Macron applaudit la guerre israélienne contre Gaza

Dans une allocution télévisée hier soir, Emmanuel Macron a soutenu sans réserve la guerre menée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou contre le soulèvement palestinien à Gaza. Il a appelé à l’« unité nationale » et demandé aux Français de se rallier à son gouvernement impopulaire qui soutient les bombardements incessants par l’armée israélienne (Tsahal) de l’enclave palestinienne appauvrie.

Avant le discours, ses conseillers politiques ont avoué aux médias qu’une profonde opposition existe à ses positions parmi les Français et qu’ils craignent que cette opposition n’explose. Ce serait probable, notamment si le Tsahal lançait l’invasion terrestre de Gaza à présent largement anticipée et mettait à exécution ses menaces de tuer tous les membres du Hamas. Ceci impliquerait le massacre d’une large partie de la population palestinienne bloquée à Gaza.

Laurent Marcangeli, du parti « Horizons » de l’ex-Premier ministre Edouard Philippe, dit : «Il faut faire attention à ce qu’on dit. Avoir un peu d’humilité face à la complexité de ce dossier. On ne sait pas comment les choses vont évoluer. L’opinion peut se poser des questions en fonction de la gradation de la réponse d’Israël. Après la stupeur, l’horreur, le dégoût, d’autres images de victimes innocentes, cette fois côté palestinien, peuvent émouvoir ».

Denis Sieffert, ex-rédacteur du magazine Politis, a déclaré au Monde : « Le risque que court le gouvernement est de voir émerger des manifestations spontanées et désordonnées ».

Macron a réagi en laissant son ministre de l’Intérieur d’extrême droite, Gérald Darmanin, interdire toute manifestation pro-Gaza et en invitant les dirigeants de tous les partis parlementaires français à des discussions à huis clos sur la crise politique. De Marine Le Pen, du RN néofasciste, à Manuel Bompard, de la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, tous ont rencontré Macron. Dans le contexte actuel, cela équivaut à une approbation par l’ensemble de l’establishment politique français du chèque en blanc que donne Macron à Netanyahou.

Dans son allocution, Macron a laissé de côté l’oppression des Palestiniens par l’État d’Israël et son blocus illégal de Gaza depuis 2007 et a travesti la guerre, présentée comme un acte maléfique de terrorisme palestinien contre Israël. Il a traité le soulèvement d’ « attaque terroriste la plus tragique de son histoire» et de «déchaînement de cruauté absolue».

Macron a dit que le Hamas, qu’il a traité de « mouvement terroriste », « expose de manière criminelle et cynique la population de Gaza ». Le cynisme et la criminalité sont, en réalité, du côté de Macron. En effet, il n’a pas dit que ce à quoi les Palestiniens de Gaza sont exposés est la menace d’un assaut génocidaire du Tsahal, approuvé par Macron, contre un soulèvement impulsé par les conditions intolérables du blocus de Gaza qui dure depuis 16 ans.

Macron a déploré la mort de 14 Français lors de l’offensive du Hamas et s’est engagé à faire libérer des 17 Français détenus par le Hamas, qui veut les utiliser pour négocier un échange de prisonniers avec Israël. Il a aussi demandé que les combats ne s’étendent pas au Liban, ancienne colonie française, où la milice du Hezbollah a échangé des tirs avec les forces de Tsahal dans le nord d’Israël.

Si Macron a brièvement appelé à une résolution du conflit israélo-palestinien, il a surtout voulu justifier la répression à l’intérieur de la France. Il a indiqué que l’État capitaliste français considère la sympathie envers Gaza comme un crime. « Ceux qui confondent la cause palestinienne avec le terrorisme commettent une faute morale », a-t-il dit, promettant que la police et l’armée françaises réprimeraient « tous les débordements, toutes les dérives, toutes les haines » que pourrait provoquer le conflit israélo-palestinien en France.

Macron a conclu en louant hypocritement la « voix singulière et universelle qui est celle de la France », exigeant que les Français restent « unis pour porter un message de paix et d’espérance » et « être à la hauteur de notre histoire».

On ne peut réconcilier la rhétorique creuse de Macron, qui tente d’invoquer les traditions de la Révolution française de 1789, avec les attaques de Tsahal sur Gaza. La révolution démocratique du XVIIIe siècle a accordé aux minorités religieuses – Juifs, Protestants et Musulmans – sa protection légale, en affirmant le principe de l’égalité humaine. Macron, quant à lui, approuve l’assaut du Tsahal contre les Palestiniens, qui prend indubitablement un caractère fascisant et génocidaire.

Intensifiant son blocus de Gaza jugé illégal par l’ONU, l’État israélien coupe vivres, carburant, énergie et aide humanitaire à Gaza et bombarde cette zone densément peuplée de plus de 2 millions d’habitants, dont la moitié est âgée de moins de 18 ans. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a traité les habitants de Gaza d’ « animaux», alors qu’il se prépare à l’envahir.

L’approbation par Macron de l’offensive de Tsahal est liée à la légitimation par la classe dirigeante des traditions les plus sanglantes et réactionnaires de France et d’Europe. C’est ce qui ressort des propos de Marine Le Pen, la fille et héritière politique de Jean-Marie Le Pen, négationniste et promoteur du régime collaborationniste de Vichy. Marine Le Pen, qui n’a jamais répudié le soutien de son père à Vichy et à la Shoah, a préconisé un meurtre de masse de Palestiniens et le nettoyage ethnique de Gaza.

«Le terrorisme est la pire des lâchetés et la pire des brutalités», a-t-elle déclaré sur C-News dimanche, ajoutant qu’ «il faut permettre à Israël d'éradiquer le Hamas».

Le Pen a ensuite proposé d’assassiner tous les Palestiniens favorables à Hamas ou qui s’opposent à Tsahal par les armes, et d’expulser les autres Palestiniens de Gaza. Elle a dit : « Une partie de la population palestinienne soutient probablement le Hamas. Mais pour l'autre, elle est otage. Donc, il faudrait peut-être que la communauté internationale demande à l'Égypte d'ouvrir un asile pour permettre à la population palestinienne d'évacuer Gaza ».

La décision de Macron et d’autres chefs de partis parlementaires français de rencontrer Le Pen après ce commentaire fascisant, que les ancêtres politiques collaborationnistes de Le Pen auraient très bien compris, n’est pas un accident politique. D’abord, Le Pen propose ce que les milieux dirigeants israéliens prévoient de mettre en œuvre, avec le soutien de l’OTAN. Ensuite, l’establishment politique français, depuis la dissolution stalinienne de l’Union soviétique en 1991, a totalement accepté de légitimer le néo-fascisme.

Une confrontation explosive se prépare entre la classe ouvrière et toute la classe dirigeante. L’élite dirigeante capitaliste est saisie par la peur des masses, après les grèves au printemps contre la réforme des retraites de Macron, imposée contre le peuple à travers un accord avec la bureaucratie syndicale, et les émeutes de masse de l’été après l’assassinat de Nahel par la police. Elle n’a pas pu légitimer les politiques de nettoyage ethnique ou de meurtre de masse, qui rencontrent une opposition profonde et historiquement enracinée parmi les travailleurs.

Dans les luttes de classe qui éclateront contre Macron, la classe ouvrière devra s’opposer à la guerre et mettre un terme à l’assaut contre Gaza. La position fascisante de Macron sur le massacre en Palestine est un avertissement : il n’y a rien à négocier avec Macron, dont il faut faire chuter le gouvernement à travers une lutte pour transférer le pouvoir depuis les banquiers jusqu’aux travailleurs.

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