Perspectives

Mobilisez la classe ouvrière contre le massacre d’emplois chez Amazon et dans d’autres industries!

La classe ouvrière doit réagir à l’annonce du géant de la technologie et du commerce électronique Amazon qu’il va licencier 18.000 travailleurs aux États-Unis par une contre-offensive pour défendre les emplois et le niveau de vie.

Le PDG d’Amazon, Andy Jassy, qui a succédé au centimilliardaire Jeff Bezos en 2021, a annoncé les licenciements mercredi à la suite d’une fuite interne d’employés. Il a imputé la responsabilité de ces licenciements, qui se concentrent sur des postes de vente au détail dans les Amazon Stores et des postes de ressources humaines, à «une économie incertaine» et à des embauches rapides pendant la pandémie.

Scène typique au centre d’Amazon Fulfillment à Robbinsville Township, au New Jersey, le mardi 1er août 2017 (AP Photo/Julio Cortez)

Feignant la compassion pour les travailleurs concernés, Jassy a déclaré: «Nous ne prenons pas ces décisions à la légère et nous ne sous-estimons pas à quel point elles peuvent avoir un impact sur la vie des personnes concernées». Il a ajouté que les suppressions d’emplois permettraient à l’entreprise de poursuivre «des opportunités à long terme avec une structure de coûts plus solide»: c’est-à-dire qu’elles augmenteront les bénéfices de l’entreprise.

Le massacre d’emplois d’Amazon est le dernier en date d’une contre-offensive brutale de l’aristocratie corporative et financière contre les revendications des travailleurs pour de meilleurs salaires et conditions de travail, y compris dans les entrepôts d’Amazon. Alors même que les travailleurs doivent payer pour la crise économique, la valeur nette du président d’Amazon, Jeff Bezos, l’une des personnes les plus riches de la planète, reste supérieure à 100 milliards de dollars.

La nouvelle des suppressions d’emplois chez Amazon fait suite à une série de licenciements massifs dans les entreprises technologiques. Selon l’outil de suivi des licenciements technologiques de TrueUp, les entreprises technologiques ont procédé à 1.517 licenciements en 2022 qui ont entraîné la perte de 237.874 emplois, notamment chez les géants de la technologie Meta, Netflix et des centaines de start-up technologiques. Il s’agit d’une augmentation stupéfiante de 1.800 pour cent des suppressions d’emplois par rapport à 2021, où 13.000 emplois avaient été supprimés. La plus grande série de licenciements a eu lieu en novembre, notamment chez Twitter, où le sociopathe milliardaire Elon Musk a procédé à une purge brutale de plus de 70 pour cent des effectifs.

Au cours de la première semaine de 2023, Salesforce a annoncé qu’elle allait supprimer plus de 10 pour cent de ses effectifs, soit plus de 8.000 employés, ajoutant ainsi au massacre d’emplois.

Mais le massacre d’emplois ne se limite pas au secteur de la technologie. Les menaces de licenciements sont également brandies dans le secteur manufacturier. La multinationale automobile Stellantis a annoncé qu’elle pourrait fermer plusieurs usines cette année, dans le cadre d’une restructuration mondiale de l’industrie automobile. Cette semaine, le PDG de Stellantis, Carlos Tavares, a déclaré sans ambages que l’entreprise allait réduire ses coûts pour «absorber le coût supplémentaire de l’électrification», ajoutant que «si le marché se rétrécit, nous n’avons pas besoin d’autant d’usines». Il a ajouté de manière sinistre qu’«on va devoir prendre des décisions impopulaires».

L’hécatombe d’emplois qui se développe fait partie d’une politique consciente de la classe dirigeante, dont le fer de lance est l’administration Biden. En réponse à la poussée de l’inflation au cours de l’année écoulée, la Réserve fédérale américaine et d’autres banques centrales internationales ont augmenté les taux d’intérêt au rythme le plus élevé depuis le début des années 1980. L’objectif explicite est de faire grimper le chômage pour imposer des réductions massives des salaires réels.

Commentant le rapport de décembre sur l’emploi, qui a récemment révélé un «refroidissement» des embauches, le New York Timesa déclaré que «l’inadéquation entre l’offre et la demande – en particulier dans les industries de services où la rémunération détermine les prix – a continué à faire augmenter les salaires plus rapidement que la Réserve fédérale ne le souhaiterait». Le programme de hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale est censé refroidir le marché du travail, et avec lui, la hausse des salaires».

Le Timesaffirme allègrement que la Réserve fédérale vise à augmenter le chômage à un niveau qui «équivaut à environ un million d’emplois perdus». Autrement dit, la Réserve fédérale, agissant au nom de l’aristocratie financière, cherche à créer une catastrophe sociale pour forcer les travailleurs à accepter des salaires de misère.

En fait, un récent rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) a révélé que les salaires réels des travailleurs aux États-Unis et au Canada ont diminué de 3,2 pour cent au cours des six premiers mois de 2022. Pour la classe dirigeante, cela est considéré comme un bon début, mais loin d’être suffisant.

La flambée de l’inflation, qui a eu un impact catastrophique sur les conditions de vie des travailleurs du monde entier, est elle-même est le produit de plus d’une décennie de politiques d’argent quasi donné par les banques centrales mondiales pour alimenter la manie spéculative des marchés financiers. À cela s’ajoute l’impact de la guerre par procuration entre les États-Unis et l’OTAN contre la Russie et l’impact de la réponse de la classe dirigeante à la pandémie sur les chaines d’approvisionnement mondiales.

La hausse des taux d’intérêt a particulièrement touché les entreprises technologiques, qui ont compté sur l’argent facile et la spéculation de Wall Street pour alimenter leur croissance au cours de la dernière décennie. Avec le resserrement de la politique monétaire, les principales actions technologiques et les cryptomonnaies ont chuté de plus de 28 pour cent en 2022, certaines des chutes les plus importantes depuis l’effondrement des «dot-com». Les actions d’Amazon ont chuté de 51 pour cent l’année dernière, soit la plus forte baisse depuis 2000, lorsque l’action d’Amazon s’est effondrée de plus de 80 pour cent.

Si les hausses de taux d’intérêt peuvent réduire les bénéfices des entreprises et provoquer une récession mondiale, c’est un sacrifice que la classe dirigeante est prête à faire pour s’assurer que les demandes des travailleurs pour des salaires plus élevés soient supprimées.

Leur objectif est de faire porter tout le poids de l’escalade de la crise économique sur le dos de la classe ouvrière, dans des conditions où les bénéfices des entreprises ont atteint le niveau record de 3.000 milliards de dollars au deuxième trimestre de 2022 et de 2.900 milliards de dollars au troisième trimestre.

Une action urgente est nécessaire pour arrêter les licenciements chez Amazon et dans d’autres entreprises! La lutte contre les licenciements doit être liée à la lutte pour une augmentation massive des salaires afin de répondre à l’inflation galopante.

Une contre-offensive nécessite le développement de comités de la base, dirigés démocratiquement par les travailleurs eux-mêmes et indépendants de l’appareil syndical, chez Amazon et dans d’autres entreprises. Au cours de l’année écoulée, la classe ouvrière a commencé à riposter, avec des grèves importantes et d’autres manifestations dans le monde entier. Les travailleurs sont cependant freinés par l’appareil syndical propatronal qui fait tout pour réprimer l’opposition et imposer un recul salarial après l’autre.

Après l’annonce des suppressions d’emplois chez Amazon, les organisations qui tentent de syndiquer les travailleurs d’Amazon n’ont jusqu’à présent rien dit de cette nouvelle attaque contre les emplois, notamment le syndicat des Teamsters, le syndicat Retail, Wholesale and Department Store Union (RWDSU) ou le prétendu syndicat indépendant Amazon Labor Union (ALU).

Le gouvernement Biden a sollicité les services des syndicats corporatistes, dont le RWDSU, non pas pour améliorer les conditions des travailleurs d’Amazon, mais pour réprimer leur opposition, comme les démocrates l’ont fait contre la lutte des travailleurs du rail l’année dernière. Le même processus est reproduit au niveau international, y compris au Royaume-Uni et dans d’autres pays, contre une rébellion montante de la classe ouvrière.

En opposition au nationalisme réactionnaire de l’appareil syndical, les travailleurs d’Amazon et les autres travailleurs des États-Unis doivent unir leurs luttes au mouvement grandissant des travailleurs de tous les pays qui font face aux mêmes conditions et aux conséquences de la même politique de la classe dirigeante. Les licenciements dans le secteur technologique aux États-Unis font partie d’une restructuration internationale qui s’étend à l’Europe et à l’Asie.

Le Comité international de la Quatrième Internationale a lancé la formation de l’Alliance ouvrière internationale des comités de base pour coordonner et unifier les luttes des travailleurs à travers le monde.

Le développement d’une contre-offensive industrielle de la classe ouvrière doit être lié à la construction d’un mouvement politique de masse de la classe ouvrière contre le gouvernement Biden, les deux grands du grand patronat aux États-Unis, et tous les gouvernements capitalistes du monde.

La classe dirigeante répond à la crise du capitalisme par une attaque de plus en plus brutale contre la classe ouvrière. Pour des millions de personnes, le capitalisme n’a rien d’autre à offrir qu’une mort massive due à une pandémie mondiale qui s’intensifie, le chômage de masse, la guerre mondiale et des formes de pouvoir de plus en plus dictatoriales.

La classe ouvrière doit répondre par la construction d’un mouvement socialiste, dont le but est la conquête du pouvoir d’État par la classe ouvrière, l’expropriation des fortunes colossales des riches, le transfert des sociétés géantes en services publics et la réorganisation de l’économie sur la base des besoins sociaux, et non du profit privé.

(Article paru en anglais le 7 janvier 2023)

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