Dans le cadre du plus grand renforcement naval américain dans la région depuis des décennies, les États-Unis continuent d’envoyer des troupes, des navires de guerre et des avions au Moyen-Orient, menaçant ainsi ouvertement l’Iran. L’escalade militaire américaine a lieu alors qu’Israël poursuit ses frappes aériennes incessantes contre les civils réfugiés à Gaza, portant le bilan de son génocide contre les Palestiniens à plus de 7.000 morts.
Jeudi, le porte-parole du Pentagone, le général de brigade Pat Ryder, a annoncé que 900 soldats américains supplémentaires avaient été déployés ou étaient en cours de déploiement au Moyen-Orient. Ils rejoignent plus de 10.000 marins, pilotes et soldats qui ont été envoyés dans la région depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Mercredi, Biden a publiquement menacé le guide suprême de l’Iran, Ali Khamenei: «J’ai averti l’ayatollah que s’il continuait à s’en prendre à ces troupes, nous réagirions.» Mardi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a menacé: «Si l’Iran ou ses mandataires attaquent le personnel américain où que ce soit, ne vous y trompez pas. Nous défendrons notre peuple.»
Jeudi, les responsables américains ont affirmé que les troupes américaines avaient été attaquées 12 fois en Irak et quatre fois en Syrie. En conséquence, 21 soldats américains ont été légèrement blessés lors de ces attaques. Dans un contexte où les États-Unis ont déclaré qu’un large éventail de forces politiques au Moyen-Orient étaient des mandataires de l’Iran, ces attaques présumées pourraient servir de casus belli direct pour une attaque américaine contre l’Iran.
Mercredi, le général à la retraite Joseph Votel, dont la dernière affectation a été celle de chef du Commandement central des États-Unis, a exhorté Biden à recourir à la force militaire contre l’Iran en réponse à ces attaques présumées. «Nous devrons le faire», avait déclaré Votel. «Je pense que nous en sommes au point où nous pouvons probablement le faire maintenant, et nous devrions le faire. Il a ajouté: «Nous pouvons et devons répondre plus directement aux menaces qui pèsent sur nos troupes».
Le ministre iranien des Affaires étrangères a quant à lui averti jeudi aux Nations unies que l’Iran serait entraîné dans une guerre avec les États-Unis si le génocide des Palestiniens par Israël se poursuivait.
Hossein Amirabdollahian a déclaré jeudi aux Nations unies: «Je dis franchement aux hommes d’État américains, qui gèrent actuellement le génocide en Palestine, que nous ne souhaitons pas l’expansion de la guerre dans la région. Mais si le génocide à Gaza se poursuit, ils ne seront pas épargnés par ce conflit».
USNI News, la publication officielle de l’US Navy, a écrit jeudi: «Le groupe d’attaque aéronaval mené par le porte-avions Eisenhower a traversé plus de la moitié de l’Atlantique pour rejoindre la masse des forces navales américaines en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient». Et d’ajouter: «Dans les prochains jours, le porte-avions et ses escortes devraient franchir le détroit de Gibraltar». Le groupe d’attaque du porte-avions Eisenhower comprend deux destroyers Arleigh Burke, un croiseur lance-missiles Ticonderoga, ainsi que l’escadre aérienne du porte-avions.
Le groupe d’attaque aéronaval mené par le porte-avions Gerald R. Ford, quant à lui, est stationné en Méditerranée, apportant son soutien au massacre des Palestiniens par Israël. USNI a écrit: «Initialement chargé d’opérer en tandem avec le Gerald R. Ford au sein du même groupe d’attaque aéronaval, l’Ike (Eisenhower) passera par la Méditerranée, le canal de Suez et le Moyen-Orient pour opérer au sein de la 5e flotte américaine».
Haaretz a toutefois émis l’hypothèse que la véritable destination du groupe aéronaval d’intervention pourrait être le golfe Persique.
Il opérera aux côtés des navires de guerre amphibies américains, en fait des mini-porte-avions, l’USS Bataan et l’USS Carter Hall, qui se trouvent actuellement dans le golfe d’Aden et s’approchent de la mer Rouge. Un autre navire d’assaut amphibie, l’USS Mesa Verde, est arrivé en Méditerranée orientale la semaine dernière.
USNI News a rapporté que «l’ensemble des navires fera partie de la plus grande masse de navires américains dans la région depuis des décennies», citant les commentaires de l’amiral James Foggo, qui a déclaré qu’il y avait «probablement plus de navires que nous n’en avons eu dans cette région depuis 1993».
Cette énorme armada américaine est rejointe par le navire de guerre amphibie français de classe Mistral, le Tonnerre, ainsi que par deux autres frégates françaises équipées de missiles guidés. La Royal Navy britannique a également envoyé deux navires de guerre dans la région.
Jeudi, Haaretz a rapporté: «Au cours des deux dernières semaines, près de 80 avions-cargos militaires américains ont atterri dans la région, en plus des dizaines d’avions civils retenus par les établissements de défense américains et israéliens».
Le journal israélien a ajouté: «Des données publiques révèlent qu’un nombre encore plus important d’avions de transport militaires américains sont utilisés pour déployer des troupes, des équipements et des armements dans toute la Méditerranée orientale. Elles montrent que huit avions-cargos lourds qui ont décollé de dépôts d’approvisionnement aux États-Unis et en Europe ont atterri sur une base jordanienne. Deux escadrons américains de chasseurs-bombardiers F-15E et d’avions d’attaque A-10 ont également été déployés sur la base, de même que des forces spéciales basées en Floride».
Le 16 octobre, le World Socialist Web Site a mis en garde: «L’envoi d’une armada de plus d’une douzaine de navires de guerre au Moyen-Orient n’est pas simplement destiné à menacer le Hamas, qui n’a pas de marine. Les États-Unis se préparent à un conflit beaucoup plus large au Moyen-Orient, y compris à une guerre avec l’Iran». Nous avons ajouté: «Les États-Unis utilisent la crise actuelle pour mettre en œuvre des plans de longue date pour une guerre avec l’Iran, en tant que front moyen-oriental de la guerre des États-Unis avec la Russie et des plans de guerre contre la Chine».
L’escalade rapide des menaces américaines contre l’Iran s’inscrit dans un contexte d’accélération spectaculaire de la campagne de bombardements israélienne, dont l’objectif est le nettoyage ethnique de Gaza et le génocide du peuple palestinien.
Mercredi, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a accusé Israël d’infliger une «punition collective au peuple palestinien».
Le lendemain, Martin Griffiths, responsable de l’aide humanitaire de l’ONU, a averti que «20 jours plus tard, les bombardements intensifs sur Gaza se poursuivent et s’aggravent, même dans des zones censées être plus sûres… Le monde lui-même ne parvient pas à répondre aux droits élémentaires d’une partie de l’humanité. Les règles de la guerre sont claires: les civils doivent être protégés et disposer de ce dont ils ont besoin pour survivre».
Mercredi, l’organisation caritative internationale Oxfam a condamné Israël pour avoir utilisé la famine de masse comme «arme de guerre». Sally Abi Khalil, directrice régionale d’Oxfam pour le Moyen-Orient, a déclaré: «La situation est tout simplement horrible – où est l’humanité? Des millions de civils sont punis collectivement au vu et au su du monde entier. Rien ne peut justifier l’utilisation de la famine comme arme de guerre».
En réponse au président Joe Biden qui a déclaré mercredi qu’il n’avait aucune confiance dans le nombre de morts à Gaza communiqué par le ministère de la Santé, parce qu’il était dirigé par le Hamas, l’agence a publié une liste de 6.747 personnes tuées jusqu’à présent par les bombardements israéliens, avec leur âge, leur sexe et leur numéro d’identification. 281 autres corps ont été retrouvés, mais n’ont pu être identifiés, a indiqué le ministère, ce qui porte le total à 7.028. Parmi ces victimes, 2.931 étaient des enfants.
(Article paru en anglais le 27 octobre 2023)