Le samedi 14 janvier, le Sozialistische Gleichheitspartei (Parti de l’égalité socialiste – SGP) a organisé un nouveau meeting dans le cadre de sa campagne électorale. Le SGP se présente aux élections de la Chambre des députés de Berlin sur la base d'un programme socialiste s'opposant à la guerre. C'est le seul parti à articuler l'opposition généralisée à la guerre et à l'austérité sociale croissante.

Le meeting a eu lieu à Marzahn-Hellersdorf , une banlieue de Berlin-Est dont l’histoire est marquée par la dissolution stalinienne de l'ex-Allemagne de l'Est (RDA) et la politique réactionnaire menée ensuite par le Parti social-démocrate (SPD) et les organisations issues du SED (le parti stalinien au pouvoir en RDA), le PDS et le Parti de gauche. A l'approche du rassemblement de samedi, les membres et sympathisants du SGP avaient mené une campagne énergique expliquant le programme, l'histoire et l'héritage révolutionnaire du parti. Celle-ci a rencontré une réponse très positive. Le prochain rassemblement du SGP aura lieu ce samedi à 14h00 dans le quartier berlinois de Wedding.

« Si nous sommes élus à la Chambre des députés, nous en ferons une tribune pour développer notre lutte contre la guerre et l'exploitation capitaliste », a expliqué Ulrich Rippert membre fondateur et président de longue date du SGP. « Nous mettrons à nu la conspiration de la guerre et montrerons comment le Sénat [le gouvernement du Land de Berlin] met en œuvre la politique de guerre du gouvernement fédéral, et nous mobiliserons la classe ouvrière contre elle ».

Dans son discours, Christoph Vandreier, l'actuel président du Parti de l'égalité socialiste, a traité en détail du caractère réactionnaire et du bilan infâme du Parti de gauche au gouvernement. Dans le même temps, il a mis en garde contre le danger posé par le parti d'extrême droite AfD et la conspiration fasciste au sein de l'appareil d'État. Le renforcement de l'AfD était une conséquence directe du fait que tous les partis mettaient en œuvre son programme militariste et anti-classe ouvrière.

Rippert et Vandreier ont rappelé l'héritage politique de la lutte menée par Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht contre l'impérialisme et le militarisme allemands. Les deux socialistes révolutionnaires avaient été lâchement et traîtreusement assassinés il y a 104 ans sous un gouvernement social-démocrate.

Dans son discours de clôture, Vandreier a averti que le réarmement de la Bundeswehr [armée allemande] grâce à un « fonds spécial » de 300 milliards d'euros – exigé avec véhémence par les politiciens et les médias – conduirait à la militarisation complète de la société et à une marche sans précédent vers une troisième guerre mondiale.

Des membres du SGP ont parlé pendant le meeting aux participants et aux membres du public sur le programme et la politique du parti. Ils ont expliqué que l'austérité sociale et les baisses de salaire servaient à financer la guerre menée par l'élite dirigeante. Le SGP appelle à la mise en place de comités d'action indépendants et revendique une échelle mobile des salaires pour compenser pleinement l'inflation, la dissolution de la Bundeswehr et une extension massive de l'infrastructure sociale.

Un jeune ouvrier passant devant le meeting avec son jeune fils a exprimé son amertume vis-à-vis de tous les partis bourgeois: « Ce sont tous des brigands, peu importe qui est au pouvoir. Chaque guerre est une question de profit. On se demande pour qui voter. Ils jettent l'argent des impôts par la fenêtre et rien ne change. En attendant, je dois me demander comment je vais subvenir aux besoins de mon enfant et si j'ai assez d'argent pour l'emmener au cinéma. Pourtant les enfants sont le plus important de tout. »

En marge du rassemblement, une jeune écolière écoutant les interventions déclare : « L'Ukraine reçoit des armes des États-Unis, et maintenant tout le monde s'en mêle. Cela pourrait déboucher sur une guerre nucléaire. L'argent perd de sa valeur et les gens ne peuvent plus rien se permettre. Je ne pense pas que l'armement de la Bundeswehr soit une bonne chose, on devrait apprendre quelque chose de l'histoire allemande. »

Elisabeth est venue du sud-est de Berlin pour participer au meeting du SGP à Marzahn-Hellersdorf. « J'ai lu attentivement votre programme », dit-elle. « J'ai très peur d'une troisième guerre mondiale. Nous n’en sommes pas si loin. Le coup d'État de 2014 était une affaire complètement malhonnête, mais maintenant, l'OTAN veut même former directement les soldats ukrainiens. Les gens en Russie ont eux aussi peur d'une guerre nucléaire parce qu'ils savent cela : personne ne la gagne. »

« Il n’y a pas pire que les Verts », déclare Elisabeth. Elle fait du travail bénévole dans son quartier et emporte avec elle une pile de tracts électoraux à distribuer. « La population est déjà désespérée en raison des prix élevés de l'électricité et de la nourriture », poursuit-elle. « Et ça va aller de mal en pis, sans fin en vue. Les trusts du logement prennent 20 pour cent de loyer en plus sans rien améliorer dans les appartements. C'est complètement insensé ce qu'ils réclament. Le gouvernement ne fait que ce que les grandes entreprises réclament. J'ai voté 30 ans pour le Parti de gauche, mais maintenant vous avez mon vote à coup sûr. Je vous souhaite beaucoup de succès. »

(Article paru en anglais le 20 janvier 2023)