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L'entente à Air France: Comment a-t-elle été conclue?

Par Richard Tyler

12 juin 1998

De nouveaux détails ont été révélés indiquant comment le président d'air France, Jean-Cyril Spinetta et le principal syndicat des pilotes, le SNPL ( Syndicat National des Pilotes de Ligne ) en sont arrivés à une entente aux premières heures mercredi matin pour mettre fin au débrayage qui paralysait depuis 10 jours les opérations de la compagnie aérienne. L'entente a été conclue au cours de négociations secrètes desquelles les pilotes représentés dans des syndicats plus petits étaient exclus. Le SNPL a accepté toutes les concessions exigées par Air France.

Dès le début, le gouvernement de coalition dirigé par le Parti Socialiste du premier ministre Lionel Jospin, agissait derrière la scène pour s'assurer que les coupures de salaires demandées par Air France allaient être imposées. Le quotidien, Libération , révélait dans un article qu'un « groupe de travail » avait été constitué au sein du Ministère des Transports pour superviser la grève et le déroulement des négociations. Il y avait dans ce groupe des représentants du bureau de Jospin, le secrétaire privé et principal conseiller du ministre des Transports Jean-Claude Gaysott ainsi qu'un conseiller du ministre des finances.

Après l'échec des négociations de la fin de semaine, une réunion de crise a été tenue à Matignon, la résidence officielle de Jospin. Il y avait Spinetta, Strauss-Kahn ( ministre des finances ) et Gaysott. Jospin aurait chauffé les oreilles de Gaysott pour son attitude conciliante et insisté sur la nécessité d'adopter dès maintenant « la ligne dure ». Straus-Kahn, appuyant Jospin, aurait ajouté: « si la survie de la compagnie est en jeu, il ne faut rien laisser passer ». Durant cette rencontre, la possibilité de convoquer une réunion du conseil d'administration de la compagnie pour imposer une entente sans la participation des dirigeants syndicaux a été soulevée.

Par la suite, un communiqué officiel provenant du bureau de Jospin, exprimait un appui total à Spinetta, qui ensuite annonçait songer à convoquer le conseil d'administration d'Air France pour que se prennent les « actions décisives » à la réalisation du plan d'économie de 500 millions par l'établissement d'une nouvelle échelle salariale. Lundi, le principal secrétaire privé de Jospin, a rencontré Spinneta avec les secrétaires privés de Strauss-Kahn et de Gaysott. Spinetta fut alors assuré que le gouvernement était entièrement derrière lui.

Lors de l'assemblée générale des pilotes tenue mardi, le dirigeant du SNPL, Jean-Charles Cobet, dans un discours démagogique déclarait qu'« il n'est pas question qu'ils touchent aux salaires.» Les pilotes ont ensuite voté unanimement pour la poursuite de la grève. A peine avait-il terminé son discours, que Corbet s'empare de son téléphone cellulaire pour contacter la direction d'Air France et organiser une rencontre: « On peut essayer de discuter à nouveau ce soir » écrit le reporter de Libération.

Des négociations secrètes ont immédiatement commencé le soir même vers 7 :00. Le mercredi matin, le sale travail était accompli. Une entente était rendue publique et présentée par Corbet comme étant « un beau compromis ». En réalité, Air France a réussi à imposer ses demandes grâce à l'assistance du SPNL. L'entente était, à toutes fins pratiques, même moins avantageuse que l'offre que la compagnie avait faite samedi et qui avait été rejetée par les pilotes.

Le salaire des pilotes est maintenant gelé pour les sept prochaines années. Durant cette période ils ne recevront aucune augmentation pour compenser l'inflation qui est actuellement de 1,5%. Si l'inflation se maintient à ce niveau pour les sept prochaines années, la compagnie va sauver 11% sur les salaires. Si l'inflation grimpe à 2%, la compagnie va économiser 15% ou 500 millions de francs par année, exactement ce qu'elle voulait initialement.

L'entente prévoit une procédure de « réexamen » tous les 2 ans si l'inflation monte plus rapidement. Cependant, la compagnie n'a pas garanti qu'un tel réexamen allait résulter en une augmentation de salaire pour les pilotes. Si les affaires vont mal, les salaires pourraient tout aussi bien être révisés à la baisse.

La proposition initiale, mise de l'avant par Christian Blanc, le prédécesseur de Spinetta à la tête d'Air France, était de réduire les salaires des pilotes de 15% en échange d'actions dans une Air France partiellement privatisée. L'entente parle actuellement d'un tel échange sur une base volontaire et limitée à sept ans, mais rien n'est mentionné quant au niveau de participation et aux réductions salariales demandées en échange.

L' affirmation que la double échelle salariale ( clause orpheline ) a été éliminée est mensongère. L'entente permet à Air France d'établir « une échelle salariale spécifique pour les nouvelles recrues ». La double échelle salariale imposée en mai 1997 est retirée, mais une nouvelle échelle pour les « jeunes pilotes » va être introduite, inspirée du modèle de la compagnie British Airways. Les nouveaux pilotes recevront 300 000 francs au lieu des 360 000 francs qu'ils auraient reçus sous le contrat actuel. Cette échelle va s'étendre durant les 5 premières années de leur carrière. Les économies réalisées seulement avec cette clause s'élèvent à près de 40 millions de francs par année.

Alors que nous mettons en ligne ce reportage, les syndicats représentant les autres pilotes d'Air France (30% du total) se rencontrent pour décider s'ils poursuivraient la grève.

Voir aussi:

Une grève des pilotes d'Air France perturbe les préparatifs de la coupe du monde: le parti socialiste dénonce l'action des pilotes - 3 juin

Les syndicats prêts à conclure une entente dans la grève à Air France - 4 juin

Le gouvernement Jospin menace d'utiliser l'armée pour briser la grève des pilotes d'Air France - 5 juin

Grève à Air France: les syndicats recherchent une entente à tout prix - 6 juin

 

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