Perspectives

Non à la réforme des retraites de Macron! Les travailleurs n’ont pas à payer pour la guerre!

Après que 3 millions de travailleurs en France ont défilé le mardi 31 janvier contre la réforme des retraites, les grèves s'étendent à toute l'Europe. La colère éclate contre l'austérité et la flambée des prix de l'énergie et de la nourriture qui appauvrissent les travailleurs du monde entier.

Le 31, les travailleurs de la santé belges ont défilé à Bruxelles contre la crise déclenchée par le COVID-19. Le lendemain, les travailleurs de l’informatique finlandais se sont mis en grève, la première d'une vague d'actions sur les salaires en Finlande. Outre-Manche, en Grande-Bretagne, un demi-million de travailleurs ont fait grève contre l'inflation et des lois draconiennes sur le «service minimum».

Les grèves françaises soulèvent des questions importantes pour les travailleurs à travers le monde. Il est impossible de stopper l'assaut croissant contre les droits sociaux de la classe ouvrière sans construire un mouvement contre la guerre que mène l'OTAN contre la Russie en Ukraine, et le danger croissant qu'elle se transforme en un conflit mondial et nucléaire.

Macron sait que sa réforme, qui fait passer l’âge minimum du départ à la retraite à 64 ans afin de réduire les retraites de plus de 5 pour cent – soit 13 milliards d’euros annuels – est massivement rejetée. 70 pour cent des Français s’y opposent, et 79 pour cent estiment qu’une explosion sociale est «possible» dans les semaines à venir. Pourtant, la première ministre Élisabeth Borne martèle que la réforme n’est «plus négociable» et mobilise les forces de l’ordre attaquer les manifestants.

Pour justifier ses politiques autoritaires, Macron envoie des chars en Ukraine faire la guerre à la Russie et augmente les dépenses militaires de près de 100 milliards d'euros, à 413 milliards sur 2024-2030. Il prétend ensuite cyniquement qu’il faut réduire les retraites pour «sauver le système» de la faillite.

Macron se fait le champion des revendications des classes dirigeantes de tous les pays impérialistes. Dans son éditorial de mardi, intitulé «Pourquoi la France a besoin d'une réforme des retraites», le Wall Street Journal reprend les arguments des bourgeoisies impérialistes lors du déclenchement des deux guerres mondiales du 20e siècle: Pour mener une guerre entre grandes puissances, il faut réduire considérablement le niveau de vie des travailleurs.

Le Wall Street Journal écrit: «Les dépenses nécessaires pour faire face aux menaces seront impossibles sans des réformes qui rendent les pensions et les acquis sociaux plus durables. C'est un débat nécessaire en Europe et aux États-Unis. La fin de la guerre froide a créé l'illusion que les États-providence pouvaient se contenter de prestations toujours plus généreuses. Mais ils ne le peuvent pas si les démocraties veulent se défendre contre les menaces autoritaires.»

Ces arguments sont un tissu de mensonges. La réduction des retraites n'est pas due à la décision réactionnaire de Poutine d'envahir l'Ukraine l'année dernière, mais aux intérêts matériels d'une minuscule oligarchie financière qui pille la société.

Selon le rapport Oxfam sur les inégalités, les 1 pour cent les plus riches ont siphonné 63 pour cent de toute la richesse créée, soit 26.000 milliards de dollars, en 2020-2021. La France, où le CAC-40 a encore enregistré des bénéfices records de 172 milliards d'euros en 2022, abrite l'homme le plus riche du monde, Bernard Arnault. Dopée par les sauvetages des banques par l'Union européenne (UE), la fortune boursière d'Arnault est passée de 85,7 milliards d'euros en 2020 à 213 milliards en 2023.

Les 13 milliards dont Macron veut amputer les retraites sont moins d'un tiers de l'augmentation annuelle de la richesse personnelle d'Arnault (42 milliards) depuis le début de la pandémie.

Cet assaut social ne trouve pas son origine dans la stratégie militaire russe, mais dans les profondes mutations mondiales qui ont suivi la dissolution stalinienne de l'Union soviétique en 1991. Dirigée par Washington, s’est lancée dans une suite de guerres néocoloniales qui a coûté des millions de vies: Irak, Yougoslavie, Afghanistan, Mali, Syrie et au-delà. A l’intérieur, l'UE a rogné les droits sociaux que la classe dirigeante s’était vue contrainte de concéder en Europe occidentale après la défaite soviétique de l'Allemagne nazie dans la Seconde Guerre mondiale.

En France, le «dialogue social» entre l'État et les bureaucraties syndicales sur les «réformes» des retraites ou les services sociaux essentiels sont devenues des événements presque annuels, depuis que la réforme d’Alain Juppé a provoqué la grève des cheminots de novembre-décembre 1995.

Macron ne réforme pas les retraites parce que c'est le seul moyen de financer une réponse à une agression par la Russie, qui a traditionnellement des liens diplomatiques étroits avec la France. En réalité, il risque une guerre mondiale à l’extérieur afin de poursuivre la guerre sociale à l’intérieur.

En 2019, Macron a accordé une longue interview au Economist, critiquant les menaces de l'OTAN contre les forces russes au Moyen-Orient. Il a dit que l'OTAN était en état de «mort cérébrale» et exigé une nouvelle politique vis-à-vis la Russie. Il a ajouté: «Que les États-Unis soient très durs avec la Russie, c’est un surmoi, administratif, politique, historique.» Il a dit que la France voulait «construire des équilibres pour éviter que le monde ne s’embrase.»

Si Macron s’est aligné sur l’OTAN en Ukraine l’année dernière, au départ il a refusé d’y envoyer des chars. «Nous ne voulons pas une guerre mondiale. Nous aidons l'Ukraine à résister sur son sol, jamais à attaquer la Russie.», a-t-il écrit pour expliquer cette décision en octobre. En décembre, il a déclaré qu’une «ligne rouge» à laquelle il s’arrêterait serait toute mesure qui ferait de la France un «cobelligérant» dans le conflit russo-ukrainien.

Au début de l’année, toutefois, alors que Macron réglait le débat sur la politique des retraites en faveur d'une réforme haïe, il a aussi opté pour la guerre. Le 4 janvier, il s'est engagé à envoyer des chars AMX-10 en Ukraine. Pour justifier la réforme des retraites, on a décidé de faire de la France un co-belligérant et de risquer la guerre mondiale contre laquelle Macron avait mis en garde.

85 ans après la fondation de la IVe Internationale – qui avertissait dans le Programme de transition en 1938, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, que le capitalisme vivait son agonie – le capitalisme est à nouveau empêtré dans une crise mortelle.

Rallier les travailleurs d'Amérique, d'Europe, d'Ukraine, de Russie et au-delà à une lutte internationale contre la guerre est une tâche urgente, inséparable de la lutte contre l'austérité sociale.

Une différence essentielle sépare la situation actuelle des guerres mondiales du 20e siècle. Lors de la Première Guerre mondiale, il a fallu trois ans à la classe ouvrière pour lancer la première offensive contre la guerre: la révolution de 1917 en Russie qui a porté au pouvoir Lénine, Trotsky et les bolchéviks. Aujourd'hui, cependant, alors que la bourgeoisie cherche à entraîner le monde dans une Troisième Guerre mondiale, elle fait face à des grèves de masse au niveau international.

Pour arrêter la guerre et les attaques sociales, il faut ôter le contrôle des luttes aux fédérations syndicales, dont l’appareil stalinien de la CGT en France. Ces appareils divisent la classe ouvrière selon des lignes nationales, négocient l’austérité avec les États capitalistes et bloquent l'opposition à la guerre. L'année dernière, l’appareil de la CGT et son allié politique, le NPA pabliste, ont publié des déclarations soutenant les arguments de l'OTAN pour la guerre contre la Russie.

Il faut établir des comités de la base sur les lieux de travail et dans les écoles, indépendants des bureaucraties syndicales. Reliés à l'Alliance internationale ouvrière des comités de la base, ils peuvent unir les luttes croissantes des travailleurs et des jeunes en un puissant mouvement pour arrêter la guerre et faire chuter les gouvernements réactionnaires comme celui de Macron.

La perspective marxiste-internationaliste pour soutenir un tel mouvement est fournie par le Comité international de la IVe Internationale (CIQI), le mouvement trotskyste mondial. Cela fait 70 ans que les ancêtres politiques pablistes du NPA français ont fait scission avec le CIQI, arguant que les bureaucraties staliniennes serviraient de direction révolutionnaire aux travailleurs. Le soutien actuel de la CGT et du NPA à l'OTAN constitue objectivement une réfutation dévastatrice de cet argument.

L’alternative politique qu’il faut construire est le CIQI et sa section française, le Parti de l’égalité socialiste, luttant pour la perspective de la révolution socialiste mondiale.

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