Le gouvernement britannique a lancé une campagne fascisante contre les migrants et les réfugiés.

Mardi, les 15 premiers migrants ont été forcés à monter sur la barge ‘Bibby Stockholm’ dans le port de Portland dans le Dorset, qui n’est rien d’autre qu’une prison flottante. La barge doit rester dans le port pendant au moins 18 mois. Conçu pour 222 personnes, elle hébergera jusqu'à 506 demandeurs d'asile dans des pièces minuscules pendant l'examen de leurs demandes.

Les conditions à bord de la barge – que le syndicat des pompiers a condamnées comme présentant un risque d'incendie – ont été résumées par l'un des demandeurs d'asile, un Afghan, dont le pays a été détruit par l'invasion américano-britannique de 2001 et 20 années de conflit.

S'adressant à la BBC, il a déclaré: «Notre chambre est petite, nous ne pouvons même pas mettre de vêtements dans le placard pour une personne. C'est comme une prison ici – le bruit des serrures et des contrôles de sécurité me donne l'impression d'entrer dans Alcatraz. C'est terrible qu'ils veuillent loger 500 personnes ici. Mon colocataire a paniqué au milieu de la nuit et a eu l'impression de se noyer. Il y a des gens parmi nous qui ont reçu des médicaments très forts du médecin pour la dépression. »

Les premiers demandeurs d'asile ont été envoyés à bord dans une atmosphère politique abjecte, semblable à celle de l'Allemagne nazie, les journaux télévisés diffusant des émissions en direct depuis le port et les médias de droite attaquant les migrants.

L’assaut a été mené par le vice-président du Parti conservateur au pouvoir, Lee Anderson, qui a déclaré au quotidien Daily Express, farouchement anti-migrants, « s’ils n’aiment pas les péniches, alors ils devraient foutre le camp en France. »

Le quotidien Express rapporte: «Ce commentaire reflète la frustration croissante face à la façon dont les organisations caritatives et les avocats de gauche tentent d’exploiter le système pour bloquer tout contrôle de la crise des migrants au Royaume-Uni […] Il est apparu plus tôt dans la journée que l'association caritative de gauche Care4Calais […] était impliquée dans la tentative d’empêcher 500 migrants d'être hébergés sur la barge géante, Bibby Stockholm, amarrée sur la côte sud. »

Le Daily Mail a titré, « Nous avons peur de l'EAU donc vous ne pouvez pas nous mettre sur la barge pour migrants: les avocats gauchistes aident à bloquer le transfert de 20 demandeurs d'asile sur Bibby Stockholm ». Il rapporte que le transfert de 20 migrants sur la barge a été « annulé » lundi après que des contestations juridiques de représentants de Care4Calais ont affirmé que le ministère de l'Intérieur n'avait procédé à aucune vérification d'aptitude. Le PDG de l'organisme de bienfaisance, Steve Smith, a depuis révélé que certains des demandeurs d'asile qu'il défendait n'étaient pas montés à bord du vaisseau hier en raison de « problèmes de santé mentale », découlant du fait que certains personnes avaient été « traumatisés en voyant leurs amis se noyer en mer ».

Le ministre de la Justice, Alexander John Gervase Chalk, a salué l'intervention « robuste » d'Anderson, affirmant qu'il avait exprimé « la juste indignation du peuple britannique ». Le bureau du Premier ministre a déclaré que le ministre de la Justice, en soutenant Anderson, parlait au nom du gouvernement.

Sur l’émission Nick Ferrari au petit-déjeuner de LBC radio, Chalk a déclaré à propos du Groupe de travail sur les facilitateurs professionnels récemment créé, composé de fonctionnaires, de la police et d'organismes de réglementation, « Il est vraiment destiné à renforcer massivement notre capacité à poursuivre les avocats voyous. »

La ministre de l'Intérieur Suella Braverman, une sociopathe qui a déclaré que c'était son «obsession» et son «rêve» d'expulser les migrants vers le Rwanda, a repris le thème dans le Daily Mail, menaçante : « Les avocats véreux de l'immigration doivent être extirpés et traduits en justice […] nous savons que certains mentent pour aider les migrants illégaux à déjouer le système […] Le peuple britannique veut que nous mettions fin à la migration clandestine – je suis déterminé à sévir contre ces avocats immoraux et arrêter les embarcations [qui traversent la Manche] ».

Sa diatribe se terminait par cette menace : « Ces escrocs rendent beaucoup plus difficile le renvoi de personnes qui n'ont pas le droit d'être ici et ils doivent être poursuivis en justice. Je veux voir les pires coupables derrière les barreaux et nous avons les lois en place pour les traduire en justice.

En « s'opposant » à la déclaration d'Anderson, le principal reproche des travaillistes [Labour] concernait son utilisation d'un langage obscène. Le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, a tweeté, « le langage est important ». Mais la politique d'immigration de Labour au pouvoir ne se distinguerait que très peu de celle des conservateurs.

Le Labour a déjà déclaré que s’il accédait au pouvoir, il garderait les barges utilisées comme centres de détention ainsi que d’autres infrastructures anti-immigration. Sa politique a été décrite par le secrétaire à la Justice ‘fantôme’ Steve Reed, qui a déclaré que le regroupement des demandeurs d'asile sur des barges était « trop peu, trop tard ». La « responsabilité en revient » aux conservateurs, car ils étaient « restés bras croisés pendant 13 ans alors que la migration clandestine échappait à tout contrôle. Maintenant, faibles comme toujours, ils organisent un groupe de discussion sans effet au lieu de sévir contre ceux qui abusent de notre système d'immigration ».

Anderson fut lui-même longtemps travailliste et conseiller municipal du Labour. Ancien mineur du bassin houiller du Nottinghamshire, lieu notoire à partir duquel le gouvernement Thatcher organisa une opération pour briser la grève des mineurs en 1984-1985 avec la création du Syndicat des mineurs démocrates, un syndicat jaune, il fut élu en tant que travailliste à l'élection locale du district d’Ashfield en 2015. Il quitta le Labour pour rejoindre les conservateurs en 2018, se plaignant que ce parti avait « été détourné par l’extrême gauche » sous la direction de Jeremy Corbyn.

De là, il fut rapidement hissé à la direction des conservateurs, gagnant le surnom de « Red Wall Rottweiler » et remportant la circonscription de Mansfield, bastion des travaillistes qui a soutenu le Brexit au référendum de 2016, lors des élections législatives de 2019 après la démission d’une autre travailliste de droite, Gloria De Piero.

Anderson (salaire £100,000, plus sa rémunération de député) et De Piero ont présenté des émissions sur la chaîne droitière GB News. L’attaque brutale de celui-ci contre les demandeurs d'asile lui a valu le surnom désobligeant de « Powell-le-petit», une référence au député parlementaire Enoch Powell, qui attisa le racisme dans les années 1960 avec son tristement célèbre discours des « Fleuves de sang ».

Mardi, Anderson était l'invité de l'émission GB News de l'ancien chef du Brexit Party, Nigel Farage, qui fait campagne depuis des années pour la politique même qu'Anderson défend maintenant au sein du Parti conservateur.

La sale campagne menée par les conservateurs, avec le soutien des travaillistes, révèle seulement que le programme et le personnel des deux partis sont interchangeables. La guerre contre les réfugiés n'est pas seulement un élément accessoire de leur programme mais repose sur la mobilisation des éléments les plus arriérés de la société contre les plus désespérés et les plus vulnérables, comme fer de lance d'un assaut contre toute la classe ouvrière.

Si les conservateurs veulent faire de la défense juridique des migrants par des avocats un délit pénal, alors la criminalisation des manifestations antiracistes ne saurait guère tarder.

La loi sur le renvoi des réfugiés vers un pays tiers a été promulguée au Parlement le 20 juillet, le jour même de la promulgation de la loi réquisitionnant les travailleurs, les obligeant à travailler pendant une grève dans les «services essentiels». Le Premier ministre Rishi Sunak s'est vanté ainsi: « Nous nous mettons au travail et avons adopté aujourd'hui de nouvelles lois qui joueront un rôle important dans nos efforts pour arrêter les embarcations, aider les entreprises à se développer et permettre au public d'accéder aux services essentiels malgré les perturbations. »

Ceci est l'agenda de la classe dirigeante sur tout le continent où des gouvernements comme ceux d'Italie et des Pays-Bas se précipitant pour imiter la politique anti-migrants de la Grande-Bretagne.

Les conservateurs sont engagés dans des discussions pour expulser – en vertu de la loi sur l’immigration clandestine – toute personne arrivant dans une petite embarcation, soit au Rwanda, soit à 6 400 km de l’Angleterre sur les îles de l'Ascension, une roche volcanique de l'Atlantique sud. Parmi les autres « pays tiers » prévus comme destinations des expulsés figurent au moins cinq États africains, dont le Niger, un pays d’extrême pauvreté confronté à la menace imminente d'une guerre catastrophique avec ses voisins !

(Article paru en anglais le 9 août 2023)