Perspective

COVID-19: Le New York Times dissimule les crimes de Biden, Trump et compagnie

L’article principal de la première page du New York Times de mardi déclare que les chances «s’amenuisent» pour une enquête bipartisane sur l’impact de la pandémie de COVID-19 aux États-Unis. Comparant la pandémie aux attaques terroristes du 11 septembre 2001, l’article déplore l’incapacité du système politique américain à enquêter et à tirer les leçons d’une catastrophe qui a tué des centaines de fois plus d’Américains que le 11 septembre.

Une infirmière en soins intensifs administre un médicament antiviral à un patient positif au COVID-19 au centre médical régional Kootenai Health à Coeur d’Alene, en Idaho, le 6 septembre 2021 [Photo AP/Michael H. Lehman/DVIDS U.S. Navy/via AP] [AP Photo/Michael H. Lehman/DVIDS U.S. Navy/via AP]

La législation introduite au Sénat pour établir une commission bipartisane sur le modèle de celle créée après les attaques du 11 septembre 2001 stagne. La législation n’a même pas été présentée à la Chambre des représentants et la Maison-Blanche de Biden s’y oppose sans le dire publiquement.

Le Times ne demande pas pourquoi il en est ainsi, mais il est évident qu’aucune section de l’élite dirigeante américaine ne veut d’un compte rendu honnête des circonstances et des décisions politiques qui ont permis la mort de millions de personnes dans le monde, dont 1,1 million aux États-Unis. Les démocrates ne veulent pas d’une telle enquête parce que, malgré toutes leurs fulminations sur les singeries antiscientifiques de Trump – dont la promotion de faux remèdes et même l’injection d’eau de javel –, la réalité est que plus de gens sont morts du COVID-19 pendant que Biden occupait la Maison-Blanche.

Le principal journal américain ne souhaite pas non plus une véritable enquête sur les questions soulevées par la plus grande crise de santé publique depuis plus d’un siècle. Son invocation de la commission sur le 11 septembre comme modèle à suivre le révèle clairement. Cette commission de l’attaque du 11 septembre 2001, composée de défenseurs éprouvés du capitalisme américain, a dissimulé le rôle des agences de renseignement américaines et des principaux États clients des États-Unis comme l’Arabie saoudite. En réalité, il s’agissait d’un blanchiment, pas d’une véritable enquête.

Et si une telle commission COVID-19 devait être convoquée, on l’utiliserait sans aucun doute pour promouvoir la théorie du complot selon laquelle le SRAS-CoV-2 a été créé dans un laboratoire chinois et diffusé par inadvertance ou délibérément. Le Parti républicain a déjà fait savoir que lorsqu’il prendra le contrôle de la Chambre des représentants en janvier, une telle «enquête» sera l’une des premières actions qu’il mènera. C’est une provocation alignée sur la politique de confrontation du gouvernement Biden envers Pékin et sur les préparatifs de guerre des États-Unis.

L’article du Times pose une série de questions auxquelles une commission bipartisane devrait répondre, incluant la détection des agents pathogènes, la collecte inadéquate des données, les problèmes d’approvisionnement en masques et autres produits de santé publique, l’impact du confinement des écoles ou la diffusion de fausses informations sur le virus et les vaccins. Enfin, sans suggérer de réponse, il pose une question «pressante»: pourquoi les États-Unis ont-ils un taux de mortalité COVID-19 plus élevé que les autres pays riches?»

Mais notamment, le journal ne soulève pas la question la plus importante: quelles étaient les considérations politiques qui ont motivé la réponse des gouvernements Trump et Biden à la pandémie? Pourquoi a-t-on subordonné la santé publique aux intérêts financiers?

Wall Street et les sociétés américaines ont exigé que la production reprenne après les fermetures initiales forcées par les travailleurs qui refusaient de se faire infecter par un virus mortel qui se propageait rapidement dans les usines, les bureaux et les écoles. Cette campagne de retour au travail et à l’école a été lancée par le Times lui-même, dont le principal chroniqueur, Thomas Friedman, a lancé le slogan «le remède ne doit pas être pire que la maladie».

Le récit du Times est truffé de distorsions. La plus importante, inspirée par le gouvernement Biden, est l’affirmation selon laquelle la pandémie est terminée. «Les États-Unis sont en train de sortir de la crise», écrivent-ils, bien que le nombre de morts augmente rapidement à l’approche du troisième hiver de la pandémie. D’un plancher de 300 morts par jour – un nombre de morts équivalent à celui du 11 septembre tous les 10 jours – les décès dus au COVID-19 sont passés maintenant à plus de 500 par jour depuis Thanksgiving, et 1.000 décès par jour ont été atteints au moins une fois la semaine dernière, selon l’Université Johns Hopkins.

Même ces chiffres effrayants sont de vastes sous-estimations, car de nombreux États ont cessé de comptabiliser le nombre d’infections, d’hospitalisations et de décès dus au COVID-19 ou ne communiquent pas régulièrement leurs chiffres aux Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

L’article du Times affirme que le temps presse quant à la possibilité d’une enquête, suggérant qu’il sera bientôt impossible d’enquêter, car «la pandémie a déjà presque trois ans. Des faits importants pourraient être perdus avec le passage du temps.» Le massacre délibéré de plus d’un million de personnes par l’élite dirigeante américaine lors de la pandémie est apparemment le seul crime pour lequel le délai de prescription peut être invoqué alors que le crime est toujours en cours!

Il y a un peu plus d’un an, le World Socialist Web Site a lancé une campagne pour une Enquête ouvrière mondiale sur la pandémie de COVID-19. L’appel à la mise en place de cette enquête avait été publié à la veille de l’émergence du variant Omicron du SRAS-CoV-2, qui s’est avéré être la manifestation la plus infectieuse et la plus immunorésistante de la pandémie et a tué au moins 1,5 million de personnes dans le monde, et plus de 300.000 aux États-Unis, malgré la large disponibilité des vaccins et des traitements.

Le WSWS a écrit à l’époque:

En s’appuyant sur les recherches des scientifiques, les connaissances des experts en santé publique et l’expérience concrète des travailleurs et des étudiants, l’Enquête examinera et documentera la réponse désastreuse des gouvernements, des entreprises et des médias à l’épidémie de SRAS-CoV-2, le virus responsable du COVID-19. Elle cherchera à démasquer les forces et les intérêts politiques et économiques qui ont conduit les politiques permettant la transmission incontrôlée du virus et son développement en une pandémie catastrophique qui a tué des millions de personnes dans le monde.

L’Enquête ouvrière mondiale s’est appuyée sur les bases établies par deux webinaires mondiaux sur le COVID-19 organisés par le WSWS auxquels ont participé de nombreux scientifiques, y compris des épidémiologistes de premier plan qui se sont opposés aux approches de «l’immunité collective» et de «l’atténuation» du virus et ont plaidé pour une politique d’élimination et d’éradication du virus. Ces webinaires ont permis d’élaborer la stratégie suivante, qui servira de base à la lutte pour mettre fin à la pandémie:

La cible du SRAS-CoV-2 – le virus à l’origine du COVID-19 – n’est pas l’individu mais des sociétés entières. Le mode de transmission du virus est orienté vers une infection de masse. Le SRAS-CoV-2 a évolué biologiquement pour frapper des milliards de personnes et, ce faisant, en tuer des millions.

Par conséquent, la seule stratégie efficace est celle qui repose sur une campagne coordonnée à l’échelle mondiale qui vise à éliminer le virus sur chaque continent, dans chaque région et dans chaque pays. Une solution nationale efficace n’existe pas à cette pandémie. L’humanité – les gens de toutes origines raciales, ethniques et nationales – doit affronter et surmonter ce défi par un vaste effort collectif et véritablement altruiste à l’échelle mondiale.

Les politiques menées par pratiquement tous les gouvernements depuis le début de la pandémie doivent être rejetées. La subordination de ce qui devrait être la priorité incontestée de la politique sociale – la protection de la vie humaine – aux intérêts de profit des sociétés et à l’accumulation de richesses privées ne peut plus être tolérée.

L’initiative d’un virage décisif vers une stratégie orientée vers l’élimination mondiale doit venir d’un mouvement socialement conscient de millions de personnes.

Ce mouvement mondial doit s’appuyer sur la recherche scientifique. On doit mettre un terme à la persécution des scientifiques – dont beaucoup travaillent sous la menace de leurs moyens de subsistance et même de leur vie. L’élimination globale du virus nécessite l’alliance la plus étroite entre la classe ouvrière – la grande masse de la société – et la communauté scientifique.

L’Enquête ouvrière mondiale est la seule véritable enquête sur le crime mondial commis par les gouvernements capitalistes de tous les pays, qui ont abandonné tout effort pour protéger la population contre le SRAS-CoV-2 et ont laissé le virus se propager et muter vers de nouvelles formes toujours plus dangereuses et infectieuses. Nous avons recueilli le témoignage de scientifiques, de médecins et d’autres professionnels de la santé ainsi que de travailleurs qui ont souffert du coronavirus et du COVID longue durée, ou qui ont subi son impact à travers leurs collègues et leurs familles. Le WSWS a partagé les interviews en format texte et vidéo pour l’éducation de la classe ouvrière et des jeunes.

Le travail de l’enquête se poursuit et nous exhortons tous nos lecteurs et partisans qui veulent contribuer à cette campagne à nous contacter.

(Article paru en anglais le 14 décembre 2022)

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