Espagne : Les ouvriers des chantiers navals dénoncent la complicité du gouvernement PSOE-Podemos dans la guerre à Gaza

Sur fond de manifestations partout dans le monde contre la guerre génocidaire de l’État israélien à Gaza, les travailleurs du chantier naval espagnol Navantia ont dénoncé l’envoi de navires de guerre espagnols dans un groupe naval dirigé par les États-Unis qui patrouillent désormais au large des côtes d’Israël et de Gaza. Ils ont exigé le retour immédiat des navires de guerre construits par Navantia et la fin de toutes les relations commerciales et diplomatiques avec Israël.

Le communiqué, publié par un local du syndicat anarchiste de la Confédération générale du travail (CGT) de Navantia, dénonce le parti de pseudo-gauche Podemos. Depuis les élections de cet été, il fait partie du gouvernement par intérim, aux côtés du Parti socialiste espagnol (PSOE), qui a ordonné à ces navires de guerre d’appareiller vers Gaza. Cela met à nu complètement les affirmations hypocrites du parti Podemos selon lesquelles il s’oppose à la guerre génocidaire du gouvernement israélien à Gaza.

Le communiqué de la section locale du syndicat CGT souligne que la frégate espagnole Méndez Núñez et le navire de ravitaillement militaire Patiño font partie du groupement tactique du porte-avions USS Gerald R. Ford. Le porte-avions navigue actuellement en Méditerranée orientale dans le cadre du soutien américain à la guerre israélienne à Gaza et des menaces américaines de bombarder les forces au Liban, en Syrie, en Irak ou en Iran qui pourraient chercher à intervenir militairement pour aider Gaza contre les Forces de défense israéliennes (FDI). La section locale CGT de Navantia à Ferrol a déclaré :

C’est une honte. Il ne suffit pas que l’État espagnol ait voté à l’ONU une résolution (en faveur d’un cessez-le-feu) qui restera lettre morte en raison du veto américain. Il ne suffit pas que le gouvernement propose une conférence de paix dans six mois. Nous devons arrêter le massacre maintenant.

Le Méndez Núñez et le Patiño ont été construits dans notre usine. Mais les ouvriers ne les ont pas construits pour collaborer à un génocide.

La CGT croit, et proposera au comité d’entreprise, que nous devons nous mobiliser en tant que travailleurs de Navantia-Ferrol pour exiger que ce gouvernement cesse d’être complice du génocide :

1. Retour immédiat du Méndez Núñez et du Patiño .
2. Cesser toute collaboration de Navantia avec des entreprises israéliennes.
3. Rompre les relations diplomatiques et commerciales avec Israël.

Cette déclaration et une autre adoptée par la section locale CGT de Navantia à Galego soulignent l’énorme potentiel d’arrêter le génocide de Gaza en mobilisant la classe ouvrière en Espagne et au niveau international, pour mettre un terme à la fourniture d’armes et de soutien militaire à Israël. Cela révèle une fois de plus que les confédérations syndicales nationales des puissances impérialistes – États-Unis, Allemagne, Grande-Bretagne, France et Espagne – ne prennent aucune mesure à cet égard. Par leur inaction, ils sont complices, comme le montre le communiqué local de la CGT, du génocide à Gaza.

On pourrait ajouter, à propos de la section locale CGT de Navantia-Ferrol, que les recours lancés au sein du comité d’entreprise auprès de la direction de Navantia risquent fort de tomber dans l’oreille d’un sourd. La question cruciale pour mettre fin au génocide contre Gaza est de mobiliser la puissance sociale de la classe ouvrière en Espagne et au niveau international, dans une grève contre le génocide.

La déclaration illustre également un autre fait politique clé : une telle lutte ne peut être menée qu’en opposition aux partis de la pseudo-gauche comme Podemos et ses alliés politiques – les Socialistes démocrates d’Amérique, le Parti de gauche allemand, le britannique Jeremy Corbyn ou La France insoumise. Quand bien même ces partis formulent occasionnellement des critiques verbales de la guerre, ils sont en fait profondément ancrés dans les États capitalistes et les bureaucraties syndicales nationales qui soutiennent le génocide d’Israël à Gaza.

Alors que des centaines de milliers de personnes descendaient dans les rues de Madrid, Barcelone, Saint-Sébastien, Saint-Jacques-de-Compostelle et d’autres villes espagnoles pour dénoncer le génocide de Gaza, Podemos a tenté de se protéger de l’indignation populaire grandissante en se faisant passer pour un opposant au conflit. Mais dans le même temps, le gouvernement PSOE-Podemos envoyait ses navires de guerre contre Gaza. Il a en outre joué un rôle crucial dans la guerre contre Gaza en acceptant (article en anglais) un accord impopulaire pour accueillir plusieurs des navires de guerre américains actuellement envoyés contre Gaza à la base navale de Rota.

Cela démasque les arguments du chef de Podemos et ministre par intérim des Droits sociaux, Ione Belarra, qui s’est exprimée à plusieurs reprises sur X/Twitter pour critiquer verbalement le génocide. Dans un tweet au début de la guerre, elle déclarait en vidéo :

Chez Podemos, nous ne sommes pas indifférents aux souffrances atroces que subit le peuple palestinien depuis des décennies. Aujourd’hui, nous voulons élever la voix pour dénoncer le fait que l’État d’Israël mène un génocide planifié dans la bande de Gaza. […] Les États-Unis et l’Union européenne ne détournent pas le regard et n’agissent pas de manière neutre, ils encouragent l’État d’Israël dans sa politique d’apartheid et d’occupation qui viole gravement les droits de l’homme.

Dans un autre tweet, quelques semaines plus tard, Belarra a publié une vidéo sur X/Twitter dans laquelle elle disait :

Après cette nuit infernale à Gaza, j’ai un message très simple mais très important pour les dirigeants européens : ne nous rendez pas complices du génocide. Agissez. Pas en notre nom.

Il ne fait aucun doute que Belarra et les autres responsables du gouvernement capitaliste de Podemos sont très préoccupés et ont peur de la montée de la colère de la classe ouvrière contre le génocide à Gaza. Mais leurs sentiments et leurs intentions, pour être franc, ne pèsent pas lourd face à l’horrible massacre de masse d’hommes, de femmes et d’enfants innocents qui se déroule actuellement à Gaza. La réalité politique est qu’en siégeant au sein d’un gouvernement qui encourage le génocide israélien à Gaza, les responsables de Podemos se rendent complices du génocide.

Cela révèle également la fraude politique de la pétition commune pour la paix diffusée par des membres de Podemos, des membres de La France insoumise, dont Manon Aubry, et Joana Mortagua, du Bloc de gauche portugais. Cela ne fait pas partie d’une véritable lutte visant à mobiliser la classe ouvrière pour mettre fin au génocide. Il s’agit plutôt d’une des manœuvres politiques d’une couche de partis corrompus de pseudo-gauche qui tentent de cacher leur complicité politique dans le génocide de Gaza.

Les travailleurs qui font grève contre le génocide de Gaza doivent être avertis : malgré leur posture d’amis de Gaza, les ministres de Podemos sont des ennemis acharnés de la classe ouvrière. Ils ont envoyé la police attaquer sauvagement les métallurgistes en grève pour des mesures de protection contre le COVID-19, une grève nationale des camionneurs et la grève de masse pour des salaires plus élevés des travailleurs de la métallurgie et de l’aérospatiale à Cadix. Ils se révéleraient sans aucun doute les ennemis acharnés d’un mouvement de grève pour la défense de Gaza.

De plus, les principales bureaucraties syndicales espagnoles, l’Union générale du travail social-démocrate (UGT) et les Commissions ouvrières staliniennes (CCOO), sont politiquement affiliées respectivement au PSOE et à la coalition électorale Sumar, dont Podemos fait partie. Et, comme on pouvait s’y attendre, les bureaucraties de l’UGT et du CCOO n’ont effectivement rien fait pour mobiliser les travailleurs contre le génocide à Gaza et la complicité du PSOE et de Podemos.

La lutte contre le génocide à Gaza ne peut se faire que par une rébellion de la classe ouvrière contre les bureaucraties syndicales et les partis de pseudo-gauche de la classe moyenne aisée comme Podemos, une coalition de forces staliniennes et pablistes petites-bourgeoises. Cela nécessite la construction de comités de la base dans la classe ouvrière pour unir les luttes en Espagne avec d’autres luttes ouvrières contre le génocide qui se déroulent à l’échelle internationale, afin de bloquer l’envoi de fournitures et d’aide militaire à Israël et d’arrêter le massacre.

(Article paru en anglais le 16 novembre 2023)

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