La Maison Blanche discute avec Israël du déploiement de troupes américaines à Gaza

Le secrétaire d'État Antony Blinken témoigne au Capitole à Washington mardi, alors que des manifestants brandissent des mains teintées de rouge en signe de protestation contre la complicité des États-Unis dans le génocide israélien contre les Palestiniens.

Mardi, Bloomberg a rapporté que les gouvernements américain et israélien discutaient activement du déploiement de troupes américaines à Gaza pour agir en tant que force d'occupation après l'écrasement planifié par Israël de la résistance palestinienne.

« Les États-Unis et Israël explorent des options pour l'avenir de la bande de Gaza, y compris la possibilité d'une force multinationale qui pourrait impliquer des troupes américaines », a rapporté Bloomberg.

Ces mesures ont été « poussées par un sentiment d'urgence de présenter un projet pour l'avenir de Gaza maintenant qu'une invasion terrestre a commencé », a déclaré Bloomberg.

Le rapport de Bloomberg souligne à quel point les États-Unis ne sont pas simplement un soutien passif, mais un participant actif au génocide d'Israël contre les Palestiniens.

Le rapport donne des détails sur un commentaire énigmatique fait par le secrétaire d'État Antony Blinken devant la commission sénatoriale des finances. Il a déclaré : « Nous ne pouvons pas revenir au statu quo avec le Hamas à la tête de Gaza ».

Blinken a ajouté : « Nous ne pouvons pas non plus - et les Israéliens commencent eux-mêmes par cette proposition - laisser Israël diriger ou contrôler Gaza. Entre ces deux extrêmes, il y a toute une série de permutations possibles que nous examinons de très près, tout comme d'autres pays ».

Pendant que Blinken témoignait, plusieurs personnes assises derrière lui ont levé leurs mains peintes en rouge, symbolisant le rôle sanglant du gouvernement des États-Unis dans la facilitation du génocide israélien contre les Palestiniens.

Au moment où Blinken faisait ces commentaires, des informations filtraient sur la frappe aérienne israélienne sur Jabalia, le plus grand camp de réfugiés de Gaza, qui a tué et blessé des centaines de personnes et suscité une vague de colère dans le monde entier.

Il existe de plus en plus d’indications, encore non vérifiées, selon lesquelles les troupes américaines sont activement impliquées dans les combats à Gaza.

Salman al-Harfi, ancien ambassadeur de Palestine en France, a déclaré lundi à Sputnik News que le personnel militaire américain avait déclaré que les troupes américaines étaient directement impliquées dans l'opération terrestre contre Gaza.

« Non seulement ils soutiennent [Israël], mais ils participent également à la guerre contre le peuple palestinien », a déclaré al-Harfi à Sputnik. « Les États-Unis envoient du personnel militaire dans la région. Ils participent aux opérations militaires sur le terrain à Gaza ».

Le rapport de Bloomberg contredit l'affirmation publique de la vice-présidente Kamala Harris, dimanche, selon laquelle « nous n'avons absolument aucune intention ni aucun projet d'envoyer des troupes de combat en Israël ou à Gaza, point final ».

Mardi, les États-Unis ont annoncé l'envoi de 300 soldats supplémentaires, qui viendront s'ajouter aux quelque 40 000 soldats déjà déployés au Moyen-Orient.

Ces troupes « sont destinées à soutenir les efforts de dissuasion régionaux et à renforcer les capacités de protection des forces américaines », a déclaré le général de brigade de l'armée de l'air Pat Ryder.

Depuis l'incursion du Hamas en Israël le 7 octobre, les États-Unis ont déployé au Moyen-Orient des navires de guerre, des troupes et des avions sans précédent en dehors des périodes de guerre.

Lundi, le Pentagone a confirmé que l'USS Bataan (LHD-5) et l'USS Carter Hall, deux énormes navires d'assaut amphibie américains, resteront en mer Rouge dans le cadre du renforcement des troupes au Moyen-Orient.

Les navires abritent la 26e unité expéditionnaire de marines, une force de 2 600 marines. Outre le Carter Hall, trois destroyers à missiles guidés se trouvent également en mer Rouge. L'un de ces destroyers, l'USS Carney, aurait abattu plusieurs missiles et drones lancés par les rebelles houthis au Yémen le 19 octobre.

L'USS porte-avions Gerald R. Ford et son groupe de frappe associé opèrent actuellement en Méditerranée orientale et sont rejoints par l'USS Dwight D. Eisenhower, qui est entré en mer Méditerranée lundi.

Jeudi, les États-Unis ont attaqué ce qu'ils ont qualifié de sites de milices soutenues par l'Iran à l'intérieur de la Syrie.

Lors de son témoignage au Capitole mardi, Blinken a clairement indiqué l'importance vitale du Moyen-Orient dans les efforts déployés par les États-Unis pour soumettre la Russie et la Chine.

« Pour nos adversaires, qu'il s'agisse ou non d'États, tout cela est un même combat », a déclaré Blinken. « Si on commence à retirer des parcelles de ce tout, ils vont s'en rendre compte et comprendre qu'on agit de facon ponctuelle et limitée, alors qu'eux coopèrent de plus en plus ».

Blinken se rendra en Israël vendredi « pour des réunions avec des membres du gouvernement israélien, puis il fera d'autres arrêts dans la région », a indiqué le département d'État.

Le voyage de Blinken a lieu alors qu'il est évident que la guerre s'étend et s'intensifie. Mardi, la milice yéménite Houthi a affirmé avoir mené une attaque de missiles contre le sud d'Israël, en utilisant un « grand nombre » de missiles et de drones.

Le renforcement massif des troupes américaines au Moyen-Orient s'accompagne d'une intensification de la campagne de bombardement contre la population de Gaza. Mardi, le New York Times a rapporté qu’« au moins un quart de tous les bâtiments du nord de la bande de Gaza » semblent avoir été endommagés ou détruits, d'après une analyse d'images satellite réalisée par deux chercheurs universitaires.

Ils estiment que 44 500 bâtiments ont été détruits dans la bande de Gaza. Les frappes aériennes ont jusqu'à présent tué plus de 8 000 personnes, selon les autorités sanitaires de Gaza.

Contrairement à l'attentat du 17 octobre contre l'hôpital arabe Al-Ahli, qui a fait 500 morts, l'armée israélienne a publiquement assumé la responsabilité de l'attentat contre le camp de réfugiés de Jabalia.

Dans un entretien accordé à CNN, le lieutenant-colonel Richard Hecht a avoué que les FDI savaient qu'il y avait des civils dans la zone qu'elles bombardaient et qu'elles n'en tenaient pas compte.

« Mais vous savez qu'il y a beaucoup de réfugiés, beaucoup de civils innocents, des hommes, des femmes et des enfants dans ce camp de réfugiés, n'est-ce pas ? » a demandé le modérateur de CNN Wolf Blitzer.

« C'est la tragédie de la guerre, Wolf », a répondu Hecht.

Mardi, le directeur du Bureau des droits de l'homme des Nations unies à New York, Craig Mokhiber, a démissionné pour protester contre le génocide perpétré par Israël à Gaza. « Une fois de plus, nous assistons à un génocide qui se déroule sous nos yeux, et l'Organisation que nous servons semble impuissante à l'arrêter », a-t-il écrit dans une lettre adressée à Volker Turk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme.

Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) a quant à lui indiqué que 3 450 enfants avaient été tués à Gaza depuis le 8 octobre.

« Nos craintes les plus vives concernant le nombre d'enfants tués, qui est passé de dizaines à des centaines, puis à des milliers, se sont concrétisées en l'espace de quinze jours », a déclaré mardi James Elder, porte-parole de l'UNICEF.

« Les chiffres sont effrayants : plus de 3 450 enfants auraient été tués, et ce chiffre augmente chaque jour de façon stupéfiante. ... Gaza est devenue un cimetière pour des milliers d'enfants ».

(Article paru d’abord en anglais le 1er novembre 2023)

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