Les manifestants du 1er mai en France exigent l’annulation de la réforme de Macron

Des millions de travailleurs ont manifesté hier en France contre la réforme des retraites illégitime dictée par Macron et contre son gouvernement. Macron a augmenté de deux ans l’âge minimum de la retraite et la période de cotisation, foulant aux pieds l’opposition de trois-quarts des Français. Cependant, la validation de la réforme par le Conseil constitutionnel en avril n’a pas résolu, mais intensifié la crise.

Le gouvernement se révèle incapable de légitimer sa loi sur les retraites promulguée par Macron. En imposant une loi rejetée par une écrasante majorité des Français, Macron a en fait miné la légitimé de son propre gouvernement devant les masses. Cela confirme l’analyse du Parti de l’égalité socialiste: la tâche posée à la classe ouvrière pour stopper l’austérité est de faire chuter Macron.

Les mobilisations hier étaient, dans de nombreuses villes, les plus grandes depuis le début du mouvement contre Macron en janvier. Les sources syndicales ont donné des chiffres frôlant le record pour la mobilisation dans les plus grandes villes: 550.000 à Paris, 130.000 à Marseille, 100.000 à Toulouse et à Bordeaux, 80.000 à Nantes, et 45.000 à Lyon.

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Un nombre record de travailleurs ont participé aussi dans les villes moyennes, où dans de nombreux cas une large proportion de la population s’est mobilisée: Limoges et Caen (40.000), Brest et Grenoble (33.000), Bayonne (30.000) et Lorient, Nîmes et Clermont-Ferrand (25.000).

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Des dizaines de milliers de flics étaient mobilisés, dont 5.000 à Paris, la justice ayant autorisé l’usage de drones par l’État pour espionner les manifestants. Les forces de l’ordre ont violemment attaqué les cortèges, notamment à Marseille, à Nantes, à Lyon, à Rennes, et à Paris. Le ministère de l’Intérieur a fait état de 108 flics blessés et de 291 arrestations.

A Paris, les affrontements ont commencé peu après le départ du cortège: les forces de l’ordre ont chargé le cortège à de nombreuses reprises pour tenter de le diviser et d’en nasser certaines parties, lançant aussi des lacrymogènes et des grenades de désencerclement.

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Deux policiers ont été sérieusement brûlés suite à l’explosion d’un cocktail Molotov dans leurs rangs.

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Finalement, quand le cortège parisien est arrivé place de la Nation, des incendies se sont déclarés quand la police a tenté de nasser toute la place, bombardant les manifestants avec des lances à eau et des lacrymogènes.

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Les journalistes du WSWS sont intervenus pour interviewer des manifestants à Paris. Toya, un travailleur venu du Mali, que les troupes françaises viennent de quitter après neuf années de guerre, a dit qu’il se mobilisait pour la journée internationale des travailleurs et pour dire non à la guerre.

«Pour nous, on est contre la guerre en Ukraine. On est contre la guerre partout», a-t-il dit, pour souligner que les travailleurs n’ont pas d’intérêt à la guerre et ont besoin de paix. «En 2013 j’étais au Mali au début de l’intervention française, l’Opération Serval. … Entre le peuple malien et le peuple français, il n’y a aucun souci. Les problèmes viennent des politiques. Mais nous les Maliens on n’a rien contre le peuple français, et les Français n’ont rien contre le peuple malien.»

Le WSWS a aussi interviewé Gaëtan, Quentin et Guillaume, trois étudiants en région parisienne venus ensemble manifester.

«C’est la journée internationale du travail, le 1er mai, a dit Gaëtan. On est encore étudiant, mais nous parents ont galéré toutes leurs vies dans le monde du travail, c’est un monde assez précaire, quand même. Je pense à mon père, si lui doit travailler jusqu’à 64 ans ça va être compliqué, parce qu’il y a la pénibilité. On pense à tous les gens qui galèrent au travail, qui n’arrivent pas aux fins de moi. Leur prendre deux ans de retraite, c’est catastrophique.»

Il a ajouté: «On n’est pas d’accord avec la réforme et surtout la manière dont elle est amenée. C’est antidémocratique.»

Macron, a dit Quentin, s’en moque «des gens qui manifestent dans la rue, ses ministres sont tous des enculés. Il faut les faire sortir. Il n’y a pas un seul ministre qui n’a pas des problèmes, qui n’a pas fait» des choses pour nuire aux masses. Il a traité le bilan de Macron de «catastrophe».

Quentin a critiqué la participation française à la guerre contre la Russie en Ukraine, étant donné le long passé d’interventions françaises pour attiser ainsi de violents conflits.

Il a ajouté que la lutte contre la réforme de Macron n’est pas finie, et qu’elle s’intensifiera alors que Macron impose davantage de mesures réactionnaires rejetées par les Français: «Quand il va balancer sa réforme sur le RSA, ça va être beau, la loi contre l’immigration aussi.»

Guillaume a dit: «Il faut dire non à la réforme, il faut dire non à la méthode. Nous on ne s’adapte pas au gouvernement. On se bat, ce n’est pas seulement pour défendre les retraites, c’est pour défendre la démocratie.»

Le WSWS a aussi interviewé Kevin et Céline, qui travaille dans la logistique et qui a rejoint les manifestations des «gilets jaunes» contre les inégalités pendant le premier mandat de Macron. Céline a dénoncé la réforme de Macron: «Je n’ai même pas 30 ans, au bras gauche j’ai perdu 80 pour cent de ma force. Si on me dit de travailler jusqu’à 64 ans, c’est impossible. On envoie les gens à la mort.»

Elle a souligné que le mouvement contre Macron ne s’estompe pas après l’adoption de la loi, car la colère monte et le Conseil constitutionnel n’est pas légitime pour décider de la réforme: «J’ai vu les gilets jaunes, et ici c’est même plus fédérateur. C’est une mesure qui touche tout le monde. Quand je parle au gens, par curiosité, tout le monde est d’accord, on n’en veut pas. … Le Conseil constitutionnel, c’est un Ehpad pour retraités politiques.»

Interrogée pour savoir si les travailleurs avaient un intérêt à une escalade de la guerre OTAN-Russie en Ukraine, elle a répondu: «Non, qui sert de chair à canon? Qui va mourir? Ce ne sera pas M. le président Poutine qui veut faire la guerre, ou M. le président Macron qui veut faire la guerre. C’est toujours les mêmes qui se font tuer.»

Céline a souligné que les travailleurs sont face à un effondrement de la démocratie française, alors que l’État et les banques verrouillent systématiquement toute avenue pour les travailleurs de forcer le gouvernement de s’aligner, même de loin, sur l’opinion des masses.

Elle a dit: «Le problème c’est qu’on passe par les voies démocratiques, ils nous font le 49.3. On se dit qu’on a le Conseil constitutionnel, le Conseil valide ça quand même. On manifeste dans la rue, on se fait taper sur la gueule et on ne nous écoute pas. Au bout d’un moment, on fait quoi? Le plus dramatique, c’est qu’on peut manifester, essayer de faire ça par les urnes, mais il n’y a aucune voix qui passe.»

En France, à travers l’Europe et au-delà, les travailleurs font face à des gouvernements capitalistes entièrement sourds à leurs appels à mettre fin à l’austérité et à la guerre. Les appareils syndicaux veulent calmer le jeu en appelant à une «médiation» avec Macron futile pour les travailleurs, et réactionnaire. Il n’y a rien à négocier avec Macron, qui ne fait plus semblant de gouverner avec le consentement du peuple. La classe ouvrière est engagée dans une lutte politique contre l’État capitaliste dont le contenu fondamentalement révolutionnaire est toujours plus évident.

La classe ouvrière doit reprendre le contrôle de ses luttes aux appareils syndicaux, qui négocient avec Macron, alors que les deux tiers des Français veulent une grève générale pour stopper l’économie. En négociant avec Macron plutôt que de travailler pour le faire chuter, les bureaucraties syndicales foulent elles-mêmes aux pieds la volonté de la classe ouvrière.

Il faut construire des organisations indépendantes, à la base, pour mobiliser la colère ouvrière qui monte derrière un mouvement pour préparer une grève générale pour faire chuter Macron, stopper ses réformes illégitimes, et relier les luttes en France à un mouvement international contre la guerre et l’austérité et pour le socialisme.

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