SEP (Royaume-Uni) Résolution du Congrès 2022

L'escalade de la lutte des classes en Grande-Bretagne et les tâches du Socialist Equality Party

Cette résolution a été adoptée par le sixième congrès national du Socialist Equality Party (Royaume-Uni), qui s'est tenu du 22 au 25 octobre 2022. Lire l’article complet sur le congrès ici .

1. Le capitalisme britannique et mondial est confronté à une crise économique, sociale et politique qui prend de plus en plus des proportions révolutionnaires. Dans des conditions de guerre contre la Russie en Ukraine, de récession économique et d’une pandémie qui fait toujours rage, se produit au Royaume-Uni une recrudescence majeure de la lutte des classes, qui fait partie d'un mouvement mondial croissant de la classe ouvrière internationale. La vie devient impossible pour la grande masse de la classe ouvrière, et pousse des millions de gens à une confrontation avec le gouvernement conservateur, les grands trusts et l'État. Les conditions existent pour la construction d'un mouvement révolutionnaire contre le capitalisme, mais cela exige l'intervention du Socialist Equality Party, SEP (Parti de l'égalité socialiste). La classe ouvrière doit être armée d'un programme socialiste, organisée pour battre le sabotage de ses luttes par la bureaucratie syndicale et le Parti travailliste, et unifiée dans sa lutte avec celle des travailleurs au plan international.

2. Le conflit de OTAN avec la Russie est au bord de la guerre nucléaire. La COVID-19 entre dans une nouvelle recrudescence, avec le danger qu'une nouvelle mutation émerge encore, plus meurtrière que ses prédécesseurs, alors même que des millions de personnes souffrent déjà de COVID long. Le Royaume-Uni est au centre d'un krach économique mondial imminent. Les banques centrales internationales, menées par la Réserve fédérale américaine, ont réagi à la réémergence de la lutte des classes par un changement majeur de politique monétaire. Sous la bannière de la « lutte contre l'inflation », leur intention est de provoquer délibérément une récession pour écraser le mouvement pour des augmentations de salaires, alimenter le chômage et créer les bases d'une extension massive de l'exploitation de la classe ouvrière. Cela doit s’accompagner de la destruction massive des services sociaux considérés comme une ponction inutile sur les bénéfices des entreprises. La Grande-Bretagne, le plus faible des grands pouvoirs impérialistes, est le plus durement touché et mettra en œuvre de nouvelles politiques d'austérité brutale pour réduire une dette vertigineuse et restaurer la confiance de l'oligarchie financière mondiale dans son économie. Le ‘Brexit’, dont la droite conservatrice était convaincue qu'il ferait du Royaume-Uni un centre d'investissement déréglementé, bon marché et à faible taux d'imposition, a au contraire révélé son extraordinaire déclin mondial. Coupé du marché unique européen et sans la voix au sein de l'Union européenne qui en faisait un allié précieux pour l'impérialisme américain, il a été poussé à une subordination économique et militaire de plus en plus lâche vis-à vis de Washington. Sa survie a même été remise en question, car les revendications séparatistes en Écosse et au Pays de Galles ont été encouragées et la mainmise de Londres sur sa plus ancienne possession coloniale, l’Irlande du Nord, affaiblie.

3. La caractéristique la plus essentielle de la crise de régime à laquelle est confronté l'impérialisme britannique est le développement explosif de la lutte des classes provoqué par la flambée du coût de la vie et intensifié par un nouveau round d'austérité « d'une époustouflante difficulté ». Cela s’est d’abord manifesté dans la vague des grèves de cet été, après des décennies au cours desquelles les actions revendicatives ont été implacablement réprimées par la bureaucratie syndicale. Cela ne fera que croître en intensité. Les antagonismes de classe ont atteint un point d'ébullition après un déclin historique de la position sociale des travailleurs où la richesse fut canalisée dans les coffres de l'oligarchie financière. Cela a pris des dimensions malignes en raison des efforts de la bourgeoisie pour imposer le coût total de sa crise à la classe ouvrière – les milliards de dollars remis aux grandes entreprises pendant la pandémie et la flambée massive du prix de l'électricité, du gaz, du carburant et de la nourriture en raison de la guerre et des sanctions contre la Russie. Les salaires sont dévorés par l'inflation. Des millions de gens sont en situation de précarité énergétique, n'ont pas les moyens de se nourrir et ont du mal à payer leur loyer. Des services sociaux vitaux comme le Service national de Santé (NHS) sont en train de s'effondrer. Les écoles ont à peine de quoi rester ouvertes et les enfants ont faim. Plus de 200 000 vies ont été perdues à cause de la politique du gouvernement de « laisser filer le virus » durant la pandémie. Il faut ajouter à cela, un total stupéfiant de près de 900 000 décès prématurés dus aux inégalités sociales en Angleterre chez les moins de 75 ans au cours des 16 dernières années, soit un tiers de tous ces décès.

4. La classe dirigeante répondra à tout défi de la part des travailleurs par une explosion de violence impérialiste et contre-révolutionnaire. La démocratie capitaliste s'effondre dans tous les pays alors qu’on complote des mesures dictatoriales et des prises de pouvoir d'extrême droite dans les parlements et les tribunaux pour préparer un assaut contre la classe ouvrière. La tentative de coup d'État fasciste de Donald Trump le 6 janvier 2021 n'est que la plus haute expression d'un développement mondial qui a vu la culture et la promotion par la classe dirigeante de tendances d'extrême droite en Italie, en France, en Allemagne et dans toute l'Europe. L'ex-première ministre de courte durée Liz Truss a d'abord obtenu le soutien des membres droitiers du Parti conservateur en déclarant à l'élection à la direction conservatrice qu'elle était « prête » à un anéantissement nucléaire de la planète et en s'engageant à augmenter fortement les dépenses militaires. Son successeur, Rishi Sunak, va de l'avant avec des lois anti-grèves visant à rendre une grève légale quasiment impossible. On a dénoncé les grévistes comme une cinquième colonne, les « larbins de Poutine ». Le gouvernement conservateur a déjà adopté des lois restreignant fortement le droit de manifester, avec des amendes et des peines extraordinaires en cas de violation. L’attaque des travailleurs migrants et des demandeurs d'asile est le fer de lance d'un assaut plus large contre les droits démocratiques de toute la classe ouvrière. Une série de lois, comme la Loi sur la police, la criminalité, les peines et les tribunaux, vise à établir un appareil d'État dictatorial en vue de réprimer toute opposition aux mesures d'austérité du gouvernement, à la politique pandémique meurtrière et au bellicisme anti-Russie et anti-Chine.

5. Les travailleurs ne peuvent pas mener une contre-offensive en s'appuyant sur les partis parlementaires de Westminster, le système juridique ou tout autre pilier de l'État, mais uniquement par une rébellion contre eux. Leur force est dans l'unité avec leurs frères et sœurs de classe à l'international confrontés à la même campagne brutale d'austérité et de guerre de la part de leurs propres classes dirigeantes, dans une lutte pour le socialisme.

Cela signifie s'opposer à toute manifestation de nationalisme britannique et à toutes les tentatives de diviser la classe ouvrière en fonction de la nationalité et destinées à contrer la montée mondiale de la lutte des classes. Cela inclut la promotion du séparatisme écossais et gallois par des organisations bourgeoises régionalistes cherchant une relation plus directe avec les grands trusts transnationaux et les investisseurs mondiaux en échange du contrôle de l'exploitation de la classe ouvrière. La bourgeoisie européenne se tourne vers le militarisme, les régimes autoritaires et la promotion de la droite fasciste. Contre la réaction capitaliste, les travailleurs de tout le continent doivent brandir le drapeau de l'internationalisme socialiste. L'unité internationale objective de la classe ouvrière ne peut être réalisée politiquement, dans une Europe déchirée par les divisions nationales et dominée par des transnationales dressant un groupe de travailleurs contre un autre, que par la lutte pour les États socialistes unis d'Europe.

6. La tâche centrale qu’ont devant eux les travailleurs est de se libérer de l'emprise organisationnelle et politique de la bureaucratie syndicale et travailliste, qui agit comme le soutien essentiel du régime capitaliste. Confronté à une classe ouvrière insurgée, le vaste appareil bureaucratique des syndicats s'est voué à retarder, diviser et démobiliser les grèves pour imposer des accords salariaux inférieurs à l'inflation. La grève nationale des syndicats RMT (Rail, Mer, Transports), ASLEF et TSSA (cheminots), et CWU (communication) a été strictement limitée à un ou deux jours par semaine au maximum, et largement séparée des autres secteurs. Les revendications des travailleurs pour une grève générale ont été rejetées. Au lieu de mener une offensive contre le gouvernement et le patronat, les bureaucraties syndicales appellent à des « négociations » raisonnables, espérant préserver leurs relations intégrales avec l'un et l'autre. Leur utilisation de la mort de la reine pour suspendre toute action revendicative montre leur véritable rôle de gardiens des intérêts de l'impérialisme britannique.

7. Les syndicats désarment politiquement les travailleurs en encourageant le soutien à un futur gouvernement travailliste dirigé par Sir Keir Starmer. Le secrétaire général du RMT, Mick Lynch, a déclaré lors d'un rassemblement de grévistes du rail: « C'est ce dont nous disposons. Il doit gagner. Nous devons le pousser et le persuader de se mettre dans une position où il est au premier rang avec vous, vous tous. » La bureaucratie essaie de ramener les travailleurs derrière un parti non moins hostile à la classe ouvrière que les conservateurs. Starmer soutient jusqu'au bout la politique impérialiste et de guerre de classe du gouvernement. Il a dénoncé l'économie du «dépenser à tout-va» et déclaré un « soutien inébranlable » à l'OTAN, proférant des menaces d'expulsion du Parti travailliste sans précédent contre les députés qui critiquent l'alliance impérialiste, et de rétrogradation pour les députés de premier plan qui assistent aux piquets de grève. Il a organisé la conférence du Parti travailliste de 2022 pour afficher ses valeurs politiques comme parti des affaires, nationaliste et droitier, de l'austérité et de la guerre. L'événement a commencé, pour la première fois dans l'histoire du Parti travailliste, par le chant de l'hymne national, God Save the King .

8. C'est grâce aux travaillistes et à leurs alliés des syndicats que les travailleurs ont du subir cinq premiers ministres conservateurs et douze ans de règne conservateur. Tout au long de la crise prolongée du gouvernement, les travaillistes ont joué le rôle central pour désarmer la classe ouvrière. Ils ont d'abord permis aux sections les plus à droite du Parti conservateur et de l'État d'organiser le remplacement de Boris Johnson par la belliciste ultra-thatchérienne Truss, refusant de convoquer des élections et suppliant à la place les députés conservateurs de « faire le nécessaire » et d’écarter eux-mêmes Johnson dans l'intérêt national. Cela a ensuite facilité après moins de deux mois le retrait et le remplacement de Truss par Sunak sous la pression de l'oligarchie financière mondiale qui avait, contre l’annonce par Truss de milliards d'emprunts gouvernementaux, exigé« le bon sens économique ». La seule préoccupation des conservateurs a été de trouver quelqu'un que la classe dirigeante regardait comme capable de faire la guerre à la classe ouvrière tout en intensifiant la guerre de l'OTAN contre la Russie. Le seul but du Parti travailliste est de prouver à la bourgeoisie qu'il est prêt, soit à rejoindre un éventuel gouvernement d'unité nationale soit à diriger un gouvernement capable d'imposer des mesures d'austérité et de faire la guerre à la Russie tout en utilisant les syndicats pour contrôler et réprimer l'opposition de la classe ouvrière.

9. Le fait que Starmer dirige le Parti travailliste confirme que les cinq années passées par Corbyn à sa tête n'ont rien changé au caractère anti-ouvrier de cette organisation de droite pro-impérialiste. Corbyn a servi de système de survie temporaire au parti blairiste méprisé, cachant son hostilité implacable aux intérêts sociaux et politiques de la classe ouvrière. Son objectif en tant que leader fut de bloquer le mouvement vers la gauche de la classe ouvrière et de sa jeune génération et de les regrouper derrière les travaillistes. Ayant cédé le parti à Starmer, Corbyn refuse toujours d'organiser une opposition à l’expulsion implacable des membres de gauche par Starmer qui se sert de la chasse aux sorcières [basée sur des accusations] d'antisémitisme, à laquelle Corbyn ne s'est jamais opposée et qu’il a même imposée. L'ex-dirigeant travailliste concentre tous ses efforts sur l'annulation de sa propre suspension comme député. Il lance des appels répétés à Starmer pour qu'il rétablisse le ‘whip’ et rejette les supplications de ceux qui le soutiennent toujours pour qu’il forme son propre parti et appelle au contraire les membres travaillistes à «rester et à se battre», les corbynistes tournant le dos aux 200 000 personnes ayant quitté le parti avec dégoût.

10. La plus grande trahison de Corbyn est le refus de cet ancien chef de Stop the War Coalition (STWC) de monter une opposition à la guerre de l'OTAN contre la Russie en Ukraine, qui menace le monde d’une guerre nucléaire. Lorsque Starmer a menacé d'expulser onze députés travaillistes pour avoir signé en février une lettre du STWC s'opposant à l'expansion de l'OTAN vers l'est et accusant l'alliance impérialiste de verser «de l'huile sur le feu » en Ukraine, ceux-ci ont capitulé en moins d'une heure. Corbyn n'a pas dit un mot contre Starmer, ni contre la lâcheté de ses propres alliés.

11. Le groupe évite toute mention de la guerre OTAN-Russie. Si Corbyn créait un nouveau parti, son rôle serait de démobiliser et de désarmer la classe ouvrière alors que la classe dirigeante prépare la répression d'État. Il prêcherait et imposerait la paix sociale quel que soit le prix exigé par les trusts et les banques. Critiquant les politiques d'austérité des conservateurs, l'ancien ministre des Finances fantôme de Corbyn et son allié le plus proche, John McDonnell, se préoccupait avant tout de la préservation de la paix sociale, avertissant qu'elles produiraient «une détérioration incessante de notre économie et le potentiel d'une division sociale profonde conduisant à des mouvements de protestation à grande échelle, dégénérant peut-être même en émeute ».

12. La pseudo-gauche joue un rôle vital pour l'impérialisme en semant la confusion politique dans la classe ouvrière. Leur plaidoyer nationaliste en faveur d'un « Brexit de gauche » et leur affirmation que cela créerait les conditions pour la mise en œuvre de réformes sociales par Corbyn ont bien plutôt facilité un virage historique à droite sous les gouvernements conservateurs successifs. Les principales tendances de la pseudo-gauche britannique ont défendu le corbynisme comme une tentative « de rétablir un nouveau parti ouvrier » (Parti socialiste) et une preuve de la « renaissance de la social-démocratie… La source qui a donné vie à la social-démocratie il y a longtemps jaillit toujours et trouvera un canal d'expression si on lui en donne l'occasion, que ce soit dans Syriza, avec Corbyn ou un autre véhicule » (Socialist Workers Party). Le WSWS a expliqué en mai 2021 :

Ce qui inspirait politiquement de telles revendications était l'opposition à la lutte pour construire une direction révolutionnaire dans la classe ouvrière, de la part de tendances dont les origines politiques se trouvent dans les partis staliniens ou en tant qu'opposants au trotskysme ayant rompu avec la Quatrième Internationale des décennies auparavant. Le Parti travailliste avec Corbyn à sa tête a servi d’argument pour des efforts similaires visant à construire des partis «populistes de gauche», pour combler le vide politique créé par l'effondrement de la social-démocratie. Ceux-ci devaient être des partis non socialistes et anti-ouvriers, promettant l'avancement personnel de sections de la classe moyenne supérieure en utilisant diverses formes de politique d’identité, et basés sur un programme pro-capitaliste opposé à la lutte de classe et à la révolution socialiste.

13. La promotion par la pseudo-gauche de l'indépendance de l’Écosse et du Pays de Galles est inspirée par des préoccupations similaires d'avancement personnel. Leur affirmation que la formation de nouveaux et minuscules États capitalistes sur les décombres de ce qui reste du Royaume-Uni peut en quelque sorte créer de nouvelles plates-formes pour des politiques de réforme sociale est une chimère. La promotion par eux de campagnes pour l'indépendance divise les travailleurs, elle fait passer en premier les attachements régionaux, consolide leur propre alliance avec des sections de l'oligarchie financière, de la bourgeoisie régionale et de l'appareil syndical, et démontre leur hostilité implacable au socialisme international.

14. Aujourd'hui, l'attention du SP et du SWP est concentrée sur le renforcement de la bureaucratie syndicale. Ils promeuvent l'idée que les directions syndicales peuvent être réformées par la pression d'en bas. Dans tous les secteurs, la pseudo-gauche exhorte les travailleurs à faire appel à la bureaucratie, soutenue par les soi-disant «militants syndicaux», pour qu’ils intensifient l'action revendicative qu'elle démobilise inévitablement et unifie les grèves qu'elle cherchent à diviser. Écrivant en 1929 sur les « Erreurs du syndicalisme » et s'adressant aux membres du Parti communiste de Grande-Bretagne, Léon Trotsky expliquait que:

En Angleterre plus qu'ailleurs l’État repose sur le dos de la classe ouvrière, qui compose l'écrasante majorité de la population du pays. Le mécanisme est tel que la bureaucratie s'appuie directement sur les ouvriers, et l’État indirectement, par l'intermédiaire de la bureaucratie syndicale….

Le Labour Party qui, en Angleterre, dans ce pays classique des syndicats, est la simple transposition de la même bureaucratie syndicale. Les mêmes chefs guident les syndicats, trahissent la grève générale, mènent la campagne électorale et siègent, après, dans les ministères. Le Labour Party, les syndicats, ce n'est pas deux principes, c'est la division technique du travail. Ensemble, ils constituent l'instrument fondamental de la domination de la bourgeoisie anglaise. On ne peut renverser cette dernière sans renverser la bureaucratie du Labour.

15. La classe ouvrière doit être politiquement préparée pour les luttes décisives actuellement à l'ordre du jour. Non seulement pour affronter le gouvernement conservateur, mais pour être en mesure d'affronter les efforts d'un gouvernement travailliste et de ses partisans dans la bureaucratie syndicale pour poursuivre son programme d'austérité et de guerre s'il prenait le pouvoir. C'est ce que Starmer propose ouvertement à l'élite dirigeante avec cette déclaration: « Je ne suis pas seulement pro-business, je veux m'associer aux entreprises [...] un véritable partenariat entre le gouvernement, les entreprises et les syndicats ».

16. La tâche centrale que les travailleurs ont devant eux est de créer les moyens de faire valoir leur énorme pouvoir social dans une lutte sociale et politique pour leurs propres intérêts indépendants. Le Socialist Equality Party (SEP) préconise la création de comités de la base dans chaque lieu de travail, démocratiquement responsables et dirigés par des militants de confiance. Ceux-ci permettront aux travailleurs de briser l'opération de police de la bureaucratie syndicale et d'unifier leurs luttes dans une grève générale contre le gouvernement et les employeurs. Nous offrons toute l'aide nécessaire à la constitution de ces comités.

17. La perspective politique défendue par le SEP est celle de l'internationalisme socialiste. Les alliés des travailleurs britanniques sont les travailleurs d’Europe et du monde qui entrent déjà en lutte. Nous encourageons vivement l'affiliation des comités de base du Royaume-Uni à l’Alliance ouvrière internationale des comités de base afin que la classe ouvrière britannique puisse forger une alliance avec les travailleurs du monde entier confrontés aux mêmes dangers. Cela est centré sur la lutte contre la guerre et le nationalisme, qui doit être au cœur des responsabilités politiques du SEP en cette période, comme de tout véritable mouvement de défense de la classe ouvrière. Comme l'expliquait Trotsky dans « La guerre et la Quatrième Internationale » en 1934, il n’est possible « de suivre la carte, non de la guerre, mais la carte de la lutte des classes » que si le parti et la classe ouvrière ont « déjà déclaré une guerre irréconciliable à l'État national ».

18. La classe ouvrière doit organiser un défi direct aux efforts combinés des conservateurs et des travaillistes pour l’empêcher de s’exprimer politiquement, laissant la classe dirigeante dicter les événements politiques. À cette fin, le SEP continuera d’avancer la revendication d'élections générales immédiates. Pour expliquer l’objectif de cette revendication, nous avons écrit :

Nous lançons cet appel afin de mettre au grand jour les problèmes qui sous-tendent la crise actuelle: 1. L'escalade incessante de la guerre contre la Russie, au point même de risquer une guerre nucléaire ; 2. Le refus criminel d'arrêter la transmission sans fin du virus Sars-CoV-2 permettant les infections et les décès en masse; et 3. L'assaut impitoyable contre le niveau de vie et les droits démocratiques de la classe ouvrière…

Le SEP lance l'appel à des élections générales comme moyen pour la classe ouvrière de faire sauter la conspiration des deux grands partis, de s'opposer à leurs politiques et d'affirmer ses intérêts sociaux indépendants.

Nous utiliserions une période électorale pour mobiliser l'opposition aux politiques de guerre du gouvernement et pour inciter la classe ouvrière à mener une action de masse pour faire échec à l’attaque brutale du niveau de vie et des droits démocratiques.

Le parti soulignait que:

La revendication d'élections générales du SEP n'implique pas le moindre soutien au Parti travailliste, ni à une solution parlementaire inexistante. En cas d'élection, nous n'appellerons pas à voter travailliste. Nous avertirons les travailleurs que le Parti travailliste est leur ennemi et qu'ils doivent s'y opposer de manière tout aussi décisive qu’aux conservateurs.

Nous utiliserons les élections générales pour préconiser des grèves, des manifestations de masse et l'organisation d'une grève générale pour arrêter la guerre, imposer l'adoption d'une politique de zéro-COVID et développer le soutien pour une alternative socialiste au capitalisme.

19. La réponse du SEP à la crise du capitalisme britannique et mondial est orientée théoriquement et pratiquement vers la classe ouvrière internationale. Nous comprenons que la lutte contre la guerre et pour le socialisme ne peut s’accomplir que si elle est menée par des travailleurs des usines, des entrepôts, des magasins, des bureaux et des dépôts qui ont été recrutés dans le parti et formés comme marxistes. Le parti fonde ses interventions sur la compréhension que les luttes ouvrières se croisent à présent avec la lutte de plusieurs décennies du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) pour le programme politique du trotskysme, c'est-à-dire du socialisme international. En août 2019, le CIQI a identifié ainsi le début de la cinquième phase de l'histoire de la Quatrième Internationale fondée par Trotsky dans la lutte contre le stalinisme :

C'est l'étape qui verra une vaste croissance du CIQI en tant que parti mondial de la Révolution socialiste. Les processus objectifs de la mondialisation économique, identifiés par le Comité international il y a plus de 30 ans, ont encore connu un développement colossal. Associés à l'apparition de nouvelles technologies ayant révolutionné les communications, ces processus ont internationalisé la lutte des classes à un degré qu'il aurait été difficile d'imaginer il y a encore 25 ans. La lutte révolutionnaire de la classe ouvrière se développera comme mouvement mondial interrelié et unifié. Le Comité international de la Quatrième Internationale sera construit comme la direction politique consciente de ce processus socio-économique objectif. Elle opposera à la politique capitaliste de la guerre impérialiste la stratégie de classe de la révolution socialiste mondiale. C'est là la tâche historique essentielle de la nouvelle étape de l'histoire de la Quatrième Internationale.

20. Déjà au début des années 2020, le WSWS écrivait que l'énorme résurgence mondiale de la lutte des classes ouvrait la perspective « d’une décennie d'intensification de la lutte des classes et de la révolution socialiste mondiale, [...] la caractéristique dominante et la plus révolutionnaire de la lutte des classes est son caractère international ancré dans le caractère global du capitalisme moderne. De plus, le mouvement de la classe ouvrière est un mouvement de la jeune génération et donc un mouvement qui façonnera l'avenir ». Le sixième congrès national du SEP expliqua que la pandémie, qui fut déclarée quelques mois plus tard, était « un événement déclencheur dans l'histoire du monde, qui a accéléré la crise économique, sociale et politique déjà très avancée du système capitaliste mondial. Elle crée les conditions d'une immense intensification de la lutte des classes à l'échelle internationale. »

21. Dans ces conditions, l'intervention active du SEP dans la lutte des classes acquiert une immense importance. Le parti même, et sa perspective révolutionnaire, devient un facteur majeur dans le développement de la situation objective, ce qui rend possible une énorme croissance du SEP et du CIQI. Comme l'a mis en garde le cinquième congrès national du SEP (États-Unis), « Une évaluation de la situation objective et une appréciation réaliste des possibilités politiques qui exclut l'impact de l'intervention du parti révolutionnaire est totalement étrangère au marxisme. Le parti révolutionnaire marxiste ne se contente pas de commenter les événements, il participe aux événements qu'il analyse et, par sa direction dans la lutte pour le pouvoir ouvrier et le socialisme, s'efforce de changer le monde. » Ce n'est qu'à travers le travail du parti que le potentiel révolutionnaire qui existe actuellement peut être réalisé.

22. Les campagnes du parti dans la classe ouvrière doivent se fonder sur une perspective historique. Notre approche des questions politiques a ses racines dans l’évaluation et la compréhension que nous vivons à l'époque de la révolution socialiste mondiale. La situation nous donne des opportunités majeures pour que le parti puisse assurer la direction de la classe ouvrière et nous devons y répondre en nous appuyant sur la riche histoire politique que notre parti incarne, surtout la révolution d'Octobre et la lutte de Trotsky contre le stalinisme, dont le début connaîtra son centenaire en 2023.

23. Nous éduquerons les travailleurs sur les expériences stratégiques de la classe ouvrière, comme la grève générale de 1926, les grèves des mineurs de 1972-1974 qui ont fait tomber le gouvernement conservateur d'Edward Heath et la grève des mineurs de 1984-85 qui a démontré l'hostilité absolue de la bureaucratie ouvrière et syndicale à la lutte des classes et au socialisme. Notre tâche politique centrale est de résoudre la crise de la direction révolutionnaire. Fondamentalement, le parti ne pourra reconnaître les opportunités politiques et formuler une réponse tactique correcte que dans la mesure où le mouvement et ses cadres sont éduqués dans l'histoire politique et les traditions de la Quatrième Internationale et en sont pénétrés.

(Article paru en anglais le 15 novembre 2022)

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