Perspectives

Non à la «médiation» syndicale! Mobilisons les travailleurs pour faire tomber Macron!

Depuis plus de deux mois, des millions de travailleurs manifestent contre la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, rejetées par trois-quarts des Français. La colère a éclaté quand Macron a imposé sa réforme sans vote à l’Assemblée, en affirmant qu'elles étaient nécessaires pour préserver la crédibilité de la France sur les marchés financiers. L'État était démasqué comme une dictature des banques, et Macron comme un président qui gouverne contre le peuple et qu’il faut faire chuter.

La colère monte encore et des grèves continuent dans les raffineries, les aéroports et les gares à travers la France. Cependant, le mouvement est à présent confronté à un obstacle politique important : les mêmes fédérations syndicales qui, depuis deux mois, ont annoncé les grèves contre Macron.

Le 26 mars, Laurent Berger, le chef de la CFDT a appelé à stopper les grèves. « Je suis préoccupé par cette situation', a-t-il dit. Reprenant le discours des forces de l’ordre, il a mis en garde contre « un climat qui est dangereux » et «la folie qui pourrait s’emparer de ce pays » et a demandé: «Il vaut mieux faire redescendre la température que d’attiser les choses.»

La bureaucratie syndicale trahit le mouvement que les médias bourgeois prétendent qu’elle dirige, et travaille dans cette situation politique explosive pour soutenir Macron contre le peuple. Berger a appelé à apaiser la colère ouvrière et à démobiliser les grèves, en acceptant que la réforme illégitime de Macron sera acceptée comme point de départ de la discussion.

Hier, sur France Info, Berger a déclaré qu'il irait la semaine prochaine à Matignon, la résidence officielle de la Première ministre Élisabeth Borne, qui a organisé la campagne pour la réforme. Il a dit, « C’est un espace à saisir ... Mais on n'est pas naïfs. On sait que cette réunion n'est sûrement pas pour nous annoncer le retrait de la réforme. »

Berger a dit qu'il compte voir Borne pour «se remettre autour de la table sur l'emploi et sur le travail et laisser une chance à un compromis social », tout en organisant une « pause » de la réforme. Il a averti que si Macron continuait à aller de l'avant, cela pourrait discréditer non seulement l’État, mais aussi les bureaucraties syndicales. Il a dit, « Si on faisait le pari du pourrissement de la contestation, il y aurait plus grave : un ressentiment que tout le monde paiera très cher. »

D'autres syndicats, dont la CGT, Solidaires et la CFE, discutent tous publiquement de la proposition réactionnaire de Berger.

Les travailleurs et les jeunes doivent tirer des conclusions de cette trahison flagrante et historique de la lutte contre Macron. Il faut retirer le contrôle des grèves et des luttes aux appareils syndicaux, qui soutiennent Macron même quand il foule aux pieds la volonté du peuple. En effet, les bureaucrates syndicaux sont craints qu’une lutte ouvrière contre Macron ne porte atteinte à leurs privilèges et à leurs positions, non pas que la réforme de Macron porte atteinte au niveau de vie et aux droits sociaux et démocratiques des travailleurs à la base.

Comme Macron, la bureaucratie de la CFDT et ses alliés piétinent la volonté du peuple. La semaine dernière, un sondage IFOP a confirmé que 62 pour cent des Français souhaitaient que le mouvement contre Macron se « durcisse » après le recours de Macron au 49.3 pour imposer sa réforme sans vote à l’Assemblée. Mais les bureaucraties syndicales, qui ne recherchent pas à libérer une explosion sociale mais à la canaliser, vont dans la direction diamétralement opposée.

L'alternative, comme l'a expliqué le Parti de l'égalité socialiste (PES) tout au long de la lutte, est de construire des comités de la base sur les lieux de travail et dans les écoles. Ces comités doivent rompre avec les bureaucraties syndicales, qui trahissent la lutte contre Macron. Ils peuvent organiser et coordonner les grèves, organiser la défense des grévistes contre les attaques de la police, et mener une campagne politique mobilisant travailleurs et jeunes pour faire tomber Macron.

Le revirement manifeste des bureaucraties syndicales contre le mouvement de masse visant Macron donne également raison à l'opposition du PES à tous les partis petit bourgeois qui, ces derniers mois, ont appelé les bureaucraties syndicales à formuler une « stratégie gagnante » contre Macron.

Les bureaucraties ne formuleront pas une telle stratégie, car elles soutiennent Macron contre la marée montante des luttes ouvrières, et non l'inverse. Si elles appellent à la grève, c'est parce qu'elles craignent que si elles ne le faisaient pas, les travailleurs se mettraient quand même en grève et, ayant débordé des bureaucraties syndicales, lanceraient une explosion sociale incontrôlable.

Il faut une rupture irréconciliable avec les bureaucraties syndicales et leurs alliés politiques, car la traîtrise de Berger et d'autres fonctionnaires n'est pas le résultat d'une erreur tactique ou d'une défaillance personnelle de l'un ou l'autre bureaucrate. Les travailleurs ne peuvent pas empêcher les appareils syndicaux d’agir ainsi en remplaçant Berger par quelqu'un d'autre. Cette politique découle des intérêts matériels des bureaucraties syndicales, en tant qu'organisations nationales profondément intégrées dans l'État capitaliste.

Les travailleurs en France et au niveau international reconnaissent largement que, depuis longtemps, les syndicats ont cessé de remporter des victoires militantes. Ils n'ont pas pu coordonner les grèves contre les sociétés transnationales à l'ère de la mondialisation capitaliste. Après d'innombrables capitulations au cours des 50 dernières années, leur base ouvrière s'est effondrée. Seuls 7 pour cent des travailleurs français sont syndiqués, et avec le résultat que les budgets syndicaux sont financés à 90 pourcents par des subventions patronales ou de l’État.

Berger s'identifie donc instinctivement à Macron, craint une radicalisation ouvrière et accepte volontiers les réformes attaquant les travailleurs afin d'éviter qu'ils ne fassent tomber Macron.

Contre les bureaucraties syndicales, les meilleurs alliés des travailleurs en France sont leurs frères et sœurs de classe à travers l'Europe et le monde. D'ores et déjà, une résurgence massive de la lutte des classes et la formation de comités de base sont en cours à l'échelle internationale. Rien que le mois dernier, des millions de travailleurs ont déclenché des grèves en Grande-Bretagne et en Allemagne, ainsi que des grèves nationales d'enseignants, de cheminots ou du secteur public dans des pays tels que la Belgique, l'Italie et le Portugal.

Cette montée de la colère sociale et de la lutte des classes, ainsi que la croissance des organisations indépendantes de travailleurs, permettront aux travailleurs de construire un mouvement puissant, défiant l'opposition des bureaucraties syndicales, pour faire tomber Macron.

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