 nouveaux cas confirmés et 25 902 nouvelles infections asymptomatiques, soit un total de 28 127, contre un presque record de 27 095 la veille.

Le World Socialist Web Site a mis en gardele 18 novembre contre les conséquences désastreuses du changement de politique du PCC: « Si la situation en Chine continentale devient incontrôlable, ce serait une tragédie historique mondiale. La Chine a une population de 1,4 milliard d'habitants, soit un sixième de la population mondiale. »

(Article paru en anglais le 23 novembre 2022)

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