Israël annonce qu’il y aura d’autres attaques après le retrait de Jénine

Les forces de défense israéliennes (FDI) se sont retirées de la ville de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, mercredi matin, mettant fin à deux jours d’invasion et de bombardement de la ville et du camp de réfugiés densément peuplé.

Itamar Yaar, ancien chef adjoint du Conseil national de sécurité israélien et colonel de réserve, a souligné que le retrait ne marquait pas la fin des opérations. «Cela ne signifie pas que nous avons fait ce que nous avions à faire, que nous nous sommes retirés et que c’est tout», a-t-il déclaré. «L’opération a été relativement courte et limitée. Cela signifie que nous pourrions assister à des activités similaires» qui pourraient avoir lieu à Jénine «même demain».

Des Palestiniens marchent sur une route détruite après deux jours de raid militaire israélien sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie, le 5 juillet 2023 [AP Photo/Majdi Mohammed]

Cette menace fait écho aux remarques précédentes du chef du commandement central des FDI et du premier ministre Benjamin Netanyahu. Elle découle inexorablement du programme de la coalition d’extrême droite de Netanyahou, qui s’est engagée à annexer la Cisjordanie au mépris du droit international – de préférence «nettoyée» des Palestiniens, ou à défaut, en les entassant dans des enclaves isolées et soumises à un blocus – dans la poursuite de son objectif d’établir un État suprématiste juif à la fois en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. Ces forces fascistes ont encouragé et incité leurs partisans à mener des attaques en Cisjordanie pour terroriser et chasser les Palestiniens. En même temps, elles exigent que les FDI prennent des mesures toujours plus agressives à l’encontre des Palestiniens.

Toute l’opération de Jénine, planifiée pendant des mois et menée au vu et au su de l’impérialisme américain qui ne cesse de faire passer ses propres agressions militaires pour des «interventions humanitaires», a constitué une violation flagrante des conventions internationales sur la guerre et les droits de l’homme, qui proscrivent toute action militaire contre des civils.

Plus d’un millier de soldats, dotés d’une puissance de feu massive, sont entrés dans Jénine à bord de véhicules blindés et de bulldozers, sous le couvert de drones et d’hélicoptères armés. Leur objectif déclaré était d’éradiquer – notamment en saisissant leurs armes et leurs explosifs – quelques centaines de militants palestiniens du Hamas, du Jihad islamique, du Repaire des Lions, des Brigades de Jénine, du Front populaire de libération de la Palestine et d’autres organisations qu’Israël désigne comme «terroristes». Les forces de sécurité israéliennes ont affirmé que des militants de la région de Jénine ont mené plus de 50 attaques par balles depuis le début de l’année.

Un porte-parole des FDI a souligné que «nous ne sommes pas venus conquérir le camp de réfugiés [de Jénine]. Il ne s’agit pas d’une opération contre l’Autorité palestinienne, mais d’une opération contre les organisations terroristes de Jénine qui rendent la vie de la population civile de Jénine misérable». L’opération se poursuivra indéfiniment, a-t-il ajouté. «Il s’agira d’une série d’opérations qui ne seront pas nécessairement limitées dans le temps dans le nord de la Samarie [la Cisjordanie occupée], en fonction des renseignements et du calendrier opérationnel».

C’est sous ce prétexte que les soldats se sont lancés dans une opération planifiée où ils patrouillent dans les rues, détruisent les réseaux de distribution et tous les véhicules qui se trouvent sur leur chemin, démolissent de nombreux bâtiments du camp de réfugiés – maisons, immeubles résidentiels, installations médicales et mosquées – et traumatisent la population, forçant environ un quart des 14.000 résidents du camp de réfugiés à fuir leur domicile. Ils ont procédé à des perquisitions maison par maison, interrogé plusieurs centaines de Palestiniens, dont une trentaine ont été placés en détention pour un interrogatoire plus approfondi, et saisi des caches d’armes et des explosifs.

Les troupes des FDI ont laissé derrière elles des quartiers entiers de la ville comme des zones de guerre, sans rien ou presque pour les familles en fuite – quelque 80 pour cent des maisons ont été endommagées ou détruites – et sans aucune perspective d’acquérir un jour les ressources financières et matérielles nécessaires pour réparer les dégâts, comme l’a montré l’expérience des Palestiniens dans la bande de Gaza. Cette situation survient après des décennies de contrôle militaire israélien sur la zone C, couvrant environ 60 pour cent de la Cisjordanie, ce qui a empêché la construction et la réhabilitation des infrastructures d’eau, d’assainissement, d’électricité et de transport, dévastant l’économie, détruisant les moyens de subsistance et causant d’amères souffrances.

Dans cette dernière intervention, des forces israéliennes ont tué douze Palestiniens, dont quatre mineurs. Le Jihad islamique palestinien a revendiqué huit de ses combattants parmi les morts. Israël a blessé plus de 100 personnes, dont 20 sont dans un état critique, empêchant de nombreux blessés de recevoir un traitement médical. Cela porte à près de 150 le nombre total de Palestiniens de Cisjordanie tués par les forces israéliennes, tandis que plusieurs dizaines d’autres ont été tués à Gaza.

L’opération de cette semaine a été tellement unilatérale qu’un seul soldat israélien a été tué lors du retrait des troupes, ce qui, selon les FDI, était probablement dû à des «tirs amis». Les FDI ont admis que peu d’affrontements armés ont eu lieu avec les militants parce que les 300 tireurs recherchés avaient fui la zone.

Mercredi, les Palestiniens ont organisé des processions funéraires de masse pour les morts, et des foules en colère ont expulsé les représentants de l’Autorité palestinienne qui étaient venus leur rendre hommage, les dénonçant comme des «traîtres» pour n’avoir rien fait pour les protéger de l’attaque israélienne et qualifiant leurs actions de «honteuses». Les militants de l’enclave palestinienne assiégée de Gaza ont tiré cinq roquettes en direction du sud d’Israël en signe de solidarité avec Jénine, mais ces roquettes ont été interceptées par le système israélien «Iron Dome».

Jeudi après-midi, un Palestinien a abattu un soldat israélien près de la colonie de Kedumim, en Cisjordanie. Les forces de sécurité israéliennes ont pris en chasse un automobiliste et l’ont tué. Les Brigades Izz ad-Din al-Qassam, l’aile militaire du Hamas, le groupe religieux qui contrôle Gaza, l’ont revendiqué comme membre et ont déclaré que son acte était une réponse à l’assaut israélien sur Jénine.

Jeudi, les forces de défense israéliennes ont mené des frappes d’artillerie contre le Liban du sud après qu’un missile guidé antichar tiré depuis le Liban a explosé sur la barrière frontalière près du village de Ghajar, situé à cheval sur la frontière. Ces frappes interviennent dans un contexte de tensions croissantes à la frontière. La semaine dernière, le Hezbollah, le parti religieux libanais allié à l’Iran qui a apporté un soutien vital au président Bachar el-Assad au cours de la guerre par procuration qui dure depuis 12 ans, financée et soutenue par les États du Golfe, la Turquie et la CIA, et qui vise à renverser son régime, a déclaré avoir abattu un drone israélien qui survolait un village dans le sud du Liban.

Des jets israéliens ont également mené des frappes aériennes contre des cibles près de la capitale syrienne, Damas, dans la nuit de mercredi à jeudi. Il s’agit de la deuxième frappe israélienne sur la Syrie cette semaine, qui visait probablement des entrepôts qui stockent des «armes iraniennes avancées», selon un rapport du site d’information Ynet. Les frappes ont eu lieu alors que la Syrie et la Russie organisaient des exercices aériens conjoints, prévus pour durer plusieurs jours, axés sur «des opérations conjointes de défense aérienne et de guerre électronique pour contrer les frappes aériennes», selon l’armée russe.

Tôt dans la journée de dimanche, l’armée israélienne a déclaré que ses avions de combat avaient frappé une batterie de défense aérienne syrienne après qu’un missile antiaérien syrien lancé à partir du système a explosé dans l’espace aérien israélien. Il s’agissait apparemment d’une réponse à plusieurs frappes israéliennes près de la ville de Homs qui, selon l’agence de presse de l’État syrien, avaient causé des «pertes matérielles».

(Article paru d’abord en anglais le 7 juillet 2023)

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