Selon l’évaluation «la plus optimiste» des Nations unies

Il faudra près de deux décennies pour reconstruire les maisons de Gaza détruites par l’assaut génocidaire israélien

Selon une évaluation du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) publiée mercredi, la reconstruction des quelque 80.000 logements détruits dans toute la bande de Gaza par l'assaut sanglant du régime israélien soutenu par l'impérialisme prendra jusqu'en 2040. Cette projection «la plus optimiste», qui souligne à quel point Israël est allé loin dans son nettoyage ethnique délibéré de l'enclave, repose sur l'hypothèse hautement improbable que la guerre se termine maintenant et que le régime sioniste autorise une multiplication par cinq des importations de matériaux de construction dans la bande de Gaza.

Des Palestiniens observent les destructions après une frappe israélienne sur des bâtiments résidentiels et une mosquée à Rafah, dans la bande de Gaza, le jeudi 22 février 2024. [AP Photo/Fatima Shbair]

En supposant que les importations de matériaux de construction arrivent au même rythme que lors des précédents bombardements israéliens, les Palestiniens auraient besoin «d'environ 80 ans pour restaurer toutes les unités d'habitation entièrement détruites». Cette estimation ne tient pas compte de la réparation des 290.000 autres maisons endommagées par les incessants bombardements aériens et les tirs d'artillerie qui ont officiellement coûté la vie à plus de 34.500 personnes et officieusement à bien plus de 40.000.

L'agence prévoit que le coût de la reconstruction de Gaza se situerait entre 30 et 40 milliards de dollars. «Il s'agit d'une mission à laquelle la communauté internationale n'a pas eu à faire face depuis la Seconde Guerre mondiale», a ajouté Abdallah al-Dardari, secrétaire général adjoint de l'ONU. Un autre fonctionnaire anonyme de l'ONU, cité par Reuters, a parlé d'un «paysage lunaire» de destruction.

Le rapport, rédigé en collaboration avec la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO), révèle que l'indice de développement humain (IDH) de la Palestine, une mesure du bien-être, aura régressé de plus de deux décennies à Gaza et en Cisjordanie si la guerre dure neuf mois. L'IDH pour la seule bande de Gaza après neuf mois de guerre régresserait de 44 ans, ramenant les habitants de Gaza au niveau de l'IDH de 1980. Le taux de pauvreté à Gaza et en Cisjordanie atteindra plus de 60 %, soit 2,25 fois plus qu'avant la guerre. En termes absolus, cela signifierait que 1,86 million de personnes supplémentaires dans la bande de Gaza et en Cisjordanie seraient en situation de pauvreté par rapport aux niveaux d'avant-guerre.

Rola Dashti, secrétaire général de la CESAO, a déclaré : «Cette évaluation prévoit que Gaza sera rendue totalement dépendante de l'aide extérieure à une échelle jamais atteinte depuis 1948, car elle sera privée d'une économie fonctionnelle, de tout moyen de production, d'autosuffisance, d'emploi ou de capacité commerciale.»

Un rapport distinct des Nations unies a révélé que 85,8 % des écoles de Gaza ont subi des dommages depuis octobre 2023, 70 % d'entre elles nécessitant une reconstruction majeure.

Ce que les statistiques de ces deux rapports révèlent, ce sont les conséquences d'une politique délibérée de génocide menée par le régime sioniste avec le soutien sans faille de l'impérialisme américain et de ses alliés européens. Même si l'assaut s'arrêtait aujourd'hui, ce qui est tout à fait hors de question puisqu'Israël se prépare à un assaut sauvage sur Rafah, de nombreux produits de première nécessité essentiels à la vie moderne n'existeraient plus à Gaza pour les décennies à venir.

C'était le but recherché par le gouvernement d'extrême droite de Netanyahou depuis le début. Le ministre de la Défense Yoav Gallant a résumé l'idéologie fasciste du régime israélien dès le début du bombardement de Gaza en décrivant les Palestiniens comme des «animaux humains». Plus tard, en octobre 2023, un document du ministère israélien du Renseignement, divulgué à la publication hébraïque Mekomit, recommandait de se préparer à «évacuer la population civile vers le Sinaï». En novembre, Avi Dichter, membre du cabinet de sécurité et ministre de l'Agriculture, a affirmé qu'Israël était en train de «préparer la Nakba de Gaza», tandis que le ministre fasciste des Finances Bezalil Smotrich a lancé un appel à «l'émigration des Arabes de Gaza vers les pays du monde».

Comme l'a analysé le World Socialist Web Site, le nettoyage ethnique de Gaza est lié à une politique expansionniste de «grand Israël» visant à annexer de manière permanente les territoires de Gaza et de Cisjordanie illégalement occupés par Israël. La culture systématique de colons après la prise de Gaza et de la Cisjordanie par Israël lors de la guerre des Six Jours de 1967 a créé la base sociale à partir de laquelle des forces fascistes ont migré vers des postes de direction au sein du gouvernement et de l'État israéliens.

Les puissances impérialistes, les États-Unis en tête, soutiennent le génocide à Gaza parce qu'elles le considèrent comme un élément clé d'une guerre régionale visant l'Iran. L'objectif de l'impérialisme américain est de consolider sa domination sur le Moyen-Orient, riche en énergie, dans le cadre de sa poursuite de la guerre mondiale contre la Russie et la Chine afin de rediviser le globe selon ses intérêts.

Le gouvernement Biden a intensifié son soutien à Israël à l'approche de l'offensive barbare prévue à Rafah, en adoptant à la fin du mois dernier un programme d'aide de 26 milliards de dollars en faveur d'Israël. Enhardi par l'assurance d'un soutien militaire massif, Netanyahou a réaffirmé jeudi la détermination de son gouvernement à prendre d'assaut Rafah, où s'entassent plus de 1,5 million de personnes, en déclarant : «Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour gagner et vaincre nos ennemis, y compris à Rafah.»

Après deux heures de consultation approfondie avec Netanyahou mercredi, le secrétaire d'État américain Anthony Blinken s'est contenté d'exprimer des préoccupations pour la forme concernant l'absence d'un «plan» visant à garantir que «les civils ne soient pas blessés» par les opérations militaires israéliennes à Rafah. Une lettre ouverte adressée le 30 avril au président Biden et signée par de nombreuses organisations d'aide a souligné l'absurdité de l'affirmation selon laquelle il est possible de protéger les civils pendant qu'Israël bombarde Rafah. «Aucun plan humanitaire crédible de ce type n'est envisageable dans le contexte de la crise actuelle», ont-elles écrit. «Une opération militaire israélienne à Rafah exacerberait profondément les niveaux de besoins déjà catastrophiques et l'urgence humanitaire pour des millions de civils qui n'ont nulle part où aller.

«Les Palestiniens déplacés à Rafah sont en fait piégés et n'ont pas d'autres solutions sûres. Nombre d'entre eux sont trop jeunes, trop âgés, trop malades, trop affamés, trop blessés ou trop handicapés pour se déplacer à nouveau. Ceux qui sont physiquement capables de quitter Rafah seraient exposés à des risques sanitaires et sécuritaires potentiellement mortels pendant leur déplacement, tandis que rester dans la ville densément peuplée pendant une attaque de l'armée israélienne mettrait directement leur vie en danger.»

Malgré les affirmations d'Israël sur l'augmentation significative des livraisons d'aide à Gaza et les reportages des médias affirmant que les États-Unis font «pression» sur Israël pour qu'il augmente ses livraisons, la crise alimentaire reste catastrophique. Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a rapporté jeudi qu'Israël avait autorisé une moyenne de 163 camions d'aide à entrer dans la bande de Gaza chaque jour en avril, soit une fraction des 500 camions quotidiens qui arrivaient avant les bombardements. Israël a déclaré qu'un nombre record de 406 camions étaient entrés dans la bande de Gaza mercredi.

Jeudi, en fin de journée, des informations ont fait état d'une nouvelle attaque des Forces de défense israéliennes (FDI) contre un convoi d'aide humanitaire. Des soldats dans la ville de Gaza ont ouvert le feu sur plusieurs camions transportant de la nourriture au rond-point Koweït, tuant un conducteur et en blessant d'autres. Le rond-point Koweït a été le théâtre d'un horrible massacre perpétré par les FDI, qui a coûté la vie à plus de 100 personnes en mars, alors que des milliers de Palestiniens affamés cherchaient à se procurer de la nourriture.

Par ailleurs, l'aide envoyée de Jordanie à Gaza a été attaquée par des colons d'extrême droite lors de son passage en Israël. Aucun décès n'a été signalé, mais plusieurs camions ont été endommagés.

Une autre preuve de la barbarie du régime israélien a été la nouvelle de la mort du Dr Adnan al-Barash, un chirurgien respecté de l'hôpital al-Shifa, alors qu'il était détenu par les Israéliens. Al-Barash était détenu dans la tristement célèbre prison militaire d'Ofer. Francesca Albanese, rapporteur de l'ONU pour les territoires palestiniens occupés, s'est déclarée «extrêmement alarmée» par cette nouvelle, ajoutant dans un billet X : «Aucun Palestinien n'est aujourd'hui en sécurité sous l'occupation israélienne.»

(Article paru en anglais le 3 mai 2024)

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