Biden lance sa campagne de réélection en prétendant frauduleusement défendre la démocratie contre Trump

Le président Joe Biden a officiellement lancé sa campagne de réélection vendredi, un jour avant le troisième anniversaire du coup d’État fasciste du 6 janvier 2021 mené par le président de l’époque, Donald Trump. Son discours a clairement indiqué que les élections de 2024 se dérouleront dans des conditions de crise politique sans précédent aux États-Unis, le centre de l’impérialisme mondial.

Biden a choisi la date et le lieu de son premier discours de campagne – Blue Bell, en Pennsylvanie, dans la banlieue de Philadelphie, près du campement d’hiver historique de la guerre d’Indépendance américaine à Valley Forge – afin de présenter sa campagne de réélection comme un choix entre la démocratie et la dictature.

Tout en dénonçant Trump comme un candidat qui n’a d’autre programme que la vengeance et le châtiment, et qui ne se soucie pas du peuple américain, Biden n’a rien dit du bilan de sa propre administration, qui a supervisé l’attaque continue contre le niveau de vie de la classe ouvrière et les droits sociaux qui domine sous tous les présidents démocrates et républicains depuis un demi-siècle.

La présentation par Biden de Trump comme le fer de lance d’un mouvement d’extrême droite pour un régime autoritaire était certainement vraie, mais sa tentative de se présenter lui-même et le Parti démocrate comme des défenseurs de la démocratie était tout à fait frauduleuse.

Biden a déclaré : «La démocratie est en jeu. La liberté est sur le bulletin de vote. La démocratie, c’est la liberté de dire ce que l’on pense [...] d’apporter des changements pacifiques».

Il a ajouté : «Aujourd’hui, je vous fais cette promesse sacrée. La défense, la protection et la préservation de la démocratie américaine resteront, comme elles l’ont été, la cause centrale de ma présidence.»

En fait, la «cause centrale» de la présidence de Biden a été l’expansion de la guerre impérialiste. Alors même qu’il parlait, son secrétaire d’État, Antony Blinken, était en route pour le Moyen-Orient afin de coordonner le génocide américano-israélien en cours à Gaza et l’expansion de la guerre au Liban, au Yémen et à l’Iran.

Face aux manifestations de masse aux États-Unis et dans le monde entier contre la guerre d’anéantissement à Gaza, et aux sondages montrant que près de trois quarts des jeunes aux États-Unis s’opposent à la politique de Biden à Gaza, le Parti démocrate travaille main dans la main avec les républicains pour réprimer les manifestations pro-palestiniennes sur les campus, purger les administrations universitaires, comme à Harvard et à l’université de Pennsylvanie, et interdire les groupes d’étudiants qui s’opposent au génocide – sur la base du mensonge selon lequel l’antisionisme est de l’antisémitisme.

Washington intensifie simultanément sa guerre par procuration contre la Russie en Ukraine, malgré le risque croissant d’un conflit nucléaire. Afin d’obtenir le soutien des républicains pour une enveloppe supplémentaire de 61,4 milliards de dollars destinée à l’achat d’armes pour l’Ukraine, Joe Biden propose d’abolir le droit démocratique des migrants à demander l’asile et d’adopter la politique fasciste de Trump en matière de déportations et de détentions massives.

Pour tenter d’étayer ses fausses prétentions à la défense de la démocratie, Biden a présenté une version superficielle des événements du 6 janvier 2021. Il a décrit la scène lorsque la foule convoquée par Trump a envahi le Capitole, cherchant à perturber la certification de la victoire de Biden par le Congrès. Ils ont attaqué la police et tenté de prendre en otage le vice-président Mike Pence et la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi. Pendant ce temps, a déclaré Biden, «Trump s’est retiré à la Maison-Blanche [...] a observé la scène depuis le bureau ovale [...] et n’a rien fait».

Biden est toutefois resté silencieux sur ses propres actions et sur celles de ses collègues démocrates. Tout d’abord, les événements du 6 janvier sont le résultat d’une conspiration ouverte de plusieurs mois menée par Trump pour mobiliser les milices fascistes derrière une tentative de renverser l’élection au cas où il perdrait. Le Parti démocrate n’a rien fait pour s’opposer à cette conspiration.

Il est d’ailleurs de notoriété publique que le 6 janvier, Biden n’a rien dit pendant des heures alors que la foule saccageait le Capitole et pourchassait Pence, Pelosi et d’autres fonctionnaires. Il n’est sorti de son silence que pour lancer un appel pathétique à Trump, l’auteur du coup d’État, pour qu’il publie une déclaration l’annulant. Il n’a pas tenté de mobiliser l’opposition populaire pour mettre fin à l’insurrection.

Biden n’a pas non plus noté dans son discours le large soutien des législateurs républicains au coup d’État. Au petit matin du 7 janvier, après que les insurgés eurent quitté le Capitole – malgré le refus pendant des heures des officiers militaires pro-Trump de sanctionner l’envoi de la Garde nationale de Washington – 139 républicains de la Chambre des représentants, soit une majorité substantielle de la conférence du GOP, ont voté contre la certification du vote du Collège électoral. Ils ont été rejoints par huit sénateurs républicains.

Le silence de Biden sur le rôle joué par la majorité des dirigeants du Parti républicain ainsi que par des personnalités de haut rang de l’armée, du ministère de la Justice et du pouvoir judiciaire dans le soutien au coup d’État s’inscrit dans la continuité des efforts déployés par les démocrates pour dissimuler au peuple américain l’ampleur de la conspiration et le large soutien apporté à la dictature par l’élite dirigeante du monde des affaires et l’appareil d’État.

Biden lui-même a commencé le blanchiment immédiatement après le 6 janvier, en appelant à l’«unité» avec ses «collègues» républicains et en déclarant son soutien à un «Parti républicain fort». La commission du 6 janvier de la Chambre des représentants a poursuivi dans cette voie en décrivant un «coup d’État unipersonnel» impliquant uniquement Trump et un petit cercle de co-conspirateurs.

C’était, et cela reste, la politique délibérée de Biden et du Parti démocrate, dont la priorité absolue est la poursuite de la guerre contre la Russie et la mise en œuvre de la «solution finale» génocidaire du «problème palestinien». Il s’agit là des premiers fronts d’une guerre mondiale menée par l’impérialisme américain et ses alliés de l’OTAN pour rediviser le monde. La poursuite de cette politique nécessite le soutien d’au moins une partie du Parti républicain, malgré la transformation de ce parti en une organisation ouvertement fasciste.

C’est pourquoi, dans son discours du 5 janvier, Biden a mis en accusation Trump personnellement, mais l’a présenté comme un cas isolé et sa base MAGA comme une faction marginale du Parti républicain. Au cours de ses dénonciations de Trump, Biden a attribué le 6 janvier et les politiques dictatoriales du favori du GOP à ses «mensonges» et à ses «appétits», comme si l’effondrement des formes démocratiques bourgeoises et le passage à des méthodes d’État policier pouvaient être simplement le résultat des traits de personnalité d’un seul homme.

Biden a appelé les «démocrates, les indépendants et les républicains traditionnels» à «honorer la cause sacrée de la démocratie» en votant pour lui en novembre. Et il a directement lié cette prétendue défense de la démocratie à la politique étrangère et aux objectifs militaires de l’impérialisme américain.

Vers la fin de son discours, il a réaffirmé le rôle de l’impérialisme américain en tant qu’arbitre des affaires mondiales, déclarant : «Nous sommes la plus grande nation de la planète [...] Et aucun pays au monde n’est mieux placé que les États-Unis pour diriger le monde».

Comme l’a expliqué le World Socialist Web Site dans sa déclaration du Nouvel An, l’adoption du génocide comme politique d’État et la poursuite d’une politique de guerre mondiale, y compris les préparatifs actifs pour déployer des armes nucléaires, sont des manifestations d’une crise sans précédent du capitalisme américain et mondial qui prend la forme d’une descente dans la barbarie. Cela inclut la croissance des forces fascistes et d’extrême droite et leur incorporation dans l’establishment politique non seulement aux États-Unis, mais aussi au niveau international.

Outre la contradiction capitaliste fondamentale et insoluble entre l’économie mondiale et le système dépassé de l’État-nation, la cause profonde de la tendance à la dictature est la croissance toujours plus brutale et explosive de l’inégalité sociale. Le fossé entre les super-riches et la classe ouvrière n’a fait que se creuser sous Biden.

Alors que les milliardaires américains possèdent aujourd’hui une richesse de 5200 milliards de dollars et que les 10 % les plus riches de la population américaine possèdent les deux tiers de la richesse totale, tandis que la moitié la plus pauvre n’en possède que 2,6 %, le maintien des formes démocratiques n’est pas viable. L’effondrement des formes démocratiques et la croissance de la violence politique sont le produit de ces processus historiques et sociaux, et non de l’esprit tordu de Donald Trump.

Aux États-Unis et dans le monde entier, le capitalisme est synonyme de régime oligarchique. Il n’existe aucune faction démocratique de la classe dirigeante. Quels que soient leurs désaccords tactiques, qu’ils soient ouvertement fascistes ou officiellement «traditionnels», les partis du capital sont fondamentalement d’accord sur la guerre impérialiste, le pillage, la mort de masse et l’instauration d’un régime autoritaire pour imposer ces horreurs à la classe ouvrière.

Il en découle que la seule façon d’arrêter la course à la guerre nucléaire mondiale et à la dictature fasciste est la mobilisation politique de masse et indépendante de la classe ouvrière aux États-Unis et dans le monde pour exproprier la classe capitaliste et instaurer la démocratie ouvrière et le socialisme.

(Article paru en anglais le 6 janvier 2024)

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