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Le danger d'une crise mondiale forcent les pays du G7 à soutenir l'euro

Par Nick Beams
26 septembre 2000

La crainte que le déclin de l'euro ne provoque une crise financière mondiale semble avoir été la cause de la décision soudaine des autorités financières du Groupe de Sept nations (G7) d'intervenir sur le marché des devises, vendredi dernier.

Cette opération a nécessité un effort coordonné de la part des banques centrales du Royaume-Uni, des États-Unis, du Canada, et de la Banque Centrale Européenne (BCE), a couté environ $7 milliards de dollars US, ramenant l'euro de 85 cents américains à 90 cents, avant que l'euro ne retombe à 88 cents.

Dans un communiqué émis de Prague, où se sont réunis pour la réunion annuelle du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale les ministres des finances et les banquiers centraux des pays du G7, ces derniers ont dit qu'ils avaient pris ces mesures à cause « d'inquiétudes communes sur les implications que pourraient avoir pour l'économie mondiale les mouvements récents de la valeur de l'euro. »

Le président de la BCE, Wim Duisenberg, a indiqué que la l'euro avait atteint un niveau critique et que sa faiblesse vis-à-vis du dollar et du yen devenait insupportable. « Nous voulions arrêter cela et amener un changement raisonné ».

Le gouverneur de la Banque du Canada, Gordon Thiessen, a dit qu'il y avait « des inquiétudes communes que si l'euro continuait à tomber comme il le faisait, il y aurait des conséquences vraiment graves ». Le G7 continuerait à surveiller la valeur de l'euro : « nous n'excluons pas la possibilité de mesures supplémentaires si elles semblent être nécessaires ».

Des fonctionnaires de la BCE et les ministres des finances de la zone euro semblent avoir pris la décision d'intervenir sur le marché des devises il y a deux semaines. Mais avant de mettre ces mesures en marche, il fallait l'appui des États-Unis. Alors qu'il avait tout d'abord dit qu'il s'opposait à l'intervention, Lawrence Summers, le secrétaire de la US Treasury, est supposé avoir approuvé les démarches lors de réunions jeudi passé.

Il a néanmoins insisté que son soutien à l'intervention ne signalait aucun changement de la politique des États-Unis. « Comme j'ai dit à maintes reprises, l'intérêt national des États-Unis demande un dollar fort », a-t-il dit. Quand on lui a demandé comment réconcilier ces déclarations avec sa décision de vendre des dollars et d'acheter des euros, Summers a dit : « Je ne vois pas de contradiction, mais je ne veux rien ajouter à mon commentaire précédent. »

Un des facteurs qui semble avoir fait basculer Washington vers une politique de soutien à l'euro est l'impact de la chute de cette devise sur les profits de compagnies américaines qui ont des filiales en Europe et l'effet que ceci pourrait avoir sur la bourse américaine volatile.

Selon Bill Dudley, l'économiste en chef pour les États-Unis chez Goldman Sachs : « La faiblesse de l'euro commençait à nuire aux marchés financiers aux États-Unis à cause de l'impact que cela avait sur les revenus des compagnies américaines. »

La semaine dernière plusieurs grandes firmes américaines, telles Gillette, DuPont, McDonald's, et Colgate Palmolive, qui ont une partie importante de leur activité en Europe, ont indiqué que leurs profits, reconvertis en dollars, tombaient à cause d'un euro faible. Quand Gillette a annoncé que la valeur en dollars de ses ventes chuterait de 6% en automne à cause de la chute des devises européennes, ses actions ont perdu 7,3% de leur valeur.

Dans un communiqué annonçant l'intervention, les fonctionnaires du G7 ont dit qu'ils « continueraient à surveiller les évènements de près et de coopérer sur les marchés de change selon le besoin. »

L'intervention ne signifie pas que le risque d'une crise financière se soit amoindri; en fait, il serait peut-être aggravé. Comme le Financial Times de Londres le remarquait : « Le G7 a pris un grand risque sur deux tableaux. Le premier c'est de ne pas être prêt à faire assez. L'euro est faible à cause de l'exportation du capital, et pas à cause de la spéculation. Pour financer ces exportations si elles continuaient, il faut une balance des paiements positive. La faiblesse de l'euro (parce qu'elle aide les exportations de produits et augmente la balance des paiements) n'est ainsi que le mécanisme par lequel on arrive a ce surplus. Si l'exportation du capital persiste, les interventions périodiques ne feront rien pour arrêter la chute de l'euro.

« Le deuxième risque est que l'intervention ait un trop grand succès. Dans le passé, les interventions des banques centrales ont parfois réussi a faire basculer les devises. La montée du dollar pourrait s'arrêter. Étant donné l'importance de la balance négative des paiements aux États-Unis, ceci pourrait amener une chute cumulative et déstabilisante. Cette possibilité est sans doute la raison pour laquelle Lawrence Summers a insisté sur le désir américain d'un dollar fort. Il est facile de comprendre pourquoi les autorités sont intervenues, mais maintenant que l'on a commencé l'intervention, on doit parvenir à stabiliser l'euro sans déstabiliser le dollar. Ce qui n'est pas gagné. Le G7 ne fait que commencer un jeu long et complexe . »

Des inquiétudes sur ce qu'amènerait la décision de soutenir l'euro ont aussi trouvé expression dans un article du Sunday Times britannique :

« Un effort coordonné du G7 pour soutenir l'euro signifierait, par sa nature même, un effort pour faire baisser le dollar. Si ceci amène les investisseurs à reconsidérer leurs investissements aux États-Unis et à attirer l'attention sur les déséquilibres de son économie, notamment sur la balance des paiements déficitaire, les cours boursiers pourraient chuter, ce qui enclencherait l'évènement que les ministres des finances et les banquiers centraux veulent éviter : une récession mondiale causée par un crash boursier. »

Un des principaux problèmes que confronte les banquiers des banques centrales dans l'organisation de leur intervention est que les mouvements des devises est provoqué par le flot des capitaux et non par les déséquilibres dans la balance des paiements. Tandis que la balance des paiements des États-Unis est déficitaire de $400 milliards par an, l'équivalent de 4% du Produit national brut, le dollar monte contre l'euro et ce, malgré le fait que les pays de la zone euro ont une balance des paiements positive.

Mais les effets du surplus dans la balance des paiements des pays de l'euro est dépassé par ce que le magazine américain Business Week appelle « un raz-de-marée d'investissements qui quittent l'Europe », attirés par les profits plus importants de l'autre côté de l'Atlantique. On estime que les investisseurs et les compagnies transfèrent de l'argent de l'Europe aux États-Unis à hauteur d'environ $3 milliards par semaine et que dans la première moitié de cette année à elle seule les compagnies européennes ont fait des acquisitions d'environ $170 milliards aux États-Unis.

Cette exportation des capitaux et l'instabilité des devises qui en résulte font pression sur les gouvernements européens pour qu'ils créent un climat plus favorable aux investisseurs en réduisant davantage les dépenses sociales.

Comme Business Week l'a dit : « À moyen terme, les hommes politiques européens vont devoir exprimer clairement qu'ils veulent sérieusement améliorer leur économie commune en forçant le passage de réformes structurelles qui rendront l'Europe aussi productive et flexible que les États-Unis. Les impôts doivent baisser, les marchés du travail doivent être déréglementés, et les processus de création de nouvelles entreprises doivent être rendus plus facile. »

C'était aussi le thème d'un éditorial du Australian Financial Review sur le déclin du dollar australien et le message que cela apporte des marchés financiers internationaux au gouvernement australien.

Il y avait deux leçons à tirer de la crise : le gouvernement australien doit avoir une plus grande « discipline fiscale » et une économie « mieux organisée » et plus « compétitive ».

« Plus de compétitivités et de déréglementations, de privatisations et de libéralisations du marché du travail ainsi qu'un secteur public réduit, sont tous impératifs », déclarait l'article.

voir aussi:
La montée du dollar américain sème la pagaille sur le marché des devises   17 septembre 2000

La conférence de la Réserve Fédérale américaine souligne l'instabilité financière 1er septembre 2000

Le déficit commercial record des USA : symptôme de graves problèmes économiques  28août 2000

 

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