Lors d’une audition devant la sous-commission de la Défense du Sénat, le chef des opérations de la marine américaine a déclaré que celle-ci construisait actuellement 56  nouveaux navires de guerre et qu’elle avait passé un contrat pour la construction de 76  autres, comme partie d’un renforcement militaire massif en vue d’un conflit avec la Chine.

«Nous avons 56 navires en construction et 76 autres sous contrat», a déclaré l'amiral Michael M. Gilday.

Cette mesure fait partie d’un plan visant à doter la marine américaine d’un total de 373  navires avec équipage et 150  navires sans équipage, contre 296 cette année.

Ouvrant l’audition, le président démocrate de la commission, John Tester, a déclaré : «la Chine reste notre principale menace et nous devons continuer à moderniser notre armée pour garder une longueur d’avance par rapport à cette menace».

Au début du mois, le député Mike Gallagher avait déclaré que la «concurrence» entre les États-Unis et la Chine ne serait pas «polie» et décrit le conflit entre les États-Unis et la Chine comme une «lutte existentielle pour savoir à quoi ressemblera la vie au XXIe  siècle».

Il avait ensuite ajouté: «Si vous réfléchissez à ce que serait une grande stratégie cohérente vis-à-vis de la Chine, la puissance dure en serait le principal élément et la marine serait l’élément le plus important de vos investissements dans cette puissance dure».

La Chine dispose actuellement de deux porte-avions opérationnels, tous deux alimentés au diesel. En revanche, les États-Unis disposent d’une flotte de 11  porte-avions à propulsion nucléaire, qui peut transporter plus de 1.000  avions d’attaque, ce qui dépasse le nombre combiné d’avions d’attaque transportés par les marines de tous les autres pays.

Le budget de la marine pour l’année fiscale  2024 dépasse les 250  milliards de dollars, une augmentation de 11  milliards de dollars par rapport à l’année précédente. Il prévoit 32,8  milliards de dollars dans l’année fiscale  2024 pour l’acquisition de neuf navires. Ces navires comprennent un sous-marin lanceur de missiles balistiques de classe Columbia, deux sous-marins d’attaque de classe Virginia, deux destroyers de classe Arleigh Burke et deux frégates de classe Constellation.

Pour l’année fiscale  2025, la marine prévoit d’acheter sept navires supplémentaires, dont deux sous-marins, deux destroyers, une frégate, un navire de surveillance des océans et son premier [bâtiment de débarquement] Landing Ship Medium.

«Nous modernisons nos capacités, en veillant à ce que nos forces restent prêtes au combat aujourd’hui et à l’avenir… Nous continuons à renforcer nos capacités, en veillant à ce que nous disposions de plates-formes létales pertinentes pour obtenir un avantage dans la conduite de la guerre», a déclaré Gilday lors de l’audition.

Le général David H. Berger, commandant du corps des Marines, a ajouté: «Nous n'attendons pas 2030, 2027 ou 2025. Nos Marines sont prêts à faire face à n'importe quelle crise, n'importe où, maintenant».

Alors que les États-Unis construisent activement leur marine en vue d’un conflit avec la Chine, les responsables militaires américains discutent ouvertement de ce à quoi ressemblerait une guerre navale avec la Chine.

Dans une interview accordée à l’émission «60  Minutes» la semaine dernière, l’amiral Samuel J. Paparo, chef de la Flotte américaine du Pacifique, a déclaré que si la Chine devait envahir Taïwan, «le gros de la marine américaine sera rapidement déployé dans le Pacifique occidental pour venir en aide à Taïwan. Si l’ordre est donné d’aider Taïwan à contrecarrer cette invasion, la marine américaine est-elle prête»?

Il a ajouté, «la Navy est toujours en état d’alerte. Un tiers de la marine est toujours déployé et en opération à tout moment. La marine rassemble actuellement environ 300  navires, et il y a environ 100  navires en mer en ce moment même tout autour du globe».

Au-delà de l'extension et de la modernisation de la marine, le gouvernement Biden a utilisé la guerre en Ukraine comme prétexte pour mettre en œuvre des contrats d'achat d'armes pluriannuels et sans appel d'offres qui permettront d'étendre massivement l'arsenal américain.

« La guerre en Ukraine nous a appris que nous devons passer de stocks d’armes et de munitions ‘‘juste-à-temps’’ à des stocks ‘‘juste-au-cas-où’’, a déclaré la sénatrice républicaine Susan Collins lors de l’audition.

«Le ministère de la Défense envoie » le signal que « nous achèterons ces missiles pour une longue période», a déclaré le secrétaire d'État à la marine, Carlos Del Toro.

«Notre base industrielle ne peut pas être du juste-à-temps, si nous devons participer à un conflit. Nous devons disposer d'une base industrielle suffisamment solide pour faire face à une forte augmentation des besoins», a déclaré Berger.

«En janvier, le général Michael Minihan de l’Armée de l’air a déclaré à son commandement qu’il s’attendait à ce que les États-Unis entrent en guerre avec la Chine d’ici 2025». Il a déclaré: «Mon instinct me dit que nous nous battrons en 2025» et a recommandé aux aviateurs sous son commandement de se préparer à la guerre en mettant de l’ordre dans leurs «affaires personnelles».

Le 11  mars, la Directrice du renseignement national, Avril Haines, a déclaré que les propos du président Biden que les États-Unis entreraient en guerre avec la Chine au sujet de Taïwan n’était pas juste une conviction personnelle du président mais bien plutôt une politique réelle des États-Unis.

(Article paru d’abord en anglais le 29 March 2023)