Perspective

UPS supprime 12.000 emplois: La classe dirigeante accélère sa politique de chômage de masse

Le Comité de base des travailleurs d'UPS organise une réunion d'urgence en ligne ce dimanche 4 février à 19h (heure de l'Est) : «Organisez la base pour lutter contre les suppressions d'emplois chez UPS ! Unissez-vous aux travailleurs de l'automobile, aux travailleurs de la technologie et à l'ensemble de la classe ouvrière pour lutter contre les licenciements !» Inscrivez-vous à la réunion ici.

Le chauffeur d’UPS Joe Speeler effectue une livraison le mardi 21 septembre 2021. [AP Photo/Gene J. Puskar]

United Parcel Service a annoncé mercredi le licenciement de 12.000 salariés, soit 14 pour cent de son personnel de gestion au niveau mondial, dans le cadre d’un plan de réduction des coûts d’un montant d’un milliard de dollars. Les licenciements massifs du géant de la logistique, qui entreront en vigueur au cours du premier semestre de cette année, s’inscrivent dans le cadre d’une vague mondiale de suppressions d’emplois dans les secteurs de l’automobile, de la technologie et d’autres industries.

Lors d’une conférence téléphonique avec les investisseurs, Carol B. Tomé, PDG d’UPS, s’est vantée que son équipe de direction avait réduit les effectifs mondiaux de l’entreprise de 540.000 personnes, lorsque la demande était à son maximum durant la COVID, à 495.000 personnes aujourd’hui. Même si le volume augmentait, a-t-elle dit, les cadres ne seraient pas réembauchés.

Bien que le syndicat Teamsters affirme que ces réductions n’affectent pas les travailleurs syndiqués de l’entreprise, les postes de direction sont réduits parce qu’UPS a l’intention d’avoir beaucoup moins d’employés d’entrepôts, de chauffeurs routiers et de livreurs de colis à gérer. Quelques heures après l’annonce, les travailleurs du centre de Baltimore ont indiqué sur Facebook que l’équipe de jour avait été supprimée, ce qui en fait au moins le troisième grand centre à perdre l’équipe de jour au cours des dernières semaines.

Tomé a déclaré qu’UPS accélérerait l’utilisation de technologies permettant d’économiser de la main-d’œuvre afin de tirer davantage de volume d’une main-d’œuvre moins nombreuse. En évoquant le nouveau site UPS Velocity à Louisville, dans le Kentucky, elle a déclaré: «Nous l’avons baptisé Velocity parce qu’il tire parti de la robotique, de l’automatisation, de l’apprentissage automatique et de l’intelligence artificielle pour rationaliser les opérations de traitement des commandes».

Les suppressions d’emplois ont été annoncées tout juste après que l’entreprise a publié ses résultats financiers de fin d’année, qui ont montré qu’en 2023, l’entreprise a réalisé 9,9 milliards de dollars de bénéfices d’exploitation, dont 5,5 milliards de dollars aux États-Unis, malgré un fléchissement du volume. UPS a également annoncé que 7,6 milliards de dollars avaient été versés aux actionnaires sous la forme de rachats d’actions et d’une augmentation des dividendes. Pendant que les gros investisseurs récoltaient ces gains massifs, les travailleurs ont vu leurs heures de travail réduites de près de 10 pour cent au cours du dernier trimestre, l’entreprise s’efforçant de compenser l’augmentation de 12 pour cent des salaires dans son nouvel accord avec les Teamsters.

Les suppressions d’emplois mettent en lumière les mensonges colportés par le président des Teamsters, Sean O’Brien, et ses agents de relations publiques au sein des Socialistes démocrates d’Amérique, qui prétendaient que le syndicat avait obtenu un contrat «historique» après avoir défié le vote de grève quasi unanime de 350.000 travailleurs. La bureaucratie des Teamsters savait que les suppressions d’emplois étaient imminentes et a offert sa collaboration à la destruction des moyens de subsistance des travailleurs.

Commentant les suppressions d’emplois d’UPS, le Wall Street Journal a écrit: «De nombreuses entreprises américaines licencient des employés, car les dirigeants cherchent à réduire les coûts, à éliminer les rôles redondants et à accélérer la prise de décision. Au-delà des restrictions budgétaires qui ont souvent lieu au début de l’année civile, les cadres et les analystes affirment qu’il y a un sentiment croissant que la cure d’amaigrissement n’est pas terminée».

Ces réductions se sont étendues à de larges pans de l’économie. Après la suppression de 260.000 emplois dans le secteur technologique l’année dernière, 24.000 autres emplois ont été supprimés au cours du premier mois de l’année 2024. Les licenciements dans le secteur technologique concernent PayPal (2.500 emplois), la division jeux vidéo de Microsoft (1.900), Unity Software (1.800), Google (1.000), eBay (1.000), Salesforce (700), la plateforme de messagerie Discord (170) et des centaines d’emplois pour la diffusion en direct chez Prime Video d’Amazon, MGM Studios et Twitch.

Mercredi, le fabricant de vaccins COVID-19 Novavax a annoncé qu’il supprimait 12 pour cent de ses effectifs, en plus des 25 pour cent qu’il avait annoncés en mai dernier, dans le cadre d’une politique agressive de réduction des coûts.

Par ailleurs, le fabricant d’imprimantes Xerox supprime plus de 3.000 emplois. Macy’s supprime 2.350 postes et le détaillant en ligne Wayfair 1.650 emplois. Citigroup supprimera 20.000 emplois d’ici à la fin de 2026 et Blackrock a annoncé 600 suppressions d’emplois. Des milliers de journalistes perdent leur emploi chez CNN, NBC News, le Los Angeles Times, le New York Daily News, Forbes, Sports Illustrated et d’autres médias.

La semaine prochaine, près de 4.000 ouvriers de l’automobile des usines Stellantis de Toledo (Ohio) et de Detroit (Michigan) seront licenciés, quelques semaines seulement après le licenciement brutal de centaines d’employés supplémentaires (temporaires). Ford et GM licencient également des milliers de personnes. Les constructeurs automobiles procèdent à une restructuration mondiale, réduisant les coûts et les emplois et cherchant à prendre l’avantage sur le marché des véhicules électriques. En Allemagne, en France et en Italie, des milliers de travailleurs sont licenciés chez Stellantis, VW, Bosch, Continental, ZF et d’autres fabricants d’automobiles et de pièces.

La destruction des emplois des travailleurs est une politique de classe délibérée soutenue par les gouvernements capitalistes du monde entier. Leur réponse criminelle à la pandémie a fait près de 30 millions de morts dans le monde, tandis que des millions de personnes ont perdu leur emploi à cause du COVID longue durée. Cette «pénurie de main-d’œuvre» a entraîné une légère hausse des salaires, après des décennies de baisse ou de stagnation des revenus, ce que la classe dirigeante juge inacceptable.

Au nom de la lutte contre l’«inflation salariale», la Réserve fédérale américaine a porté les taux d’intérêt à leur niveau le plus élevé depuis plus de 22 ans, afin d’accroître fortement le chômage et de contrer les revendications des travailleurs en faveur d’augmentations salariales correspondant à l’inflation. Les hausses de taux de la Réserve fédérale ont été imitées par les banques centrales du monde entier.

Citant les chiffres de l’emploi de décembre 2023, le Wall Street Journal a noté avec satisfaction mardi que le taux de démission des travailleurs à la fin de l’année dernière était tombé en dessous du rythme enregistré juste avant le début de la pandémie. Toutefois, non satisfaite du niveau de chômage, la Réserve fédérale a maintenu mercredi ses taux d’intérêt, maintenant ainsi la pression étouffante sur la classe ouvrière. «Si nous constations un affaiblissement inattendu du marché du travail, nous baisserions les taux plus tôt», a déclaré Jerome Powell, le directeur de la Réserve fédérale.

La classe dirigeante américaine mène une guerre sur deux fronts. Elle soutient le génocide israélien à Gaza, étend ses opérations militaires au Moyen-Orient et se prépare à un conflit direct avec la Russie et la Chine pour réaffirmer son hégémonie sur le monde, ses ressources et ses réserves de main-d’œuvre bon marché. En même temps, le gouvernement immisce délibérément la classe ouvrière dans le pays et impose des niveaux d’exploitation et des conditions dictatoriales dans les usines et les lieux de travail dont il a besoin pour mener la Troisième Guerre mondiale.

En poursuivant cette politique, le gouvernement Biden s’appuie sur les bureaucraties qui dirigent les syndicats pour étouffer les grèves ou les trahir si elles ont lieu. À l’instar des Teamsters, les accords prétendument «historiques» signés par la SAG-AFTRA, la Writers Guild et l’United Auto Workers ont ouvert la voie à une attaque massive contre l’emploi. Les bureaucraties syndicales sont bien rémunérées pour leurs services et intégrées dans les plans de guerre de Biden à l’étranger et d’austérité sauvage à l’intérieur du pays.

La semaine dernière, l’appareil de l’UAW a officiellement soutenu la candidature de Biden à la présidence, Fain se joignant à «Génocide Joe» alors que les manifestants appelant à un cessez-le-feu étaient traînés hors de la conférence. Les Teamsters ne se sont pas encore prononcés, bien que l’appareil ait rencontré Trump mercredi, après une rencontre entre O’Brien et Trump au début du mois. Qu’elles soutiennent les démocrates ou les républicains, les bureaucraties syndicales fonctionnent comme des instruments de la classe dirigeante, réprimant l’opposition de la classe ouvrière à l’inégalité, à la guerre et à la dictature.

La classe ouvrière ne peut accepter et n’acceptera pas la misère. Une contre-offensive contre l’assaut sur l’emploi doit être lancée. Mais une véritable lutte ne peut être menée que si elle est conduite indépendamment des bureaucraties syndicales, si elle rassemble toutes les sections de la classe ouvrière et si elle est organisée et coordonnée au-delà des frontières nationales. Une telle lutte nécessite l’élargissement du réseau des comités de base et de l’Alliance ouvrière internationale des comités de base.

La lutte contre les suppressions d’emplois et l’exploitation capitaliste doit être liée au développement d’un puissant mouvement politique de la classe ouvrière contre la classe dirigeante, ses partis contrôlés par les sociétés – y compris les Démocrates et les Républicains aux États-Unis – et leurs politiques de guerre, d’austérité et de dictature.

Le développement de technologies telles que l’intelligence artificielle et la robotique a la capacité d’augmenter considérablement la productivité de l’humanité. Si ces technologies d’économie de main-d’œuvre doivent être utilisées au profit de la société – en réduisant la semaine de travail et en augmentant le niveau de vie, et non en appauvrissant la classe ouvrière –, les entreprises géantes doivent être transformées en services publics, détenus collectivement et dirigés démocratiquement par la classe ouvrière, dans le cadre de la mise en place d’une économie mondiale socialiste planifiée.

(Article paru en anglais le 1er février 2024)

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