Mettons fin à l’intimidation des partisans du comité de base de National Steel Car et aux menaces de la bureaucratie du Syndicat des Métallos contre eux!

Plus de 1.400 travailleurs de l’usine National Steel Car à Hamilton, en Ontario, sont en grève depuis près de trois semaines. Ils réclament d’importantes augmentations de salaire pour suivre le rythme de l’inflation et la fin de l’horrible bilan de sécurité de l’usine, qui a coûté la vie à trois travailleurs en autant d’années. Les travailleurs de la base ont créé le Comité de base des travailleurs de National Steel Car pour reprendre le contrôle de leur lutte contractuelle à la bureaucratie du Syndicat des Métallos, qui refuse toujours de mener une lutte sérieuse contre le fabricant de wagons. Pour rejoindre le Comité de base de National Steel Car, écrivez-nous à nscrfc@gmail.com.

Confrères et consœurs,

Il semble y avoir une divergence concernant le terme «solidarité». Nous abordons cette question parce que les membres du Comité de base des travailleurs de National Steel Car (NSC-RFC) et les bureaucrates du Syndicat des Métallos (USW) ont des définitions bien différentes de ce mot.

L’entrée des ateliers de National Steel Car [Photo: USWA 7135]

Des travailleurs sur le piquet de grève nous ont rapporté que les bureaucrates du Syndicat des Métallos étaient à la recherche des membres du NSC-RFC, qui sont la cible de menaces violentes de la part de fiers-à-bras du syndicat. Nous avons également appris que deux journalistes du World Socialist Web Site ont été accostés récemment par l’actuel secrétaire de séance alors qu’ils se rendaient sur le piquet de grève. Depuis lors, nous avons entendu dire que ces journalistes sont des «faiseurs de troubles» et qu’ils sèment la «discorde» et la «confusion», brisant ainsi la solidarité nécessaire à l’obtention d’un bon contrat de travail.

On raconte également que les actions entreprises par le NSC-RFC vont permettre à National Steel Car de nous imposer une mauvaise entente. Ou encore que le Comité est en fait une espèce d’escroquerie pour nous soutirer de l’argent.

Nous pouvons vous assurer que, contrairement à la bureaucratie du Syndicat des Métallos qui reçoit son salaire à toutes les deux semaines (et qui est en train de nous affamer en ne nous donnant qu’une maigre part de NOTRE ARGENT comme indemnité de grève alors qu’elle trône sur un fonds de grève d’une valeur d’environ 850 millions de dollars), personne au sein de notre comité n’a la main tendue pour demander de l’argent. Tout cela n’est rien de plus que de la calomnie à bon marché et non fondée.

Il faut également comprendre que le WSWS n’a pas commencé sa couverture de ce qui se passe à notre usine il y a deux semaines. Contrairement aux grands médias, qui n’ont jamais montré qu’un intérêt superficiel pour nos problèmes depuis que nous sommes entrés en grève le 29 juin, le WSWS a fait des reportages sur NSC depuis plus de dix ans maintenant, en commençant par la capitulation qui nous a été imposée par le Syndicat des Métallos lors de la grève de 2009.

Il suffit de saisir «National Steel Car WSWS» dans n’importe quel moteur de recherche pour comprendre de quoi nous parlons. Vous pouvez également voir des exemples ici, ici et ici. Les autres médias n’ont-ils jamais pris la peine de faire autre chose que de régurgiter les communiqués officiels du syndicat, de l’entreprise ou du gouvernement?

Une fois de plus, et contrairement aux grands médias, qui ne font que permettre aux politiciens opportunistes du Nouveau Parti démocratique (Marit Stiles et Matthew Green) d’utiliser notre lutte pour faire des séances de photos et éventuellement récolter des voix, le WSWS couvre nos problèmes du point de vue des travailleurs.

Bien honnêtement, toutes ces calomnies, menaces et diversions ne sont que des foutaises. Elles sont conçues pour détourner l’attention des travailleurs de NSC et renvoyer ceux-ci dans le confinement des actions tolérées par les bureaucrates du Syndicat des Métallos.

S’il y a un problème de solidarité, il provient peut-être de l’apathie causée par les différents dirigeants de la section 7135 que nous avons eus au cours de la dernière décennie et demie? Il est peut-être dû aux augmentations salariales toujours inférieures au taux d’inflation que nous avons, même lorsque celui-ci était relativement faible?

Nous n’avons certainement pas oublié les propos de Lawrence Hay, heureusement maintenant à la retraite, qui nous a dit, lors de deux réunions de ratification distinctes, que des augmentations salariales de 2 à 2,5 %, c’était «la norme dans l’industrie». Il parlait davantage comme un entrepreneur de main-d’œuvre à bon marché que comme un «syndicaliste».

La «discorde» pourrait-elle être due aux concessions faites pendant cette période, et dont les effets se font toujours sentir? À savoir, le nombre d’heures nécessaires pour devenir syndiqué ou encore les «taux de formation» utilisés pour imposer dans les faits un échelon salarial inférieur?

La «discorde» pourrait-elle être due à toutes les querelles internes (y compris les audits des finances de la section locale menés par le Syndicat des Métallos) qui sont survenues pendant la majeure partie de la dernière décennie? À la lumière de ces réalités, les commentaires de notre secrétaire de séance semblent relever de la projection. Après tout, il était intimement impliqué dans ces querelles.

En fin de compte, nous soupçonnons que la «solidarité» exigée par le Syndicat des Métallos se définit davantage comme l’obéissance à son plan bureaucratique de «réussite». Cette «réussite» se traduit par des augmentations salariales inférieures à l’inflation, le maintien du travail à la pièce et l’absence totale de mesures pour lutter contre les accidents de travail mortels sur les lieux de travail.

La définition de ce qu’est la solidarité pour notre comité est tout à fait différente. La nôtre est la solidarité de la classe ouvrière en tant que classe interconnectée au-delà des frontières nationales et des secteurs industriels. Nous avons proposé des idées et des stratégies pour nous aider dans notre lutte, par exemple en demandant aux cheminots de mettre à l’écart les wagons loués par NSC et d’y apposer la mention «NSCX», afin d’empêcher que l’employeur ne fasse des bénéfices pendant que nous sommes en grève. Nous n’avons rien entendu de la part du Syndicat des Métallos à ce sujet.

Nous avons demandé que notre lutte soit liée à celle des débardeurs canadiens et américains de la côte ouest. Pourquoi devrait-il en être ainsi? Les wagons que nous construisons à P7 sont des wagons à évidement central intermodaux (3-Packs). Ceux-ci sont utilisés pour transporter les conteneurs maritimes sur les trains. Où se situe le Syndicat des Métallos sur cette question? Pour autant qu’on sache, le Syndicat des Métallos et l’ILWU (International Longshore and Warehouse Union) sont tous deux membres du Congrès du travail du Canada. Or, on n’entend rien d’autre que des criquets.

Ou encore qu’en est-il du conflit de Wabtec à Erie, en Pennsylvanie? L’employeur là-bas a recours à des briseurs de grève pour casser la grève. Or nous utilisons des composants de Wabtec dans l’atelier des essieux-porteurs. Là encore, les Métallos nous confinent, incapables de relier ce problème à une lutte plus large, ce qui nous permettrait d’obtenir gain de cause.

Les problèmes rencontrés par les débardeurs de Colombie-Britannique et les travailleurs de Wabtec sont presque identiques aux nôtres. Bien que nous souffrons tous d’augmentations salariales inférieures à l’inflation pourtant négociées par nos syndicats, de conditions de travail dangereuses, de régimes d’avantages sociaux médiocres, d’échelons salariaux inférieurs pour les nouveaux employés, etc., il apparait assez clairement que l’appareil bureaucratique du Syndicat des Métallos, n’a aucun intérêt ni aucune intention d’élargir notre lutte, même quand les liens sont faciles à voir.

La bureaucratie du Syndicat des Métallos, en dépit de ses sermons sur la «solidarité», est plus intéressée à maintenir l’équilibre entre les employeurs et elle-même. En fin de compte, c’est ce que nous soupçonnons d’être à l’origine de leur malaise face aux travailleurs qui commencent à entrevoir la possibilité d’accéder à leur autonomie. Nous soupçonnons également que c’est ce qui explique les tactiques d’intimidation et les campagnes de dénigrement visant à faire taire les dissidents. Ce n’est pas là un signe de force, mais bien une indication de faiblesse.

Il y a un autre problème grave ici, lié à la division en classes de la société dans laquelle nous vivons. La classe dirigeante du pays, dont le PDG Greg Aziz est un membre à part entière, voit toute l’importance de notre grève. Pour elle, toute victoire potentielle de notre part est perçue comme une mèche allumée susceptible de déclencher une réaction en chaîne.

Notre victoire peut enhardir d’autres travailleurs au Canada et d’ailleurs dans le monde à se soulever et à lutter contre les exigences que la classe dirigeante leur impose. Il ne fait aucun doute que nous sommes considérés comme des esclaves rebelles, ingrats et indignes, qui ont besoin d’une bonne leçon pour nous ramener dans le droit chemin et servir d’exemple aux autres travailleurs.

Cette situation met en lumière deux choses liées entre elles:

  1. Il faut lier notre lutte chez NSC aux autres luttes similaires actuellement menées sur le continent et à l’étranger.

  2. Pourquoi le Syndicat des Métallos ne fait-il rien en ce sens et tient-il à nous maintenir isolés? Est-ce qu’il fait tout pour perdre?

Nous sommes à la croisée des chemins. Si la bureaucratie du Syndicat des Métallos garde le contrôle de la grève, elle va nous affamer jusqu’à la soumission, de sorte que la prochaine offre pourrie d’Aziz semblera alléchante en comparaison. Qui peut prétendre le contraire? Aucun d’entre nous ne pourra vivre longtemps avec 260 dollars par semaine.

Mais nous avons une solution à cela. En renforçant notre pouvoir sur le terrain avec le NSC-RFC, nous pouvons exiger que les indemnités de grève soient équivalentes à notre salaire normal, ce qui nous mettra en meilleure position pour obtenir gain de cause. Au lieu de rester sur le piquet de grève à attendre des séances de photos avec des politiciens et des bureaucrates syndicaux qui ne se soucient pas de nous, nous pouvons développer des liens réels avec nos confrères et consœurs de chez Stelco, Dofasco, des chemins de fer, des ports, dans l’industrie automobile et même dans les industries des sciences de la santé qui sont en plein essor dans la région.

Par ailleurs, nous pouvons et devons exiger la fin de toutes tactiques d’intimidation à l’encontre du NSC-RFC et des publications comme le WSWS qui parlent au nom des travailleurs de la base comme nous.

Ça peut sembler une tâche ardue, mais c’est un début. Et c’est déjà bien plus que ce que l’ensemble de la bureaucratie du Syndicat des Métallos a fait depuis aussi longtemps que n’importe qui peut se rappeler. L’avenir est déterminé dans la lutte, et pour cela les travailleurs de la base doivent prendre position pour eux-mêmes et les uns pour les autres. C’est pourquoi nous encourageons tous les travailleurs de NSC à rejoindre le NSC-RFC et à construire le type d’organisation que nous aimerions tous voir. Contactez-nous au nscrfc@gmail.com.

(Article paru en anglais le 18 juillet 2023)

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