Le ministre israélien fasciste Smotrich appelle à l’anéantissement de la ville de Huwara, tandis que l’opposition anti-Netanyahou grandit

Les ministres fascistes du gouvernement israélien ont intensifié leurs attaques incendiaires contre les Palestiniens à la suite du pogrom perpétré dimanche à Huwara et dans d’autres villages palestiniens près de la ville de Naplouse, au nord de la Cisjordanie.

Des centaines de colons dont certains étaient masqués et armés se sont déchaînés, incendiant les maisons, les magasins, les voitures, les biens et les terres agricoles des Palestiniens, tuant une personne et en blessant 120 autres. Au moins 35 maisons ont été détruites, et 40 autres ont été endommagées. Plus de 400 voitures ainsi que des propriétés agricoles ont été brûlées, laissant la ville en feu pendant des heures.

Des soldats israéliens patrouillent dans une zone endommagée par les feux de véhicules incendiés lors d’une attaque de colons à Hawara, près de la ville de Naplouse en Cisjordanie, le mercredi 1er mars 2023. [AP Photo/Majdi Mohammed]

Les soldats israéliens sont restés à l’écart et n’ont rien fait pour protéger les Palestiniens, comme l’exige le droit humanitaire international. Le lendemain, l’armée a ordonné aux Palestiniens de rester à l’intérieur et aux magasins de fermer, laissant les colons errer dans les rues. Le Jerusalem Post a décrit Huwara comme une «ville fantôme».

Ni le Premier ministre Benjamin Netanyahou ni aucun de ses ministres n’ont dénoncé l’assaut, se contentant de dire que ce n’était «pas notre façon de nous faire justice nous-mêmes».

Suite au tollé général, les autorités israéliennes ont arrêté une poignée de personnes, qui ont toutes été relâchées. Une seule a été condamnée à quatre jours d’assignation à résidence.

Les dirigeants du parti d’extrême droite ont appelé les Forces de défense israéliennes (FDI) à chasser les Palestiniens de leurs maisons dans un appel explicite au nettoyage ethnique de la Cisjordanie, ou à une seconde «Naqba» entre Israël et ses voisins arabes. «Naqba» est le nom que les Palestiniens utilisent pour l’expulsion d’au moins 700.000 Palestiniens avant et pendant la guerre de 1948-49 entre Israël et ses voisins arabes.

Les partis d’extrême droite et de la coalition religieuse de Netanyahou se sont absentés d’une session de la Knesset convoquée par le bloc d’opposition pour discuter de l’attaque.

Lundi, Zvika Fogel du Pouvoir juif a déclaré: «Hier, un terroriste est venu de Huwara – Huwara est fermée et brûlée. C’est ce que je veux voir. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra y avoir dissuasion». Il faisait référence à la fusillade, plus tôt dimanche, de deux frères d’une colonie voisine, tués alors qu’ils traversaient la ville en voiture.

Mercredi, Bezalel Smotrich, le chef sioniste religieux et ministre des Finances qui s’est vu confier la responsabilité de l’administration civile de la Cisjordanie – légalement occupée par Israël depuis la guerre israélo-arabe de 1967 – a déclaré qu’Israël devait «anéantir» Huwara. Peuplée de 7.000 Palestiniens, Huwara est presque entièrement entourée de colonies israéliennes et coupée en deux par une route de colons.

«Le village palestinien de Huwara devrait être anéanti. C’est à l’État de le faire et non à de simples citoyens», a déclaré Smotrich.

Avant l’agression, Smotrich avait tweeté son soutien à une déclaration de David Ben-Zion, chef adjoint du Conseil régional de Samarie, appelant à la destruction de Huwara. Il s’est ensuite plaint que ses propos avaient été sortis de leur contexte et a supprimé son tweet, insistant sur le fait que c’était la responsabilité du gouvernement.

Cela a incité un groupe d’avocats israéliens spécialisés dans les droits de l’homme à demander au procureur général d’enquêter sur Smotrich et deux de ses alliés pour «incitation aux crimes de guerre». Des collectes en ligne ont été organisées pour les Palestiniens de Huwara, ainsi que des manifestations en début de semaine pour protester contre le pogrom.

Mercredi, des travailleurs israéliens ont débrayé en masse tandis que prenaient place d’énormes manifestations à Tel-Aviv, Jérusalem et dans d’autres villes dans le cadre d’une journée d’action baptisée «Journée nationale de perturbation» visant à protester contre les projets du gouvernement de s’arroger des pouvoirs dictatoriaux en neutralisant le système judiciaire. Cette journée fait suite à huit semaines de rassemblements de masse organisés le samedi soir dans les villes du pays qui n’ont cessé de prendre de l’ampleur.

La proposition de loi, qui devrait être adoptée avant les vacances parlementaires du 2 avril, permettrait au gouvernement de nommer les juges de la Cour suprême et donnerait à la Knesset le pouvoir d’annuler les décisions de justice. Cela permettrait au gouvernement de faire fi des droits démocratiques et aux groupes ultraorthodoxes et sionistes religieux de renforcer le rôle de la religion dans le pays. Elle supprimerait toutes les restrictions restantes pour le mouvement ultranationaliste des colons, qui cherche à étendre sa présence en Cisjordanie.

Si ces mesures deviennent loi, la Cour suprême les jugera probablement inconstitutionnelles, ce qui précipitera une crise politique majeure avant les célébrations prévues pour marquer le 75e anniversaire de la fondation de l’État sioniste.

Le gouvernement a également introduit une législation qui permet à Aryeh Deri, chef du parti Shas, condamné à trois reprises, d’occuper un poste de ministre du gouvernement, passant outre une décision de la Haute Cour. Et le gouvernement est sur le point d’introduire un projet de loi qui empêcherait Netanyahou – qui nage dans les scandales et est actuellement en procès pour corruption – d’être démis de ses fonctions. Ceci est pour empêcher l’auditeur général de déclarer Netanyahou «inapte à exercer ses fonctions» en raison du «conflit d’intérêts» entre son procès pour corruption et son implication dans les plans qui visent à émasculer le système judiciaire. Une telle décision pourrait précipiter une crise constitutionnelle où l’armée et les services de renseignement ne pourraient plus recevoir d’ordres du Premier ministre.

Les commissions parlementaires ont approuvé d’un signe de tête des fonds supplémentaires pour les maisons et les dépenses personnelles de Netanyahou, tandis qu’elles approuvent presque quotidiennement les projets favoris et les alliés des partis d’extrême droite, ce qui alimente la colère du public.

La tension est montée d’un cran mercredi lorsque des centaines de policiers ont cherché à disperser la manifestation à Tel-Aviv, ayant recours à des grenades assourdissantes et des canons à eau contre les manifestants, les traînant de force hors de la route. Arab News, une publication saoudienne, a rapporté que la police avait été accueillie par des chants de «démocratie», «État policier» et «Où étiez-vous»? Une référence au refus des soldats ou de la police des frontières d’agir contre les colons à Huwara.

Le Times of Israel rapporte: «Dans le quartier de Rehavia à Jérusalem, des centaines de manifestants qui se dirigeaient vers la résidence du Premier ministre ont été bloqués par la police alors qu’ils cherchaient à bloquer la route… On entend des dizaines de personnes crier “Où étiez-vous à Huwara” aux policiers…»

On a vu un policier appuyer son genou sur le cou d’un manifestant. Au moins 71 manifestants ont été arrêtés à travers le pays, dont 42 à Tel-Aviv, et 11 personnes ont dû recevoir des soins médicaux d’urgence. Ces événements font suite à l’ordre donné par le chef du Pouvoir juif et ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, à la police d’«utiliser tous les moyens disponibles» pour disperser les manifestants qu’il a accusés de causer l’anarchie.

Ben-Gvir a accusé le chef de l’opposition Yair Lapid d’encourager l’anarchie et lui a demandé, ainsi qu’à d’autres dirigeants, de cesser d’encourager la violence contre la police.

De leur côté, Lapid et les chefs sionistes de l’opposition se présentent comme un groupe plus sûr pour protéger l’État israélien, parlant pour la plupart dans un langage identique à celui de l’extrême droite. «Deux mois après la mise en place d’un gouvernement de droite totale», a déclaré Lapid, «l’ampleur des attaques [palestiniennes] augmente, les terroristes relèvent la tête. L’armée est confuse et ne comprend pas sa chaîne de commandement».

Netanyahou a soutenu les ordres de Ben-Gvir à la police et a refusé de désavouer les commentaires de Smotrich. S’exprimant mercredi alors que les manifestants se rassemblaient à travers le pays, il les a également accusés d’anarchie et a affirmé que les manifestations avaient été financées par des «éléments étrangers».

Le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou commence à se fragmenter au milieu d’un tumulte et d’une opposition sans précédent. Il s’agit notamment de critiques de la part d’avocats chevronnés, d’experts juridiques, d’anciens généraux, de chefs des services de renseignement israélien et de chefs d’entreprise, ainsi que de manifestations de réservistes de l’armée qui ont déclaré qu’ils refuseraient de servir si la loi était adoptée – sans oublier les manifestations de masse régulières qui dépassent largement les 100.000 personnes dans un pays qui ne compte que 9,3 millions d’habitants qui se tiennent chaque samedi.

Le chef du parti Noam, Avi Moaz, qui fait partie de l’alliance électorale du sionisme religieux, a démissionné du gouvernement, se plaignant que Netanyahou ne lui permettait pas de mener à bien son mandat de renforcer l’éducation religieuse dans les écoles publiques. Peu après, un ministre de l’un des partis religieux a démissionné de l’un de ses postes après un différend avec Netanyahou sur le financement des juifs ultraorthodoxes.

(Article paru en anglais le 2 mars 2023)

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