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David North, président du bureau de rédaction du WSWS, présente une allocution à Berlin sur les projets de guerre américains contre l'Irak

Par notre reporter
14 novembre 2002

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Le World Socialist Web Site a organisé une réunion publique à l'Université Humboldt de Berlin le 4 novembre pour discuter une stratégie politique pour opposer la guerre contre l'Irak. L'assistance nombreuse a écouté un discours de David North, président du bureau de rédaction du World Socialist Web Site et secrétaire national du Parti de l'Egalité Socialiste des Etats-Unis. Une discussion vigoureuse et parfois passionnée a suivi le discours.

North a commencé en parlant de « l'expérience tragique du vingtième siècle ». Il a expliqué que même si les journalistes et les hommes politiques ont l'habitude de réagir aux évènements d'une manière superficielle, laissant de côté les questions politiques et historiques plus larges, « notre approche aux évènements politiques ne se base pas sur des impressions que nous dégageons un beau jour des journaux ou des programmes de télévisions. Nous nous basons sur toute une expérience historique ­ en particulier, les leçons politiques du vingtième siècle ».

« Quelle était la situation il y a cent ans ? » North a demandé. « Sous l'apparence de prospérité et de richesse de la civilisation européenne, les contradictions de l'impérialisme européen préparaient le massacre le plus colossal de toute l'histoire. Sans une appréciation profonde des lois du développement historique, qui à Berlin en 1902 ou 1903 aurait pu imaginer ce qui allait se passer à cette ville et ce pays dans les 20 ou 30 années à venir ? »

Seuls les marxistes dirigeants de l'époque pouvaient indiquer une orientation claire, et ils ne pouvaient le faire que parce qu'ils analysaient la situation journalière à partir de son rapport avec le développement historique. « Le monde est composé de moment et de relation », North a continué. « Tous les nouveaux développements contiennent, et reflètent, des processus historiques plus larges et plus profonds. Quand nous parlons d'une perspective scientifique, nous entendons une vraie relation entre les concepts que nous développons dans nos esprits et les tendances objectives de développement ».

Il a ensuite expliqué que la force du mouvement ouvrier socialiste était sa capacité de développer une pratique basée sur une compréhension correcte des tendances objectives du développement socio-économique. De l'autre côté, la faiblesse essentielle de la bourgeoisie, la classe dirigeante capitaliste, comme force sociale était le fait que ses buts subjectifs et ses intérêts de classe sont implacablement en contradiction avec le développement social objectif. Cette contradiction s'exprime dans les idées absurdes et les illusions qui apparaissent tous les jours dans les journaux et les médias américains.

North a souligné que les préparations de guerre du gouvernement Bush et ses projets de domination mondiale étaient guidées par une interprétation fondamentalement fausse du développement politique international depuis la chute de l'URSS il y a 12 ans. La dissolution de l'URSS ne représentait pas une « victoire dans la Guerre Froide », mais plutôt un retour à toutes les questions politiques que le vingtième siècle n'a pas pu résoudre.

« Les apparences sont trompeuses », North a dit. « La dépendance croissante de l'impérialisme américain sur la force militaire et son attitude menaçante et unilatérale envers ses anciens alliés n'est pas une indication de force et de confiance en soi, mais de faiblesse et de doute ».

Confronté à des problèmes économiques grandissants, l'élite dirigeante à Washington se sent menacée par ses concurrents internationaux et utilise son pouvoir militaire pour maintenir sa domination de la politique internationale, a dit North. Les préparations actuelles pour la guerre jouent un rôle important à cet égard.

Le gouvernement Bush n'a pas de réponse à la montée dramatique des tensions et des conflits sociaux. Ses tentatives de propager des sentiments patriotiques n'a pas obtenu du peuple américain la réaction voulue. En même temps, le gouvernement utilise la soi-disant « guerre contre le terrorisme » comme moyen d'abolir les droits démocratiques fondamentaux.

Se basant sur les statistiques et les analyses sociales actuelles, North a présenté un portrait dévastateur du déclin social aux Etats-Unis. À un pôle de la société une élite minuscule a rassemblé des excès de richesse jusqu'ici inimaginables, tandis que les conditions de vie pour la vaste majorité des travailleurs devient de plus en plus difficile et, pour des millions de personnes pauvres, intolérables. Les tensions sociales grandissantes ne trouvent aucune expression, sous des conditions où les syndicats ont complètement trahi les intérêts de la classe ouvrière. Une explosion sociale aux Etats-Unis est inévitable.

« La gauche européenne a sous-estimé les travailleurs américains depuis des années », North a-t-il dit. Le comportement lâche et soumis du ministre allemand des affaires étrangères, Joschka Fischer (du Parti Vert), pendant son dernier voyage à Washington, a ses racines dans une sous-estimation des contradictions et des conflits internes de la société américaine, et d'une surestimation de la puissance réputée invincible du gouvernement américain.

North a continué : « En tant que socialiste venant des Etats-Unis, permettez-moi de souligner ce que je considère comme le point central du développement d'un mouvement anti-guerre. J'imagine que beaucoup d'entre vous dans cette salle écoutent et sont d'accord avec la plupart de ce que je dis. Mais peut-être qu'en m'écoutant, vous dites : oui, tout ceci est vrai, mais comment empêcher la guerre ? J'imagine que vous avez peu d'illusions et la soi-disant politique anti-guerre du chancelier allemand Gerhard Schröder, mais on se pose ensuite la question : comment peut-on arrêter la guerre quand l'Amérique la veut ? Quelle force sociale existe qui est capable de poursuivre une politique qui peut arrêter la guerre et vaincre l'impérialisme américain.

« Une opposition sérieuse à la guerre doit se tourner vers la classe ouvrière. Elle doit reconnaître qu'il existe une force révolutionnaire aux Etats-Unis ­ la classe ouvrière ­ quelle que soit la confusion politique actuelle. Quiconque rejette cette perspective ne peut développer une véritable politique contre la guerre, et se retrouve ou bien dans une position de désespoir total ou d'illusions dans les prétendues capacités anti-guerre des différents régimes bourgeois.

« La deuxième chose à souligner est implicite dans le tournant vers la classe ouvrière. Une opposition à la guerre doit être une opposition internationale. Nous devons être encouragés par le fait que, même tôt dans la crise, il y a un mouvement important d'opposition à la guerre. La mondialisation de la production crée les conditions objectives de l'internationalisation consciente de la lutte des classes.

« C'est-à-dire : il faut un mouvement de la classe ouvrière coordonné à l'échelle internationale contre le militarisme et la guerre, qui dirige ses énergies contre le système capitaliste et unit la question de la guerre aux grandes questions sociales. C'est le programme qui est au centre de notre mouvement international ».

Dans la discussion qui a suivi, un représentant du Comité Irakien de l'Opposition a accusé North de prêter un soutien politique au gouvernement irakien et de défendre un régime basé sur la terreur. Il a approuvé les préparatifs américains pour la guerre et crié que l'histoire avait démontré que « l'on ne peut vaincre le fascisme que par la force ».

On a largement applaudi la réponse de North. « Notre opposition à la guerre n'implique pas que nous défendons la politique de Saddam Hussein. Mais nous ne demandons pas à l'impérialisme de mener le combat contre lui. Notre mouvement politique s'est opposé à son régime quand il avait le soutien le plus fort du gouvernement américain. Durant les années 1970, les Etats-unis se réjouissaient de l'arrivée de Hussein au pouvoir, le considérant comme un allié important dans la lutte contre les éléments socialistes ou de gauche dans le Moyen-Orient. Ils l'ont aussi appuyé durant les années 1980 dans la guerre contre l'Iran.

« Toute approche aux problèmes politiques du peuple irakien qui se base sur l'aide du gouvernement américain représente une banqueroute politique. L'impérialisme a une tradition sanglante et réactionnaire dans tous les pays sous-développés. La démocratie ne viendra pas à l'Iraq grâce aux bombes américaines et au massacre de la population irakienne. Tout irakien qui s'associe à la guerre préparée par l'impérialisme américain est coupable d'une trahison hideuse.

« Le mouvement ouvrier irakien a une longue histoire. Il avait un des partis communistes les plus forts au monde, qui a souffert une catastrophe politique à cause de la politique du stalinisme. On doit vraiment être victime d'une auto-déception extraordinaire pour s'imaginer que l'impérialisme américain, qui veut voler les ressources naturelles de l'Irak, voudra ensuite utiliser ces ressources pour aider le peuple irakien ».

Deux jeunes qui adhèrent au mouvement Attac ­ qui veut imposer des taxes et d'autres restrictions sur les activités des corporations transnationales ­ a demandé ce que l'on pouvait faire dans l'immédiat pour arrêter le mouvement vers la guerre. North a répondu : « Nous ne sommes pas des magiciens politiques. C'est une erreur que de chercher des raccourcis pour éviter la lutte longue et difficile pour construire une nouvelle direction socialiste parmi les larges masses de la population. Le grand problème qui nous confrontons aujourd'hui est une crise de perspective politique. Toutes les vieilles organisations qui, d'une façon ou d'une autre, prétendaient représenter la classe ouvrière l'ont complètement trahie. C'est l'héritage tragique du vingtième siècle.

« Notre perspective est de construire un parti révolutionnaire international. Nous le faisons sous des conditions où des millions de personnes autour du monde sont politiquement des sans-abri. Ils ne voient pas quel parti représente leurs intérêts.

« Nous vivons dans une période des changements les plus profonds et révolutionnaires de l'économie mondiale. L'histoire nous montre que de tels changements s'expriment inévitablement dans la politique. Nous voyons s'accomplir les pré-conditions pour la construction de formes politiques correspondant aux développements économiques à l'échelle mondiale ».

« On ne peut éviter la construction d'un mouvement politique international. Pour amener la classe ouvrière à la lutte contre la guerre, nous devons indiquer les liens entre la question de la guerre et les problèmes fondamentaux de l'existence sociale que confrontent les masses populaires dans pays après pays. La seule perspective réaliste dans la lutte contre la guerre consiste d'une mobilisation de la classe ouvrière, indépendamment de tous les partis bourgeois, y compris les Verts ».



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