La crise humanitaire s’aggrave à Gaza, alors que Joe Biden déclare que les pertes civiles sont «le prix à payer pour faire la guerre»

Tandis que les bombardements sauvages de la bande de Gaza par Israël se poursuivent sans relâche, les 2,3 millions de résidents de la bande de Gaza font face à une crise humanitaire qui atteint des dimensions terribles. Outre un bilan officiel approchant les 7.000 morts, plus de 1,4 million de personnes ont été déplacées par l’attaque génocidaire d’Israël, tandis que les réserves de nourriture, d’eau potable et de carburant s’épuisent.

L’organisation caritative mondiale Oxfam a critiqué mercredi le gouvernement israélien pour utiliser «la famine comme arme de guerre». Notant que seulement 2 pour cent des livraisons normales de nourriture ont atteint la bande de Gaza depuis le 9 octobre, l’organisation caritative a souligné que les approvisionnements locaux ne pouvaient être distribués en raison du manque de carburant et des routes endommagées par les bombardements israéliens. Le stockage des aliments s’avère également impossible, les réfrigérateurs ne fonctionnant pas en raison de l’absence d’électricité. Le manque d’électricité, combiné aux incessantes frappes aériennes israéliennes, a contraint de nombreuses boulangeries et épiceries à fermer, rendant encore plus difficile l’accès à la nourriture.

Des Palestiniens évacuent deux garçons blessés à la suite de frappes aériennes israéliennes sur la ville de Gaza, mercredi 25 octobre 2023. [AP Photo/Abed Khaled]

Il n’y a que trois litres d’eau potable par personne dans la bande de Gaza, soit à peine un cinquième des 15 litres que l’ONU considère comme le strict minimum nécessaire pour les populations qui font face à une crise humanitaire. Le peu d’aide qui traverse le poste-frontière de Rafah comprend des lentilles, de la farine et d’autres produits secs, inutiles pour une population qui n’a pas l’eau nécessaire pour les préparer.

Sally Abi Khalil, directrice régionale d’Oxfam pour le Moyen-Orient, a déclaré: «La situation est tout simplement horrible. Des millions de civils sont punis collectivement au vu et au su du monde entier. Rien ne peut justifier l’utilisation de la famine comme arme de guerre. Les dirigeants mondiaux ne peuvent pas continuer à regarder sans rien faire; ils ont l’obligation d’agir et d’agir maintenant».

Les «dirigeants mondiaux», en premier lieu le président américain Joseph Biden, ont clairement fait savoir qu’ils approuvaient sans réserve le génocide perpétré par le régime israélien. S’exprimant mercredi aux côtés du premier ministre australien Anthony Albanese, Biden a déclaré: «Je ne pense pas que les Palestiniens disent la vérité sur le nombre de personnes tuées. Je suis sûr que des innocents ont été tués.»

«C’est le prix à payer pour faire la guerre».

En réponse aux remarques de Biden, Human Rights Watch a indiqué qu’elle estimait plus ou moins crédible le chiffre de plus de 6.500 morts rapporté par le ministère palestinien de la Santé. L’organisation a souligné qu’au cours de ses 30 années de travail à Gaza, les rapports du ministère de la Santé sur les décès ont été fiables.

Loading Tweet ...
Tweet not loading? See it directly on Twitter

Biden et ses alliés impérialistes européens ont donné carte blanche à l’armée israélienne à Gaza, alors qu’ils se préparent à une guerre régionale de plus grande envergure. Washington a déjà envoyé deux groupements tactiques de porte-avions dans la région et serait en train de déployer 11 systèmes de défense antimissile pour protéger les troupes stationnées en Irak, en Syrie, en Arabie saoudite et au Koweït. Leur véritable cible est l’Iran, contre lequel les États-Unis cherchent, par provocation, à déclencher une guerre totale.

Soulignant le soutien de l’impérialisme américain au massacre d’Israël à Gaza, le premier acte de la Chambre des représentants après l’élection d’un nouveau président, l’allié de Trump, Mike Johnson, a été d’adopter une résolution de solidarité avec Israël. La résolution portait le titre orwellien suivant: «Aux côtés d’Israël qui se défend contre la guerre barbare lancée par le Hamas et d’autres terroristes». Haaretz a rapporté que Johnson s’était rendu en Israël en 2020 à l’invitation d’un colon militant et qu’il avait visité le mont du Temple.

La liberté d’action accordée à Israël par les puissances impérialistes dans la bande de Gaza entraîne la mort et la souffrance à une échelle effroyable. Dans un discours à glacer le dos adressé à la nation mercredi, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a cité le meurtre de milliers de «terroristes» par les Forces de défense israéliennes (FDI), avant d’ajouter de manière inquiétante: «Et ce n’est que le début». Israël s’efforce d’«éliminer le Hamas en détruisant ses capacités militaires et de gouvernement», a-t-il déclaré, avant d’ajouter: «Tous les membres du Hamas sont des morts en sursis, à l’intérieur et à l’extérieur de la bande de Gaza».

Le nombre de journalistes et de professionnels des médias tués, qui s’élève actuellement à 24 selon le Comité pour la protection des journalistes, est un indicateur de la brutalité de l’assaut. Wael Dahdouh, chef du bureau d’Al-Jazeera à Gaza, a perdu sa femme et deux de ses enfants lors d’une frappe aérienne israélienne, mercredi, sur le camp de réfugiés de Nuseirat. «Ce qui vient de se passer est clair: cela fait partie du ciblage délibéré de femmes et d’enfants à Gaza. Je ne faisais que rapporter les frappes israéliennes sur la zone de Nuseirat», a-t-il déclaré peu après.

La famille de Dahdouh, comme beaucoup d’autres, a fui le nord de la bande de Gaza vers le sud à la suite de l’ordre d’évacuation forcée du régime israélien. Le World Socialist Web Site avait alors qualifié cet ordre de «marche de la mort» pour les Palestiniens, une description qui a été totalement confirmée.

Les frappes aériennes ont touché mercredi des cibles à Khan Younis et Rafah, à l’extrême sud de la bande de Gaza. Une école de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, où plus de 4.000 Palestiniens avaient trouvé refuge à Rafah, a subi d’importants dégâts après l’explosion d’une bombe à proximité.

Carte de la bande de Gaza montrant les principales villes et les pays voisins. [Photo by Gringer / CC BY-SA 3.0]

La fourniture de soins de santé et d’autres produits de première nécessité est en train de s’effondrer. L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine a indiqué qu’il ne lui restait que quelques heures de carburant, après quoi elle cesserait de fournir des denrées alimentaires aux boulangeries et aux particuliers. «Si nous ne recevons pas cette cargaison de carburant ce soir, [d’ici] demain matin, jeudi matin, nous devrons prendre des décisions très difficiles, privant les gens, les communautés que nous servons, de l’aide humanitaire», a déclaré Juliette Touma, directrice de la communication de l’UNRWA. Depuis le 7 octobre, 38 employés de l’UNRWA ont été tués dans les frappes aériennes.

Le docteur Hussam Al Safiya, s’exprimant depuis l’hôpital Kamal Adwan de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, a prévenu que l’établissement deviendrait «une fosse commune» lorsque son approvisionnement en carburant s’épuiserait jeudi. «Nous sommes submergés par des dizaines de blessés, d’enfants mourants ou morts qui arrivent», a-t-il déclaré à Al-Jazeera. L’hôpital Al-Wafa, dans le centre de Gaza, ne peut plus traiter les patients.

S’exprimant depuis l’hôpital Nasser de Khan Younis, le docteur Mohammed Kandeel a décrit les conditions catastrophiques. «Les mots ne suffisent pas à décrire la gravité de la situation. Depuis hier soir, nous avons reçu 300 patients blessés. Nous avons reçu 150 morts. Nous avons pratiqué des césariennes sur deux femmes enceintes gravement blessées».

L’armée israélienne intensifie également ses frappes ailleurs. Elle aurait frappé mercredi un poste de commandement du Hezbollah et plusieurs autres sites dans le sud du Liban, après que des roquettes ont été tirées sur le nord d’Israël plus tôt dans la journée. Les médias syriens ont fait état d’un bombardement israélien sur l’aéroport international d’Alep. En Cisjordanie occupée, une frappe aérienne a été lancée à Jénine contre un homme accusé d’avoir tiré sur des soldats israéliens.

(Article paru en anglais le 26 octobre 2023)

Loading